AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,01

sur 586 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
On évoque souvent avec une certaine fascination ces villages noyés lors de la construction de barrages avec leur retenue d'eau engloutissant la vallée .
Mais pense t'on vraiment à ceux qui ont du abandonner leur maison sans espoir de retour ?

Une équipe d'ouvriers arrive sur les hauteurs d'une vallée reculée du Japon, surplombant un village totalement isolé entouré de ses champs cultivés et d'un vaste cimetière .
Parmi ces ouvriers , le narrateur est un homme qui fuit l'atmosphère pesante de la ville, qui a besoin de respirer au grand air après avoir purgé une peine de prison pour un crime qui l'obsède, il est en quête de quelque chose mais il ne sait pas vraiment quoi .
Les relations entre villageois qui se cachent et travailleurs bruyants et querelleurs , d'inexistantes au début, deviennent rapidement mauvaises, le hameau dégage une impression de mystère et d'hostilité , qui ne va pas s'arranger avec l'exaction d'un des ouvriers .
Seul le narrateur reste à l'écart.
C'est lors du déplacement des morts que le narrateur va s'acquitter de sa dette et entrevoir une possible rédemption.

Un roman tout en retenue (sans jeu de mots ... ), poétique malgré la pluie incessante et les situations dramatiques dont j'ai apprécié l'humanité qui s'en dégage .
Commenter  J’apprécie          283
Au fond d'une vallée entourée de hautes montagnes japonaises est blotti un hameau isolé perdu dans la brume , qui a été découvert à la fin de la seconde guerre mondiale lors du crash d'un bombardier U.S.
Une équipe d'ouvriers, d'ingénieurs est envoyée pour construire un barrage hydroélectrique ( le K4) qui va inonder la vallée et détruire le village. Les travaux commencent à coup d'explosifs pour dégager la montagne, les ouvriers observent les habitants du hameau avec l'interdiction de communiquer avec eux, mais ils remarquent que les maisons sont recouvertes de mousses, les explosions successives et violentes détruisent les mousses mais les villageois remettent inlassablement de la mousse sur les toits, ils sont très discrets, ils sont installés dans leur hameau depuis des centaines d'années et vivent de cultures, de l'élevage des vers à soie ! Les 2 communautés ne se côtoient pas, mais un jour un petit groupe dont une jeune femme vêtue de blanc vient sur le chantier désigner du doigt un ouvrier : Tamura, et le lendemain l'équipe voit que la fille a été pendue à un paulownia ! Il y a un homme étrange dans cette équipe du barrage : il a fait de la prison car il a tué sa femme infidèle Chizuko et, il garde sur lui, dans une petite boite les os du pied de sa femme pour conserver la rage qu'il a dans le coeur ! L'homme est ému par le sort des villageois, par leur attitude digne face à l'engloutissement de leurs maisons, de leurs cimetières, de leur histoire sous les eaux ! Il décide d'aller enterrer la fille pour lui donner une sépulture, mais le lendemain ses collègues et lui constatent qu'ils l'ont déterrée et qu'ils l'emportent vers un temple ! Des négociateurs descendent au village pour proposer des indemnités aux habitants et, ils reviennent contents d'avoir réussi à moindre cout cette expropriation. Les villageois ont creusé dans le cimetière pour extraire les os, et ils ont mis les crânes dans des petites boites blanches pour les transférer près du temple bouddhiste. Et, au dernier moment l'homme voit avec émotion, le flot des petites boites blanches disparaitre dans la brume, la neige, s'enfoncer dans.la montagne pour se cacher !
Un très beau roman ou l'eau est présente dans le décor : pluies, humidité constante, torrents et, le lac artificiel qui va engloutir un peuple ancien au profit du progrès, de la " civilisation", de la rentabilité ! C'est aussi la rédemption d'un homme cruel et enragé qui va être touché par cette petite communauté condamnée à l'exil, à l'oubli !
Il s'agit, vraisemblablement du peuple Aïnu de l'Ile d'Hokkaïdo qui a été parqué quelques années plus tard dans des réserves (comme les amérindiens ).
Akira Yoshimura nous entraine dans une histoire d'eaux, avec des descriptions d'une grande beauté et dans un style épuré et limpide !
L.C thématique de février 2022 : les petits livres .
Commenter  J’apprécie          272
Le convoi de l'eau est un très beau texte qui ne peut laisser indifférent. le narrateur n'est pas d'emblée sympathique mais son cheminement silencieux tout au long de l'histoire me l'a rendu attachant. L'équipe d'ouvriers à laquelle il appartient n'attire pas non plus la bienveillance de par la tâche ingrate qu'elle doit mener, mais l'attitude grégaire des hommes qui la compose met en exguergue la singularité du narrateur. Les habitants du hameau qui doit être submergé par les eaux m'ont également longtemp agacée par leur soumission à une décision qui leur est fatale. Pourtant, peu à peu, le rythme et l'écriture d'Akira Yoshimura, ses descriptions méticuleuses et presque cinématographiques, ont transformé mon ressenti. Mon agacement s'est métamorphosé en admiration et respect pour ce peuple qui, plutôt que d'engager une révolte perdue d'avance, s'inscrit dans l'acceptation de ce qui est, agit collectivement dans la déférence, voire la vénération de ses coutumes, de ses valeurs.C'est un texte qui porte à la réfléxion...
Commenter  J’apprécie          251
La littérature japonaise tire beaucoup profit de son patrimoine peuplé de revenants, d'ambiance vaporeuse et d'esprits de la forêt. Les écrits modernes sont fréquemment marqués de ces légendes mystiques, poétiques, et ce même lorsqu'ils aspirent à une réalité plus tangible.
Yoshimura n'est pas Murakami. Ici les fantômes sont seulement suggérés, presque symboliques. Dans ce village perdu au milieu des arbres, inscrit sur aucune carte, la magie vient avant tout des liens qui soudent la communauté en unisson avec la nature. Ce qui apparait irréel aux yeux de ces ouvriers venus de la ville, c'est la distance qu'ils trouvent avec leur vie brutale et rationnelle, c'est le sens qu'ont su donner ces âmes en apparence si faibles à leurs existences.

