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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les livres de Xinran ont ceci de particulier que ce sont généralement des ouvrages dans lesquels les informations sont aussi passionnantes que révoltantes car elle se penche sur des sujets délicats. Après la condition des femmes en Chine (Chinoises) ou le sort des petites filles abandonnées ou tuées à la naissance (Messages de mères inconnues), elle s'intéresse ici au phénomène des enfants uniques en Chine.

Par le biais de son travail à la radio pendant une vingtaine d'années en Chine, mais aussi au sein de l'association qu'elle a ensuite créée en Angleterre, elle a rencontré des dizaines d'enfants nés pendant la politique de l'enfant unique. Au delà de l'aspect anecdotique de ces enfants dorlotés et chouchoutés par toute leur famille au point de ne pas savoir se débrouiller seuls une fois devenus adultes, elle montre les aspects sociaux, économiques et moraux de cette politique.
Dans une société où les jeunes sont censés pourvoir aux besoins de leurs ainés, les enfants uniques se retrouvent souvent dans l'incapacité financière d'aider leurs parents, eux-mêmes ayant du mal à s'en sortir seuls.
Ayant été poussés dès l'enfance à réussir par tous les moyens, ils n'ont bien souvent pas conscience des sacrifices de leurs parents, et pensent que tout leur est dû. Plusieurs faits divers terribles viennent mettre en évidence les problèmes psychologiques et moraux de certains enfants ayant grandi dans le culte de leur petite personne.

Certaines anecdotes font toutefois sourire tant ces jeunes gens semblent parfois inadaptés à la vie en société. Xinran ayant accueilli plusieurs étudiants chinois chez elle, elle s'est retrouvée à devoir apprendre à certains à suspendre leurs vêtements sur un cintre, à peler un fruit, à passer une commande dans un restaurant, à laver la vaisselle ou même à ouvrir leur propre valise !
Un livre qui se lit comme un roman, le style étant simple et les différents chapitres alternent entre faits d'actualité, réflexions plus profondes sur la société et son évolution et anecdotes aussi drôles qu'émouvantes.
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J'ai trouvé ce livre de Xinran en librairie. J'avais beaucoup entendu parler de ses recueils de témoignages de femmes chinoises, qui aidaient à mieux comprendre une partie méconnue de ce pays qui alimente bien des fantasmes. le sujet de l'enfant unique me semblait essentiel : est-ce que ces générations de jeunes chinois élevés seuls allaient avoir un impact ?

J'ai globalement apprécié ces récits. le livre est séparé en différents témoignages recueillis par Xinran. Elle leur pose beaucoup de questions autour de la façon dont ils considèrent la famille ou la culture chinoise. On a donc un regard assez profond sur les relations complexes qui se tissent entre la générations des Soleils et le reste d'un monde où ils ont élevés pour en être le centre.

Il y a donc certains éléments qui ne surprennent et sont même assez cocasses ou désespérants. Beaucoup, lorsqu'ils quittent le nid familial, sont incapables de mener une vie autonome. Ils ne savent pas cuisiner, commander dans un restaurant, s'occuper de leurs affaires... Ils ont été tellement couvés que même les tâches les plus simples leur sont impossibles. Comme ils sont la seule descendance de leur famille, beaucoup n'avaient pas le droit d'entrer dans la cuisine, leur parents craignant qu'ils se blessent avec les couteaux.

Ils sont également souvent gâtés par leur famille. L'ensemble de leur train de vie est souvent couvert et ils n'ont à penser à rien. Il y a un cas où des parents ont acheté un appartement à leur fils qui venait de se marier. Les parents et beaux-parents viennent chaque jour cuisiner ou leur le ménage. Xinran a même constaté que lorsque la première génération d'enfants uniques commençaient à avoir leurs propres enfants, ces derniers les délaissaient, incapables de s'en occuper.

Mais si ces parties sont attendues, ce sont surtout les sentiments des enfants uniques qui sont intéressants. Ils ont conscience ou prennent assez vite conscience qu'ils sont gâtés et incapables. L'une des jeunes femmes est dans le livre remarquablement véhémente. Elle en veut à ses parents de l'avoir traitée comme un animal de compagnie, de l'avoir rendu incapable de vivre par elle-même et dépendante. Elle refuse donc de leur parler pendant de longues années. Mais loin d'être un cas isolé, beaucoup d'enfants finissent par haïr leurs propres parents.

