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3,89

sur 559 notes
La lecture de ce livre marque un tournant important de ma vie. Mon mari était bipolaire et, dans une phase maniaque, il s'est identifié à Fritz Zorn. Il a échafaudé des théories sur la vie et sur la mort. Il a eu envie de se donner la mort. Il m'a parlé de ce livre pendant toute une nuit et j'ai été proche d'adhérer à ses folles pensées. C'est à ce moment-là que j'ai compris la gravité de sa maladie. Nous avions deux petits enfants. J'ai choisi la vie et mes enfants au bout de 44 ans de mariage. Ses tentatives de suicide ont été nombreuses. L'alcool et les médicaments l'ont conduit à la démence. Chaque fois que je pense à Mars, ce sont les mauvais souvenirs qui me bouleversent. Merci de m'avoir lue.
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Un livre témoignage des pensées qui assaillent un jeune homme issu de la bonne société de Zurich lorsqu'il apprend qu'en plus de sa dépression jamais nommée ni avouée, il souffre d'un cancer.
Il fait la genèse de son histoire de vie, courte mais pleinement analysée dans sa solitude morale, sa terrible lucidité face à ses parents bien-pensants et à son entourage bourgeois.
Cet ouvrage, livre unique d'un désespoir maîtrisé, peut servir de levier pour la compréhension des maladies qui adviennent lorsque la vie, le vivant en l'homme sont niés.
C'est aussi une sorte de jugement à postériori sur l'éducation donnée aux enfants, la part de responsabilité de chacun dans ce qui risque d'advenir et une dénonciation du mensonge et du conformisme étouffants.
Le style et le ton souvent drôle malgré le propos en font une lecture difficile à classer tout en y reconnaissant sa grande vérité humaine.
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De son vrai nom Fritz Angst, il a choisi Zorn qui veut dire « colère » en allemand. Né d'une famille très aisée de Zurich, Fritz a suivi une scolarité normale, sans heurt. Il a fait des études supérieures, titulaire d'un doctorat en langues « romanes », et fut enseignant avant que la maladie ne l'interrompe. Il a certainement utilisé sa colère et des ressentiments d'amertume contre ses parents, leur origine bourgeoise et surtout l'éducation qu'il a reçu d'eux pour écrire ce livre. Il en a fait une critique virulente contre les effets néfastes que cette éducation a produit sur lui, à savoir la survenue d'un cancer (lymphome) à l'âge de 30 ans, dont il ne survivra pas. L'analyse est intéressante, faite par un auteur cultivé et aidé par la psychothérapie, il a ainsi pu mettre les mots qui lui semblaient justes sur le contexte familial et tous les sujets tabous dont la discussion était interdite, voire, la sexualité. Longuement il décrit sa névrose aux effets dévastateurs, son impossibilité à aimer et à communiquer, sa tristesse, ses épisodes dépressifs et en enfin son cancer qu'il résume comme une maladie psychosomatique due au refoulement de tous ses sentiments non exprimés.
260 pages, c'est 100 en trop. Il se répète, et la troisième partie « le chevalier, la mort et le diable » est une fresque philosophique difficile à suivre, qui apporte peu au contenu du livre, sinon à l'auteur qui a laissé libre court à son étude, ses réflexions culturelles et théoriques.
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C'est le remarquable récit d'un névrosé, inadapté au monde qui l'entoure,qui vient d'apprendre qu'il a un cancer et décide de régler ses comptes avec ses parents, son milieu (la bourgeoisie zurichoise), son éducation (celle de la bourgeoisie des années 50-60 vu son âge).
Cela ne tient pas la route sur le plan médical : ce livre a fait que des tas de gens ont cherché des explications psychosomatiques à leur cancer. Un cancer du sein par exemple a très peu de chance de survenir juste après un deuil qui en serait la cause, sachant que quand un cancer est visible sur une mammographie cela fait en réalité des années qu'il était là, invisible. Par contre cela reste intéressant, car on sait aussi que la méditation, la gestion du stress peuvent avoir une influence sur l'immunité, l'état général de l'organisme. Mais c'est juste un tout petit élément parmi des tas d'autres.
Zorn est un pseudonyme qui signifie en allemand « colère ». Il est remarquable que le vrai nom de famille de l'auteur soit Angst qui signifie « peur », « angoisse » !
Ce livre est le testament d'un dépressif qui associe son cancer à un amas de larmes qu'il n'a jamais pu pleurer. Il nous montre une société bourgeoise d'un autre temps qui fabrique du malheur en cherchant à se préserver, mais la lecture est difficile car le problème de l'auteur est de ne pas pouvoir s'ouvrir aux autres. Au lecteur de le suivre dans son introspection, ce qui n'est pas toujours aisé. C'est en tant que livre d'introspection justement un excellent ouvrage et l'auteur est très doué pour communiquer son état mental. Un très bon ouvrage aussi pour réaliser ce qu'étaient les sociétés bourgeoises de cette époque, et un plaidoyer indirect pour l'anti-conformisme (plaidoyer un peu tardif car publié en 1976).
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Ce livre est un récit.
Le récit d'un homme mort jeune à la fin des années 70, à 32 ans. Un jeune homme bien né, d'une société bourgeoise de la rive droite du lac de Zurich.
Cette bourgeoisie a caractérisé toute sa vie, et caractérise tout son récit.

