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sur 373 notes
Mini récit érudit et intéressant de Éric Vuillard. Les révoltes s'enchaînent à travers l'histoire et les pays.
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Superbe texte que cette Guerre des pauvres .Souffle de justice, hommage à la rébellion, plaidoyer pour le peuple,Éric Vuillard nous instruit, nous émeut, nous invite ( peut être) à prendre le relais de Munstzer,John Ball, jack Cade ...tous ces hommes qui ".…parlait d'un monde sans Privilèges, sans propriété, sans État.." et affirmaient que "...le coeur doit devenir plus vaste que tous les châteaux, plus solide que toutes les armures..". Ces hommes qui pensaient qu'il est possible de parler directement à dieu sans s'encombrer des intermédiaires tyrans du peuple et usurpateurs.
Tout petit livre mais très grand moment de plaisir à sa lecture et très grand désir de le mettre entre de multiples mains. Merci Éric Vuillard pour votre si beau talent à raconter L Histoire non pas de la bouche du chasseur mais de la gueule du lion!
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« La guerre des pauvres » Éric Vuillard (68 petites pages, Actes Sud)
Je n'avais rien lu d'Éric Vuillard, pas même son prix Goncourt. Mais l'entendre dans la belle émission de Kathleen Evin « L'humeur vagabonde » du 2 mars 2019 sur France Inter m'a furieusement donné envie de découvrir ce dernier opus. Déjà écrit depuis un moment, le mouvement des gilets jaunes lui confère une actualité brûlante, d'où l'envie de l'auteur de le publier maintenant. Très bonne pioche.
Pourtant, l'écart semble a priori grand entre l'actualité et ce trop bref récit historique qui survole la « Guerre des Paysans » conduite en partie par Thomas Müntzer au début du XVIème siècle en Allemagne (NB : et donc aussi en Alsace, où les traces en sont encore nombreuses). Éric Vuillard remonte le temps, commence par signaler les prémisses de la Réforme en Angleterre deux siècles plus tôt, les premières critiques internes du pouvoir de l'institution catholique et papale, le lien avec les émeutes sociales nées par exemple lors de l'instauration de la « poll tax ». Puis cette colère fera des petits, l'Europe Centrale sera secouée par les contestations religieuses articulées aux révoltes sociales, les dignitaires de l'église catholique suçant partout le sang des paysans et artisans, se justifiant de textes religieux dont ils veulent être seuls à maîtriser le sens supposé. Derrière Luther, avec l'apparition de l'imprimerie qui démocratise l'accès aux textes, se dressent des prêcheurs beaucoup plus radicaux, tels Thomas Müntzer. Affamé, excédé par le pillage conjoint des autorités civiles et catholiques, le petit peuple va se révolter au nom d'un idéalisme chrétien puriste, d'une lecture mot-à-mot des évangiles, et surtout d'une soif de justice. Jusqu'à se faire massacrer.
Sur le fond, E.V ne fait pas mystère de son profond sentiment quasi viscéral de solidarité vis-à-vis de ces pauvres en guerre, sans idéaliser le personnage de Müntzer (« Oui, Müntzer est violent, oui, Müntzer délire… »). Mais c'est un choix éthique, politique, il est du côté des plus humbles, des humiliés, et de leur porte-parole, quelques soient les excès ou le mysticisme illuminé du personnage. Vuillard montre comment, à plusieurs reprises, débordés et apeurés, les puissants vont entamer des négociations, histoire de leur permettre de se réorganiser et préparer le massacre (« C'est alors que le duc Albert de Mansfeld entama des négociations. Il fallait que ça traîne en longueur, afin de démoraliser l'adversaire et de gagner du temps. » / « Une intense activité diplomatique s'engagea, enfumage habile et odieux » (…) alors « que l'on n'obtient davantage de pain ou de liberté qu'en l'arrachant. ») L’auteur sait parfaitement que cette vérité traverse l’histoire de manière constante, d’avant-hier à aujourd’hui, plus la peur des possédants de perdre leurs privilèges est forte, plus ils évoquent l’importance de « négociations », juste pour gagner du temps, pour se refaire un rapport de force en leur faveur, voire d’organiser ensuite une répression sanglante, terrifiante ; reprendre avec mépris et haine, parfois dans la boucherie la plus ignoble ce qu’ils ont été obligés de lâcher sous la pression. La fin de la guerre des paysans se soldera par l'exécution de Müntzer, mais surtout par d'innombrables massacres, des dizaines de milliers de morts.
J'ai aussi beaucoup aimé l'écriture très pointue d'Éric Vuillard qui vise et touche l'essentiel, la substance. Il mêle habilement le langage parlé et « vulgaire » (« Il veut crever le ventre à tous ces enfants de salauds. ») avec des phrases ou des expressions plus châtiées (« Il cite l'évangile et met un point d'exclamation derrière. » / « le pape se fâche, et quand le pape se fâche, il pleut des bulles. »/ « Des cadavres gémissaient dans l'herbe, appelant, suppliant. Les grands arbres levaient leurs bras, impuissants. »)
Véritable plaidoyer de légitimation de la révolte, ce texte plein de lucidité fera du bien à ceux qui vomissent les injustices. Il hérissera sans doute ceux qui exècrent l'idée même de révolution, ou d'insurrection, ce n'est pas grave. Et les dernières phrases sont une belle promesse d'une suite à venir « le martyre est un piège pour ceux que l'on opprime, seule est souhaitable la victoire Je la raconterai. »
Un livre d'aujourd'hui, absolument, un trop petit livre, à lire, à lire.
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La guerre des pauvres de l'auteur Éric Vuillard est un bref récit relatant l'histoire de Thomas Müntzer, un prédicateur du 16e siècle qui mena la révolte des pauvres et des déshérités contre les princes et les nantis, contre les abus de l'Église et des puissants. Un gilet jaune avant l'heure qui à partir de sa lecture des Évangiles rassembla une armée hétéroclite et embrasa les territoires sur lesquels sa troupe en guenilles passait. Cette violence auréolée de quelques succès ne résistera aux représailles des troupes princières et la révolte fût matée dans le sang et les cris. Lui finira la tête tranchée...
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Cette vive chronologie de rébellions populaires anglaises et allemandes, du XIV au XVIèmes siècles, qui prend parfois la forme d'une enquête énergique, nous parle de Dieu et de la violence de l'Histoire.
Dieu, quand "Dieu et le peuple parlent la même langue".
A tombeau ouvert, ce récit nerveux et concis, ponctué de mots crus ou poétiques, nous rend proche certains libres penseurs en avance sur leur temps ; qui veulent dépouiller le christianisme de ses oripeaux et de ses rituels, pour revenir au coeur du message biblique, contre les puissants du monde.
Vite lu, ce texte finit en apothéose ; Eric Vuillard les aime, et nous les fait aimer. On rage de voir David tomber contre Goliath, cette fois, mais certainement pas en vain.

