Jacob, dernier né d'une famille juive de Constantine au temps de l'Algérie française, meurt prématurément à l'âge de 19 ans en 1945 en Alsace lors de la Libération de la France. Valérie Zenatti redonne vie à son grand oncle de façon forcément romancée car elle ne l'a pas connu et imagine son état d'esprit.
Un très beau roman merveilleusement écrit dans une prose poétique qui suggère plus qu'elle ne décrit l'histoire des Juifs d'Algérie du décret Crémieux (qui leur accorde la nationalité française) en passant par Vichy et la guerre d'Algérie, le deuil, les traditions juives, l'amour d'une mère pour son fils, le deuil, la mémoire, la camaraderie et la peur des soldats.
La vie était dure, la misère rendait les êtres durs mais Jacob "seul être tendre et gai dans cette maison" savait jouer avec les enfants, il avait selon sa mère "quelque chose en plus".
Valérie Zenatti rend hommage et redonne vie à son grand-oncle qui mort si jeune aurait pu être oublié.
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Quelle écriture magnifique ! C'est véritablement la merveille de ce livre, à mes yeux.
Les phrases coulent en un flot ininterrompu et le lecteur ne peut qu'être pris par la tendresse avec laquelle l'auteure nous parle de tous ses personnages.
Un véritable coup de coeur pour cet écrivain que je ne connaissais pas.
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Un très beau roman, sensible et émouvant, un hommage aux jeunes hommes partis se battre loin de chez eux, pour la France, et un hommage à leurs mères.
Forts et fortes, silencieux et silencieuses, endurants et endurantes, à chacun leurs batailles, à chacun leurs espoirs, rentrer sain et sauf, revoir leur enfant.
Des mères courage, des soldats à peine sortis des jupes de leurs mères, ... ,
Jacob n'avait que dix-neuf ans, il était doux et gentil. S'il devenait père, jamais, il ne lèverait la main sur ses enfants, ne serait jamais comme le sien. Il était doué à l'école, aimait la poésie, aurait pu être professeur plus tard. Mais la guerre est arrivée et on l'a enrôlé. Il est parti, là -bas, en France. Il a débarqué en Provence...
Mon avis
Une belle découverte !
La plume de l'autrice m'a séduite.
Elle restitue avec beaucoup de pudeur les émotions de personnages bien taiseux, des gens simples qui parlent peu de sentiments. Et pourtant, l'amour des mères transpirent de ces pages, un amour aussi puissant que pudique. Quant à Jacob, il irradie ce roman si sensible. le beau portrait d'un jeune homme plein d'avenir, pas tout à fait un homme encore, arraché à sa famille, à son pays, catapulté dans un monde brutal, où l'on oublie tout, parfois jusqu'à son nom. Rester en vie sera désormais son seul objectif.
Un court roman, intense, aux phrases qui filent à toute vitesse, comme si tout ceci devait sortir vite, pour ne pas oublier peut-être...
J'ai aimé être au côté de Jacob et de ses compagnons, impression ridicule d'alléger un peu leurs souffrances en vibrant à leurs côtés sur cette terre de Provence ...
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Livre intense, poétique, tendu comme le fil de la courte vie de Jacob, suspendu au dessus des précipices magiques de sa ville Constantine, avant de partir vers les combats de la libération, en Alsace, pour y disparaître.
La belle écriture de Valérie Zenati met en scène un personnage solaire, grandit au sein d'une famille juive où les rôles se figent dans la tradition, dans une Algérie des cultures partagées au quotidien, alors que les prémices de la décolonisation se mettent en place.
Un très beau livre.
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Jacob (deuxième du nom) Melki a presque vingt ans, il habite avec son père, sa mère, son frère, sa belle soeur et leurs trois enfants dans un minuscule appartement à Constantine. La vie en Algérie est loin d'être facile, entre les difficultés économiques et le côté« dictateurs » de son père et de son frère aîné, mais Jacob sait s'accommoder de tout cela : Il est jeune, intelligent (il vient de passer son baccalauréat). Sans pouvoir attendre les résultats, mobilisé, il se rend à la caserne. Nous sommes en juin 1944 : les américains viennent de débarquer en Normandie, Jacob lui participera au débarquement en Provence, en compagnie de Bonnin, Abdelrassam et tant d'autres jeunes gens...le régiment algérien qui sera ensuite « fusionné » avec le régiment marocain...
De Valerie Zenatti j'avais lu Une bouteille dans la mer de Gaza (une lecture scolaire en classe de quatrième ou troisième par ma fille) que j'avais trouvé subtil (sans espoir mais subtil)
Ici j'ai cru qu'il y avait un espoir pour Jacob : sa jeunesse, son rire semblaient invincible (comme des millions de jeunes de vingt ans qui sont « partis à la guerre » en 1939 ou en 1944..)
Je garde donc en tête de continuer à lire Valérie Zenatti : il y a dans ces deux romans une musique que j'apprécie, des sentiments, des personnages lumineux...
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L'histoire d'une famille juive de Constantine à travers celle d'un jeune de 19 ans enrôlé dans l'armée française en 1944 et débarquant ensuite en Provence.
Sans dialogues, presque sans paragraphes (mais des découpes en chapitres), en longues phrases rythmées seulement de virgules comme si l'histoire était contée : l'abord est rebutant, mais la lecture de la première page suffit pour être pris par ce flot : images, émotions, intelligence et subtilité des annotations, tout m'emporte ; et la dernière page est peut-être la plus belle...
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Très belle lecture que je recommande chaudement, aussi bien pour son écriture déliée, urgente, avec de longues phrases, que pour son sujet: l'entrée brutale dans la 2nde guerre mondiale d'un tout jeune Juif de Constantine, l'arrachement à sa famille et à sa mère vieillissante.
L'analyse des sentiments de chaque personnage nous plonge dans cette histoire (tirée de la famille de l'auteure) triste mais belle qui hésite entre roman d'apprentissage et roman d'amour...maternel. le tout dans le décor des montagnes sèches de Constantine et de ce quartier où Juifs et Arabes semblaient vivre modestement mais harmonieusement.
La question qui sous-tend toute cette histoire me semble être la suivante: que serait devenu le jeune Jacob s'il n'y avait pas eu cette guerre? Lui, si différent de ses frères et de son père, lui l'intellectuel, lui si doux, si rêveur...
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