C'est un livre qui peut paraître assez complexe à lire, et je n'ai pas mis 5 étoiles tout simplement parce que j'ai sauté quelques pages de temps en temps. Il digresse, cela m'a moins intéressé.
Mais quand il parle vraiment de lui, j'ai trouvé ça édifiant, et son écriture à limpide est facile à suivre.

Il raconte sa vie tout simplement. Il met en exergue la bourgeoisie, la vie étonnante que lui ont proposé ses parents, à ne jamais dire un mot plus haut que l'autre, à ne jamais être en contradiction avec l'autre, à ne jamais faire de vagues et ne jamais se faire remarquer. Au point qu'il ne savait même pas se faire d'amis à l'école !
Il est aussi assez sévère avec lui-même.

J'ai eu de la peine à rebours pour ce jeune homme, qui meurt jeune d'un cancer qu'il attribue évidemment à son éducation.

Mars est un livre étonnant, une autobiographie que je relirai régulièrement.
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Purée je découvre que j'ai une force mentale de ouf, je viens de survivre au livre le plus sombre de l'histoire des livres lus. Je ne vous cache pas que parfois c'était avec le coeur serré serré. MARS, ce sont 315 pages d' essai sur le malheur, la tristesse, la névrose, la maladie, la mort, qui m'ont laissée sans voix. Complètement happée et... secouée.
Conseillée par Bouillier, l'auteur du Rapport sur moi, cette autobiographie en forme de traité sur la souffrance, à la fois philosophique, sociologique et franchement politique, est un texte nécessaire. Fritz Zorn a grandi en Suisse, sur "les rives dorées" du lac de Zurich et a eu une bonne vie de merde. Inimaginable. Qui s'est terminée par un cancer, qui l' emportera à l'âge de 32 ans. Il a jamais baisé non plus. A peine eu des amis.es . Mais des parents bourgeois bien comme il faut et un max de fric, ça oui. Sympa comme petit conseil de lecture avant Noël hein ? Bon je partage parce que je suis sciée par tant d'audace, de lucidité, d'intégrité, d'intelligence. Une ironie noire parcourt tout le récit, avec pour cible principale une bourgeoisie "tranquille", tellement tranquille ( elle rapelle celle que Begaudeau nomme "cool" dans Histoire de ta Bêtise), qu'elle tue. Fritz a été éduqué "à mort". Son texte est sa révolution, volontiers anti clérical, (Jésus s'en prend plein la gueule), il trouve ce dernier souffle pour disséquer l'origine du mal, de son mal. "Le Diable est lâché", plutôt l'enfer que l'ennui mortifère bourgeois. Je le conseille pour qui veut comprendre ce que c'est qu'une dépression, qu'une éducation ratée, qu'une incapacité totale au bonheur et ce que c'est d'être clairvoyant et couillu, le désespoir rend brave. Que "tous ceux qui n'aiment pas parler de ce qui est désagréable" passent leur chemin. C'est vrai, c'est âpre. Attention, c'est pas nihiliste. Au contraire, il y a une vitalité dingue et miraculeuse dans la description clinique des affres de cet homme. Écrit en 77, dans un style neutre mais limpide et fort bien agencé, il convoque des images parfois très violentes, nous sert des comparaisons inattendues et éclairantes, il se répète beaucoup, il insiste, sa volonté de transmettre l'injustice qu'il a subi est peut être la seule liberté qu'il se sera autorisée dans sa triste vie, et la seule chose à laquelle il tient vraiment, après avoir brûlé systématiquement tous ses écrits précédents (livre posthume, le seul et unique) . Il n'y aura pas de "détails " biographiques, sa vie sociale, familiale, amoureuse en étant dépourvues. Il dit tout. Sans ambage, sans filtre. "Pour l'amour de qui devrais je dissimuler l'histoire de ma vie ? Qui devrais je épargner par mon silence ?"
"La force de supporter ce que je sais" est déjà pour lui une consolation, une maigre satisfaction, ça, plutôt que des "manoeuvres de camouflages". Je m'incline devant tant de courage.
Histoire de compléter le tableau sur le sujet de la dépression, une petite bd super, GOUPIL OU FACE, légère et très instructive.
Des pistes donc pour nous aider parfois à comprendre cette terrible maladie, invisible, qui n'a souvent pas bonne réputation. Les gens malheureux dérangent. On leur demande souvent de relativiser. "Va donc à Moscou". "La poutre dans notre oeil nous importe peu tant que la paille dans l'oeil du voisin peut nous servir d'excuse". En gros, le malheur ne se hiérarchise pas.
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L'homme et le crabe

"Mars" de Fritz Zorn est une oeuvre "unique", au sens plein de ce terme.

