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sur 1227 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Irvin Yallom, auteur de romans – essais philosophiques tels Et Nietzsche a pleuré, récidive avec le philosophe Spinoza : lors d'une visite au musée Spinoza, il apprend que le nazi Rosenberg y est venu et a confisqué la bibliothèque pendant la guerre, ayant déclaré avoir trouvé "des ouvrages anciens d'une grande importance pour l'examen du problème Spinoza."

Il n'en faut pas plus à Yallom pour imaginer un roman construit sur la vie de ces deux personnages : Baruch Spinoza, philosophe juif excommunié en 1656 et Alfred Rosenberg, idéologue du parti nazi ayant contribué à l'extermination des Juifs durant la Seconde guerre mondiale.
Quelle fascination Spinoza peut-il exercer, trois siècles plus tard, sur l'idéologue nazi Rosenberg ? L'oeuvre du philosophe juif met-elle en péril ses convictions antisémites ? Qui était donc cet homme excommunié en 1656 par la communauté juive d'Amsterdam et banni de sa propre famille ?

Nous voilà embarqué dans deux histoires parallèles, au fondement de la philosophie spinozienne et nazie, naviguant entre ces deux époques, tentant de suivre l'évolution philosophique de Spinoza et les égarements de Rosenberg, pris dans la nasse d'Hitler (qui l'a d'ailleurs toujours méprisé).

"Alfred Rosenberg, prétentieux philosophe manqué, indifférent, peu aimant et peu aimable, dépourvu de curiosité envers lui-ême, qui en dépit d'un sentiment personnel d'exclusion traverse la vie plein de suffisance, convaincu qu'il est de son importance."

Son travail était tourné vers la volonté de fonder un antisémitisme sur des faits et non sur des émotions, comme le Fuhrer le faisait.

Si la partie sur Rosenberg est plus connue, quoique ce personnage ne fut pas le plus célèbre des criminels nazis, la construction en miroir reste intéressante pour actualiser la philosophie de Spinoza, souvent considérée comme aride – d'ailleurs je me mets du côté de Rosenberg qui n'a jamais pu comprendre L'Éthique, ouvrage philosophique et compliqué par excellence.

Irvin Yallom a, pour le coup, réussi le pari de nous rendre Spinoza plus accessible, reformulant sans cesse ses idées à travers des dialogues avec ses amis et soutiens de l'époque (qui furent cependant rare tant ces mêmes idées étaient iconoclastes).

"Dites moi, croyez vous en un Dieu tout-puissant?En un Dieu parfait? Qui se suffit à lui même ?… Alors vous en conviendrez, par définition un être parfait qui se suffit à lui même n'a pas besoins, ni d'insuffisances, ni de souhaits , ni de volontés.
Alors, poursuit Spinoza, je suggère qu'il n'y a pas de volonté de Dieu en ce qui concerne le comment, ni même le pourquoi le glorifier. Donc permettez moi d'aimer Dieu à ma façon. "

La grande force de Spinoza est d'interroger, de croire que l'ignorance est la pire des tares et qu'il faut combattre de toutes ses forces pour comprendre et apprendre.

"Je ne crois pas que le questionnement soit une maladie. L'obéissance aveugle sans questionnement est la maladie. "[...] Je crois que plus on en saura , et moins il y aura de choses connues de Dieu seul. Autrement dit, plus grande est l'ignorance, et plus on attribue de choses à Dieu."

Cependant, si j'ai appris beaucoup à travers ce roman philosophique, je ne peux pas dire que j'y ai pris du plaisir : la rhétorique de Spinoza reste aride, tout comme l'érudition de l'auteur, et je peux à vrai dire pas vraiment qualifier ce texte de "roman" dans la mesure où l'action est nulle, le rythme laisse à désirer et les personnages sont inexistants. Tous les dialogues sonnent faux tant ils tendent à démontrer une philosophie, des idées et non véritablement raconter une histoire. Je l'aurais beaucoup plus apprécié finalement s'il avait été étiquetté "essai" directement … (ceci dit, pour l'excuser, Spinoza a vécu une existence tellement contemplative que ce devait pas être facile à traduire en roman …)
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Yalom Irvin – "Le problème Spinoza" – Galaade/Livre de poche, 2012 (ISBN 978-2-253-16868-3) – roman traduit de l'anglais états-unisien par Sylvette Gleize – cop de l'original 2012

La page de garde nous met en garde (comme il se doit) : cet auteur est professeur émérite de psychiatrie à Standford et a produit un certain nombre de romans "entre fiction, philosophie et psychothérapie", ce qui est tout à fait le cas ici : le lecteur ne pourra pas dire qu'il n'a pas été prévenu.

