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Je suis tombée sur ce petit livre d'à peine 60 pages dans une boîte à livres... Je n'ai pas lu les romans de Virginia Woolf (juste Elles, un essai sur les auteurs féminins) et je me suis dit pourquoi pas ?
De la maladie est un essai qui parle de cet état étrange où on se trouve quand on attrape une maladie, une grippe par exemple. Il permettrait de mieux appréhender, de comprendre certaines choses (certains ouvrages de littérature par exemple) Ou au contraire, de passer comprendre à côté. La maladie grave qui cloue au lit sans possibilité de réfléchir aux choses de la vie, n'est pas réellement abordée. Heureusement que l'essai est court, je ne suis parvenue à accrocher à ce cheminement de pensées qui ne m'a finalement pas intéressée...
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[Critique à réécrire entièrement, jai complètement changé d'avis sur ce texte !!! - 12/11/2023]
Je suis-je un peu sur les fesses de découvrir ce texte après tout le bien que j'en ai lu et entendu. Si le sujet me paraissait d'emblée à la fois orignal, universel, intéressant, il me semble que les différentes critiques et analyses qu'on en a tirées en donnent une idée assez fausse. J'en ressors très déçue et il me semble qu'il s'agit là d'un cas de surestimation flagrante d'un texte auquel on ne saurait trouver aucun défaut parce que son auteure serait en quelque sorte intouchable.

Et pourtant... Et pourtant ce thème de la maladie - pas celui de la maladie grave, du type cancer, mais de la maladie habituellement bénigne, du type grippe, qui touche tout le monde -, est effectivement presque absent de la littérature. de mémoire, à part Proust et Banana Yoshimoto, ainsi que, peut-être, des livres pour enfants que j'ai lu il y a fort longtemps et dont je ne garde que des souvenirs très flous, j'ai peu lu d'auteurs qui s'y consacraient. Il me semble que Viriginia Woolf a donc mis le doigt sur quelque chose d'essentiel et que chacun est en mesure de partager : ce bouleversement de la pensée qui s'effectue lorsqu'on est malade, amoindri, alité. Cette particularité que possède la maladie de bousculer notre vision du monde, de notre entourage, d'à peu près tout, en fait. "Il devrait exister, nous disons-nous, des romans consacrés à la grippe et des épopées à la typhoïde, des odes à la pneumonie et des poèmes lyriques à la rage de dents.", nous dit l'auteure.

Or, si Virginia Woolf s'intéresse, au sortir d'une grippe (me suis-je laissé dire) à ce qu'on peut bien appeler un manquement de la littérature, elle ne va pas beaucoup plus loin. Peu importe que son texte soit court. Il insiste sur cette étrange omission pour ensuite ne s'intéresser qu'à quelques particularités de la maladie, à savoir sa capacité à nous faire voir le ciel, les fleurs, bref, la nature, différemment, à nous faire sentir que le monde mène sa petite vie sans nous, et qu'il continuera sans nous - la maladie serait l'occasion de provoquer un état méditatif. Sauf que, pour être confronté à cette vision nouvelle de la nature (et à condition qu'on n'y ait vraiment jamais réfléchi auparavant, ce qui suppose d'être franchement très autocentré), il faut pouvoir contempler depuis son lit de douleur ledit ciel et lesdites fleurs. En gros, il faut disposer d'une chambre d'où l'on puisse contempler tout ça, ce qui n'est le cas de pratiquement personne - aujourd'hui comme hier, tout le monde ne vit pas dans l'aisance financière de Virginia Woolf. En revanche, tout le monde tombe malade. Suis-je trop prosaïque ? C'est que, d'une part, la maladie l'est, et, d'autre part, quelle déception de constater que, pour aborder un sujet qui nous concerne tous, l'auteure utilise un argument on ne peut moins universel. Parler de la fièvre, des bouleversements qu'elle provoque dans la pensée, s'attarder sur la faiblesse qu'engendre le moindre état grippal et nous fait éprouver la moindre tâche habituelle comme un effort monumental, voilà qui donnait, me semble-t-il, davantage à réfléchir.

D'efforts, il est pourtant bien question, lorsque Woolf aborde la question de la lecture, qui peut devenir épuisante - ou tout aussi bien se révéler à nous, par le truchement de l'état amoindri que provoque la maladie. Mais ne voilà-t-il pas qu'elle se met proprement à délirer pendant plusieurs pages sur je ne sais quel roman anglais, durant lesquelles elle nous en livre le résumé pour une raison qui m'échappe complètement. Si la première partie du texte fut écrite au sortir d'une maladie, celle-ci semble bien avoir été écrite sous l'emprise de la fièvre...

