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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Après 3 jours de réflexion et avoir longuement hésité, j'ai ressenti le besoin de donner mon avis sur ce livre .

J'ai beaucoup aimé ( je ne peux pas dire plus ,pendant que j'écris des gens meurent) ce roman biographique adossé à une intrigue policière.

Je voulais une vision neutre de cette guerre et Vitkine me l'a offerte ,pas la vision BFM et occidentale, des gentils Ukrainiens contre les Méchants russes .

282 pages et j'ai un nouveau regard sur ce conflit entre russes et russes finalement, des russes qui ont fait secession (l'Ukraine) et des russes (Donbass) qui veulent juste rester dans leur patrie la Russie.

Avec le recul nécessaire, seuls les marchands de canons vont gagner cette guerre ,et , seuls les civils vont la perdre .

Ce matin je me suis réveillé et j'avais encore de l'électricité et du chauffage, je remercie donc les sAigneurs de la guerre , de m'avoir laissé en paix ...mais pour combien de temps .........
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Pas besoin de faire un dessin, le titre est assez explicite. On est dans le Donbass, cette région de l'Ukraine où, depuis 2014 et en réaction au mouvement pro-européen de Maïdan, des groupes séparatistes pro-russes, avec le soutien de la Russie sont entrés en insurrection, déclenchant un conflit toujours pas réglé aujourd'hui et qui a pour partie été éclipsé par la crise de Crimée. C'est là que l'on retrouve le colonel de police Henrik Kavadze, affecté à Avdiïka, ville encore sous autorité ukrainienne située non loin de la ligne de front. Alors que les forces de police, supplantées par l'armée, n'ont plus que des attributions limitées, Kavadze hérite pourtant d'une véritable affaire, le meurtre d'un enfant retrouvé poignardé. Pour mener à bien son enquête, Kavadze va devoir faire preuve d'opiniâtreté, naviguer entre les différentes autorités qui se font concurrence du côté ukrainien, entre les deux camps en guerre et aussi se confronter à son propre passé de soldat soviétique en Afghanistan.

Journaliste au Monde, lauréat en 2019 du prix Albert-Londres pour six enquêtes portant notamment sur la crise ukrainienne, Benoît Vitkine sait de quoi il parle. C'est peut-être là, paradoxalement, la limite de son par ailleurs très bon roman : le journaliste l'emporte peut-être trop parfois sur le romancier. Ainsi l'intrigue qui sert de colonne vertébrale au livre est assez lâche et parfois confuse. Elle ne semble exister que pour permettre de parler du Donbass et, surtout, de ceux qui y vivent. Mais, disons-le, c'est bien cela, en fait, qui confère toute sa valeur à ce roman.

À travers le personnage d'Henrik Kavadze, vétéran d'Afghanistan, policier cynique et désabusé, et ses pérégrinations, Benoît Vitkine parle de la guerre et de ce qu'elle fait à ceux qui la vivent, soldats (ou miliciens) comme civils. On évite en règle générale le cours de géopolitique pour aller à la rencontre d'une population écrasée par le conflit et qui parfois aussi, s'il elle ne se réalise pas à travers lui, s'y est du moins accoutumée au point de n'envisager qu'avec circonspection voire appréhension pouvoir en sortir. On trouve ainsi de très belles pages sur la façon dont la guerre modèle les gens et, d'une certaine manière, donne plus d'intensité à la vie. L'empathie avec laquelle il traite ses personnages, sans manichéisme, lui permet par ailleurs de rendre leurs motivations et, partant, son histoire, plus complexes. Et c'est avec une certaine fascination que l'on s'attache aux pas de Kavadze et que, peu à peu, on découvre les blessures intimes qu'il charrie avec lui. Là encore, Benoît Vitkine offre de formidables passages comme la traversée hallucinatoire d'un champ de mines à la suite d'un troupeau de vaches.

