C'est la base de la plus tyrannique de toutes les dictatures, non pas la dictature d'une personnalité sur les masses, mais la dictature d'une idée sur l'ensemble des êtres. La volonté de lutte et les procédés de lutte d'une pareille tyrannie sont fantastiques.
Sans pitié, cette dictature pousse tout devant elle. Celui qui ne veut pas prendre part à cette course à l'industrialisation est considéré - même au point de vue de la législation - comme un déserteur.
J'ai eu depuis l'occasion de m'entretenir avec les personnes de qui les opinions diffèrent de celles qu'avait exprimées ce jeune millionnaire et je crois que maintenant tous les dirigeants sont d'accord sur ce point. Beaucoup croient à une révolution vers la droite, d'autres vers la gauche, mais tous ceux qui voient loin travaillent, en ce moment, au bouleversement de la situation actuelle. Il n'y a pas de meilleur exemple que l'Allemagne elle-même : vingt-quatre articles du programme des hitlériens et des communistes sont à peu près identiques.
Et, dans cette Europe diverse et tragique, des villes de plusieurs millions d'habitants, des villes "modernes", "civilisées", sont en proie au désespoir : Budapest, Vienne, Berlin. Tous les jours, des dizaines d'hommes y meurent de faim. Mourir de faim, en 1932... Peut-on comprendre pourquoi ?
Mourir de faim, pendant qu'on chauffe les locomotives avec le blé du Canada, et qu'on jette le café du brésil dans la mer ?
Où est le remède ?
Un culte sauvage de la machine s'est emparé des hommes et la technique est devenue la seule religion.