(à cette récurrence d'un cri du peuple, assénée et matraquée dans le temps, jamais entendue, on songe à Villiers de l'Isle-Adam et sa nouvelle Vox Populi)
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Un petit livre qui n'est pas intéressant, peut-être surtout par l'affect vengeur qui le nourrit parfois : on évite de le lire comme un livre d'histoire.

Un peu sèchement documentaire par ailleurs, sans trop de souci de donner du corps narratif aux silences de l'histoire.

On soupçonne un certain opportunisme, peu importe... on reste sur sa faim.
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Ce court récit au style vigoureux et enthousiaste m'a beaucoup appris sur la révolte des pauvres et des laissés pour compte contre les autorités seigneuriales et ecclésiastiques du 14 au 16 ème siècle. Il offre une excellente base pour approfondir l'histoire de ces nouveaux courants spirituels et politiques d'Angleterre et d'Allemagne : ils sont nés de l'indignation devant le faste inouï de seigneurs laïques et religieux vivant de prédations et d'impôts iniques c'est-à-dire de tueries, de pillages et d'extorsions.
J'ajoute que le sens de l'honneur volontiers prêté aux seigneurs s'est démenti tout au cours de l'histoire, cette classe s'étant illustrée par une particulière brutalité envers ses vassaux, ses rivaux politiques et territoriaux, sa cruauté sur les champs de batailles, considérée à l'époque comme normale (viols, massacres, mises à sac) sa particulière cupidité et son étonnant manque de respect de la parole donnée.
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Un ouvrage court une magnifique écriture didactique
Entre passé et présent.
Magnifique
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La guerre des pauvres d'Éric Vuillard ou la révolution des consciences

