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J'avais adoré la manière apparemment simple ( toujours se méfier de ce qui paraît simple,)d'Ivan Yvars alias jvermeer de nous « Conter la peinture ». Dans « Deux petits tableaux », il réitère avec modestie.
Les deux petits tableaux sont petits en taille, effectivement, et cependant inoubliables par la manière moderne de peindre de Vermeer, oublié longtemps, ayant peu produit, redécouvert au 19 ·siècle : la Dentellière, « d'une simplicité grandiose », irriguée de fines gouttes de lumière, les complémentaires discrètes du bleu du coussin et du jaune de la blouse, ainsi que du rouge des fils qui se déversent sur le vert du tapis de table, des gouttelettes de peinture essaimant les fils rouges et blancs ainsi que le col du corsage . La même harmonie de bleu et jaune se trouve dans « l'Astronome », une vision de l'intimité spéciale, et différente des autres peintres intimistes hollandais, nous explique Alain Yvars, par le flou et les petites taches de lumière pointillées parsemées sur l'habit du savant, ainsi que sur le globe céleste.

Aussi, lorsque l'auteur, dans le Rijksmuseum d'Amsterdam, devant la Laitière, entend un grand brun binoclard pavoiser devant sa compagne, une jolie blonde, en lui expliquant que Vermeer n' était pas un précurseur de l'impressionnisme, il s'insurge et rétablit la vérité en détaillant les petits points de blanc et d'ocre par touches fragmentées sur le pain, ce qui, vu de près, est presque abstrait.
Que le binoclard aille se rhabiller et revenons à Vermeer, au petit pan de mur jaune, et donc à Proust : « laissons les jolies femmes aux hommes sans imagination. »

L'auteur, lui, en a, de l'imagination, comme par exemple lorsqu'il fait parler le petit chien du tableau de Jan van Eyck, le portrait des époux Arnolfini. le chien aime sa maitresse, mais pas l'époux trop triste, pour un italien ultra riche, il a l'air d'un misérable vêtu de noir, maigrelet, pas franc du collier…. Il donne la main gauche à sa femme, curieuse manière de paraître s'engager.
En notant ces détails qui révèlent, Alain Yvars nous fait voir non seulement la technique de la peinture, le bleu outremer et prusse des ciels de van Gogh mais aussi le propos du peintre : Dans La laitière, que nous voyons chaque jour sur les emballages des yaourts, un petit carreau est cassé. Dans le bal au Moulin de la galette, le modèle Estelle avec sa robe à rayures blanc et bleu voit avec envie sa copine Margot danser collé serré avec Solares. Elle s'offre, cette Margot, l'homme l'étreint, merci Alain de nous présenter en gros plan la figure ravie de Rose, une autre modèle de Renoir, ravie par le bonheur de vivre, de danser et d'aimer.
Petit coquin d'Alain, qui nous fait entrer dans le tableau, non plus comme spectateur, mais comme participant. En faisant parler les personnages peints, que ce soit le petit chien des Arnolfi, les modèles de Renoir, ou Berthe Morisot, on est dans la toile, à l'intérieur d'elle, elle parle.
Ainsi, cette dernière assiste avec douleur aux obsèques d'Edouard Manet, le noir des robes lui rappelant le noir joyeux avec lequel le peintre la mettait en scène. Vélasquez et Goya sont présents dans l'esprit de Manet, ses portraits de Berthe dont le bouquet de violette, ou le balcon rappellent Goya.
Pour moi, c'est pour cela que je ferai lire ce livre à mes petites filles : « si les oeuvres parlaient » soupire jvermeer, dans son titre eh bien il les fait parler, les oeuvres, on danse avec Rose, on peint avec un pastelliste du dimanche amoureux de Chardin, on savoure d'avance le bon lait frais de la Laitière, on danse , on danse et on s'étreint dans la danse.
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Après l'édition l'an dernier de son premier recueil de nouvelles « Conter la peinture », Alain Yvars récidive, pour notre plus grand plaisir, avec onze petits textes additionnels, chacun consacré à une oeuvre majeure qui a marqué son parcours d'amateur d'art.


Cézanne, Chardin, Delacroix, Manet, Renoir, Toulouse-Lautrec, van Eyck et Van Gogh… Un pas devant tous ces maîtres, c'est Vermeer qui préside cet ouvrage, lui offrant son titre et sa couverture, et nous introduisant dans le musée personnel de l'auteur où il semble occuper la place d'honneur, à la faveur d'une émotion et d'une fascination inversement proportionnelles à la si petite taille de ses deux tableaux visibles au Louvre. La balade se poursuit de toile en toile avec la même force émotionnelle, et surtout en procurant la sensation magique de pénétrer à l'intérieur de chaque tableau, dans une scène rappelée à la vie le temps de quelques pages.


Invité à guincher au bord de l'eau ou au bal du Moulin de la Galette, enveloppé de l'odeur de poudre flottant sur les barricades, engourdi par les séances de pose où, pour quelques heures, se figent muses et modèles, le lecteur voit soudain les tableaux s'animer, leurs sujets reprendre vie et l'accueillir dans une tranche d'existence saisie sur le vif. Les fidèles d'Alain Yvars retrouveront un des plus beaux passages de son roman « Que les blés sont beaux », lorsque l'église d'Auvers se met à vibrer sous le pinceau de van Gogh. Je me suis personnellement attardée avec curiosité dans l'intérieur bourgeois des si désassortis époux Arnolfini, intriguée par les multiples lectures possibles de cette scène truffée de messages codés. Enfin, l'on sourit du texte de clôture, où le peintre amateur – alter ego de l'auteur ? - , se sent si petit face à ces géants de l'art.


