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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Il faut s'armer d'un certain courage et de beaucoup de détermination pour se lancer dans la lecture du roman le prix. On s'y trouve propulsé dans une société littéraire madrilène, et pas que, réunie à l'hôtel Venice qui appartient à Lazaro Conesal, lui-même à l'origine de la remise de prix qui s'y déroule.

Les 100 premières pages forment un tableau de personnages qui gravitent autour du monde de l'édition, écrivains eux-mêmes pour un bon nombre. Inutile de se documenter, ils sont fictifs, tel Sanchez Bolin, auteur de policiers, et même s'il portent des noms qui évoquent des personnalités réelles, comme Mona d'Ormesson. Manuel Vázquez Montalbán semble se délecter à écorcher ce beau monde imbu de soi. Peut être a-t-il quelques comptes à régler ? Pour le lecteur lambda, c'est plutôt éprouvant.

Heureusement, Carvalho fait son apparition, discrètement d'abord. Il n'est même pas nommé. Sa silhouette se profile page 28, avec seulement la mention de "l'euphonie galicienne de son nom de famille". Il est missionné par Alvaro, le fils Conesal, qui redoute un danger pour son père.

Cynisme et humour permettent de supporter cette première salve d'une littérature peu digeste avec ses longues phrases. le saumon des assiettes, par exemple, est des meilleurs, du Saumon Rushdie... Des personnages secondaires, comme le barman Simplement José, apportent leur petite touche à un ensemble d'un bon niveau, bien que souvent vulgaire, et parfois outré, comme le fils de Carmela.

Manuel Vázquez Montalbán s'amuse à créer une mise en abyme, les auteurs de polars se trouvent mêlés à une histoire de meurtre. Au passage, il n'hésite pas à descendre Patricia Highsmith, drôle d'hommage !

Si, dès la page 66, l'assassinat de Lazaro Conesal s'annonce, il faut attendre la page 135 pour en avoir confirmation. A partir du moment où l'enquête se met en place, en huis-clos, la lecture devient captivante. Carvalho reste dans l'ombre de l'inspecteur Ramiro, dans un premier temps. Il le sort toutefois d'embarras lors de l'interrogatoire très spécial d'intellos
snobs dont les propos de haut vol demandent à être décryptés.

Il est beaucoup question de wisky, Cutty Sark ou autre, et toute une page est consacrée au pan con tomate, spécialité catalane oblige.

Manuel Vázquez Montalbán imprime à son roman une trajectoire en boucle. Après une enquête qui ressemble plus à une galerie de portraits, je ne me sens pas prète à repartir pour un nouveau tour de boucle. Je termine le roman fatiguée, tout comme Carvalho. Tout compte fait, comme le dit le détective, "il est beaucoup plus reposant d'être suisse, hollandais ou français."
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Il s'agit d'un polar à vocation littéraire dont le style est très particulier et propice à de nombreuses digressions plus ou moins intéressantes, souvent amusantes. Il faut rendre hommage au traducteur qui a réalisé un tour de force! San Antonio n'est pas loin!
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Pourquoi a-t-on parfois l'impression que ce n'est pas toujours la meilleure oeuvre qui gagne le prix ? Qu'est-ce qui peut bien se passer dans les coulisses ?

C'est un peu le contexte de ce polar espagnol où un prix littéraire doit être remis : jalousies, mesquineries et crocs-en-jambe, mais est-ce que ça pourrait aller jusqu'au meurtre ? Mais la victime, ce riche donateur de prix a peut-être bien d'autres ennemis, fortune oblige ! Heureusement, Pepe Carvalho est là pour observer, recueillir les témoignages et débusquer les coupables, une trame de roman policier bien classique.

Ce qui a sans doute créé de l'intérêt chez les Espagnols, c'est la brochette de personnalités qu'on y présente. On se plait à imaginer qu'il s'agit de caricatures de personnes réelles ! On pourrait aussi penser à qui pourraient être les équivalents de ces personnages dans nos propres environnements…

Cela dit, il ne faut pas croire que le milieu littéraire soit pire que les autres. C'est plutôt inhérent à ces rassemblements d'humains avides de gloire ou d'argent. Comme dit un proverbe de chez nous : « là où il y a des hommes, il y a de l'hommerie… »
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Une longue caricature, à la manière d'un film de Luis Bunuel ou Pedro Almodovar, dont je m'étonne qu'elle n'ait pas encore fait l'objet d'une adaptation théâtrale. Celle d'une nuit-capharnaüm dans un hôtel de luxe où tout le monde de l'édition et de l'argent spéculatif va passer une nuit d'enfer à boire et à se plaindre d'être bloqué là, dans l'attente d'une hypothétique proclamation. Celle du lauréat d'un prix littéraire, puis bientôt celui de la fin des interrogatoires.

