Sam le majeur, Ben le pouce et Jake l'auriculaire... les trois doigts de la main (rien à voir avec les petits lépreux de Jakarta), les meilleurs amis du monde. A la vie, à la mort. Et ça tombe bien, ils auront des deux.
Quand on fait connaissance avec eux, c'est Jake qui nous les présente. Un coup de fil désespéré de son amie Sam après des années de silence et le voilà sur la route pour tenter, ça devient un tic, de lui sauver la mise.
Ce sera le point de départ d'une histoire terrible, furieuse et rock n'roll, d'amitié à toute épreuve, de promesses et de secrets.
Sam, c'est Samantha, Sammy, c'est une fille à qui il ne faut pas la faire à l'envers, un regard de travers et elle pourrait vous sauter à la gorge comme ça, sans plus de raison.
Ben lui, c'est Junior, Boulard dans sa prime jeunesse et avec un surnom pareil, tout est dit. Principale raison de vivre : la bouffe. Sa silhouette de bibendum en atteste.
Et enfin, Jake, Jacques-à-dit, le narrateur, un petit gars effacé, gentil comme tout, ferait pas de mal à une mouche.
En apparence, trois gamins tout ce qu'il y a de banal, dans un petit village de l'Utah tout ce qu'il y a de banal aussi, c'est-à-dire ennuyeux, mort et désespérant quand on a quinze ans et qu'on pense vivre chez les bouseux du monde.
Alors on fait des rêves : "moi plus tard je serai une grande actrice", "et moi un écrivain reconnu", "et moi... ben je ferai un régime et sinon je sais pas, je marierai et j'aurai une grande famille, peut-être".
Et puis ces rêves, tant qu'à les avoir fait, pourquoi pas essayer de les transformer en réalité et à leur majorité, chacun d'eux va suivre – ou tenter de suivre – son propre chemin. Mais entre temps, il y aura eu le Drame.
D'autres seront à venir, car bien sûr ces trois-là n'ont pas refermé le livre et le plus dur est peut-être encore devant eux...
Voilà pour l'histoire en survol sans trop entrer dans les détails.
Bien, imaginons maintenant une claque, mais une qui se respecte hein, bien envoyée, résonnante et qui assomme à moitié. Eh bien voilà, c'est exactement l'effet que fait ce
Retour à Duncan's Creek. Ça nous réveille, ça tinte, ça retourne les tripes, ça chatouille parfois un peu au niveau des glandes lacrymales, on en prend plein la tronche et pire encore : on en redemande.
Une révélation pour moi qui ne connaissais pas (là j'ai franchement honte)
Nicolas Zeimet. Quelle histoire, quel style, quelle putain de classe et quelle façon de raconter !
Il y des livres, pas toujours mauvais en soi mais qui une fois lus sont vite digérés et presque oubliés et puis il y a les autres, ceux auxquels on repense sans même y faire attention, la moindre chose nous y ramène parce que mine de rien, ça nous a drôlement remué.
Retour à Duncan's Creek est assurément de ceux-là.
Sûr que ces gamins et Sam en particulier en tant que personnage le plus attachant et complexe du roman (un vrai coup de coeur cette Sammy) n'en ont pas fini avec moi, loin de là...