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EAN : 9781096011057
242 pages
L'éveilleur éditions - Bordeaux (20/01/2017)
3.69/5   8 notes
Résumé :

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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Henry S. Whitehead (1882-1932) ami de Lovecraft, fut un personnage qui aurait eu sa place dans un roman d'aventures, sportif, reporter, il se tourne vers la religion à l'âge de 27 ans et devient pasteur épiscopalien.

Sa charge pastorale l'amène à se rendre régulièrement dans la partie américaine des îles Vierges dans les Petites Antilles, c'est dans cette région que se situent les nouvelles réunies dans ce recueil.

Le narrateur Gerald Carnevin est l'alter-ego de l'auteur, il conte des histoires mystérieuses teintées de surnaturel. Ce surnaturel qui imprègne ces îles où convergent des croyances africaines, antillaises, mélanges de cultes animistes christianisés (en apparence tout au moins) qui donnèrent notamment naissance au vaudou, tout ceci sur fond d'histoire coloniale complexe, ces îles étant partagées entre plusieurs puissances.

Whitehead, auteur quasi inconnu en France, et oublié aux Etats-Unis était de ceux qui donnèrent ses lettres de noblesse aux "pulps" et en particulier à "Weird Tales", où publia aussi Lovecraft qui l'admirait.

Le présent ouvrage, rend justice à cet auteur ; réédition de la version française de "Jumbee and another uncanny tales",* "la mort est une araignée patiente" (d'après une expression antillaise) est aussi un bel objet, avec une couverture à rabats, une reliure cousue, et de belles illustrations photographiques contemporaines des textes.

*"Jumbee" éditions Crapule productions,1988.
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Henry S. Whitehead fait partie des contributeurs moins connus de la revue "Weird Tales", aux cotés de Lovecraft, Howard et Clark Ashton Smith. Pourtant, cet ami du maître de Providence mérite notre attention en raison de sa rigueur narrative et de son originalité. Ayant occupé la dignité d'Archidiacre pendant huit années aux îles Vierges britanniques, il s'intéressa au folklore et à L Histoire des Antilles, aux rites vaudou, à la magie noire, aux croyances diverses ; une matière première dans laquelle il puisa pour ses nouvelles fantastiques. On traduit le terme "jumbee" par "zombi" dans les îles françaises... En utilisant des éléments historiques et ses propres observations de la société antillaise, Whitehead parvient à obtenir des effets saisissants de réalisme, rares pour des histoires de revenants et de sorcellerie. Il fait appel à des témoignages de médecins, de notaires, de domestiques, s'inspire de scandales authentiques. Si les narrateurs de ces récits n'évitent pas le paternalisme de l'époque, ils font preuve d'une vraie curiosité intellectuelle, presque ethnographique. A noter, une très belle édition d'une collection n'a pas fait long feu dans les années 80 "sombre crapule", illustrée magistralement par Jean-Michel Nicollet.
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Henri S. Whitehead a commencé sa carrière comme journaliste, pour embrasser ensuite la voie religieuse. C'est en tant que révérend qu'il va officier aux îles Vierges, partie septentrionale des Petites Antilles. Et c'est environnement va lui fournir la matière pour écrire ses nouvelles à destination du fameux magazine Weird Tales. Sur la fin de sa vie, il correspondra régulièrement avec H.P. Lovecraft.

Il s'agit bien sûr de récits fantastiques horrifiques. Un fantastique pittoresque se nourrissant des croyances et des superstitions locales, de vaudou, de magie noire.
Les histoires se déroulent au début du vingtième siècle et les Antilles sont partagées en colonies américaines, anglaises et françaises. On baigne en plein colonialisme. Ici, les riches propriétaires blancs profitent de leur fortune sous un climat tropical, tandis que les Noirs les servent, dans les plantations ou à leurs domiciles.
Le personnage principal qu'utilise Whitehead (et qui n'est autre que lui-même), s'appelle Gerald Canevin. "Vin de canne", ou "rhum" autrement dit. Celui-ci, doté d'une grande curiosité se retrouve plongé soit dans les récits de ses interlocuteurs, soit lui-même dans l'action. On le verra étudier chaque cas avec rigueur, tentant de percer des mystères tous plus exotiques les uns que les autres, provenant des anciennes croyances africaines et haïtiennes.

Il faut se faire à cette pensée colonialiste, aussi méprisante soit-elle. Elle fait malheureusement partie du contexte. Dans les histoires de Whitehead, ce sont les blancs qui sortent indemnes et les noirs qui trinquent, dépeignant une vision très réaliste de la vie aux Petites Antilles à cette époque. Heureusement, Whitehead ne nous assène pas de sermons religieux bien que sa dévotion soit une évidence.
Mais il est aussi évident que Whitehead est passionné par ces îles, par leur histoire et leur culture. À sa manière, il témoigne de son amour et de son respect pour toutes ces coutumes, allant jusqu'à ironiser la pensée trop hermétique de certaines branches de son culte.
La dimension horrifique est savamment amenée lors des enquêtes de Canevin. Whitehead décrit avec le plus de précision possible les événements où surgissent apparitions, fantômes et zombis. À travers les écoutes attentives de Canevin et son témoignage des faits, le lecteur est habilement immiscé dans de savoureux récits à la saveur très exotique.

Des sept nouvelles de cet ouvrage, certaines m'ont particulièrement frappé :
Dans "Cassius", un Noir se retrouve harcelé par une petite créature dont Canevin va apprendre peu à peu l'origine. Un récit très bien construit et dont la tension va crescendo.
Dans "La chambre des spectres", Whitehead décrit avec talent les apparitions spectrales dont est témoin Canevin.
"Le taureau noir" nous plonge entièrement dans ce que le vaudou peut apporter de plus terrifiant.
Et dans "L'apparition d'un dieu", Canevin et son ami, le docteur Pelletier, échangent sur un cas particulier. L'esprit scientifique des deux hommes est mis à mal là encore devant des faits troublants.

Je n'ai par contre pas du tout aimé "Passion sous les tropiques" où un jeune propriétaire blanc, sous l'effet d'une espèce d'envoûtement, va être à deux doigts de commettre un viol. Il sera plus tard affligé d'une malédiction. Et c'est la jeune femme de ce propriétaire qui va régler l'affaire avec détermination. Tout rentre dans l'ordre, son mari se rétablit et elle va pouvoir tranquillement s'occuper de lui et bien le servir docilement à la maison...


Si certains points entachent les nouvelles composant ce "Jumbee" (terme qui regroupe les fantômes, démons, zombis, ...), la lecture est prenante et originale, dotée d'un charme désuet qui nous enivre du folklore des îles à cette époque coloniale. Tout ceci est très bien représenté grâce au souci du détail apporté par l'auteur et par cette capacité à nous dépeindre un monde surnaturel pas si éloigné des portes de l'ordinaire.
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Dans le registre cauchemardesque, l'oeuvre de Whitehead se pose là. le livre est angoissant, serait parfait à lire à voix basse près d'un feu crépitant et donne assez envie de laisser la lumière allumée pour la nuit.
L'article complet sur mon blog.
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
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