Unique parce que la seule que cet écrivain ait eu le temps d'écrire.

Mort à 32 ans d'un cancer, celui dont le nom de famille était "Angst", ce qui signifie "Peur" en allemand, s'est offert une renaissance, en choisissant comme nouveau nom de baptême celui de "Zorn", qui signifie "Colère".

Le "crabe" marche toujours de côté.

Après l'annonce de son cancer, Fritz Zorn, quant à lui, est allé droit de l'avant piétiner le vieil héritage mortifère de sa famille : le legs d'une société étouffant au sein d'une morale chrétienne maladive, qui a toujours cru bon de devoir se séparer de la sexualité, de la nier et de lui ôter tout plaisir, tout érotisme ; d'en faire une chose vide et inerte, un acte laid et sale dont on répugne même à mentionner l'existence.

Fritz Zorn s'est débarrassé de la peau morte d'une vie castrée et, avant que de mourir, il s'est rebaptisé par la foudre.

En revêtant les oripeaux de Mars et en brandissant son épée vengeresse, il a témoigné en vivant pugnace, en homme libre : dans une juste colère.

Il est des mots qui, puisés au sein de cet ouvrage, me servent de viatique au quotidien :

« Je crois que ne-pas-vouloir-déranger est quelque chose de mauvais parce qu'il faut justement qu'on dérange. Il ne suffit pas d'exister ; il faut aussi attirer l'attention sur le fait qu'on existe. Il ne suffit pas simplement d'être, on doit également agir. Mais qui agit dérange – et cela au sens le plus noble du terme. »

Son livre "unique" est une oeuvre qui cogne comme un coeur battant.

Ite Missa Est.

© Thibault Marconnet
le 19 mai 2013
Lien : http://le-semaphore.blogspot..
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Un récit à la logique implacable, sur l'hypocrisie de la société suisse à travers l'éducation donnée aux enfants, qui débouche sur la non-vie, le non-droit à vivre sans faux-semblants, hypocrisie que l'auteur tient pour responsable de son cancer bientôt mortel, puisque l'aboutissement d'une société tant corsetée dans la morale, est d'évidence : la mort.
C'est parfaitement écrit, sans aucune échappatoire possible : le lecteur est emporté vers la mort et n'a rien à répondre.
C'est un chef-d'oeuvre, mais qui peut être douloureux à lire.
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Fritz Zorn est l'auteur d'un seul livre. Décédé à 32 ans en 1977, peu avant la publication de Mars, il a tenu à faire écrire et à faire éditer, avant de mourir ce livre-testament dans lequel il parle de son enfance et de son lymphome malin.
Elevé dans une famille bourgeoise fortunée de Zurich, il dénonce son éducation dans laquelle tout se devait d'être harmonieux, exempt de tout problème, de tout conflit et désaccord, et donc finalement dans une absence totale de discussion et de réflexion possible. Cette famille n'est pas sans rappeler celle que Jacques Brel évoque dans Mon Enfance, pour vous faire une idée.
Dans cette famille où finalement tout sujet sérieux ou presque était tabou, dont le sexe, Fritz Zorn a grandi dans l'incapacité de se forger une opinion, sans rien connaitre de la vie ni ressentir aucune vraie émotion. Adolescent puis adulte, il est coupé du sexe et de l'amour, vit en état dépressif, et finit, à trente ans par développer ce lymphome malin, d'abord sous forme de grosseur qu'il associe à un amas de larmes qu'il n'a jamais pu pleurer.
Il commence une psychothérapie en même temps qu'il se fait soigner de sa maladie et revient sur cette éducation qui en est, selon lui, responsable.
Il est dure de lire cette absence d'émotion que décrit cet homme de trente ans, cette souffrance de ne jamais avoir rencontré l'amour ni tout simplement avoir eu de relation sexuelle, celle de s'être toujours senti différent des autres. Il exprime la peur de peut-être arriver à la fin de sa vie avant d'avoir réussi à soigner son mental, espérant encore pouvoir un jour ressentir, vivre comme tout le monde.
J'ai trouvé ce roman dur à lire par rapport à cette lucidité presque clinique et franchement déprimante, même si en soit ce qu'il exprime sur le caractère psychosomatique de la maladie est intéressant et pose question et que le roman, en soit, est bien écrit.
La troisième partie m'a posé problème, il y analyse encore et encore son ressenti et tente de justifier sa réflexion par de multiples analogies qui finissent par lasser pour ne pas dire décrédibiliser petit-à-petit sa thèse.
Ca n'en reste pas moins un témoignage poignant d'un homme aux portes de la mort que la maladie, ironiquement, semble réveiller de sa torpeur et qui met en branle cette fureur contre ses parents en tant que tels.
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Bien écrit, mais d'une redondance extrême. Je me suis ennuyé.
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