Soulignons l'agréable toucher peau de pêche de la couverture et la qualité des reproductions en couleurs qui font de cette lecture un petit moment de bonheur, et il ne reste plus qu'à mentionner le reversement des droits de l'auteur à l'association Rêves qui soutient les enfants gravement malades, pour vous convaincre de découvrir ce petit ouvrage plein de charme.


Un grand merci à Alain Yvars pour la découverte de son dernier-né.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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« Les grandes oeuvres d'art ne sont grandes que parce qu'elles sont accessibles et compréhensibles à tous. » - Qu'est-ce que l'art ? Léon Tolstoï

Un deuxième recueil de nouvelles DEUX PETITS TABLEAUX vient de rejoindre CONTER LA PEINTURE publié en 2020, et le roman QUE LES BLÉS SONT BEAUX en 2018.

Qui n'a jamais rêvé de se laisser enfermer dans un musée pour retrouver cette sensation que provoque la vision d'une oeuvre d'exception ?
Et si, le temps d'une promenade avec eux, les grands peintres de l'histoire de l'art existaient à nouveau, un court instant, rien que pour vous…

Je vous embarque pour onze promenades dans les couleurs chatoyantes de mon musée virtuel. Sorte de prologue, le premier récit du recueil « Balade au Louvre » est une histoire que j'ai entièrement vécue il y a quelques années. Je la rapporte exactement comme elle s'est passée : « Pouvais-je savoir, ce jour-là, qu'une visite au Louvre par un sombre après-midi de novembre allait devenir un des moments importants de ma vie d'amateur d'art ? Deux lumineux petits tableaux de Johannes Vermeer avaient bouleversé ma vision de la peinture. « La Dentellière » méditait sur son ouvrage et je ne voyais qu'elle et ses doigts si fins. Je flottais dans un monde où tout était facile, simple, à son image… »

Je donne, ci-dessous, de courts extraits de quelques autres de mes promenades :

Renoir et ses « Danses » emportent Rose dans leur délire :
« Sa capeline rouge accrochée à son cou par un ruban réchauffait ses joues. Elle nous la lança au passage, puis se colla contre le costume bleu foncé de son cavalier. Dénoué, le ruban qui retenait ses cheveux en arrière libéra sa chevelure qui s'enroula, tournoyante, autour de sa tête. L'homme et Rose allaient de plus en plus vite, le corps bien droit, lovés l'un contre l'autre, ne formant plus qu'un. Les pieds soudés tourbillonnaient leur donnant l'apparence d'une toupie humaine incontrôlable. »

Berthe Morisot est si belle sous le pinceau d'Édouard Manet :
« En homme du monde, il avait retiré son haut-de-forme pour me saluer, puis posé nonchalamment sa canne au pommeau en ivoire sur le dossier de ma chaise. Barbe blonde, habillé élégamment, regard vif, le sourire séducteur de cet homme à femmes avait rencontré le mien. »

Un petit chien semble ne pas s'apprécier sur le panneau de Jan van Eyck :
« Je ne supporte plus ce quadrupède placé par Jan aux pieds des époux sur le panneau, tout petit, la queue en l'air, le poil long. Son regard amorphe surveille tous mes mouvements. »

Le bal du Moulin de la Galette à Montmartre est parcouru d'un frisson de fête :
« Regardez votre robe, Estelle, elle vibre : le tissu rayé de bleu clair et de rose mêlés est traversé d'ondes lumineuses. Votre visage me fait penser à ces larges corolles de fleurs ouvertes dans les champs l'été. »

Devant la montagne Saint-Victoire, un étrange Paul Cézanne s'est installé :
« L'homme caresse la toile avec sa brosse, effleure délicieusement le massif et ses formes féminines toutes en rondeur. Une lumière uniforme semble absorber la couleur du ciel, des roches et des végétaux, afin de mieux rayonner. »

Enfermé, Toulouse-Lautrec dessine son cirque :
« Il sourit, lâcha la main de Misia, puis se mit à vociférer contre ceux qui l'avaient enfermé :
— J'me vengerai. J'leur arracherai les côtelettes. C'est sûr…
Il fit quelques pas sur ses jambes torses en claudiquant.
— Quand ils verront mes dessins, sûr, ils me laisseront sortir. »

Cette visite virtuelle en ma compagnie, je vous l'offre dans DEUX PETITS TABLEAUX.

Ce nouveau recueil est le frère jumeau du précédent CONTER LA PEINTURE. Leur présentation en mots et en images étant semblable, j'ai pensé qu'ils aimeraient se retrouver ensemble dans une collection, sous l'appellation « Si les oeuvres parlaient ». Ils peuvent être lus dans n'importe quel ordre.

Comme pour mes précédents livres, je rappelle que les bénéfices sont destinés à être reversés à l'association RÊVES aidant les enfants gravement malades. Les lecteurs auront ainsi la possibilité d'apporter un peu de joie à un enfant.

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Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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