Un petit moment de grâce.
Les jeunes écouteurs d'histoires connaissent probablement le style délicat, aux tons colorés dillués, de l'illustratrice autrichienne
Lisbeth Zwerger sans connaitre son nom.
Beaucoup des images de contes de fée, empruntés dans les établissements de prèt, seront signés de sa plume.
La candeur de ses petits personnages bien vêtus, qui nous inspirent des enfants sages et polis que doivent imiter les lecteurs, se prêtent bien à des contes, mythes et romans aux contrastes un peu farfelus et enchanteurs tels que: le Magicien d'Oz, Casse-noisette, Alice, Till l'espiègle, la petite sirène et même les mythes bibliques.
Nous ne savions pas que le célèbre auteur anglais pour adultes,
Oscar Wilde, avait aussi écrit pour la jeunesse.
Du coup, nous nous sommes renseignés.
Allo Wiki?
"...Le Géant égoïste (The Selfish Giant) est un conte d'
Oscar Wilde, paru en mai 1888 dans le recueil
Le Prince heureux et autres contes et traduit en français par
Marcel Schwob en 1891. Il s'agit sûrement d'un des contes les plus populaires
De Wilde. Il s'adresse en particulier aux enfants...".
Merci Wiki.
C'est assez amusant en lisant.
Le conte pourrait se confondre avec une situation ordinaire du quotidien.
On imagine très bien l'histoire d'un vieux voisin grincheux et solitaire qui ne préfère pas rompre sa tranquilité avec les cris d'enfants.
Oscar Wilde y ajoutera des éléments de conte, c'est un géant parti sept ans et laissant la jouissance involontaire de son beau jardin à des enfants capable d'en apprécier la beauté et les perspectives d'amusement.
Oscar Wilde ne fera pas de son personnage automatiquement un ogre.
Trouvant son jardin avec des enfants dedans à son retour, qui y ont poussé comme l'herbe folle, le géant aura le faux sentiment de reprendre les choses en main et entourera son domaine de barrière.
Wilde assimilera la joie des enfants à de la semence quotidienne, qui manquerait aux saisons et à la nature pour pousser, contraignant ces derniers à bouder le lieu, recouvert par le gel et l'hiver pour un séjour indéterminé.
La métaphore est forcément sensible et séduisante pour tous les lecteurs.
Lisbeth illustre les nouveaux intrus, allant du Vent à la Grêle, comme des gens élégants, vêtus de blanc, s'invitant seulement vers une endroit propice à leur propre détente et non comme des calamités naturels.
L'espièglerie des enfants résistera à l'hiver et à la morosité redoublée du géant.
Avec le retour des enfants, le géant redécouvira ou découvrira simplement le charme de son jardin, le charme de l'enfance.
Un enfant oublie vite et il est facilement reconnaissant, comme les lecteurs s'en rappèleront avec cette histoire touchante.
Oscar Wilde éduquera finalement aussi un peu, sans qu'on en ait l'impression, sur le caractère des gens qu'on ne connait pas.
Un géant qui aime sa tranquilité, cela fait-il de lui quelqu'un de méchant?
Les choses sont parfois plus complexes qu'une simple interprétation manichéene dès lors qu'un grand fuit un petit, il est aussi à comprendre qu'il n'a peut-être pas envie, il est peut-être fatigué ou il n'est pas habitué aux enfants et il faut lui laisser le temps.
Le moment est aussi magique avec ce géant qui associera le retour du printemps avec celui des enfants qui s'amuse de nouveau.
La fin est étonnante et inattendue, associant un personnage bien connu des mythes à un ange en culottes courtes venu accueillir le géant sur son dernier voyage, sans qu'il soit nommé.
Cette partie sera sans doute à expliquer aux jeunes lecteurs, à ceux qui n'ont pas de culture religieuse et qui ne saisiront pas forcément l'association des marques de clous sur les poignets et les chevilles comme une preuve d'amour.
Monsieur
Oscar Wilde était un irrésistible facétieux irrévérencieux, sans nul doute.
Il sera possible de conserver l'essentiel du conte.