Imely: tome 1 : La malédiction des Karapots.

Comment vous faire comprendre, sans trop en révéler, que ce livre est (presque) parfait ?

D'abord, parlons des personnages :
L'auteur nous ouvre le bal des personnages hauts en couleurs avec Isil et Ramilla, deux jeunes femmes de pas encore 18 ans, qui ont du mal à se sociabiliser à l'école, notamment Ramilla. Isil est un peu plus posée que sa jumelle, mais elles possèdent toutes les deux un tempérament fougueux et assuré. Une fois dans leur monde d'origine, elles pourront laisser libre court à leur sauvagerie naturelle pour aider leur groupe à faire face aux bêtes sauvages. Et elles ont suffisamment de vulnérabilité pour compenser leur force naturelle.
Elles rencontrent rapidement Finnaë et Torrarh, deux jeunes hommes également pas tout à fait majeur encore. Contrairement à Isil et Ramilla qui ont pu compter sur leurs parents adoptifs, les garçons n'ont pas eu d'adultes de confiance pour les soutenir et restent plutôt traumatisés par leurs quelques années sur Terre. Surtout Finnaë, qui est très renfermé à cause de la puissance qu'il possède sans la contrôler correctement, mais qui ne demande qu'à se faire des amis en qui il peut compter. Torrarh sera plus prompt à s'ouvrir aux autres, à essayer de les faire travailler ensemble. Il prendra facilement la tête du groupe sans que personne n'y trouve rien à redire.
Pendant leurs aventures, ils mûriront, apprendront à maîtriser leurs immenses pouvoirs, découvriront ce que ça veut dire de compter sur et pour les autres ; et certains commenceront à nourrir de doux sentiments pour d'autres (et ce ne sera probablement pas les couples auxquels vous penseriez en premier, non, non, non)
Ils sont rapidement rejoint par Katas et Gerroth, un couple de la race des Rokaths, lié à vie par l'amour et bannis de leurs tribus respectives à cause de cela (ils n'ont pas respecté certaines traditions, les vilains, ils ont sauté des étapes). Ils contrebalancent l'ignorance des quatre voyageurs, à qui la mémoire a été scellée et modifiée pour leur facilité la vie sur Terre, et qui ne connaissaient de toute façon pas tout dû à leur jeune âge quand ils y ont été envoyés.
Et puis, les dialogues sont vivants, plausibles, les personnages sont reconnaissables et bien caractérisés dans leurs paroles ; les dialogues ne sont pas d'une platitude juste informative, on voit vraiment les personnages se répondre et même plaisanter.

Les personnages sont donc bien caractérisés, tant dans leur apparence que dans leur façon de parler, ils sont différents les uns des autres, et même si les jumelles sont évidemment semblables physiquement, elles ne réagissent pas de la même manière. Les personnages secondaires sont également bien caractérisés, et au juste milieu entre trop et trop peu pour qu'on n'ait pas l'impression que le monde soit vide ni qu'ils prennent plus de place que les personnages principaux.

Parlons ensuite du monde :
En un mot : Magique. Bien sûr, c'est un monde de fantasy, il est rempli de créatures toutes plus étranges les unes que les autres, et de races dont on entend parler dans les contes et les romans. On y trouve des races plutôt classiques comme les Elfes, les Nains, les Fées et les Orcs, mais aussi d'autres races donc les noms sont inconnus ici, comme les Nomegats (je les imagine ressemblant aux Gnomes du jeu World of Warcraft, ils sont petits et ingénieux), les Iqua, une race aquatique proche des sirènes, et les Rokath, une race un peu plus bestiale, cousine des dragons et des karapots.
Parlons-en des karapots. Vous voyez les dinosaures ? Vous aurez une bonne approche de ce que sont les karapots. J'ai quand même eu l'impression qu'il y avait bien plus de non-dits à leur sujet que de dits. Cependant, ils sont l'équivalent de tous les animaux sur Terre, il y a des herbivores, des omnivores, des carnivores ; des paisibles, des agressifs, des territoriaux ; des petits et des grands… bref, vous avez probablement compris. Mais les karapots sont soumis à une malédiction qui les rend extrêmement sauvages, même les plus paisibles.