L'auteur utilise donc le genre romanesque tout à la fois pour "vulgariser" l'oeuvre d'un philosophe (pourquoi pas, il existe d'excellents ouvrages de ce type), en y adjoignant (là, c'est déjà plus tendancieux) une démonstration des supposés bienfaits de la psychanalyse freudienne (du niveau "Psychologie magazine" pour salons de coiffure), le tout inséré dans un cadre plus ou moins judaïsant mais laïcisé. Il en résulte un menu plutôt chargé, à la limite de l'indigeste, surtout dans la mesure où ce brave universitaire ne semble pas (soyons prudents, il s'agit d'une traduction) disposer d'un style d'écriture narrative spécialement captivant, que nenni, c'est plutôt du genre poussif.

Toujours est-il qu'il lui est venu ici à l'esprit (cf explications auto justificatives fournies en fin de volume) de mélanger trois strates principales.

- La première strate consiste à nous relater de façon fort subjective ce que l'auteur suppose avoir été la vie du philosophe Baruch/Benedictus/Bento de Spinoza (1632-1677), tout en reconnaissant (toujours en fin de volume) qu'il n'existe pratiquement aucune source réelle pour ce faire, ce philosophe ayant vécu dans une grande discrétion et n'ayant laissé pratiquement aucun document personnel. Soit, après tout, l'auteur a tous les droits romanesques, c'est bien connu. Plus problématique est toutefois l'interprétation tout aussi subjective (et parfois presque caricaturale) de la philosophie de Spinoza, délibérément tirée vers une sorte d'athéisme panthéiste dit humaniste. Pour ce faire, l'auteur créé un personnage totalement fictif qui serait encore plus "moderne", avec le sempiternel passage – totalement anachronique ici – sur "les femmes" dans le dernier chapitre. Pire encore, les inventions relatives à la vie privée de Spinoza introduisent les traditionnelles grosses ficelles de la psychanalyse, ce qui tourne le plus souvent carrément au ridicule.

- La deuxième strate (en alternant systématiquement un chapitre sur deux) est constituée par la narration, psychologisante et romanesque à souhait, de la vie d'un haut dignitaire nazi ayant réellement existé, le sinistre Alfred Rosenberg (1893-1946), qui fut l'idéologue du parti, responsable du quotidien "Völkischer Beobachter", chef de la commission portant son nom (EER) chargée de piller dans toute l'Europe occupée les ouvrages et archives détenus par des juifs assassinés, qui fut condamné et exécuté lors des procès de Nuremberg. C'est d'ailleurs ce qui justifie le titre "Le problème Spinoza" puisque l'auteur dit avoir retrouvé un document nazi portant cette mention, ce qui lui permet donc de broder sur ce que peut avoir été ce "problème Spinoza" pour les nazis suffisamment cultivés (il y en eut, hélas).

- La troisième strate, diffuse dans tout le récit, devrait en assurer l'unité : il s'agit d'un recours systématique aux traditionnelles ficelles de la psychanalyse freudienne, avec – en toute discrétion – une tentative de faire passer Spinoza pour un précurseur ou tout au moins pour un "annonciateur" de Freud, ce qui est pour le moins quelque peu abusif...
Ceci nous vaut des paragraphes entiers de confessions intimes fort peu crédibles (si ce n'est risibles), qu'il s'agisse de Spinoza ou de Rosenberg. Sans oublier le coup classique des honoraires qui feraient partie de la cure (p. 313 – Berlin 1922).

Fondamentalement, l'auteur tient à démontrer que les religions ne sont que des amoncellements de superstitions, constituant un frein au règne sans partage de la raison, qu'il serait judicieux de remplacer une fois pour toute par une sorte d'humanisme éclairé. Toute cette démonstration est synthétisée dans le tout dernier chapitre trente trois : le lecteur pressé peut tout à fait réduire la lecture de cet épais récit à ces seules pages, il y gagnera beaucoup de temps et s'épargnera ainsi une lecture somme toute poussive et peu agréable, typique du monde universitaire.

