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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Que pensent aujourd'hui les enfants uniques chinois, nés dans les années 80, de la Révolution culturelle ? A priori rien, assure Zhang Yueran, puisque les parents ou grands-parents n'ont rien raconté et n'ont pas voulu se souvenir, qu'ils aient été dans les rangs des tortionnaires ou des victimes (ou des deux dans la magma chaotique de cette période). La Révolution culturelle et ses dégâts collatéraux, notamment dans les relations familiales et les incompréhensions générationnelles qui ont suivi, telle est la grande ambition de Zhang Yueran dans le clou, son premier roman traduit en français, aux éditions Zulma. Un livre d'une densité narrative gigantesque qui prend la relève d'auteurs plus âgés tels Yu Hua et Mo Yan, avec la même virtuosité de style mais un sens peut-être moins marqué du burlesque et de l'épique, quoique ... le clou alterne les souvenirs de deux personnages, lors de leurs retrouvailles, dans des chapitres presque indépendants même si leurs histoires se recoupent parfois. C'est peut-être cela, cette succession des récits, que l'on regrette un peu car il s'agit de la juxtaposition de deux monologues, l'absence d'un véritable dialogue entre les deux protagonistes se révélant parfois frustrante. Ceci posé, le clou, au travers d'un point de départ tragique (mais réel) qui n'apparait pas dès le début de livre, est d'une richesse infinie, évoquant les cahots de l'histoire contemporaine chinoise, les décisions collectives ayant pour conséquence de briser les destins individuels en oblitérant la nécessaire transmission d'une génération à l'autre. le sourire de l'homme-légume, martyr de la Révolution culturelle, ou encore l'invention d'un talkie-walkie de l'âme sont deux des images marquantes que l'on garde, parmi d'autres, de ce roman aussi large et impressionnant, par son flot d'événements et de personnages, que le Yang-Tsé-Kiang.
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Dense, très dense, ce roman qui nous offre une plongée dans la Chine, une Chine, depuis les années Soixante, la révolution culturelle, puis on passe par les années quatre-vingt-dix, la libéralisation, économique et commerciale, essentiellement, puis le temps de la narratrice, donc dans les années 2010-2020...
Trois temps dans le roman, et celui de la mémoire, car le clou est avant tout l'histoire d'une mémoire. Et c'est compliqué en Chine. Alors l'auteur, ou, le narrateur à deux voix, raconte et pause, ou pose...
On se pause en 1967, en pleine révolution culturelle, où la critique mène à la mort, au suicide, à la lâcheté, et on pose les souvenirs, sa mémoire, clouée, car vaut mieux ne pas savoir.

Ici les histoires individuelles suivent leur cours, malgré tout
Et c'est ce qui m'a intéressée dans ce livre. En effet, souvent, c'est la dite grande histoire qui emmène ou prétexte la petite. Ici. Point. Pas de grande histoire. Les personnages vivent, ou, survivent. Ils croisent parfois une autre histoire. Mais, comme un des héros, Cheng Gong, ils cherchent l'âme.
Le clou a tenté de perforer et de tuer l'âme. Mais ce que Cheng enfant puis adolescent a cherché, qu'il n'a peut être pas trouvé, c'est que les âmes appartiennent aux humains et les systèmes ne s'approprient pas les humains.
C'est une belle histoire, pleine d'images, et de métaphores. Triste, très triste, si on pense à tous nos morts, et si belle, si enthousiasmante, si on pense à tous ceux qui vivent encore.
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L'auteure nous plonge dans la Chine contemporaine à travers deux récits sous forme de monologues qui se coupent et s'entrecroisent pour former une histoire, celle de Cheng Gong et de Li Jiaqi.
Camarades dans l'enfance, allant à la même école, voisins, ils se sont perdus de vue et se retrouvent à trente ans. L'auteure instille à travers le récit des deux protagonistes, l' histoire des deux familles sur trois générations en partant de la révolution culturelle. En lisant ces récits alternés, le lecteur ajoute peu à peu des pièces au puzzle ce qui permet de reconstituer l'histoire évoquée en filigrane et de ressusciter la mémoire des deux familles et de comprendre certains comportements,, certaines velléités. le clou, objet central du roman prend alors toute sa dimension. Malgré un rythme assez lent, ce roman est passionnant. Cette jeune auteure peu connue en France car c'est son premier roman traduit, a une plume pleine de poésie et j'espère pouvoir la lire à nouveau au rythme des traductions de ses autres romans.
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Il s'en est fallu de peu que ce livre reçoive un 5, dommage! Après un démarrage que j'ai jugé un peu lent, je me suis passionnée pour ce double récit, deux vies entremêlées, mais pas seulement au niveau personnel, au niveau même du passé et d'un secret qui lie les familles. le rapport du titre, un peu mystérieux au début, avec tout cela, je ne vais pas le dévoiler pour vous laisser à vous aussi la surprise, mais ne laissez pas le temps nécessaire à la mise en place vous décourager!
Li Jiaqi a quitté la ville de son enfance depuis des années. La mort de son grand-père lui donne l'occasion de revenir, un peu forcée, et aussi celle de retrouver un ami d'enfance. le temps de quelques heures, ils échangent sur leurs souvenirs, racontent ce qu'ils sont devenus, et nous laissent entrer dans leur histoire. C'est une plongée dans la Chine contemporaine et dans la psyché (pas toujours reluisante, il y a quelques scènes qui vous donneront envie d'étrangler les personnages) humaine, mais aussi dans le poids que peuvent constituer la famille et ses secrets dans une société qui a connu à la fois de tels bouleversements et conservent pourtant des accroches très traditionnelles.
Un premier roman écrit avec beaucoup de talent, mais avec quelques petits défauts, comme quelques longueurs. J'espère tout de même qu'elle en écrira beaucoup d'autres, que je lirais avec plaisir!
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Lia Jiaqi revient à Nanyuan, sa ville natale, après une longue absence. Elle y retrouve son ami d'enfance, Chen Gong, qui – lui – s'apprête à « s'enfuir » loin d'une famille qui l'étouffe … Ils sont tous deux âgés d'une trentaine d'années. Lia Jaqi, qui, comme l'était son père, est devenue alcoolique avec les années (et un séjour aux États-Unis …) Chen Gong qui s'est lassé de vivre (tel un prisonnier) avec sa grand-mère et sa tante … Et une grosse carence affective, pour l'un comme pour l'autre …