Il y a cependant quelques petites choses qui m'ont gênées dans ce recueil. Beaucoup des personnes interrogées avaient des profils très similaires. Elles souvent issues de familles privilégiées, parfois même issues de la très haute bourgeoisie de la Chine, ayant grandi en milieu urbain, à l'exception de deux témoignages peut-être. Xinran les a toute rencontrées ou connues alors qu'elles faisaient leurs études hors de la Chine. du coup, je me pose la question de la représentativité du panel de l'autrice, d'autant plus que 70% de la population chinoise vit en zone rurale.

Ensuite, j'ai souvent trouvé que Xinran avait tendance à beaucoup intervenir dans ses entretiens. Parfois, c'est nécessaire et intéressant, mais d'autres fois j'ai eu l'impression qu'elle tentait de faire passer ses idées aux jeunes personnes qu'elle rencontrait. Je me suis parfois demandée jusqu'à quel point certaines réflexions étaient originaires des interrogés ou de certaines paroles de Xinran.

Mais il reste un livre très enrichissant pour tous ceux qui s'intéressent à la culture chinoise ou à la sociologie. Les témoignages se centrent sur une cohorte unique en son genre qui fait entendre la voix de ces enfants uniques. Même si les témoignages se répètent ou que la journaliste prend un peu trop de place par moments, c'est un coup d'oeil acéré au sein d'une société qui évolue à grande vitesse.
Lien : https://lageekosophe.com/
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Xinran est née à Pékin en 1958.
A l'époque où elle écrit ce livre (parution en 2016), elle habite à Londres depuis de nombreuses années. Ce livre témoigne de ce qu'elle sait vis à vis de la politique de l'enfant unique en Chine. de 1979 à 1984 naissent en Chine des millions d'enfants uniques : la loi interdit d'avoir plusieurs enfants (avec un peu plus de souplesse à la campagne).
Quel est l'impact pour un enfant d'être un enfant roi sur lequel repose tous les espoirs d'une famille ? de n'avoir eu que très peu de contacts en dehors de père-mère et grand-parents ? Quelle est la réaction d'une famille qui perd son enfant unique (un enfant est aussi une assurance pour ses vieux jours car il n'y a pas de système de retraite) ?

Dans chaque partie Xinran analyse le cas d'un jeune adulte qu'elle rencontre soit à Londres, en Chine, en Nouvelle-Zélande ...
Le premier est un garçon qui vient étudier à Londres à 20 ans : il a toujours été pris en charge par sa famille et ne sait pas vivre par lui même, ni se faire à manger ni ranger sa valise.
Aile travaille comme bénévole dans une association d'aide aux mères ayant adopté des enfants chinois avec Xinran (presque toujours des petites filles). Elle ne parle plus à ses parents.
Hirondelle déteste sa mère qui l'a élevée pendant 23 ans "comme un petit chien". Lis, elle, a été élevée de façon très traditionnelle et n'a pas d'ami «homme» tellement, le sexe est tabou dans sa famille, l'amitié homme-femme est un inenvisageable .
Xinran a elle même un fils (unique donc) par choix et non du fait d'une contrainte officielle. Elle vit à l'étranger, et rentre deux fois par an en Chine pour de courts séjours .

L'auteure intercale l'avis des enfants avec celle de leurs parents (surtout des mères ) qui se sont « sacrifiées » et qui n'ont pas la reconnaissance attendue ... famille je vous haime ...

Ces témoignages sont intéressants et variés et apportent une lumière sur les traditions chinoises (ainsi que la rapidité avec laquelle évolue la Chine).
Quant à savoir si ces témoignages sont représentatifs de ces générations d'enfants uniques chinois c'est dur à dire : beaucoup de ces enfants ont des parents citadins et aisés (à part Bois de Feu qui est obligé « d'emprunter » de l'argent à sa famille pour partir en Europe ...)

Vers la fin du livre, Xinran explique la « non représentativité » de ces témoignages : 70% des chinois sont des paysans qui ne font pas d'études supérieures, occupés plus qu'à plein temps a assurer leur survie. Elle a bien conscience que ces témoignages ne sont qu'une facette de l'enfant unique
En tout cas ces témoignages sont émouvants et montrent bien la complexité des relations familiales : un des éléments que j'ai ressenti plusieurs fois est que ces parents avaient eu un enfant pour leurs vieux jours et qu'ils s'étonnaient ensuite de les voir vivre pour eux. On élève des enfants comme des individus très isolés et ensuite on s'étonne que ceux ci deviennent individualistes...