Entre eux deux, il y a le narrateur. Un homme qui tente de s'affranchir de son passé ombrageux en reliant les deux mondes. Qui espère conjurer ses fautes en les coulant dans l'harmonie qui règne en ce lieu hors du temps, hors de tout.
Dans cet océan de brume, sur ce versant malicieux, il est à la fois celui qui chasse les moeurs anachroniques et celui qui en puise la force.

La plume est légère, flottante, détachée des événements comme un nuage en survol. L'auteur manie les mots avec parcimonie et subtilité, insufflant en seulement quelques phrases l'atmosphère éthérée qui berce son roman. C'est typiquement nippon et c'est au sommet du genre.

4,5/5
Commenter  J’apprécie          240
Parmi une équipe d'ouvriers chargée de construire un barrage en haute montagne, un homme différent des autres, s'est engagé. Il veut changer de vie, échapper aux souvenirs qui l'ont conduit en prison.
Dans une plaine au pied de la montagne, un hameau qui sera englouti sous les eaux.
L'homme étrange est le narrateur, la voix du contremaître et des ouvriers, la voix des habitants du hameau, sa voix propre. Il raconte leurs vies étranges dans des paysages d'une grande splendeur, dans l'isolement de la montagne.
Akira Yoshimura s'est inspiré de vieilles légendes et de faits divers. Un livre déroutant, une écriture très poétique.
Commenter  J’apprécie          230
Un court récit envoûtant ,
énigmatique , poétique ... la fin est splendide comme un tableau de Turner ... j'aime beaucoup la littérature japonaise et voici un auteur que je découvre ici. Dans cette histoire comme en esquisse , les mots semblent parler à notre âme, l'histoire finie , il s'est produit quelque chose d'indicible .
Commenter  J’apprécie          210
Les thèmes abordés par Yoshimura dans ses romans sont multiples. Quoi de commun entre « Liberté conditionnelle » et « Tonnerre des jours lointains » ? Cependant, il semble y avoir toujours la pré-éminence de l'Humain au coeur de ses intrigues. L'homme pris au piège de son environnement, sa difficulté parfois à en sortir, ou son émerveillement, subissant l'envoûtement des lieux.
Dans le « Convoi de l'eau », lu il y a bien une dizaine d'années, il s'agit encore une fois de la rencontre de deux mondes : une équipe d'ouvriers, de techniciens venus de la ville pour construire un barrage dans un lieu éloigné de la civilisation, près d'un village dont les habitants vivent encore de manière plus ou moins traditionnelle, au milieu d'une forêt impénétrable, le plus souvent recouverte d'une brume opaque. Peu à peu, inévitablement, vont se tisser des liens enter les deux communautés, avec pour médiateur cette nature envoûtante. Je me souviens plus de la fin de l'intrigue, si le barrage se construit réellement, obligeant les villageois à évacuer le village.
Mais je me souviens de cette magie de la nature, identifiable pour un japonais aux esprits du Shinto.
Que l'on pourrait traduire par « l'âme » de la forêt. La forêt comme être vivant, accentué par cette brume omniprésente rendant les choses incertaines, fantomatiques. C'est ce que je retiens de ce livre, après toutes ces années. Un livre que je relirai dès que j'en aurais l'occasion.
Commenter  J’apprécie          210
Un petit récit étrange qui happe le lecteur désorienté dans un paysage de montagne perdu dans un lieu inaccessible où la civilisation veut établir un barrage en inondant un hameau isolé en fond de vallée. On découvre le narrateur petit à petit et son histoire particulière qui vient le hanter en résonnance aux travaux de dynamitage qui provoquent de curieuses réactions chez les habitants proches du chantier. Vivant en autarcie, on observe leurs modes de vie et leurs rites d'un autre âge en se demandant comment leur expropriation va se passer. Il vaut mieux ne rien révéler d'ailleurs des péripéties de l'action car tout est fort étonnant dans ce curieux récit à l'atmosphère qui relève à la fois du fantastique et de la tragédie antique. Magnifique écriture de ce texte court traduit du japonais.
Commenter  J’apprécie          200
Je découvre l'auteur avec ce roman, étrange, à l'ambiance énigmatique, et qui prendra la tournure d'un voyage initiatique pour le narrateur.

