AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4

sur 82 notes
5
6 avis
4
8 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Edith Wharton est une fine observatrice d'une certaine société new-yorkaise du début du 20 eme siècle encore tournée vers l'Europe dans ses codes et modes de vie mais en cours de mutation. On est entre Washington Square et la 5 ème avenue, entre les anciens et les modernes, vers la ville qui ne dort jamais.

Ce roman, qui tourne autour d'un personnage assez désagréable à vrai dire, la très belle Ondine Spragg, nous raconte le parcours d'une femme trophée à la recherche de l'homme de pouvoir idéal pour lui apporter, statut, position, argent , tout ce que les femmes de cette époque ne pensaient pas pouvoir obtenir par le travail et le mérite personnel.

Ondine est autant dénuée de scrupule que de culture. Elle règle toutefois sa vie privée avec autorité, avec des hauts et des bas, comme ces messieurs règlent leurs affaires à Wall Street. On a affaire à une conquérante d'un autre type que la courtisane balzacienne, ou la suffragette, presque plus proche de Mélania Trump que de Jane Eyre.

Le roman de madame Wharton n'a donc rien de romantique. Il se concentre sur le récit, qui progresse en grandes étapes avec un art certain de l'ellipse temporelle et de la suggestion, sans longueur, et peu de descriptions. le petit monde qu'elle évoque est brossé à grands traits. Les relations sont plus explorées que les sentiments. C'est presque de l'anthropologie sociale.

Elle pose habilement des énigmes dès le début , cela entoure Ondine d'un mystère qu'on a envie de résoudre. On la suit volontiers car le style est agréable et c'est une bonne conteuse. Il est évident que je ne vais rien vous dire de plus sur l'intrigue, ni sur la fin.

Je connaissais les Belles Lettres pour ses textes médiévaux qui m'ont un peu fait souffrir par le passé . Avec ce roman, je découvre sa collection de littérature étrangère à la faveur de cette opération Masse Critiques.

Dommage que la première ligne de la quatrième de couverture comporte une belle coquille, et que le résumé en dise trop. C'est un réflexe, dès que j'ai un livre entre les mains, je le retourne...mais le catalogue est riche et diversifié, et puis j'ai découvert Edith Wharton, la plus française des auteurs américains.



Commenter  J’apprécie          412
Dans un roman d'Edith Wharton, pour ne pas mourir ou finir anéanti par sa confrontation avec le monde, il faut être totalement vide et insensible. C'est le cas d'Ondine Spragg, l'anti-héroïne de cette oeuvre sombre et cynique. Ondine, c'est la quête perpétuellement insatisfaite de "ce qu'il y a de mieux", et qui lui est dû. Parce qu'elle est belle, et qu'elle le vaut bien. C'est un objet sur le marché du mariage, du beau mariage, et cela lui convient parfaitement. Les hommes doivent y mettre le prix. Fruit monstrueux d'une éducation et d'un milieu qu'elle ne remet jamais en question (parce qu'elle est dans l'incapacité complète de le voir), elle sème le malheur partout où elle passe, comme l'ange de la vengeance. Les hommes sont pris au piège des règles auxquelles ils ont soumis les femmes. Une si parfaite incarnation de la domination masculine devient pour eux un démon qui les ruine et les rend fous. Edith Wharton nous livre sa propre vision de la dialectique du maître et de l'esclave.
La première victime d'Ondine est un rejeton affaibli de l'aristocratie new yorkaise. Elle sèmera le chaos dans cette famille aux valeurs rigides et périmées. Leur agonie est cruelle. Ondine ne regardera pas une seule fois en arrière, abandonnant son fils, puis s'en servant contre eux d'une manière assez ignoble.
Sa deuxième victime -c'est une serial killeuse- est un aristocrate français tout droit sorti de Proust qui aurait mieux fait de rester caché au faubourg Saint-Germain ou dans son château moisi. Entre une Scarlett O'Hara en promo chez Auchan et un petit marquis, ça ne peut pas marcher.
Enfin son double masculin, probable troisième victime. Elle ne peut pas trouver mieux, mais...
Edith Wharton, colt au poing, tire sur tout ce qui bouge, les hommes, les femmes, les sociétés, les rituels, les fausses valeurs...L'hypocrisie et l'insincérité de tous les rapports humains font frémir. Pas un personnage ne s'en sort, tous sont atteints et tous en mourront, de ces paroles échangées qui ne veulent rien dire et sont dictées par des codes sociaux, de ces "amitiés" qui ne sont rien que des relations d'intérêt, de ces enfants qu'on délaisse comme si l'avenir n'existait pas, de ces "amours" exclusivement tarifées. Un conte à vouloir s'enfermer dans sa bibliothèque, en compagnie exclusive de chats.
Mais quelle perfection et quelle lucidité !
Commenter  J’apprécie          320
On nous parle de la bonne société, de l'aristocratie, de la grande bourgeoisie, celle des Etats-Unis des environs de 1910. C'est la société des privilégiés, de l'oisiveté, qui a de l'argent, mais jamais assez, des servantes, qui voyage en Europe. Mais la femme ne parle pas d'argent, de politique, elle s'intéresse à paraître. C'est précieux, élégant, féroce, d'une autre époque.
Commenter  J’apprécie          110
On n'a pas souvent un livre entier dédié à la vie d'une femme qui décide de sortir des codes de la morale féminine. Ou si on l'a, elle finit par être punie, souvent en mourant dans les dernières pages.

