Plongeons en plein moyen-âge avec sa violence mais aussi ses contes. Quelle peut être la relation entre la fille et un garçon difforme ? C'est ce que
Zidrou et
Porcel nous propose de découvrir.
À la fin des combats, les femmes et les ribaudes parcourent les champs de bataille pour récupérer quelques pièces ou quelques objets précieux pour survivre ou faire vivre sa famille. Est-ce violent, est-ce atroce ? C'est juste la réalité d'une époque bien sombre et bien cruelle pour les plus démunis.
Anne, jeune ribaude qui vend son corps pour vivre, a promis à un soldat mourant d'apporter un message au comte, celui-ci devant la récompenser. La récompense sera la geôle dans un cul de basse fosse où elle subira sans cesse les assauts du gardien mais aussi de tous ceux qui paient leur écot à ce personnage sinistre.
Cette sinistre fable nous est racontée par un prisonnier, partenaire de prison d'Anne. Prisonnier, car favori du comte, il a osé porté le regard, et pas que, sur un autre homme. Il va nous raconter la vie de Glaviot, l'enfant difforme d'Anne qui va passer son enfance dans le cul de base fosse à aider le geôlier, en étant son souffre douleur. Son état changera le jour où le comte décidera de donner Glaviot, comme
bouffon, à sa fille Livia qui est un vrai symbole de beauté..
Galviot va tomber amoureux de la belle Livia mais cet amour n'est pas réciproque, la belle ne voyant pas la beauté de la bonté du pauvre Glaviot. Mais comme dans les contes, un évènement transformera de manière radicale l'existence du
bouffon.
Les deux auteurs nous confrontent à la dureté de la vie au Moyen-Âge. La violence peut même être d'ordre sexuel. Ils nous présentent la cruauté de l'époque où les seigneurs ont tous les droits sur "leurs gens", y compris le droit de cuisage et le droit de "culage". C'est aussi le rejet de celui ou celle qui est différent, celui-ci n'a pas le droit de citer. le
bouffon est là pour amuser et divertir, c'est ce qui lui permet de rester parmi "la cour".
Mais le
bouffon ne peut exister que parce qu'il amuse, malheur à lui s'il déroge à sa "mission". Personne ne remarque l'homme derrière le personnage handicapé par son physique disgracieux. Il faudra qu'on lui attribue des pouvoirs extraordinaires pour que l'on oublie sa difformité. Si vous êtes "puissant", on vous passera tout.
La réflexion pourrait être la suivante : est-ce que la personne différente a le droit au bonheur ? Mais qu'est-ce que le bonheur ? Avoir de l'argent, avoir de beaux habits, être respecté de toutes et tous, être envié ? Notre
bouffon pourra avoir tout cela, mais est-ce qu'il aura le droit à l'amour véritable pour ce qu'il est et non pour son apparence ?
J'ai aimé le scénario proposé par
Zidrou, l'artifice d'utiliser un narrateur est intéressant même si l'humour du personnage est parfois un peu lourd. j'ai retrouvé la patte de
Francis Porcel dont j'avais déjà apprécié le travail lors de ses collaborations avec
Philippe Pelaez.