C'est en quelque sorte une ode à un mode de vie rigoriste. L'auteure nous décrit le quotidien d'une femme mariée hassidique sous forme de chroniques humoristiques, mais il n'a rien de drôle là-dedans.
Malka Zipora voudrait que l'on voie le cocasse de sa vie, pourtant, il n'y a rien d'amusant dans ce qu'elle raconte. Mariée très jeune à un pur inconnu, une douzaine d'enfants à s'occuper dès 4h du matin et jusqu'à tard dans la nuit, elle nous relate les privations auxquelles elle doit faire face, le manque de sommeil et les rituels d'intégrisme religieux qui font partie de sa vie, en tentant de voir le beau côté des choses. Rien, mais absolument rien, n'est comique. J'imagine qu'elle trouve le moyen de rire où elle le peut, sinon il y aurait de quoi devenir folle.
Dès le début, elle nous dit que ces écrits n'étaient pas destinés à un large public, mais bien à une modeste publication religieuse. C'est alors que s'est présenté à elle, une jeune étudiante en études urbaines qui désirait interviewer une personne de sa communauté. Cette dernière a lu ses écrits et a trouvé que ses "textes possédaient quelque valeur universelle", -notez ici le singulier du mot valeur.- À mon avis, l'unique valeur universelle à laquelle l'étudiante fait référence, c'est la vie, d'où le titre: Lekhaim. Rien de plus! Quant à moi, la principale valeur présente dans ces chroniques est la soumission: à dieu, à sa communauté religieuse, à son mari, à ses parents et à ses enfants... Elle veut rendre acceptable... l'inacceptable!
Tout au long de notre lecture un malaise s'installe; la situation de la femme hassidique s'apparente à de l'esclavage. Ce n'est pas parce qu'elle essaie de nous faire accroire qu'elle est heureuse de cette vie -de puritanisme, de privation, d'humiliation, d'abstinence, d'abnégation de soi et d'effacement-, qu'on y croit. ! Il m'a été difficile de finir ce livre tant les situations décrites sont "malaisantes". En tant que femme, je ne peux imaginer que ces situations peuvent amener à un quelconque épanouissement.
Notez que ce n'est pas mal écrit. J'imagine que le traducteur
Pierre Anctil, anthropologue et spécialiste des questions juives, y est pour quelque chose. Tout au long du livre, on a pris soin d'utiliser et de définir les mots hébreux utilisés dans le quotidien des Hassidiques, ce qui n'est pas une mauvaise chose, car ils décrivent leur mode de pensée.