Pas Ondine. Non, Ondine, qui se moque de tout sauf son statut social et la possibilité de s'amuser avec le plus de moyens possibles, Ondine obtient (plus ou moins) ce qu'elle désire. Sans punition finale. Bien au contraire.

Parce que Ondine représente le pendant féminin du trader, de l'homme d'affaires. Elle est une femme d'affaires. Et elle, ses affaires, ce sont ses mariages.

Alors on suit, avec beaucoup de surprise d'abord et puis une certaine curiosité ensuite, le parcours de cette représentante de la nouvelle société de l'époque.

Ps, je l'ai lu en anglais. J'aime beaucoup le style de Wharton, mais je ne peux pas commenter le style des traductions.
Commenter  J’apprécie          42
The Custom of the Country est une merveille littéraire. le personnage principal Undine Spragg parcourt la vie comme on irait dans un grand magasin. Elle prend, elle essaye, elle jette, elle reprend, sans états d'âme, sans sensibilité aucune. Tout n'est qu'une question d'apparence et d'argent à qui en aura le plus. J'ai particulièrement aimé sa relation à la France et plus généralement à la vieille Europe. Undine se fiche des tapisseries de Louis XV, elle veut seulement que cela lui soit profitable. A relire chaque année, pour se souvenir de ce qui compte vraiment !
Commenter  J’apprécie          30
"Les beaux mariages" d'Edith Wharton, 460 pages, traduit de l'anglais par Suzanne Mayoux. Un personnage principal exécrable : Undine Spragg. Une sorte de Bel-Ami au féminin. Undine (traduit Ondine) est prête à tout pour monter les échelons sociaux, se marie, divorce. Inculte, vaniteuse, égocentrique, elle ne fait même pas preuve d'attachement maternel : elle aime montrer son fils si ça peut rendre jalouse les femmes de son entourage, sans autre attachement pour lui. En voyage de noces à Sienne, Undine juge les "villes italiennes vieilles et puantes". le pire, c'est que j'ai trouvé Undine Spragg moderne et Edith Wharton, visionnaire : on côtoie tous des Undine Spragg, en quête de respectabilité et d'amusement, indifférente à tout sauf au plaisir de l'instant présent. En revanche, quand Edith Wharton dépeint les Français du début du vingtième siècle, on voit bien que la page est tournée, que ce monde appartient au passé.
J'ai aussi trouvé particulièrement émouvant Ralph Marvell, qui m'a rappelé Vance Weston de "Sur les rives de l'Hudson", autre roman d'Edith Wharton. Écrivain nerveux, "idiot lyrique", mais Ralph est marié à la femme la moins en capacité de le comprendre.
Undine Spragg est un personnage féminin à placer à côté de Nana de Zola et de Bel-Ami de Maupassant, mais quelles que soient les excuses présentées par Marilyn French dans sa préface, je ne parviens pas à trouver de circonstances atténuantes à Undine Spragg. Un beau roman, mais éprouvant.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (271) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11109 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}