On en retirera tout de même que Virginia Woolf fut un des rares auteurs à s'être intéressé clairement à la question de la maladie, de ses sensations et des bouleversements de la pensée qu'elle ordonne. Elle donne à réfléchir à la question, ce qui n'est déjà pas si mal. On s'arrêtera également sur la forme particulière de ce texte, qui relève de l'essai, de l'autobiographie, et même, peut-être, d'un nouveau genre. Et ce, bien avant Barthes et "La chambre claire".
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Court texte de Virginia Woolf écrit dans les mêmes années que "La Promenade au phare" (1927).
Virginia Woolf a vécu une vie de douleurs physiques et psychique qui a sculptée une oeuvre d'une sensibilité extrême, faite de réflexions profondes sur les ressorts du processus de création et la place de la femme, de ses désirs. La maladie renverse les perceptions et révèle le langage du corps et de la chair. Les beautés sont déformées.
La maladie bouleverse la position et le regard de l'artiste. Il y a pause, expérimentation d'une autre réalité.
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Dès les premiers mots de cet texte très court, on reconnait le style inimitable et incomparable de Virginia Woolf.
Elle mène ici une réflexion sur la maladie, sur ses effets et les changements que celle-ci provoque en nous ; et comme elle a coutume de le faire, elle va faire appel à tous nos sens (odeurs, sons, couleurs) pour restituer les impressions que la maladie provoque en nous :
Le malade ne pouvant plus agir "normalement", car privé d'une partie de ses moyens, va devoir -pour ne pas s'exclure totalement du monde - saisir l'essentiel de ce qui l'entoure.
Son idée centrale est que la fragilité du corps va impliquer pour le malade, qui n'est plus dans l'action, une nouvelle appréhension du monde. Il va ainsi développer d'autres formes de richesses telles que la contemplation, une sensibilité accrue à tout ce qui l'entoure, et même à la poésie.
Un point de vue intéressant, comme toujours avec Virginia!
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Lorsque j'ai découvert l'existence de ce livre de Virginia Woolf, l'enthousiasme et la curiosité se sont emparées de moi.

Souffrant également d'une maladie chronique douloureuse, je suis fascinée par l'aura enveloppant la maladie et je porte un grand intérêt à toutes les questions existentielles que soulève l'état de malade.


Tout d'abord surprise par la brièveté du contenu - une soixantaine de pages au total, préface incluse -, je me suis interrogée sur la taille de la police utilisée. le sentiment étant que j'eus l'impression qu'on avait étiré le texte pour donner l'illusion d'un matériau plus conséquent dans sa forme. «Qu'importe le flacon...».

Nous sommes accueillis par une quinzaine de pages de préface rédigée par Élise Argaud. Entrée en matière extrêmement intéressante bien que j'aurais préféré en prendre connaissance à la fin de l'ouvrage, en complément, et d'emblée commencer la lecture par les mots de Virginia.

Le contenu de l'auteure ne dépassera pas la trentaine de pages. Justement, ce contenu, qu'en est-il?

Nous pénétrons dans le texte par une mise en relief du contraste entre l'existence de la maladie, expérience commune à tout être humain, et son absence quasi systématique des ouvrages littéraires. S'ensuit des réflexions au sujet du changement de perception du monde environnant induit par la maladie comme, par exemple, l'état contemplatif.

Ne sont pas traitées ici les maladies foudroyantes, purulentes ou épidémiques, ni la manifestation de la maladie au coeur de la misère et de la pauvreté. Mais plutôt le témoignage des pensées vagabondes d'une âme inspirée et d'un corps malade qui bénéficient de temps et de moyens nécessaires pour recevoir des soins.

J'ai savouré les mots choisis et l'écriture des non-dits de la maladie. En cela, j'ai eu grande satisfaction. Réussir à trouver et assembler les mots pour dire l'insaisissable de ce qui traverse un esprit en proie avec la maladie chronique est comme une main tendue et complice qui vous assure comprendre et ressentir ce par quoi vous êtes traversé.

Ensuite et soudainement, je crois qu'on quitte le sujet et que l'écriture digresse vers la description d'autres scènes d'ouvrages littéraires pour une quinzaine de pages et ceci jusqu'à la fin du livre. Et là, j'ai eu le sentiment que l'on m'avait retiré mon jouet! C'était déjà si court...
Pourtant, je trouve bien joué qu'elle mentionne - juste avant la digression - ce « sens du devoir en suspens » et cette « raison assoupie ». Nous assistons en direct à un de ces tours que la fièvre impose à l'esprit, sautant du coq à l'âne sans aucune inquiétude des convenances ou ici-même des conventions littéraires.
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Ce court essai a été ma première lecture de cette auteure: quelle plume! Sur un sujet somme toute plutôt austère, on sent la détermination que procure les idées claires, l'amour des mots, les tournures de phrases ciselées, l'originalité des images. Sur le fond, plaider pour élever la maladie au rang des grands déterminants de l'existence humaine est à la fois surprenant et audacieux d'une certaine façon. Qu'elle m'ait convaincu ou pas reste vraiment secondaire tellement son écriture m'a frappée. Un seul bémol à cette lecture; le très long prologue de Élise Argaud qui donne son interprétation en long et en large du texte qu'on s'apprête à lire... Peut-on laisser les lecteurs faire leurs propres découvertes plutôt que de les tenir par la main.
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Un essai éclairé et original sur la maladie dans lequel nous pouvons tous nous reconnaître
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Virginia Woolf souffrait de dépression et de divers symptômes comme les migraines pour lesquelles on lui arrachait des dents afin de tenter de la soulager...

Dans son Journal, elle clamait pourtant : "Ce sont nos efforts pour saisir au passage tous les aspects de la vie qui la rendent si passionnément intéressante."

Dans ce court texte publié en 1926 dans la revue Forum, elle s'interroge sur la maladie. Elle ne partage ni ses maux, ni sa souffrance. Non, elle évoque plutôt comment la maladie force l'humain à se poser et à réfléchir sur ce qui l'entoure, à saisir l'essence même de toute chose face à la vacuité de la vie. Lorsque le corps ne peut plus, lorsque l'humain est forcé de se reposer, il n'a d'autre choix que d'entrer dans une phase de contemplation tournée vers l'essentiel. Elle partage ainsi son amour de la poésie, clame la force de cette écriture succincte, où le choix particulier de quelques mots sauront toucher les malades, ceux qui n'ont pas la force ou le temps de lire des centaines de pages.
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