Avec ses quelques défauts et ses grandes qualités, Donbass est un premier roman remarquable par bien des aspects. Prenant et instructif sans être lénifiant, il vient par ailleurs nous parler de lieux et de gens que, d'une manière générale, on connaît peu ici sans céder à un pseudo exotisme ou à un romantisme au petit pied. Une lecture qui vaut le détour.
Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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"Au printemps 2014, seule une minorité d'habitants avait d'emblée pris fait et cause pour les séparatistes. Avec les premiers succès et l'espoir de voir la Russie intervenir, beaucoup d'autres avaient suivi. La majorité ? Impossible à dire, mais les slogans séparatistes avaient séduit largement, appuyés par la propagande des chaînes de télévision russes que les habitants d'Avdiïvka regardaient en masse. On y dépeignait le nouveau pouvoir de Kiev soumis aux nazis de l'Ouest, vendu aux Américains." (P. 40)
Dès que radios et télés ont commencé à parler de cette guerre, qui apparemment durait depuis plusieurs années, j'ai eu besoin de vérifier si la littérature avait évoqué ce problème que nous venions de découvrir...je ne suis sans doute pas le seul à méconnaître ce conflit, ces tensions entre ces pays...et internet me proposa ce polar "Donbass"
Bête et C.....j'aurais préféré un titre plus culturel...Ah préjugés que vous avez donc la vie dure!
Oui, nos télés et radios ne nous avaient peu ou pas informés !
Alors je suis entré dans ce livre un peu à reculons ...Mais ça n'a pas duré...de suite j'ai été captivé par l'histoire de ce gamin tué et cloué au sol par un couteau, oui, captivé à la fois par le scénario mais aussi et surtout par le contexte de l'histoire, par ces descriptions de barres d'immeubles fracassées par les bombes, par l'atmosphère de l'histoire, par la grande Histoire de ces tensions entre Ukraine et Russie, par ce Donbass regorgeant de charbon - que nous achetons pour nos aciéries - mais aussi par les personnages, alcooliques au dernier degré, par ces types peu fréquentables d'extrême-droite, par ces gangs, par cette drogue et cette crasse omni-présentes, les meurtres, les bombardements...bref le polar s'efface derrière l'aspect culturel, derrière les descriptions des situations, des personnages alcooliques anciens de l'Afghanistan...jouant avec la mort, derrière la grande Histoire.
Puis la pègre racheta les entreprises d'Etat, tout en poursuivant ses divers trafics et ses crimes.
Et tout ça se passe en 2014....alors que nos télés et radios nous parlaient d'autres conflits et taisaient celui-ci! Peut-être parce que Poutine était encore fréquentable ou qu'on nous le vendait comme tel. Alors, il ne fallait pas dire du mal de lui!
Ce conflit oublié, comme ses causes furent totalement, ou presque, oubliés de nos médias.
Mais peut-on faire confiance à Benoît Vitkine, me direz-vous?
Pour ma part, je réponds "Sans aucun doute" car ce journaliste a obtenu le prestigieux prix "Albert Londres" pour ses reportages sur l'Ukraine. "Donbass" a pour sa part obtenu le Prix : Senghor du premier roman francophone et francophile.
Oui, ce titre est dérangeant d'une part car il évoque une guerre, à nos portes, mais surtout parce qu'il permet de nous interroger sur les informations qui quotidiennement nous sont proposées par nos médias, papier télé ou radio
J'ai poursuivi mes recherches...deux autres titres sont à lire pour conforter nos informations sur ces tensions, sur ce conflit et ses causes : "Les loups" également de Benoît Vitkine et aussi "L'Ukraine : de l'indépendance à la guerre" d'Alexandra Goujon
J'en reparlerai sans doute
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Dans la steppe ukrainienne ravagée par la guerre on pense avoir tout vu jusqu'au jour où des enfants sont sauvagement assassinés .
Un polar passionnant original sur une région oublié par les médias en pleine zone de conflit
L auteur est grand reporter et spécialiste du dombas et cela transpire a chaque page
Un polar assis sur une faille géopolitique.
Plaisir de lecture 9/10
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Journaliste spécialisé dans le domaine des pays de l'ex-URSS, Benoît Vitkine est correspondant au journal le Monde depuis de nombreuses années et a obtenu en 2019 le prix Albert Londres de la presse écrite pour toute une série d'articles dont quelques portraits de ces combattants du Donbass, une guerre méconnue, quasiment oubliée, qui sévit pourtant depuis 2014 dans l'est de l'Ukraine en opposant l'armée loyaliste ukrainienne aux séparatistes prorusses et dont le bilan fait état de pas moins de 13'000 morts. Parmi ces portraits de vétérans figure celui de Vladimir Vlasenko, un ancien de la guerre d'Afghanistan, qui pensait cultiver tranquillement son potager en Ukraine avant de reprendre les armes pour combattre les séparatistes. Après les reportages, c'est par le biais de la fiction que Benoît Vitkine a choisi de nous faire partager le quotidien d'une guerre qui s'embourbe dans les tréfonds de l'oubli tout en intégrant quelques caractéristiques des combattants qu'il a rencontré lors de ses entretiens dans les personnages qui animent son premier roman intitulé Donbass prenant l'allure d'un thriller sur fond de conflit armé.



