Zadig ou la Destinée

Les charmes de sa conversation redoublaient encore par cette envie de plaire qui est à l’esprit ce que la parure est à la beauté ;

Le roi ordonna qu'on rendît l'amende des quatre cents onces d'or à laquelle il avait été condamné. Le greffier, les huissiers, les procureurs, vinrent chez lui en grand appareil lui rapporter ses quatre cents onces; ils en retinrent seulement trois-cent-quatre-vingt-dix-huit pour les frais de justice, et leurs valets demandèrent des honoraires.

Ô vertu ! A quoi m'avez-vous servi ? Si j'eusse été méchant comme tant d'autres, je serais heureux comme eux.

Il y avait autrefois un grain de sable qui se lamentait d'être un atome ignoré dans les déserts ; au bout de quelques années il devint diamant, et il est à présent le plus bel ornement de la couronne du roi des Indes.

[...] l'empressement de montrer de l'esprit, qui est la plus sûre manière de n'en point avoir et de gâter la société la plus brillante.

La joie d'un homme heureux serait une insulte ; mais des malheureux sont comme deux arbrisseaux faibles qui, s'appuyant l'un sur l'autre, se fortifient comme l'orage.

Je prie les vertus célestes, que vos plaisirs soient sans mélange, votre beauté durable et votre bonheur sans fin.

(...) l'amour-propre est un ballon gonflé de vent, dont il sort des tempêtes quand on lui a fait une piqûre.

Si c’eût été l’œil droit, dit-Il, je l’aurais guéri ; mais les plaies de l’œil gauche sont incurables. Tout Babylone, en plaignant la destinée de Zadig, admira la profondeur de la science d’Hermès. Deux jours après, l’abcès perça de lui-même ; Zadid fut guéri parfaitement. Hermès écrivit un livre où il lui prouva qu’il n’avait pas dû guérir. Zadig ne le lut point.

On prétend qu'on est moins malheureux quand on n'est pas seul ; mais, selon Zoroastre, ce n'est pas par malignité, c'est par besoin. On se sent alors entraîné vers un infortuné comme vers son semblable. La joie d'un homme heureux serait une insulte ; mais deux malheureux sont comme deux arbrisseaux faibles qui, s'appuyant l'un sur l'autre, se fortifient contre l'orage.