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4,04

sur 162 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Quand nous sommes heureux, nous sommes toujours bons ; mais quand nous sommes bons, nous ne sommes pas toujours heureux."
(O. Wilde, "Le Portrait de Dorian Gray")

Une fois j'ai lu quelque part que Wilde ressemblait un peu au Lord Henry du "Portrait de Dorian Gray" : non seulement par son goût prononcé pour l'art et la beauté, mais surtout par sa capacité à manipuler les gens... et lors des débats les réduire en pièces, grâce à son intelligence et son esprit brillant.
Tout ceci est aussi visible dans ses beaux contes qui fleurissent littéralement devant les yeux, mais leurs fleurs précieuses ont un parfum de tristesse.

La beauté joue un grand rôle dans chacun d'eux ; l'admirable beauté physique des êtres vivants et de la nature. Puis la beauté discrète cachée dans la bonté, qui est très rarement récompensée à sa juste valeur, contrairement à ce que nous apprennent les contes de fée classiques. Les deux mondes De Wilde - le merveilleux monde imaginaire et le monde réel - s'y rencontrent de façon inoubliable, et vont peut-être influencer un peu le vôtre... c'était du moins mon cas quand j'étais enfant.
J'aimais toutes sortes de contes, mais ceux De Wilde et d'Andersen étaient différents : écrits par la plume trempée en partie dans la réalité, ils me faisaient pleurer... vraiment pleurer, ce à quoi, en vérité, je n'étais pas vraiment préparée... probablement à cause de ce contraste saisissant de la beauté pure balancée sans ménagement dans la boue, tout ceci accompagné par la découverte à quel point le monde peut être cruel et injuste.

Stylistiquement, Wilde reste un esthète né - peut-être plus que jamais - mais ce qui différencie ses contes de ses pièces satiriques n'est pas l'intention de se montrer caustique en pointant les défauts humains, mais plutôt de les corriger ; notamment le cynisme, l'égoïsme et la froideur de coeur qu'il veut réchauffer par l'amour, la tendresse et la générosité.
Les contes ont donc une charge éducative, morale, et parfois (comme dans "Le géant égoïste") ouvertement chrétienne, mais pourquoi s'en formaliser ? On peut difficilement reprocher à Wilde d'être né à l'époque victorienne, et ses scénarios ont le charme des tableaux préraphaélites, ou des arabesques florales de Morris. le dandy irlandais s'est converti au catholicisme en 1900, peu de temps avant sa mort, et ces courts récits (presque des paraboles), qui datent de douze ans plus tôt, traitent de façon intemporelle les thèmes classiques du bien et du mal, de l'ingratitude et du sacrifice pour autrui. La poésie pure mâtinée d'une bonne dose d'ironie fine propre à l'auteur.
Et le coeur du lecteur - coeur en or, coeur de pierre, coeur d'artichaut, de guimauve, d'acier et tous les autres - éclatera toujours à la fin, en même temps que le coeur de plomb du malheureux Prince Heureux.

"Le Prince Heureux" résonne assez fort avec la citation de "Dorian Gray" que j'ai mise en exergue, et nous dit, de facto: "les amis, vous pouvez vous fourrer tout votre bel altruisme quelque part !", même si, paradoxalement, il nous incite à faire exactement le contraire. Sacré Oscar ! La fin est inoubliable, presque aussi affligeante que celle du "Rossignol et la Rose", mais c'est ce deuxième qui me faisait toujours réduire mes mouchoirs en lambeaux.
Le Rossignol va se sacrifier pour l'amour humain, en transformant une rose blanche en rose rouge unique... cette rose rouge me paraissait toujours comme le plus beau et le plus précieux objet qu'on puisse imaginer... et quel sera son destin ? Vanitas vanitatum et omnia vanitas...
"Le géant égoïste" est légèrement plus optimiste, mais une petite larme coulera tout de même, peut-être par soulagement que même les plus "méchants" ont leur chance à la rédemption. Heureuse fin, exceptionnellement, et très symbolique.
"L'ami dévoué" est une terrible chose. Je veux dire : c'est superbement écrit, mais tellement cynique ! J'avais toujours du mal a condamner complètement les héros négatifs, envers lesquels je ressentais une forme de pitié, mais le dévoué meunier ne représente pas ce vague, abstrait et charismatique Mal avec lequel on pourrait presque sympathiser. Non, il est répugnant pour une raison tout à fait précise, et s'il vous rappelle par hasard certaines personnes de votre connaissance, l'histoire peut faire assez mal.
"La fusée remarquable" fait penser à quelques contes d'Andersen qui prêtent vie aux objets inanimés, mais je trouve Andersen plus doué à cet exercice. Une agréable histoire qui nous avertit que péter plus haut que son fondement peut assez facilement nous rendre ridicules.

