Difficile de porter un avis sur une oeuvre qu'on a disséquée maintes fois avec les élèves... Chaque fois je me dis : laissons tomber ce bon vieux
Candide, passons à autre chose...
Chaque relecture pourtant est une délectation.
Le style d'abord. Tout en décalage, on doit apprendre la connivence avec l'auteur, comprendre les clins d'oeil amusés, savourer les attaques implicites.
Le message aussi. Dans une société où tout va mal (il paraît) et où les livres qui se vendent le plus prônent la béatitude et d'autres" utopitudes" dégoulinantes de mysticisme frelaté, il est bon de comprendre que le bonheur, ça se construit, ça se travaille, ça se mérite. Il est bon de comprendre qu'il faut être humble devant ce que la vie nous donne et que seules quelques valeurs (l'amitié, la solidarité, le travail) peuvent encore nous sauver.
Candide, c'est ça au fond. Ne pas sombrer dans le pessimisme, comme l'ami Martin; ne pas nager dans l'illusion du "tout est bien" comme Pangloss; adopter la voie du juste milieu, par l'esprit critique cher aux philosophes des Lumières.
Un beau conte donc.
Voltaire ne s'est pas contenté d'écrire. A Ferney, il a essayé de concrétiser son idéal. Il a fait assécher des marais, embauché des paysans pour la culture de la soie, ouvert une fabrique de bas de soie, fait constuire une église (étonnant, non pour l'ennemi des jésuites!!) et un petit théâtre afin d'ouvrir le peuple à la culture. Si vous passez par Ferney (Suisse), visitez sa maison devenue musée, vous y apprendrez quel grand homme il était.
Un grand homme parmi d'autres, car lorsqu'on parle des Lumières, on saluera les idées politiques de Rousseau, et l'esprit plus que vif de
Diderot... mais ça c'est une autre histoire... j'en parlerai peut-être dans une autre critique... :o)