Pour ma part l'époque actuelle est celle de l'individualisme (dans le cas de la Chine ce passage se fait sur une génération alors qu'en Occident le passage s'est fait sur une centaine d'années...)

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Xinran étudie ici les conséquences psychologiques du programme de « l'enfant unique », mis en place par le gouvernement chinois en septembre 2002, dans le cadre du contrôle des naissances. Lors d'un de ses voyages en Chine en 2010, Xinran se rend compte pour la première fois l'importance dans ces familles de « L'ENFANT », seul et unique espoir d'une famille, au point de concentrer leur vie à épargner, soigner, et gâter cet enfant. le problème de la majorité de ces enfants, c'est qu'à l'âge adulte, ils sont totalement assistés. Ils ont été tellement protégés dans leur enfance, qu'ils sont incapables de vivre seuls, incapables de pendre leurs vêtements dans une penderie, et totalement handicapés socialement.
Tout démarre avec l'affaire Yao Jiaxin, qui fait partie de la deuxième génération d'enfant unique. Ce jeune homme a poignardé de huit coups de couteau une paysanne qu'il avait renversée en voiture, car elle tentait de mémoriser sa plaque d'immatriculation. Cette affaire causé un véritable électrochoc, et conduit à s'interroger sur les comportements face à son enfant : en effet trois courants apparaissent. le premier considère le crime abominable, le deuxième que le fait d'être enfant unique doit être pris en considération, le troisième (des étudiants)… que la vie d'un jeune étudiant vaut plus que celle d'une paysanne inculte….
Ce livre se lit comme des nouvelles : à travers les portraits de du Zhuang, Hirondelle Dorée, Aile et d'autres, elle dresse l'image d'une jeunesse perdue, entre traditions séculaires et modernité. A chaque fin de chapitre, Xinran demande ce qu'il ou elle pense de l'affaire Yao Jiaxin. Les réponses sont parfois surprenantes…
A savoir que depuis 2013, cette politique de l'enfant unique s'assouplit, et les couples auront bientôt l'autorisation de faire deux enfants…


Xinran est née en 1958. Pendant la révolution culturelle, elle et son frère sont enlevés par les Gardes rouges, à leurs parents jugés « réactionnaires » et envoyés dans un orphelinat réservé aux enfants de « chiens à la solde de l'impérialisme ».
A partir de 1983, la Chine a besoin de personnes pour développer la télévision et la radio, capables de diriger des émissions de débat éducatives tout en s'assurant que les sujets « interdits » sont évités. On confie à Xinran la production de ces émissions. Mais elle devient rapidement l'animatrice d'une émission de radio, Mots sur la brise nocturne, diffusée quotidiennement entre 22h00 et minuit.
En 1997, elle décide de quitter la Chine et s'installe en Angleterre. Elle s'y marie et a un fils.
En 2002, un recueil de ces vies de chinoises est publié par Chatto & Windus. (paru aux éditions Philippe Picquier sous le titre Chinoises, en 2003). Il dit la souffrance, mais aussi l'amour et l'espoir de ces femmes.
Depuis la publication de son premier livre, un best-seller international, Xinran est connue dans le monde entier. Elle publie une colonne bimensuelle dans The Guardian sur les questions relatives à la Chine et tient le rôle de conseiller aux relations avec la Chine pour de grandes corporations comme la BBC.
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Dans cet ouvrage Xinran s' interroge sur les dernières générations d' enfant en Chine, ses générations de « l' enfant unique ». Elle donne la parle à ses enfants –alors jeunes adultes- et à leur parents, elle les a tous rencontrés elle les connaît et nous les raconte. Elle raconte les craintes des parents, des enfants qui cherchent à tout prix à s' émanciper et à se construire seul, parfois loin de la tutelle familiale à l' étranger.
Ce que l' on y apprend sur l' éducation « à la chinoise » est parfois déroutante voir choquante pour nous occidentaux.
Ne vous attendez pas à lire un roman, comme dans Messages de mères inconnues ou Mémoire de Chine plus récemment, Xinran compile les témoignages et sa propre expérience. Il s' agirait presque d' un ouvrage de sociologie, cela n'en demeure pas moins une excellente lecture qui nous fait découvrir autrement et sous un jour plus humains la Chine et ses habitants.
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un documentaire très instructif - voire édifiant - qui décrit les comportements et les réactions d'enfants uniques chinois à leur arrivée en Angleterre; sans jugement, Xinran nous permet de mieux appréhender les modes de pensées de cette génération d'enfants uniques en Chine
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