Le plus difficile dans ce roman, c'est d'ingurgiter la première scène. Après, on se prend à essayer de comprendre ... Car la trame policière ne tient ici qu'une place anecdotique. Ce qui importe, c'est la galerie de portraits-charge de l'intelligentsia littéraire et financière, de la haute bourgeoisie espagnole des années quatre-vingts dix.

Le héros en est un immonde salopard : Lazaro Conezal, magnat des travaux publics, de la finance et des médias. Il a fondé un prix qu'il veut le mieux doté de tous les prix européens : 100 millions de pesetas. de quoi faire fantasmer bien des écrivains, doués ou pas …

La construction du roman est classique : on passe alternativement des heures précédant la remise du prix à la soirée échevelée qui va culminer en drame : en fait, Lazaro Conesal, avant même d'avoir proclamé le lauréat,
meurt empoisonné à la strychnine glissée dans ses gélules de Prozac. le fils du magnat, prénommé Lazaro comme son père – ce qui ne simplifie pas la lecture – a engagé Pepe Carvalho pour « doubler » la police locale et prévenir un attentat qu'il pressent sur la personne de son père. Pressent ou prévoit ? La question demeurera sans réponse. On gage en tous cas que chacun des personnages précisément décrits constitue une « clé »
que, malheureusement, nous ne sommes pas, nous français et 20 ans plus tard, en mesure de décrypter …

Cet ouvrage donne en réalité le prétexte à l'auteur d'une critique sans ménagements du milieu littéraire : médiocrité, connivences, financements occultes, essoufflement des partis politiques au pouvoir, corruption
générale, cynisme absolu de chaque protagoniste qui a une bonne raison de souhaiter voir disparaître le patriarche odieux. Maris cocus, associés floués, fournisseurs ruinés, femmes bafouées … comme dans un roman classique d'Agatha Christie, les suspects sont légion.

Ce qui est curieux, c'est que l'auteur pourfend un milieu qui l'a honoré. le roman, placé un peu avant le quintette de Buenos-Aires, a reçu en 1995 le prix National des Lettres Espagnoles…

Ce que je regrette en tous cas, c'est l'absence de Charro, retirée du métier depuis quatre ans, et même de Biscuter, l'adjoint fidèle. Manuel Vasquez Montalban règle ses comptes à sa manière avec les « accro-lettrés », de façon fort cruelle mais réaliste, pas démodée pour deux sous. Je retiendrai en particulier sa définition des « Blancs » par rapport aux « Noirs », que je veux bien faire mienne : sont « Blancs » ceux dont l'arrière-grand-père se douchait tous les jours. Tous les autres sont « Noirs ».
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Un multimillionnaire espagnol organise un prix littéraire, qu'il dote de la plus grosse récompense sonnante et trébuchante. ca fait tourner beaucoup de têtes, parmi les plus dignes.

Le soir de la première remise de ce prix, Alvaro Conesal a invité tous les primables dans son hôtel Venice à Madrid, et tandis que le jury délibère dans une pièce secrète, c'est le défilé chez Conesal, des plus petits aux plus grands, dans l'espoir de grappiller un petit quelque chose de cet hommes riche à millions.

En fait, riche à millions, pas tant que ça, et au cours de cette soirée il lui arrive une grosse tuile.

Ce livre fait partie des aventures de Pepe Carvalho, mais le seul vrai but de ce roman est de dresser le portrait de la Cour, ou faut-il parler de basse-cour, qui tourne autour du puissant.

L'idée est bonne mais la plume s'envole, et les 50 premières pages sont vraiment difficiles à suivre dans une succession de dialogues échevelés, discours pompeux et pompants qui atteignent peut-être trop bien leur but!

Au final, portrait du cynisme incarné, qui promet tout pour mieux moquer et manipuler. on finit par oublier qu'il faut découvrir un assasin dans l'histoire.
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