A Avdiïdka, dans la région du Donbass, les bombardements journaliers ne troublent plus les habitants qui se sont accoutumés aux affres d'une guerre qui dure depuis quatre ans et dont on en aurait presque oublier les causes. Une terrible routine que le colonel Henrik Kadavadze, chef de la police locale, prend à son compte avec un flegme déconcertant alors que ce conflit s'enlise dans une succession de combats meurtriers touchant aussi bien les soldats que les civils tentant de survivre tant bien que mal dans cet environnement délétère. Mais à la découverte d'un jeune garçon poignardé, tous les membres de la localité s'agitent ainsi que le colonel Kadavadze qui ne va pas se contenter de rester les bras croisés pour découvrir le meurtrier. Ceci d'autant plus que l'on retrouve d'autres petites victimes dont les corps sont disséminés dans les environs de la bourgade.



Crimes en série et enquêteur désabusé, on doit bien admettre que si Donbass présente certains codes du thriller, Benoît Vitkine prend soin de ne pas s'égarer dans les facilités du genre que ce soit au niveau du texte mais également de l'intrigue. Il y a même quelque chose de rafraichissant à lire un tel récit où l'auteur prend bien soin de planter le décor aussi détonant soit-il sans en abuser. C'est d'ailleurs l'une des grandes qualité de ce roman qui s'attarde sur le quotidien de ces habitants laminés par une guerre qui s'éternise et il faut bien reconnaître que l'on perçoit toute la maîtrise d'un auteur qui connaît parfaitement son sujet. Plongée abrupte au coeur de cette région dévastée, le lecteur ne manquera pas de ressentir toute l'atmosphère de cet environnement parfaitement restitué notamment dans le cours du quotidien de ces femmes de tout âge tentant de survivre aux affres des combats et de protéger du mieux qu'elles le peuvent, leur progéniture. Entre résignation et découragement des différents protagonistes, on prend ainsi la mesure des difficultés des civils, mais également des soldats de chaque faction pour survivre dans un tel cloaque où l'avenir se décline au jour le jour. Personnage central du roman, on suit les pérégrinations du colonel Kadavadze, chef de la police locale et vétéran de la guerre d'Afghanistan qui nous permet de découvrir toute les membres de cette communauté disparate en croisant des chefs mafieux qui tiennent les reliquats d'une industrie déclinante, des babouchkas usées par les privations et la souffrance, quelques soldats égarés et bien évidemment des officiers de police plus ou moins corrompus. Autant de portraits réalistes dont on devine quelques aspects de leur parcours ou certains traits de caractères que l'auteur a emprunté aux personnes qu'il a croisé lors de ses reportages dans le Donbass. Ainsi l'enquête de Kadavadze devient un prétexte pour découvrir cette belle galerie de personnages évoluant dans cette ambiance si particulière d'une guerre qui s'enlise, même si l'on peut regretter le fait que l'intrigue tournant autour de la disparition des ces jeunes enfants prend parfois un aspect bien trop secondaire nous donnant une impression d'inachevé voire de moins grande maîtrise comme si le journaliste l'avait emporté sur le romancier.



Premier roman de Benoît Vitkine, Donbass nous permet de saisir tous les aspects d'une guerre méconnue sévissant toujours dans cette région perdue à l'est de l'Ukraine tout en nous donnant l'occasion de découvrir, au détour d'une enquêtes somme toute assez classique, toute une série de personnages qu'il sera difficile d'oublier. Renversant.





Benoît Vitkine : Donbass. Editions Les Arènes/Equinox 2020.



