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John Watkiss (Illustrateur)R.G. Taylor (Illustrateur)
EAN : 9781401203450
208 pages
Vertigo (01/11/2004)
5/5   1 notes
Résumé :
This title finds the Sandman of 1939, Wesley Dodds, and his possible paramour Dian Belmont, involved in a series of grisly murders in New York's Chinatown - murders that threaten to reignite the terrifying former days of the Tong Wars, a time when blood ran in the streets like water. Following this drama of the brute, Wesley and Dian are confronted with corruption at the other end of the social scale in the face as they track down the trail of misery left by a man w... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique

Ce tome fait suite à The Tarantula (épisodes 1 à 4). Il contient les épisodes 5 à 12, soit 2 histoires complètes, parus en 1993/1994. Tous les scénarios sont de Matt Wagner.

Épisodes 5 à 8 "The Face" (illustrations de John Watkiss) - En février 1938, Dian Belmont et 3 copines s'offrent un bon repas dans un restaurant de Chinatown, à New York. Dian y croise Jimmy Shan (Zhang Chai Loa de son nom chinois), un de ses anciens amants, et un chinois pur souche. En sortant du restaurant, elles repèrent un masque accroché à un mat de mobilier urbain. En le décrochant, l'une d'entre elles découvre une tête tranchée en dessous. C'est le premier symptôme d'une guerre des triades en plein Chinatown, sans que la police officielle (celle des blancs) n'y puisse grand-chose.

Guy Davis laisse sa place à John Watkiss pour les illustrations. Ce dernier est tout aussi éloigné des styles traditionnels des comics que son prédécesseur. Il aime bien marier un encrage appuyé, à un encrage plus fin. Il ne souhaite pas rendre les visages particulièrement séduisant ou attirant ; il préfère se concentrer sur une impression globale avec des surfaces noires appuyées pour poser la forme en générale, et quelques traits un peu plus fins pour apporter les éléments complémentaires. À la lecture, cela donne des expressions qui se déchiffrent du premier coup d'oeil, sans ambigüité. Mais si vous aimez détailler les dessins, vous serez surpris par cette technique de composition qui fait coexister des surfaces parfois informes avec des traits structurants plus clairs, tout en restant un peu grossier.

Cela n'empêche pas Watkiss de réussir des compositions marquantes telles que Dodds en train de pratiquer la méditation dans sa chambre, ou la classe de dandy de Jimmy Shan. En fait Watkiss est à l'unisson de la narration : des images brutales et sans concession pour asséner une ambiance et une apparence, avec un fond travaillé tant pour la composante historique que pour la dramatisation. Effectivement ces illustrations permettent au lecteur de pleinement se projeter à cette époque et dans ce quartier. Pour la petite histoire, la mise en couleurs de Dave Hornung a été atténuée car il avait choisi une couleur jaune vif pour la peau des asiatiques qui avait été jugée offensante par certains lecteurs, alors qu'Hornung était dans la droite ligne du parti pris narratif, à savoir un récit de genre s'appyant sur des codes narratifs tels que le péril jaune.

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Épisodes 9 à 12 "The Brute" (illustrations de R.G. Taylor) - À New York dans le quartier portuaire, un marin en train de lutiner une péripatéticienne sur le quai se fait agresser et tuer par un individu de plus de 2 mètres avec une très forte carrure. Arthur Reisling (un organisateur de combats de boxe très prospère) propose à Wesley Dodds de participer au financement d'une expédition scientifique en Antarctique. Ramsey est l'un des boxeurs participants aux combats organisés par l'entreprise de Reisling, il perd plus souvent qu'à son tour. Reisling lui propose de participer à des combats clandestins, plus dangereux mais beaucoup plus rémunérés. Or Ramsey a sa petite Emily (sa fille) à nourrir et à soigner (elle semble souffrir de la tuberculose). Dian Belmont continue à chercher en quoi elle peut contribuer à la société de manière constructive.

Cette partie est illustrée par R.G. Taylor dans un style moins marqué que celui de Watkiss, un peu plus proche de celui de Guy Davis, et tout aussi irréconciliable avec le style superhéros. Les composantes d'époque, sont bien respectées, même si elles sont moins détaillées que chez Watkiss. Les formes sont un peu plus esquissées, et les visages moins élaborés. Taylor se rapproche plus de dessins rapides portant la narration avec une vision artistique moins sophistiquée que celle de Watkiss.

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Avec ces 2 histoires, Matt Wagner sublime le genre "pulp" de ces récits pour atteindre un récit riche, accessible, sensible, palpitant, brutal et intelligent. Il respecte les codes des pulps : récit d'époque, enquête sur un meurtre brutal et répugnant, héros portant un masque et disposant d'un gadget technologique (ici les cartouches de gaz de Sandman), descente dans les milieux populeux. Il dépasse les stéréotypes du genre de toutes les manières possibles. L'enquête ne se limite pas à taper sur les suspects et les indics jusqu'à remonter au coupable : il y a une vraie intrigue, avec un mobile plausible à chaque fois et un criminel autant servi par son intelligence que par la force. Il intègre plusieurs caractéristiques de la fin des années 1930 (abâtardissement du jazz noir par les blancs, racisme ordinaire, misère sociale, arrogance des classes favorisées, etc.).

Et puis il y a la relation naissante entre Wesley et Dian qui prend des allures de séduction complexe, fondée sur bien autre chose qu'une simple attirance physique. Il y a le sentiment d'insatisfaction de Dian Belmont qui refuse de se conformer à ce que sa position sociale lui dicte (profiter des sous de papa jusqu'à trouver un mari, puis profiter de ses sous à lui). Il y a les éléments très "pulp" dont le caractère fruste et basique permet à Wagner de montrer l'essence même du sujet qu'il traite. Emily (la fille du boxeur) est rapidement décrite. Ses propos ne ressemblent pas à ceux d'une fille de son âge, ils sont dramatisé exprès pour ajouter un pathos artificiel. Non seulement elle vit dans le dénuement, mais en plus elle souffre d'une maladie incurable pour laquelle le père ne peut même pas acheter les médicaments faute d'argent. Et pour faire bonne mesure, elle devient la victime d'un acte ignoble. Mais par ces artifices, Wagner expose l'horreur de la maltraitance des enfants d'une manière magistrale qui n'autorise pas le voyeurisme malsain. Impossible de rester de marbre devant ces horreurs narratives. Et quand il le faut, Wagner sait aussi user de subtilité. Lorsqu'il intègre le racisme ordinaire de l'époque, les termes méprisants sont présents. Mais c'est finalement Zhang Chai Loa qui aura la remarque la plus terrible quand il fait observer à Dian qu'elle ne l'appelle que Jimmy (surnom américanisé) et jamais de son vrai nom (= racisme ordinaire de l'individu qui ne fait pas le pas en avant pour rencontrer l'autre dans sa différence culturelle). Pour elle, Jimmy ne sera intégré que lorsqu'il aura adopté la culture du pays et abandonné la sienne.

Ces 2 histoires sont la preuve éclatante que la littérature de genre peut être aussi pertinente et profonde que la littérature générale. le tome suivant s'appelle The vamp (épisodes 13 à 16) ; il a été coécrit par Matt Wagner et Steven Seagal, et illustré par Guy Davis.
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