Tant que j'y suis, je ne peux pas m'empêcher de mentionner aussi "L'enfant de l'étoile", qui ne fait pas partie de ce recueil (vous le trouverez dans "Une maison de Grenades", il me semble), dont je garde un souvenir tout particulier. Un conte si cruellement réaliste que j'ai mis un moment pour m'en remettre. Un bel enfant gâté, son affreux caractère, prise de conscience, fin heureuse. Ou pas ? Et s'il n'y avait pas de fin heureuse ? La dernière phrase m'a glacée. Je n'ai que très rarement lu quelque chose d'aussi... réel... C'est comme si je voyais Wilde vider pensivement un verre d'absinthe, puis retourner vers son manuscrit et ajouter cette phrase sur un coup de tête. 5/5
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Je suis allée hier à l'intéressante exposition Oscar Wilde au Petit-Palais, à Paris, avec mon fils et ma belle-fille. Ses célèbres aphorismes ponctuaient chaque salle.J'ai aimé en particulier la présentation des tableaux accompagnés des commentaires de l'auteur en tant que critique d'art, déjà plein de verve et d'ironie, les nombreux manuscrits originaux, et la projection du film où Robert Badinter nous raconte son terrible séjour en prison, après ce qu'il appelle " son suicide judiciaire".

De cette exposition, j'ai rapporté quelques livres, dont cet album, illustré par Lisbeth Zwerger, que j'ai adoré ( je l'ai lu dans le train, au retour). C'est un conte de Noël, extrait du " Prince heureux et autres contes", publié en 1888.

Voilà un récit délicieux, tout en symbolisme et poésie.Les enfants d'un village ont l'habitude d'aller jouer dans le magnifique jardin d'un géant, qui s'est absenté sept ans,parti chez un ami et on retrouve le goût du paradoxe de l'auteur, je cite " Ces sept ans écoulés, lui ayant dit tout ce qu'il avait à lui dire , car sa conversation était limitée", il revient dans son château.

Evidemment, il chasse les enfants et entoure son jardin d'un grand mur.Mais un phénomène étrange se produit: l'hiver ne quitte plus le domaine du géant, qui se lamente et ne comprend pas .Par une brèche du mur, les enfants rentrent un jour dans le jardin, qui se métamorphose et retrouve sa splendeur.Le géant lui aussi se transforme et accueille avec plaisir désormais tous les enfants.

Cependant, un petit garçon qu'il avait aidé à monter sur un arbre et qui l'avait embrassé n'apparaît plus.Il s'en désole et ne le retrouvera, figure chrétienne de la résurrection, que bien plus tard...

Les personnifications des éléments naturels comme la neige, le vent " emmitouflé de fourrures et qui mugissait toute la journée aux quatre coins du jardin" m'ont beaucoup plu. Le jardin , sorte d'Eden harmonieux, est décrit avec délicatesse et sens du merveilleux.Les arbres , véritables amis protecteurs, se penchent vers les enfants, les fleurs sourient, tout un univers de douceur et de joie.

Les illustrations ont un aspect vintage, dans des tons sépia, qui s'accordent bien à l'époque du texte.Le trait est fin pour rendre les expressions des visages et les éléments de la nature prennent un aspect humain tout en légèreté.

Une jolie découverte, preuve qu'Oscar Wilde, au-delà de ses remarques acerbes , de son impertinence, de ses provocations sait aussi se faire tendre et généreux.C'est d'ailleurs ce que conclut son petit-fils, à l'origine de l'exposition, en expliquant par exemple qu'il a voulu aider d'autre détenus, à sa sortie de prison.Un endroit où il n'aurait jamais dû aller, l'homosexualité n'étant pas une faute.Mais la bonne société anglais étriquée a trouvé là l'occasion de se venger de son originalité et de sa lucide analyse de ses contemporains faussement moralistes.Cela l'a détruit, physiquement et intérieurement.
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Une magnifique fable qui montre à tous que le bonheur existe mais qu' il suffit juste de le mériter...J'ai vraiment aimé ce petit livre plein de douceur, très joli et admirablement bien écrit par l'un des plus grands-sinon LE plus grand- des auteurs irlandais de tous les temps.

A lire !!!

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Oscar Wilde nous offre avec ce recueil des récits particulièrement enchanteurs qui nous emportent dans un univers créé de toutes pièces où on découvre des personnages irréels auxquels l'auteur donne une épaisseur.
Wilde, dont les fameux aphorismes sont entrés dans le langage courant, a créé un monde bien à lui, où l'esthétique occupe une place prépondérante, et où on éprouve un immense plaisir à évoluer.
Tout simplement magnifique.
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Je me souviens d'avoir lu ce livre merveilleux à l'ombre d'un arbre en été, pour mes dix ans. L'envoûtement fut immédiat pour ces contes poétiques, émouvants...avec une écriture si délicate au service des rires et des larmes.
Je découvrais Oscar Wilde et le coup de foudre dure encore.

Les adultes apprécieront le style fluide et brillant du célèbre dandy, tandis que les plus jeunes se réjouiront de lire les histoires d'un auteur dont l'imagination et la finesse demeurent intemporelles.