A lire en écoutant : O, Panno Inno ! de Dakh Daughters. Album : Air. 2019 Dakh Daughters.
Lien : https://monromannoiretbiense..
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Il y a déjà eu de très belles critiques! Je n'ajouterai que quelques mots: ma lecture suit celle des Abeilles grises de Kourkov.
Deux coups de coeur qui concernent la même tourmente avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie; deux romans qui sont aussi de fameux documentaires sur la situation qui dure depuis au moins 2014. Une Ukraine meurtrie, déchirée entre des ukrainiens pro-européens et des pro-russes (russophones)
une zone grise, sorte de no man's land où vivent les deux survivants d'un village déserté selon Kourkov; on s'habitue un peu à la guerre, ses destructions, ses blessés, ceux qui reviennent du front en Afganistan déstabilisés mais c'est la mort de jeunes enfants qui va constituer le roman policier: qui les a tué et pourquoi? Donbass décrit la déchéance des uns et des autres, nous entraîne dans de fausses pistes, la bière, la vodka et le cognac ne font pas dissiper ce que ressentent les protagonistes. Les pots de vin ne manquent pas ni les incompétences. La fin m'a surprise.
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Cet ouvrage journalistique, traité sous la forme d'un thriller, résonne d'un écho tout particulier lorsqu'on le lit en 2024, soit 5 ans après son écriture, et 2 ans après le déclenchement par la Russie de "l'opération militaire spéciale" en Ukraine.
L'intrigue policière se déroule dans la Donbass, particulièrement à Avdiivka, une ville située à proximité de la ligne de front, côté ukrainien à l'époque. D'une manière très documentée, Benoît Vitkine décrit une région frontalière, partagée depuis 2014 entre les séparatistes pro-russes et les sympathisants du régime de Kiev. Il plante le décor d'un pays minier, désormais sinistré depuis la fermeture de nombreuses mines et aciéries, mais qui avait été par le passé le fleuron industriel de l'ex- Union Soviétique. En mettant l'accent sur ce point dans le récit de l'histoire mouvementée du Donbass, l'auteur met en lumière les tragiques ferments d'une guerre "annoncée".
Le héros de ce roman, Henrik Kavadze, est né en 1966 à Donetsk. Sa jeunesse a été notamment marquée par sa participation à la guerre menée en Afghanistan, à la fin des les années 80, par les troupes soviétiques, et à ce titre il a été témoin de scènes dont il tente, sous des dehors placides, d'en cacher les traumatismes. Il vit actuellement à Avdiivka où il est devenu le chef de la police locale, et c'est à ce titre qu'il va être chargé de l'enquête sur le meurtre du petit Sacha, âgé de 6 ans, bientôt suivi de celui de Nikolai, 7 ans, deux jeunes garçons assassinés selon le même mode opératoire. L'auteur brouille habilement les pistes, en mêlant présent et passé, en faisant intervenir dans l'intrigue des personnages aussi divers que des "babouchkas" à l'allure débonnaire, des hommes quotidiennement alcoolisés, ou encore des trafiquants de drogue. Un suspens bien entretenu jusqu'à ce que finissent par s'emboîter les pièces de ce puzzle, et apporter au lecteur une issue tout à fait inattendue.
Au delà de l'enquête policière, et malgré un épilogue plus apaisé sur les bords de la mer d'Azov, ce livre, lauréat du Prix Albert Londres en 2019, est un document très noir. Il est toutefois intéressant pour comprendre la situation actuelle dans l'Est et le Sud de l'Ukraine.
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Un livre qui m'a été offert (merci Muriel), je n'aurais peut-être pas choisi cette lecture, mais parfois on fait de belles découvertes. Un roman noir dans tous les sens. Un roman policier ancré dans la réalité qui nous donne pleins d'émotions.
Une lecture qui ne m'a pas laissé indifférente.
Benoît Vitkine est un journaliste français, spécialisé dans les Pays de l'Est. Il a obtenu le prix Albert Londres en 2019 pour une série de reportages sur l'Ukraine réalisé pour le journal le Monde.
L'histoire se déroule en Ukraine, dans la ville d'Adviïvka, dans la région du Donbass.On est à la fin de l'hiver 2018. Henrik Kavadze, a le grade de colonel, il est policier et travaille au commissariat local. le corps d'un jeune garçon est retrouvé, il a été poignardé. Henrik va mener l'enquête.
Le Donbass est une région minière, qui se situe à la frontière entre l'Ukraine et la Russie, où il y a un conflit armé depuis 2014.
Au delà de l'intrigue policière, qui n'est qu'une toile de fond, l'auteur nous explique, nous raconte les enjeux géo-politique de cette région. En tant que lecteur, on est au coeur du conflit russo-ukrainien, et on découvre cette guerre à travers le personnage d'Henrik. Ce dernier est un flic cynique, désabusé, marqué par son passé personnel c'est un ancien militaire qui a participé à la guerre en Afghanistan, mais il a aussi perdu sa fille dans un accident quelques années plus tôt. La mort de ce petit garçon va le révolté, et réveillé le peu d'humanité qui lui reste. L'enquête, nous montre toute sa détermination et il va devoir jouer de toutes ses relations pour découvrir le coupable.
Le style d'écriture est fluide. Les descriptions, les explications n'alourdissent pas le récit. La guerre est au centre du récit, et cela nous montre la misère social et économique. A travers les différents personnages (dont certains sont très attachants), on voit des hommes, des femmes qui doivent survivre au quotidien dans des paysages, des habitations dévastés par cette guerre, affronter la peur, mais il y a aussi la solidarité. La corruption est présente à tous les niveaux hiérarchiques, de même que les trafics de drogue et d'armes.
Je vous conseille cette lecture amateurs de polars ou pas.


