Je remercie Babelio et les éditions Tallandier pour l'envoi de ce manuscrit dans le cadre de la masse critique privilégiée !
Emmanuel de Waresquiel est historien, un grand historien, auteur de biographies remarquées de Fouché et de Talleyrand et notamment d'un essai sur les débuts de la Révolution française "Sept jours".
Dans cette autobiographie, il nous emmène dans son enfance, dans les années 1960, au milieu du Maine.
Comme il le dit lui-même, ce livre est un récit, pas des mémoires, pourtant il dédicace son livre à sa fille, Gabrielle, celle qui a découvert le métier de son papa : "il recopie les livres des autres " !
Il l'a écrit d'une traite au fil de ses souvenirs, aidé de quelques lettres et photos retrouvées, où on voit le jeune Emmanuel toujours de profil, jamais de face, comme il précise.
Par petites touches disparates, "l'écume du temps", il nous fait toucher du bout des doigts son enfance, sans nostalgie, précise-t-il, mais je ne crois pas sur ce point…
Il précise que "les premières années sont elles qui nous constituent, bon an mal an, pour le reste de notre vie".
Il a gardé de son enfance des envies de fuite et d'évasion dans le grand large des bois.
Elevé dans une grande bâtisse de l'ouest de la France, en pays chouan (qui garde les vieilles cicatrices des guerres civiles de la Révolution …) servi par un personnel nombreux, entouré par un père secret et une mère aimante ; le bonheur est sans histoire, précise-t-il et c'est vrai, même si j'ai été envoûtée par son écriture poétique, romantique, je n'ai pas adhéré à ses souvenirs, même si j'ai appris plus sur cet auteur : royaliste et chrétien de famille.
Il effleure son enfance, et n'écrit pas sur son adolescence, car il préfère l'enfance qui est à l'adolescence ce que les nappes d'eau souterraines sont à leurs résurgences, peut-être douces et tranquilles. J'aurais aimé qu'il aborde son adolescence, car enfant il n'aimait pas l'école car elle l'éloignait de sa maison... Après on ne sait pas...
Il tient son goût de l'histoire de sa mère qui l'aimait ainsi que les généalogies. Elle avait une conception très légitimiste de la royauté et sa famille descendait des Choiseul.
J'ai aussi perçu l'influence d'un ancêtre, François, ami du poète
André Chénier, qui avait aimé la Révolution à ses débuts et était écrivain, comme
Emmanuel de Waresquiel…
De la tante de sa mère, il tient le goût "étrange et décisif de la Restauration où on essuierait les plâtres de la terreur et de l'Empire" !
Perdu dans ses lectures, et dans ses aventures rupestres, il m'a semblé un enfant bien seul, qui n'a jamais fait sa crise d'adolescence et a reproduit toute l'histoire de sa famille.
J'ai rencontré Monsieur Waresquiel dans ma librairie pour une dédicace et j'ai retrouvé, dans ce livre, cet homme : doux, poli, presque timide et sur la réserve.