Au XVIe siècle l'invention de l'imprimerie va permettre la diffusion des livres, à commencer par le premier d'entre eux, la Bible, autorisant ainsi sa relecture mais aussi des réinterprétations possibles lourdes de conséquences : « Ainsi, en trois ans, on en fit cent quatre-vingts, pendant qu'un seul moine, lui, n'en aurait copié qu'une. Et les livres s'étaient multipliés comme les vers dans le corps. » L'invention de Gutenberg va révolutionner les âmes et le monde.
La « grande querelle » peut commencer.

Il s'appelle Thomas Müntzer, il prêche la Parole divine en Saxe d'où il est chassé avant de s'installer en Bohème. Nous sommes aux alentours de 1520. Cet homme d'Église croit en une chrétienté authentique et pure et que tout est dans les Évangiles. Il pense qu'il existe « une relation directe entre les hommes et Dieu ».
Dans ce cas, pourquoi autant de prélats, et surtout pourquoi autant d'apparat. Pourquoi l'Église s'essouffle-t'elle à exhorter les pauvres à accepter leur sort, sans faire voeu elle-même de pauvreté. Dieu serait-il du côté des riches ?
Ses pensées dérangent, mais ses idées se diffusent à mesure de ses sermons, alors que non contente d'être diffusée, la Bible sera traduite, démultipliant ainsi sa relecture, à condition de savoir lire bien sûr... Les soutiens affluent, aussi vite que les détracteurs s'organisent.
Le conflit est inévitable.

« Si Dieu avait condamné certains hommes à vivre dans la servitude et d'autres à vivre libres, il les aurait sans doute désignés » : ces paroles sont de John Ball, vers 1370. Terreau pour l'idée d'une certaine « égalité des âmes ». « Contre l'argent, la force et le pouvoir » : ces pensées révolutionnaires déchaînent la foule des injustices.
Mais les puissants sont armés, la fougue du coeur sera-t'elle plus solide que leurs armures ?
Éric Vuillard introduit ainsi dans ce texte très court l'idée de la Réforme et l'histoire de la chrétienté, mais aussi la diffusion d'idées révolutionnaires contre l'ordre établi.
Des idées étonnamment contemporaines : « Il parlait d'un monde sans privilèges, sans propriété, sans État », et qui résonnent avec notre actualité : « le fond devint social, enragé ».
L'auteur de L'Ordre du jour, prix Goncourt 2017, revient ici avec un roman historique au style épique et idéaliste, chantant une poésie teintée de réalisme concret. Un roman dans lequel il continue d'explorer l'idée de révolution qu'il avait entamée dans 14 juillet. À lire d'une traite !

Lu en janvier 2019.
Retrouvez ma chronique sur mon blog le conseil des libraires Fnac :


Lien : https://www.fnac.com/La-Guer..
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Une écriture qui fait revivre en quelques phrases, en quelques pages ces révoltes du Moyen-Âge entre John Wyclif, Jean Hus ou Thomas Müntzer avec l'avènement de l'imprimerie et du coup la lecture de la bible en langue vulgaire. Les paysans, les artisans, les pauvres se révoltent et suivent ces hommes dont la voix les guident et rejettent l'ordre établi. On y retrouve toutes ces redites de l'histoire où les plus humbles trouvent la force et le courage de rejeter la puissance des riches et des armées. On y voit sous sa plume la peur qui anime les grands seigneurs et les grands bourgeois devant ces pauvres qui les remettent en cause. Un souffle salutaire en ces temps où le pouvoir tremble.

https://www.unidivers.fr/guerre-des-pauvres-eric-vuillard/
https://www.telerama.fr/livres/la-guerre-des-pauvres,n6073981.php
Lien : https://www.unidivers.fr/gue..
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