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A la lisière de l'Ukraine. 2018. Tectonique des plaques

Un roman noir, noir comme l'anthracite, la principale richesse du Donbass qui alimente une industrie sidérurgique jadis florissante, devenue ukrainienne à la chute de l'URSS. La Russie ne s'en est jamais remise.

Un roman gris, comme les personnages de ce policier dont Benoit Vitkine qui connait bien la région s'attache à nous montrer toute la complexité, avec une grande humanité, sans juger. Personne n'est tout blanc, personne n'est tout noir. Chacun tente de survivre à sa manière, avec son échelle de valeurs personnelles, dans un conflit encore larvé en 2018.

Un roman blanc comme l'innocence de ce petit garçon retrouvé littéralement cloué sur un tapis de neige tel un papillon sur un plateau. Qu'avait il vu?

Un roman rouge comme la tache de sang sur la neige immaculée, rouge comme cet avenir radieux à tout jamais perdu avant même qu'il n'ait jamais existé…

Une intrigue qui nous emmène à la rencontre de cette région, de ses habitants, avant l'enfer… Un récit très bien mené, un suspense haletant jusqu'au bout, prétexte surtout à nous exposer les forces en présence et les ressorts qui les animent avant la déflagration…
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J'avais noté ce titre dans ma liste des livres à lire bien avant l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe. C'était une bonne idée, car non seulement le roman est de qualité sur le plan littéraire, mais l'auteur, qui est aussi journaliste, y donne un éclairage extrêmement intéressant sur cette région d'Europe peu connue il y a quelques mois encore.
Les media citent la date du 24 février dernier comme début de la guerre, mais le Donbass était en guerre depuis 2014, une vraie guerre avec des bombardements dans les deux sens, pas entre la Russie et l'Ukraine, mais entre deux populations du même pays. Bien sûr cette guerre interne ne peut être comparée aux atrocités commises par Poutine ces derniers mois.
L'Ukraine comporte une importante minorité de russophones, souvent pro-russes. Ces derniers ont tenté de créer deux républiques indépendantes, mais Kiev a eu le dernier mot. Ces « séparatistes » se sont regroupés dans la région du Donbass, où ils contrôlaient certaines zones en 2020 (année de publication du roman) aidés par Poutine bien sûr. Voilà pour L Histoire.
La guerre est une absurdité, beaucoup l'ont écrit, mais ce roman constitue une des preuves les plus évidentes que j'ai jamais lues. Car il ne s'agit pas ici d'une lutte entre les bons et les méchants : tous les habitants semblent lassés de ces bombardements, ont perdu leur énergie, acceptent de vivre dans des ruines, n'ont pas envie de choisir leur camp. Henrik, chef de la police d'une petite commune du Donbass, ressent les mêmes sentiments. Mais il lui reste assez d'énergie et de sens moral pour tenter d'élucider le meurtre d'un enfant. Son enquête sert de fil conducteur au récit, mais rien de plus. Ce roman n'est pas un polar, contrairement à ce que dit l'éditeur. Pas étonnant que les lecteurs qui espéraient uniquement un bon policier aient été déçus.
Henrik a connu la guerre en Afghanistan du temps de l'URSS. Il en est revenu meutri, comme tant d'autres devenus Ukrainiens, dans les deux camps aujourd'hui. On pense aux Américains revenant du Vietnam. Comme quoi la guerre détruit ceux qui la font, vainqueurs comme vaincus.
En passant, Vitkine nous explique pourquoi l'opinion russe reste aveugle face à la barbarie de Poutine. Les quelques lignes que j'ai reproduites dans « ajouter une citation » sont éloquentes à ce sujet.
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