Runners : Les Convoyeurs

Roka Nostaco est à la tête d'un équipage de joyeux lurons faisant du transport de marchandise. Une histoire de routiers semble représenter un intérêt limité. Mais dés lors que celle-ci se passe dans l'espace intersidéral, elle n'est pas sans rappeler les aventures d'un autre équipage présenté ici même il y a très longtemps. le convoyage, ici comme ailleurs connaît quelques règles fondamentales : Prendre coûte que coûte en charge la cargaison, employer tous les moyens nécessaires pour la mener à bon port et ne jamais s'interroger sur sa nature exacte du risque de voir votre conscience venir vous travailler. Pour simples qu'elles semblent être, satisfaire à ces règles est le coeur des péripéties que vont rencontrer ces compères. Mais ce sont leurs interactions qui ajoutent de la saveur. Entre un capitaine qui n'est pas prêt à sacrifier son équipage, un membre qui se découvre un béguin pour une jolie et surprenante passagère clandestine et un pistolero pour qui un échange de tirs laser est toujours une expérience enrichissante...
On connaît déjà toutes les ficelles de narration que l'auteur nous présente ici. Des combats spatiaux aux dialogues savoureux, on pourrait presque le regretter... Et puis on souligne les différences par rapport aux schémas classiques : Tout d'abord la plupart des personnages ne sont pas humains, l'un d'entre eux a même six yeux et des tentacules comme jambes... Et pourtant on accompagne le trépidant mouvement du groupe face aux ennuis qui ont plutôt tendance à s'accumuler qu'à disparaître. Ensuite Sean Wang a chorégraphié à la perfection les scènes d'action et sait mêler fusillades, acrobaties spatiales et dialogues badins dans une parfaite maîtrise de son cadre et dans ces trois dimensions. Enfin, il ajoute un supplément d'âme à l'ensemble qui capte l'attention de quiconque un peu perméable au genre, pour ne la relâcher qu'à la dernière page.
Il existe malheureusement une aporie à profiter de cette oeuvre. Publiée en 2006, par un éditeur qui n'existe plus, elle est quasiment introuvable sauf à fréquenter assidûment les bouquinistes – assidûment car les amateurs, dont je suis, ne se sépareront de leur exemplaire qu'avec réticence ou indécente rémunération... - Ne semble-t-il alors pas vain d'y consacrer une place ici ? Non car cette contribution sert mes desseins : ceux de démontrer que les incursions que nous faisons dans les contrées de l'Imaginaire prennent parfois des itinéraires étranges : Sur le site www.runners-universe.com, Sean Wang a publié son oeuvre sous format photographique et l'a enrichie d'une suite colorisée qu'il complète planche après planche de façon régulière... Je ne saurais être complet sans vous préciser que nous parlons ici d'une version anglo-saxonne de ce récit...
Mes voyages dans l'Imaginaire me font bien souvent parcourir le passé... Parfois ils m'incitent à observer l'avenir. Ici vous aurez avec moi quitté les à-plats de cellulose pour vous immerger dans les espaces virtuels pour un peu plus reculer les frontières de ce mystérieux territoire.

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Mélangez Star Wars et Firefly, et vous obtiendrez Runners, sympathique comic dans lequel un équipage non humain (ou juste en apparence) se retrouve à convoyer une mystérieuse passagère qui va leur apporter bien des ennuis...
Le dessin est clair et sympathique, les personnages - des roublards de l'espace, des contrebandiers, des mercenaires, bref, tous ceux qui vivent en marge de la loi - sont fort plaisants (attachants, même), l'histoire pleine de rebondissements. J'ai donc passé un excellent moment en compagnie de Roka et son équipe haute en couleur !
Seul bémol : le volume s'achève sur un cliffhanger et la suite n'est jamais parue en français...
Pourtant, on a là un très chouette récit de space opera digne des grands classiques !

Comme souvent dans les space opéra, Sean Wang a créé moult espèces et planètes qui pourraient s'apparenter à un mélange de l'empire Star Wars et du monde de Marvel, bref une bonne diversité et donc un vaste univers à explorer, d'autant plus que certaines pistes (l'apparition de Grissom) laisse présager une intrigue un peu plus développée dans le futur.
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