En revenant sur l'existence hors du commun de leurs grands-pères respectifs, ou de leurs propres parents « déficients », Zang Yueran nous éclaire sur le passé politique de la Chine (et son évolution très complexe …) L'auteure nous livre là une oeuvre « foisonnante » de 631 pages, admirablement bien écrite, où les deux principaux protagonistes vont se partager le temps de parole et revenir sur leurs souvenirs communs, au lendemain de la « Révolution Culturelle », ainsi que sur le chemin parcouru, chacun de son côté.

C'est fluide, agréable à lire et plutôt captivant !
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Je déplore souvent de ne pas lire assez de littérature asiatique.
Et ce sont de belles lectures comme le clou qui me font sentir à quel point je devrais vraiment me pencher plus sur cette littérature.

Dans ce très beau roman, ce sont deux récits qui s'imbriquent, ceux de Li Jiaqi et de Cheng Gong, qui furent très amis dans leur enfance mais se sont perdus de vue.
Presque vingt ans après leur séparation, Jiaqi revient dans la ville de leur enfance et va retrouver Gong. Durant des heures, ils vont parler, se raconter ce qu'ils sont devenus, ce qui leur est arrivé pendant ces années loin de l'autre mais aussi parler du temps où ils se fréquentaient, des secrets qu'ils se sont cachés.

Leurs histoires suivent une route étrangement parallèle, des enfants confiés à la garde de leurs grand-parents, jusqu'à la sensation des bonbons sucrés accompagnant leurs souvenirs, chacun vivant dans le passé, incapable d'aller de l'avant.
Leurs destins vont se croiser, s'enchevêtrer, se séparer et se réunir à nouveau.

Le clou est un roman fascinant par sa présentation d'une Chine aux mille facettes, la Chine contemporaine mais également celle de la Révolution Culturelle (les séances de critique, quelle horreur !), ou encore la Chine paysanne...

Mais c'est également un roman très sensible, d'une grande finesse psychologique. le personnage de Cheng Gong en est un exemple parfait, pétri de contradictions et de doutes.

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Li Jiaqi et Cheng Gong se retrouvent à Nanyuan, le village de leur enfance. Ils ne se sont pas vus depuis vingt-huit ans. Elle revient sur les traces du passé, au Pavillon blanc, là où agonise son grand-père, un ancien cardiologue réputé, honoré par l'Académie. Ce grand-père, elle ne l'a jamais aimé car, sans cesse il rejetait son fils, le père de Li Jiaqi. Pourquoi? Nous le découvrirons au fil des pages. Ainsi, Li Jiaqi a développé un amour inconditionnel, pour ce père qui a épousé une paysanne défiant ainsi sa famille et n'a ensuite pensé qu'à fuir son foyer sans s'occuper ni de sa femme ni de sa fille. Adulte, sa vie sentimentale sera éternellement perturbée par le besoin de se rapprocher d'un père idéalisé.

Cheng Gong,lui, n'a jamais quitté le village. Quand sa mère est partie, son père l'a confié à sa grand-mère, une femme autoritaire et méchante. Il a vécu entre sa tante aimante et son grand-père, réduit à l'état de légume dans une chambre de l'hôpital dont il était le directeur. C'est là qu'enfants, Li Jiaqi et Cheng Gong se retrouvaient.

En alternant les récits de Li Jiaqi et de Cheng Gong, aujourd'hui deux adultes en souffrance, lestés par le poids du passé de leur grand-père, Zhang Yueran nous dévoile lentement comment l'histoire du pays a brisé les relations entre ces deux familles.

