Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes ?

Quel drôle de titre et quelle drôle de couverture ? Qui est ce personnage engoncé ans une sorte de Kway lui donnant un air à la Dany Boon dans un de ses ketchs ou bien l'un des Chevaliers du Fiel quand il dit qu'il n'a pas de séquelles ?

C'est l'histoire de la vie de Michel, handicapé mental après un grave accident de voiture dans sa jeunesse avec la voiture de ses parents. Mais c'est aussi l'histoire de Catherine, sa mère, qui l'accompagne au quotidien pour les choses les plus élémentaires de la vie.

C'est le quotidien d'une personne handicapée mais pas de naissance et le quotidien d'une mère aimante et accompagnante. Les deux auteurs, Zidrou et Roger, choisissent de bâtir leur récit sur des tranches de vie. Ils veulent rendre hommage aux personnes handicapées, enfermées dans leur handicap, dans leur différence. Mais ils rendent aussi un vibrant hommage à ceux qui les accompagnent et leur permettent d'avoir une vie au plus près de la vie ordinaire, si cela peut avoir un sens pour eux.

C'est sans voyeurisme que Zidrou et Roger nous proposent la vie de Michel, avec ses joies, ses peines, ses peurs, ses incompréhensions. Ils en font de même avec la vie de Catherine qui vit maintenant par procuration. Catherine ne vit plus sa vie mais celle de Michel.

Une vie peut basculer en peu de temps, pour un petit rien, pour un instant d'inattention. La vie de la victime en sera transformée mais il peut y avoir des dommages collatéraux. C'est le cas de Catherine qui va "se sacrifier " pour son fils, tout donner pour lui permettre d'accéder à un certain bonheur.

Un virage raté" et une vie bascule. Ceux qui étaient présents, qui étaient les amis de Michel, vont peu à peu s'éloigner et laisser Catherine accompagner Michou, seule. La différence fait peur, elle dérange, elle intrigue.

Catherine vit la vie de Michou et peut penser à ce que la vie de son fils aurait été sans cet accident. Dur de penser qu'il aurait peu avoir des enfants et elles des petits enfants. Dur de croiser celle qui aurait peu être sa femme et qui maintenant à des enfants mais pas de lui.

J'ai adoré le scénario et le choix des tranches de vie. J'ai aimé le graphisme, les plans, les gros plans sur les visages de Michou et de Catherine. le jeu des couleurs, des clairs obscurs a facilité ma lecture et a apporté de la chaleur à cette histoire.

J'ai été ému par cette histoire, j'ai repensé à des situations vécues au sein de ma famille et j'ai pu mettre d'autres visages et d'autres noms sur eux de Michel et de Catherine.

Une très belle ode à la différence et au vivre ensemble.

Mais que se cache derrière ce titre à rallonge ? Rien qui concerne un roman historique ou géopolitique, mais le quotidien de Michel, la quarantaine, grand gaillard au cerveau devenu déficient, et Madame Hubeau, sa mère âgée forcément, qui continue de s'en occuper seule et répond à tous ses besoins et favorise son bien-être.
C'est donc le rôle d'aidant familial, avec ses contraintes qui sont ici tout juste évoquées, car Mme Hubeau ne se pose pas de question (en a-t-elle la possibilité) et poursuit vaille que vaille son rôle de mère. J'aurai aimé que justement toute la difficulté et notamment l'épuisement de l'aidant soit davantage mis en avant. Les routines de ce couple, les habitudes et les crises de Michel sont, elles, bien amenées
C'est donc un roman graphique aux dessins précis sur une thématique très intéressante, mais qui me laisse un peu sur ma fin.

L'histoire est amenée lentement, par petites touches on comprend ce qui est arrivé pourquoi on en est là, à une vie consacrée à la vie d'un autre, qui ne peut plus la vivre sans aide.
Ça parle de handicap mental, de dévotion et de toutes les difficultés que ces situations génèrent. C'est fait avec beaucoup de pudeur et d'humour.

Je ne veux pas vous en dire trop, le mieux c'est de ne rien savoir avant de commencer pour bien apprécier toute l'ambiance de cette BD.
J'ai adoré. Coup de coeur ❤️

Une BD pleine d'émotion, de petites joies et de grand malheur. Une famille comme tant d'autres touchée par l'accident, le handicap et la résignation devant l'irréparable.
Le titre est un mystère que le récit ne nous dévoile pas, mais ce n'est pas important, cela rajoute peut-être à la poésie que l'auteur a voulu insuffler au personnage de Michel, enfermée dans une existence parallèle avec ses rites immuables et exigeants. Sa mère lui tient la main, les deux mains même, pour qu'il puisse jouir pleinement de sa vie au détriment bien entendu de la sienne. Toutes les mères se reconnaîtront dans ce dévouement sans limites. Un beau moment de lecture.

J'avais lu cet album à la sortie, il y a quasiment huit ans (nom de dieu, comme le temps passe !), et je m'étais dit que je le noterais lorsque j'aurais le temps de le relire. le temps a passé et j'ai enfin pu relire cette BD dont je n'avais que peu de souvenirs. Et pour cause, la BD est finalement plus une tranche de vie exposant les différentes petites scénettes de la vie qu'une histoire organisée.

C'est ce qui fait la force de la BD mais aussi sa limite, je pense. Ces scènes sont toutes touchantes, certes, mais restent finalement anecdotiques et l'émotion qui s'en dégage ne suffit pas à dépasser ce cadre de touchantes anecdotes. J'avoue que cela m'a fait penser à la fillette que je gardais pendant mes études et qui souffrait de trisomie, certaines scènes étant assez proches, mais dans l'ensemble j'ai l'impression que ça ne dépasse pas ce cadre-là.
Niveau dessin, j'aime bien le style mais les gros plans sont un peu trop nombreux à mon goût, donnant une sensation d'écrasement dans les pages, comme s'il avait fallu faire des planches plus grandes.