En haute montagne, une équipe d'ouvriers est chargée d'acheminement de matériel de travaux aux fins de construction d'un barrage, au fond d'une vallée escarpée, difficile d'accès...

Parmi le groupe, il y a un homme étrange au passé trouble, pétri de ressentiment.

La découverte en ces lieux d'un hameau perdu des plus mystérieux va intriguer.
Ce village isolé est peuplé par une petite communauté dont on ignore tout.
A l'issue des travaux, ce hameau devrait être englouti sous les eaux.
Au coeur de la montagne, torrents, cascades, gorges, pluies, brouillards, mousse, humidité...entourent et imprègnent le hameau et le chantier.

Splendeur des paysages et violence des moeurs sont d'un contraste frappant, et à la fois d'un équilibre funeste.

Le duo destruction-construction, mêlé de méfiance, d'angoisses...dans une violence latente et une ambiance pesante, s'égraine tout au long du roman.
Commenter  J’apprécie          191
Le convoi de l'eau... Un titre joli, une couverture bleu nuit envoûtante. Envoûtant ne sera pas le mot utilisé pour décrire la sensation qu'il me reste après la lecture de cet opuscule.

Les thèmes de cette histoire sont forts. L'exil, le repli sur soi, la survie, l'expiation, le corps, les moeurs et la tradition. Tout cela se mélange dans un style un peu lourd au début, mais aussi dérangeant. C'est parfois cru dans la description, mais aussi poétique.

Il y a un effet de ricochet dans cette histoire, un effet de miroir. Deux camps qui vivent l'un à coté de l'autre sans jamais se toucher. Un peu comme deux frégates perdues en mer et dont chacune ignore, ou presque, la présence de l'autre. Chacun y vit sa vie tout en connaissant la finalité.

Akira Yoshimura est un classique au Japon, je comprends mieux pourquoi. Cette habilité de faire jongler des choses jolies comme la brume qui enveloppe ce hameau perdu au milieu de nul part, les montagnes, le givre qui laisse sa marque, mais aussi des choses plus rudes comme ce qui se ploie de mousse depuis des mois.

Ce n'était pas déplaisant à lire, mais cela ne sera pas un coup de coeur. Je m'exile à mon tour enveloppé dans un écrin de brume humide en suivant le torrent.
Commenter  J’apprécie          190




Lecteurs (1238) Voir plus



Quiz Voir plus

Les mangas adaptés en anime

"Attrapez-les tous", il s'agit du slogan de :

Bleach
Pokemon
One piece

10 questions
889 lecteurs ont répondu
Thèmes : manga , littérature japonaiseCréer un quiz sur ce livre

{* *}