Il existe une langue commune, mais chacune des races possède également sa propre langue, et étonnamment il existe une langue karapot aussi. J'adore la linguistique, mais je n'ai pas les compétences pour analyser les quelques phrases qu'on nous propose ; mais j'aimerais beaucoup en savoir plus sur la façon dont l'auteur est arrivé à ce résultat.

Parlant de langue, je vais aborder un point négatif rapidement. Il est bien sûr logique que les imeliens aient des termes différents pour parler des jours, semaines, mois et années (veccas, boënns, holvs et djams, de tête, sans être allée regarder). Et pour d'autres choses aussi. Ce que j'ai trouvé le plus dérangeant c'est qu'on ait un rappel (en note de bas de page, appelé par un astérisque) toutes les 3 apparitions de la signification du mot, parfois plusieurs fois dans un seul chapitre. (Ou aussi, plus ironique, la signification qui est appelée en note de bas de page à la deuxième apparition du mot (sans que la première ait eu une explication dans le texte))

Géographiquement, le monde est composé de deux continents, Kovân et Zovân où les différentes races vivent, en harmonie sur l'un et en conflits quasi constant sur l'autre depuis l'arrivée de la malédiction. Les races elles-mêmes sont séparées sur les deux continents, il y a des Nains ou des Fées des deux côtés et qui ont des comportements radicalement différents. Et des cultures différentes également. Il est intéressant de voir les cultures auxquelles l'auteur a rattaché certaines races : la tribalité des Rokath, la hiérarchie matriarcale des Fées – notamment parce que naissent peu de mâles – pour ne donner que ces exemples.
Attendez-vous à des descriptions précises et complètes des lieux et des gens, peu de choses sont laissées au hasard dans ces descriptions. Egalement, on a de bonnes idées de la distance entre les différents endroits visités car l'auteur prend le temps de dire combien de temps les voyages durent, et ce ne sont généralement pas juste quelques jours.

En dernier, mais pas des moindres, l'intrigue :
En substance, l'intrigue est très simple : Une puissance maléfique empêche le monde de vivre dans la sérénité et quatre personnes sont chargées d'accomplir une prophétie selon laquelle c'est à eux de vaincre la puissance maléfique. Mais les intrigues secondaires et les étapes sont nombreuses, les peuples et personnes qu'ils rencontrent ne leur facilitent pas forcément la vie, et la puissance maléfique est particulièrement retorse, et en partie omnisciente, donc leur met aussi pas mal de bâtons dans les roues. le tempérament de certains personnages principaux sert aussi d'antagoniste, ou leur histoire, ou leurs origines. Rien n'est fait pour faciliter la vie à nos héros. Malgré tout, l'intrigue ne s'affaiblit jamais, ça ne patine pas, il n'y a pas de temps mort. On sait toujours où on en est dans l'avancée de l'intrigue également car les personnages discutent beaucoup de ce qu'ils doivent faire.

Et les choses qui fâchent ?
Malgré tout le bien que je pense de ce roman, il y a quelques points négatifs, ou des choses qui pourraient rebuter d'autres personnes que moi.
J'en parlais un peu plus haut, il y a beaucoup de mots dans la langue des iméliens, dont la traduction est appelée en note de bas de page (ça n'est pas mauvais en soi), parfois trop souvent, au point que ça puisse perturber l'immersion dans la lecture ; personnellement, ça m'a parfois mis le doute, en voyant l'astérisque, sur ma bonne compréhension du mot avant d'arriver à la fin de la page.
La densité et la longueur du roman pourront en effrayer certains, pour moi ça a été un page-turner, mais pas forcément dès le début, où l'intégration des nouvelles informations pour découvrir le monde est faite petit à petit mais de manière constante car il y avait toujours quelque chose de nouveau à apprendre. Donc ce flot constant peut en submerger certains.

Mais vous remarquerez que c'est surtout chercher la petite bête, car je n'ai pas de grosses critiques négatives à faire. le travail d'édition est nickel, l'intrigue ne souffre de rien, les personnages sont géniaux. Un véritable coup de coeur pour moi
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