« C'était un secret, un secret d'avant nous, qui faisait obstacle entre nous. Nous vivions de la chasse comme certains animaux – la chasse au secret…Nous avancions au coeur de l'immense brume formée par le secret, nous pressions le pas en cadence dans l'ignorance, sans rien distinguer de la route devant nous ni même savoir où nous allions. »

Cette phrase illustre bien le climat de ce roman. La neige omniprésente, lourde et froide. Les chambres de mourants, la tour des morts où enfants, Li Jiaqi et ses amis venaient se faire peur en découvrant des morceaux de ces criminels exécutés, réserve de cadavres pour l'université. La violence des rapports dans les couples, l'amitié mise à mal par les non-dits. Pour Li Jiaqi ou Cheng Gong, tout amour ne peut qu'être voué à l'échec.

Avec ce récit à deux voix, Zhang Yueran tourne autour de la détresse de deux jeunes adultes en quête d'identité. Chacun devra recomposer le passé auprès de ceux qui l'ont vécu, comprendre le secret tragique qui liait leurs grand-pères. A l'image de Li Jiaqi et Cheng Gong, la jeune génération doit assumer l'histoire de leurs ancêtres dans un pays troublé afin de pouvoir avancer dans leur propre vie.

Un roman plutôt sombre et lourd malgré une écriture fluide et une excellente traduction. Une belle découverte de la littérature chinoise.
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La petite trentaine, Li Jiaqi et Cheng Gong se retrouvent autour de nombreux verres d'alcool et partagent leurs souvenirs. le grand-père de Li Jiaqi, éminent médecin, meurt dans son lit. Celui de Cheng Gong, réduit à l'état de légume suite à une séance de critique, a disparu de l'hopital il y a plusieurs années.
Les deux familles sont marquées par le développement économique soudain de la Chine et la Révolution culturelle.
La violence est omniprésente dans ce roman grêlé par les secrets de famille : de la tour des morts où nos narrateurs jouaient enfants parmi les morceaux de cadavres, aux liens familiaux brisés, aux secrets que cristallisent le clou en passant par la recherche de reconnaissance sociale ou affective. Ce roman contemporain chinois est dense, lourd et ne fait aucune concession face aux trois générations de héros présents au fil de cette discussion montrant la complexité d'une époque et des filiations.
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Li Jiaqi et Cheng Gong ne s'étaient jamais revus jusqu'à la scène qui ouvre le roman.
Enfants, leur amitié fut brève mais intense. Désormais adultes, ils vont tout se dire des affres de leurs familles et des événements qui les ont propulsés dans deux mondes, deux « classes », derrière les apparences lisses et lissées par le régime.
Récit intime à deux voix, sur trois générations, voici une saga familiale construite de manière originale et que j'ai traversé sans aucun mal.

La plume m'a bercé, elle que j'ai trouvé ni trop épurée, ni trop sophistiquée. Une plume précise mais qui sait se faire allusive lorsque le sujet devient sensible. Une plume qui n'a certes pas provoqué d'émotions fortes, mais qui est parvenue à m'attacher à la plupart des personnages.
C'est probablement dans cette approche mesurée, dans cet équilibre permanent que se trouve la cause de mon enchantement.
Un roman fleuve finalement captivant dont je ressors avec un autre regard sur la Chine contemporaine.
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L'un des intérêts, et non des moindres, de cet épais roman (plus de 600 pages quand même !) est certainement de faire connaître aux lecteurs occidentaux que nous sommes les voix de la littérature chinoise moderne. Zhang Yueran, née au tout début des années 80, en est une représentante brillante dont le livre a été particulièrement remarqué à sa sortie en France. Mais l'intérêt est le livre lui-même, bien sûr, et l'histoire qu'il raconte.
À la mort du grand-père de l'un, un homme et une femme, amis d'enfance et d'adolescence se retrouvent après s'être perdus de vue pendant presque vingt ans. En alternant des chapitres ou l'un puis l'autre se remémore le passé, en forme de dialogue solitaire, Zhang Yueran nous raconte non seulement l'histoire tourmentée de ces deux personnages, mais nous décrit également une Chine hantée par ses démons, de l'arrivée du communisme à la révolution culturelle pour aboutir à l'époque moderne. Destin de deux familles, inextricablement lié sur trois générations, secret enfoui puis révélé, traumatisme plus ou moins surmonté, on s'attache à ces deux êtres si proches et pourtant si lointains, étrangers à eux-même presque.
Une foule de personnages émaille ces réminiscences, une tante célibataire qui renonce à sa vie, un grand-père légume dans une chambre d'hôpital, un père alcoolique à la vie mystérieuse, une femme devenue folle enfermée dans une penderie ou encore un poète désabusé… La fresque est foisonnante. Tout cela est finement conté, empreint de tristesse, de nostalgie. D'une violence sourde, aussi, car le contexte politique n'est jamais bien loin. On plonge littéralement dans la tête des deux personnages, embourbés dans une histoire qui les a dépassés et engloutis.
Bien sûr on peut trouver ça long et complexe si l'on peine à entrer dans l'histoire. Mais si l'on y parvient et qu'on se laisse porter doucement par le flot des souvenirs, quel bonheur de lecture !
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