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Je suis allée hier à l'intéressante exposition Oscar Wilde au Petit-Palais, à Paris, avec mon fils et ma belle-fille. Ses célèbres aphorismes ponctuaient chaque salle.J'ai aimé en particulier la présentation des tableaux accompagnés des commentaires de l'auteur en tant que critique d'art, déjà plein de verve et d'ironie, les nombreux manuscrits originaux, et la projection du film où Robert Badinter nous raconte son terrible séjour en prison, après ce qu'il appelle " son suicide judiciaire". De cette exposition, j'ai rapporté quelques livres, dont cet album, illustré par Lisbeth Zwerger, que j'ai adoré ( je l'ai lu dans le train, au retour). C'est un conte de Noël, extrait du " Prince heureux et autres contes", publié en 1888. Voilà un récit délicieux, tout en symbolisme et poésie.Les enfants d'un village ont l'habitude d'aller jouer dans le magnifique jardin d'un géant, qui s'est absenté sept ans,parti chez un ami et on retrouve le goût du paradoxe de l'auteur, je cite " Ces sept ans écoulés, lui ayant dit tout ce qu'il avait à lui dire , car sa conversation était limitée", il revient dans son château. Evidemment, il chasse les enfants et entoure son jardin d'un grand mur.Mais un phénomène étrange se produit: l'hiver ne quitte plus le domaine du géant, qui se lamente et ne comprend pas .Par une brèche du mur, les enfants rentrent un jour dans le jardin, qui se métamorphose et retrouve sa splendeur.Le géant lui aussi se transforme et accueille avec plaisir désormais tous les enfants. Cependant, un petit garçon qu'il avait aidé à monter sur un arbre et qui l'avait embrassé n'apparaît plus.Il s'en désole et ne le retrouvera, figure chrétienne de la résurrection, que bien plus tard... Les personnifications des éléments naturels comme la neige, le vent " emmitouflé de fourrures et qui mugissait toute la journée aux quatre coins du jardin" m'ont beaucoup plu. Le jardin , sorte d'Eden harmonieux, est décrit avec délicatesse et sens du merveilleux.Les arbres , véritables amis protecteurs, se penchent vers les enfants, les fleurs sourient, tout un univers de douceur et de joie. Les illustrations ont un aspect vintage, dans des tons sépia, qui s'accordent bien à l'époque du texte.Le trait est fin pour rendre les expressions des visages et les éléments de la nature prennent un aspect humain tout en légèreté. Une jolie découverte, preuve qu'Oscar Wilde, au-delà de ses remarques acerbes , de son impertinence, de ses provocations sait aussi se faire tendre et généreux.C'est d'ailleurs ce que conclut son petit-fils, à l'origine de l'exposition, en expliquant par exemple qu'il a voulu aider d'autre détenus, à sa sortie de prison.Un endroit où il n'aurait jamais dû aller, l'homosexualité n'étant pas une faute.Mais la bonne société anglais étriquée a trouvé là l'occasion de se venger de son originalité et de sa lucide analyse de ses contemporains faussement moralistes.Cela l'a détruit, physiquement et intérieurement. + Lire la suite |