Zadig ou la Destinée

On prétend qu’on est moins malheureux quand on ne l’est pas seul. (…) On se sent alors entraîné vers un infortuné comme vers son semblable. La joie d’un homme heureux serait une insulte ; mais deux malheureux sont comme deux arbrisseaux faibles qui, s’appuyant l’un sur l’autre, se fortifient contre l’orage.

Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que de condamner un innocent.

Du temps du roi Moabdar il y avait à Babylone un jeune homme nommé Zadig, né avec un beau naturel fortifié par l'éducation. Quoique riche et jeune, il savait modérer ses passions ; il n'affectait rien ; il ne voulait point toujours avoir raison, et savait respecter la faiblesse des hommes.

L' union , la gaieté , l' esprit et les grâces furent l' âme de ce repas .

William Shakespear : " Mon corps est un jardin, mon esprit est son jardinier ".
La sagesse Voltairienne peut devenir le jardinier de nos corps, et quel jardinier!!

C'est un conte philosophique qui nous a été imposé mais je pense vraiment qu'il est bien. Même sans l'approfondir en étudiant chaque mot et chaque procédés, on comprend l'essentiel parce que Voltaire réussit à nous le "dire" même quand c'est sous-entendu. Il est court, et même si on est parfois désolé pour Zadig certains passages sont vraiment amusants. C'est un bon choix de lecture.

L'ermite soutint toujours qu'on ne connaissait pas les voies de la Providence, et que les hommes avaient tort de juger d'un tout ont ils n'apercevaient que la plus petite partie

Le roi Nabussan confia sa peine au sage Zadig. Vous qui savez tant de belles choses, lui dit-il, ne sauriez vous pas le moyen de me faire trouver un trésorier qui ne me vole point? Assurément, répondit Zadig, je sais une façon infaillible de vous donner un homme qui ait les mains nettes. Le roi charmé lui demanda, en l'embrassant, comment il fallait s'y prendre. Il n'y a, dit Zadig, qu'à faire danser tout ceux qui se présenteront pour la dignité de trésorier, et celui qui dansera avec le plus de légèreté sera infailliblement le plus honnête homme

On parla des passions. " Ah! Qu'elles sont funestes! disait Zadig.
- Ce sont les vents qui enflent les voiles du vaisseau, repartit l'ermite : elles le submergent quelquefois; mais sans elles il ne pourrait voguer. La bile rend colère et malade; mais sans la bile l'homme ne saurait vivre. Tout est dangereux ici-bas, et tout est nécessaire.

- Hélas ! dit-elle, vous seriez indigné comme moi si vous aviez vu le spectacle dont je viens d'être témoin. J'ai été consoler la jeune veuve Corsou, qui vient d'élever depuis deux jours un tombeau à son jeune époux auprès du ruisseau qui borde cette prairie. Elle a promis aux dieux, dans sa douleur, de demeurer auprès de ce tombeau tant que l'eau de ce ruisseau coulerait auprès.
- Eh bien ! dit Zadig, voilà une femme estimable, qui aimait véritablement son mari !
- Ah ! repris Azora, si vous saviez à quoi elle s'occupait quand je lui ai rendu visite !
- À quoi donc, belle Azora ?
- Elle faisait détourner le ruisseau." (p. 89)