Au final, cette BD est très réussie dans ce qu'elle veut entreprendre, et sa démarche est tout à fait louable. Mais la BD ne laisse pas un souvenir impérissable, et c'est ce qui est dommage. Au final, j'en retiens surtout des scènes de vie touchantes, et un titre qui fait bien référence à toutes ces personnes de l'ombre qui ont en charge de ces personnes handicapées et totalement incapables de vivre seules. Un bel hommage !

Michel a 40 ans, 160 kilos de muscles, d'os et de retard mental (des suites d'un accident de voiture). Sa maman l'entoure de soins et d'attentions. Mais l'âge est là aussi. Et elle est bien frêle, maman, même si elle compense en opiniâtreté et détermination. Elle porte sa croix, comme on dit.

Et même dans les petites escapades qu'elle s'octroie, seule, pour se ressourcer, elle n'est pas sereine. L'ombre de Michel et du "que va-t-il devenir" plane sur chaque instant de la vie.

Pas de jugement chez Zidrou et Roger. Juste quelques scènes de la vie quotidienne. Une visite au sex-shop pour louer un DVD, pour que le corps exhulte, disait Brel. Les parties de Puissance 4 où Michel triche et où tout le monde fait mine de ne rien voir. Les colères noires et brutales quand Michel n'a pas son t-shirt à l'effigie d'une série animée pour enfants. Et ainsi de suite.

C'est tendre, humain, empathique, pas moralisateur pour 2 sous, toujours pudique dans les sentiments, ça tape juste. le quotidien dans sa plus simple expression, dans les petits pas posés l'un après l'autre, parce que la vie se résume à cela. le titre est juste magnifique, hommage aux mères, dévouées et attentionnées, reines du don de soi. On peut avoir l'impression que Zidrou a trouvé une martingale et joue avec les sentiments du lecteur, comme on appliquerait une recette de cuisine. Pour côtoyer régulièrement un home pour handicapés mentaux adultes, tous les dialogues de la BD sentent le vécu. Personnellement, je peux avoir de l'émotion avec un plat reproduit fidèlement à partir d'une recette de cuisine...

Ma seule question sera... comment Michel a-t-il réussi à faire 160 km/h avec une 2CV...

Une jolie BD qui pourrait être un hommage aux aidants qui à l'instar de Catherine consacrent leurs vies à un être cher que le sort a frappé.
Nous découvrons des instantanés de vie d'une mère auprès de Michel son fils handicapé.
Je ne lis que très rarement des bandes dessinées, je ne me sens pas attirée par cet art, mais celle-ci m'a touché par le sujet et la délicatesse des dessins.

J'ai beaucoup apprécié cette bd qui est un vrai bijou. Une vieille dame, Catherine, s'occupe de son grand fils, Michel, handicapé des suites d'un accident de la route. L'album offre une suite de tableaux, tous plus tendres et drôles les uns que les autres. Il montre le sacrifice de Catherine. Mais c'est plein d'humour. On lit cela le sourire aux lèvres et une larme à l'oeil. Une lecture formidable.

Quelle lecture que ce titre de Zidrou. le scénariste nous livre ici un titre "tranche de vie" constitué de plusieurs scènettes diverses et variées. On suit ici Catherine qui s'occupe de Michel, son fils handicapé suite à un accident de voiture. Chaque scénette fait écho à des tâches du quotidien et aux difficultés d'une mère de garder la force de s'occuper de son fils quand elle souhaiterait qu'on s'occupe d'elle.

Ce titre est particulièrement touchant mais ne tombe jamais dans le larmoyant ou la pitié à mon goût. Zidrou nous livre un titre plus tourné vers l'humain, vers cette relation mère/fils qui semble parfois proche de la rupture, mais également solide comme un noeud marin.
Chaque tranche de vie apporte une justesse dans l'écriture, dans la situation, dans les dialogues. On trouve ici des personnages pleins de tendresse, mais aussi un regard réaliste sur les difficultés au quotidien pour Catherine.
Je retrouve tout ce que j'aime dans le style d'écriture de Zidrou.

Graphiquement, je suis sous le charme de Roger. On retrouve ce style propre à l'école espagnol récente (un style semblable à Jordi Lafebre par exemple), avec un travail minutieux sur les expressions, sur les visages et pour faire ressortir les personnages des décors.

Un titre touchant et humain tout simplement.

Cette BD est effectivement assez émouvante dans la mesure où elle montre une vieille dame qui s'occupe de son fils handicapé par un accident de la circulation. On oublie souvent les ravages causés par les accidents de la route. Fort heureusement, le nombre de morts a fortement diminué au cours de ces dernières années à coup de matraquage de sérial radars encore que le lien de causalité serait à prouver...

Le lecteur voit le quotidien sous forme de chronique de cette relation particulière entre une mère aimante et son enfant. On se pose la question de savoir ce qui se passera quand la vieille dame ne sera bientôt plus là. Il faut dire que la soeur ne veut pas s'en encombrer et on peut aisément la comprendre malgré une certaine forme d'égoïsme caractérisant notre société occidentale. On laisse souvent sur le bord de la route les plus démunis en fustigeant le fait qu'on n'est pas responsable de toute la misère du monde. Oui, mais la famille ?

Bref, cette BD pousse à la réflexion. Elle est absolument bien traitée, bien dosée sans tomber dans un excès de sentimentalisme qui aurait jeté l'opprobre dessus. Les auteurs ont su viser juste. Les 4 étoiles sont amplement méritées.

Note Dessin : 4/5 – Note Scénario : 4.5/5 – Note Globale : 4.25/5