Bof, plutôt décevant.
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C'est le troisième livre d'Irvin Yalom que j'ai lu. Celui-ci j'ai le place en base de l'échelle... Dans tous les cas le style de cet auteur me paraît assez agréable à lire et de plus j'apprends sur des grands philosophes. Mon grand favori reste celui de Nitzch, ensuite la mathode Schopenhauer...
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Irvin D. Yalom, docteur, psychologue, professeur de psychiatrie à la prestigieuse université de Stanford et écrivain à succès, nourrissait depuis des années le désir d'écrire un roman sur le philosophe néerlandais d'origine séfarade-portugaise, Baruch Spinoza. le problème auquel il était confronté est que Spinoza a mené une vie presque contemplative et avait été extrêmement réservé, presque invisible. Par conséquent, il n'avait pas le matériel habituellement utilisé pour construire ce type de narration. Pas de drames familiaux, pas de relations amoureuses, d'anecdotes. Cependant, lors d'un séjour aux Pays-Bas, pour enseigner, il a visité le musée de la maison Spinoza à Rijnsburg, et a appris qu'en 1941 des soldats de l'Einsatzesitab Reichsleiter Rosenberg, une cellule dirigée par Alfred Rosenberg, le principal idéologue antisémite nazi, a pillé la bibliothèque de Spinoza, saisissant tous les volumes qui s'y trouvaient. Cela lui a donné l'idée qu'il cherchait pour construire son roman sur ce philosophe.

Quel intérêt Rosenberg, cet allemand d'origine baltique, qui a rejoint le Parti ouvrier allemand peu après Hitler, qui a fourni aux nazis par ses idées et ses écrits la justification pour anéantir les juifs, avait-il pour la figure et l'oeuvre de Spinoza ?

Le roman alterne les chapitres sur Spinoza avec ceux consacrés à Rosenberg et tout au long des pages il nous rapproche de la personnalité controversée de l'idéologue nazi, l'un des condamnés à mort lors du procès de Nuremberg, et de celle tout aussi compliquée de Spinoza, le juif contre qui la communauté d'Amsterdam a émis un herem (l'équivalent de l'excommunication) extrêmement sévère. Appelé à être l'un des membres éminents de la communauté séfarade à Amsterdam, il est devenu un personnage gênant pour les rabbins, son plus grand péché étant de remettre en question, par la raison, le contenu de la Torah. Cet homme qui vivait dans la Hollande de Rembrandt et de Johannes Vermeer, était admiré par Goethe et Einstein.

L'auteur déploie les ressources de l'analyse psychologique et de l'intrigue pour parler de foi, de peur et de conquête de la liberté individuelle. Rosenberg et ses rapports avec la pensée du philosophe juif sont une excuse, une ressource pour donner une certaine tournure au roman, dont la valeur principale est, sans aucun doute, la figure pertinente de Spinoza. Yalom imagine très bien ce qu'aurait pu être sa vie, développant une histoire didactique (j'ai appris beaucoup !) qui ne perd pas son attrait jusqu'au bout.
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Cela faisait longtemps que ce livre me faisait de l'oeil, j'avais tenté de lire aussi celui sur Nietzsche sans y arriver. La philosophie de Spinoza m'est inconnue et je souhaiterai la comprendre, le livre de Irvin Yalom m'a semblé intéressant pour m'y introduire mais il me faudra d'autres guides. La construction en alternance entre une vie imaginée de Spinoza (dont on a peu de traces vu qu'il a fait détruire tout ce qui était personnel en plus de son exclusion de la communauté juive d'Amsterdam et de toute communauté juive d'ailleurs) et celle tout aussi imaginée d'Alfred Rosenberg, malgré qu'on en connaisse davantage car lui a laissé des traces, fumeuses comme son livre semble-t-il, et antisémites, mortelles pour beaucoup trop d'hommes, cette construction m'est apparue très pesante. Pour Rosenberg, les tentatives romanesques d'introduire un psychanalyste pour le comprendre ne m'ont pas semblé probantes, de plus son antisémitisme était tel que tout contact avec ce pur produit juif était inconcevable. Pour ce qui concerne Spinoza, là aussi l'invention d'un interlocuteur aussi perspicace que ce juif d'origine portugaise Franco, me laisse dubitatif, mais comment parler de sa vie et de son travail en philosophie ? Bref si j'ai achevé ce roman sans qu'il ne me tombe des mains ou que je l'oublie quelque temps, il ne m'a pas fait rêver.
Peut-être d'autres romans de Irvin Yalom seront-ils plus prenants ?

https://cequejaipensede.blogspot.com/2014/03/le-probleme-spinoza-dirvin-yalom.html?m=1#comment-form
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