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Dans le jardin du géant, les enfants aiment jouer de longues heures. « C'était un grand jardin ravissant. L'herbe était tendre et verte, parsemée de belles fleurs qui ressemblaient à des étoiles. Il y avait aussi douze pêchers qui s'épanouissaient au printemps en milliers de fleurs délicates, couleur de perle rose. En automne, ils donnaient des fruits magnifiques. » (p. 2) Mais un jour le géant décide de ne plus partager son jardin : il érige un mur très haut et les enfants ne savent plus où jouer.
Les saisons passent, le printemps revient, puis l'été, mais « dans le jardin du géant égoïste, c'était toujours l'hiver. Les oiseaux se souciaient peu d'y chanter, puisqu'il n'y avait pas d'enfants, et les arbres oubliaient de fleurir. » (p. 8) La neige, le gel, la grêle et le vent se sont installés et sont bien contents d'avoir tout un jardin rien que pour eux.
Un miracle arrive enfin : les enfants ont passé le mur et le printemps est revenu dans le jardin. le géant est heureux de le partager avec ses nouveaux amis. « J'ai beaucoup de belles fleurs, […], mais les plus belles fleurs, ce sont les enfants. » (p. 24) Et le jour où le géant s'en va, il a tourné le dos à ses anciens travers.
Voilà un charmant conte pour enfant, parachevé par une délicate conclusion religieuse. le texte, sans prosélytisme aucun, offre avec finesse une parabole pour les tout-petits. On y parle de partage, de confiance et d'amour.
Le géant, sous le pinceau habile et délicat de Daniella Oh, est bien vilain et effrayant, mais comme tous les êtres vivants, il ne peut se passer de chaleur, qu'elle soit solaire ou humaine. Et qui mieux que les enfants peut offrir sans réserve une présence douce et tendre ?
Cet album présente en outre une facette bien différente de l'auteur du Portrait de Dorian Gray : le héros est ici laid à l'extérieur, mais bon à l'intérieur. Oscar Wilde, un auteur complet ? Qui en doute !
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Oscar Wilde n'écrit jamais pour ne rien dire même lorsqu'il s'agit de contes pour enfants.
Comme dans tous les bons contes, les hirondelles, les rossignols, les statues et les fusées parlent. Comme dans tous les bons contes, il y a une morale.
Mais ces contes ne sont pas bons, ils sont excellents car ils ne prennent pas les jeunes (et les moins jeunes) lecteurs pour des êtres naïfs à qui il faut vendre du bonheur et des fins joyeuses. Ces histoires sont teintées de mélancolie, de tristesse mais aussi de tendresse.
De vrais petits chefs d'oeuvres qui donnent à penser et à s'émouvoir.
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Je retrouve de bon matin certaines de ces histoires qui ont bercé (dans leur adaptation animée) mon enfance.
Ce recueil comprend 5 contes : le prince heureux, le Rossignol et la Rose, le Géant égoïste, L'Ami dévoué et La Fusée remarquable.
Le style est particulièrement accessible mais le contenu est à conseiller à partir d'un certain âge car ces histoires sont très dures : il y a question de mort, de misère, de sacrifice, d'égoïsme crasse, de prétention, de mépris, de solitude.
Bref, ce sont loin d'être de joyeux contes. Mon préféré reste et de loin celui du prince heureux, tragique mais sublime d'émotion. le rossignol et la rose est un hommage à un des contes du jardin d'Andersen avec une fin beaucoup plus amère. le géant égoïste est sans doute le moins âpre des 5 contes. L'ami dévoué et La fusée remarquable traitent de la prétention et de l'égocentrisme sous son jour le plus sombre.
Comme un goût amer dans la bouche en finissant ce recueil, l'auteur décrivant certains des aspects les plus sombres de l'âme humaine sans trop de vertus pour les contrebalancer.
Terribles et caustiques histoires, qui sans la nostalgie que j'en retire des superbes adaptations animées m'ont plutôt fichu le bourdon. Cela change des contes de fées édulcorés.
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Quelle découverte extraordinaire ! C'était un livre que mon frère avait quand il était petit, et que je n'avais jamais lu.

Si je n'ai pas mis 5 étoiles, c'est à cause du dernier conte de ce petit livre de contes d'Oscar Wilde, en effet, j'ai moins aimé le dernier.

J'ai trouvé ça d'une féerie incroyable, et typique d'une certaine époque. Ce sont de petits contes avec des fins pas vraiment heureuses, mais qui font vraiment réfléchir, à la limite du philosophique.

Je ne connais que deux ou trois livres De Wilde, mais j'ai découvert une autre partie de lui.
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C'est une bien belle histoire que j'ai racontée bien souvent à mes enfants quand ils étaient petits, mais je crois que j'aimais ce conte plus qu'ils ne l'aimaient eux-même. Et à chaque fois que je l'ai racontée, systématiquement j'ai versé une larme.
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