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Citations sur Mémoires d'Hadrien (763)

La lettre écrite m’a enseigné à écouter la voix humaine, tout comme les grandes attitudes immobiles des statues m’ont appris à apprécier les gestes. Par contre, et dans la suite, la vie m’a éclairci les livres. Mais ceux-ci mentent, et même les plus sincères. Les moins habiles, faute de mots et de phrases où ils la pourraient enfermer, retiennent de la vie une image plate et pauvre ; tels l’alourdissement et l’encombrement d’une solennité qu’elle n’a pas. D’autres, au contraire, l’allègent, font d’elle une balle bondissante et creuse, facile à recevoir et à lancer dans un univers sans poids. Les poètes nous transportent dans un monde plus vaste ou plus beau, plus ardent ou plus doux que celui qui nous est donné, différent par là même, et en pratique presque inhabitable. Les philosophes font subir à la réalité, pour pouvoir l’étudier pure, à peu près les mêmes transformations que le feu ou le pilon font subir au corps : rien d’un être ou d’un fait, tels que nous l’avons connu, ne paraît subsister dans ces cristaux ou dans cette cendre. Les historiens nous proposent du passé des systèmes trop complets, des séries de causes et d’effets trop exacts et trop clairs pour avoir jamais été entièrement vrais. Je m’accommoderais fort mal d’un monde sans livres, mais la réalité n’est pas là, parce qu’elle n’y tient pas tout entière
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chaque homme a éternellement à choisir, au cours de sa vie brève, entre l'espoir infatiguable et la sage absence d'espérance, entre les délices du chaos et celle de la stabilité...
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Les plus opaques des hommes ne sont pas sans lueurs (...) Et il y en a peu auxquels on ne puisse pas apprendre convenablement quelque chose. Notre grande erreur est d'essayer d'obtenir de chacun en particulier les vertus qu'il n'a pas, et de négliger de cultiver celles qu'il possède. (...) J'ai rencontré chez la plupart des hommes peu de consistance dans le bien, mais pas davantage dans le mal.

(p.51).
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Tout bonheur est un chef-d'œuvre : la moindre erreur le fausse, la moindre hésitation l'altère, la moindre lourdeur le dépare, la moindre sotise l'abêtit.
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Je t'offre ici comme correctif un récit dépourvu d'idées préconçues et de principes abstraits, tiré de l'expérience d'un seul homme qui est moi-même.

(p.29)

Une partie de chaque vie, et même de chaque vie fort peu digne de regard,
se passe à regarder les raisons d'être, les points de départ, les sources.

(p.35)

Le plus dangeureux de mes adversaires était Lucius Quietus, Romain métissé d'Arabe, dont les escadrons numides avaient joué un rôle important dans la seconde campagne dace, et qui poussait sauvagement à la guerre d'Asie. Je détestais tout du personnage : son ame barbare, l'envolée prétentieuse de ses voiles blancs ceints d'une corde d'or, ses yeux arrogants et faux, son incroyable cruauté à l'égard des vaincus et des soumis.

(p.86)

C'est avoir tort que d'avoir raison trop tôt.

(p.97)

... je savais que tout le bien comme le mal est affaire de routine, que le temporaire se prolonge, que l'extérieur s'infiltre au-dedans, et que le masque, à la longue, devient visage. Puisque la haine, la sottise, le délire ont des effets durables, je ne voyais pas pourquoi la lucidité, la justice, la bienveillance n'auraient pas les leurs.

(p.111)

Je doute que toute la philosophie du monde parvienne à supprimer l'esclavage: on en changera tout au plus le nom. Je suis capable d'imaginer des formes de servitude pires que les nôtres, parce que plus insidieuses ...

(p.129)

Mais je n'ignore pas qu'il faut compter avec les décisions de ce bel étranger que reste malgré tout chaque être qu'on aime.

(p.189)

Ce fut alors qu'une mélancolie d'un instant me serra le coeur: je songeais que les mots d'achèvement, de perfection, contiennent en eux le mot de fin.

(p.192)

Tout croulait, tout parut s'éteindre. Le Zeus Olympien, le Maître de Tout, le Sauveur du Monde s'éffondrèrent, et il n'y eut plus qu'un homme à cheveux gris sanglotant sur le pont d'une barque.

(p.216)

J'ai utilisé de mon mieux mes vertus; j'ai tiré parti de mes vices.

(p.273)

...je songeais avec un serrement de coeur que rien n'est plus lent que la véritable naissance d'un homme...

(p.278)

Toute ma vie, j'ai fait confiance à la sagesse de mon corps; j'ai tâché de goûter avec discernement les sensations que me procurait cet ami : je me dois d'apprécier aussi les dernières.

(p.302)

Hadrien, jusqu'au bout, aura été humainement aimé.

(p.316)
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Il faut l'avouer, je crois peu aux lois. Trop dures, on les enfreint, et avec raison. Trop compliquées, l'ingéniosité humaine trouve facilement à se glisser entre les mailles de cette nasse traînante et fragile. Le respect des lois antiques correspond à ce qu'à de plus profond la pitié humaine ; il set aussi d'oreiller à l'inertie des juges. (...) nos lois civiles ne seront jamais assez souples pour s'adapter à l'immense et fluide variété des faits. Elles changent moins vite que les moeurs ; dangereuses quand elles retardent sur celles-ci, elles le sont davantage quand elles se mêlent de les précéder.
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Je passai tout un soir avec lui à discuter avec lui l'injonction qui consiste à aimer autrui comme soi-même ; elle est trop contraire à la nature humaine pour être sincèrement obéie par le vulgaire, qui n'aimera jamais que soi, et ne convient nullement au sage, qui ne s'aime pas particulièrement soi-même.

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Quand tous les calculs compliqués s'avèrent faux, quand les philosophes eux-mêmes n'ont plus rien à nous dire, il est excusable de se tourner vers le babillage fortuit des oiseaux, ou vers le lointain contrepoids des astres.
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[...] je pense souvent à la belle inscription que Plotine avait fait placer sur le seuil de la bibliothèque établie par ses soins en plein Forum de Trajan : Hôpital de l'âme.
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Un homme qui lit, ou qui pense, ou qui calcule, appartient à l'espèce et non au sexe ; dans ses meilleurs moments, il échappe même à l'humain.
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