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sur 559 notes
Jeune suisse, la trentaine écrit sous l'urgence d'une mort imminente: un cancer qu'on ne peut guérir. Il revient sur sa courte vie; d'un milieu bourgeois et aisé il n'a jamais manqué de rien: il a vécu dans une bulle où tout était fait pour l'harmonie: il suffisait de suivre les décisions du père...Zorn (colère) estime avoir vécu dans le mensonge et l'hypocrisie.
Il fait des crises dépressives sur fond de dépression chronique. Il ne parvient pas à se faire des amis, encore moins une petite amie.
Il est un élève modèle: bon travail scolaire et discrétion.
Sans arrêt il cherche à donner le change: il va très mal mais sauve les apparences et a toujours le sourire. Une fois ses études terminées, il devient prof.
Il semble moins préoccupé par son cancer que d'avoir été soumis à une éducation non pas sévère mais mensongère: il ne connait pas le monde et pense que son cancer est l'aboutissement de sa dépression. Il sait qu'il est névrosé et a commencé des psychothérapies.
Sur un certain nombre de points, je me suis identifiée au personnage notamment la dépression mais ma quasi non éducation nous sépare; je partage sa colère quand à l'hypocrisie bourgeoise mais je n'appartiens pas à cette bourgeoisie qui pense rendre heureux un enfant en le coupant du monde.
Un roman amer, touchant mais les redites m'ont agacée.
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"Le texte me parut essentiel, car il me donnait ce qu'un texte donne rarement : les pieds dans le plat avec violence, avec soin" écrit Philippe Lançon, journaliste et romancier, dans sa magnifique préface.

Le texte, c'est le récit autobiographique de Fritz Zorn, paru en 1977, réédité en avril de cette année, dans une nouvelle traduction d'Olivier le Lay. Il est essentiel. C'est exactement cela.

"Je n'ai pas grandi dans un monde malheureux mais dans un monde mensonger."
Fritz Zorn, atteint d'un cancer et au seuil de la mort, analyse avec lucidité, ironie mordante et parfois, tendresse, son éducation, son milieu et ses parents, représentatifs de la "bonne société bourgeoise", riches Suisses allemands, habitants de la Rive dorée du lac de Zurich.

Il décortique l'effrayante apparence du bonheur, l'éducation au conformisme et la "normalité qui vous [soulève] presque le coeur de dégoût". Il nous fait entrer dans le monde du "comme il faut" où priment courtoisie, paroles convenues et mots rayés du vocabulaire.

Il traque le mortifère d'une vie rétrécie, monotone et asphyxiante. Une vie sans désir. Une vie comparable à celle "des bernard-l'ermite; par-devant, (…) solidement carapaçonnés, mais par-derrière la nudité [pointe]."

Il dépeint le fade et le lisse. Une éducation polie, à être dans le ton, à penser ce qu'il est convenu de penser, à maintenir l'harmonie coûte que coûte. Ne pas s'exposer et taire les sujets d'importance ou possiblement conflictuels.

Malade d'une société qui l'étouffe, Fritz Zorn laisse exploser sa rage, longtemps contenue et dans un cri, à la dernière phrase de l'essai, se "déclare en état de guerre totale ".

Un texte qui sonne comme une invitation à la lucidité, brûlante, parfois; à la singularité, dérangeante, souvent et à la force vitale de la confrontation.
Un récit, à l'image de Mars, dieu de la guerre mais aussi dieu de "la force créatrice (…), du printemps et des commencements".
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Un livre unique, une sorte de testament, que les hasards de la vie vous remettent dans les mains.
Fritz Zorn l'a écrit, gravement malade, un cancer. le livre est publié en 1977, peu avant son décès des suites de la maladie. Mal préparé à cette épreuve après une enfance et jeunesse sur la « Rive dorée » de Zurich. Mais sommes-nous vraiment préparés à ce type d'épreuves, quelle que soit notre vie ?
Pris dans les profondeurs de cette expérience redoutable, il exprime, sincère et lucide, ses sentiments, sa colère, ses frustrations et ses déceptions.
Face à la vie. Face à la société.
Il dénonce son éducation, ses faiblesses.« Mes parents névrosés ont produit en ma personne un être qui s'il n'était pas assez faible de corps pour mourir dès sa naissance, a été tellement démoli dans son âme par le milieu névrotique où il a grandi qu'il n'est plus apte à une existence qu'on puisse qualifier d'humaine… Cela a-t-il un sens que je ne sois pas mort dès ma naissance ? »
Un jugement sans concession sur ses propres aptitudes et ses comportements.
Il décrit ses névroses, ses difficultés à communiquer, son impossibilité d'aimer.
Les femmes ?« La femme telle que je l'imaginais n'était qu'un accessoire de plus dans mon univers infantile. » Écrit-il.
Un monologue, long, écrit dans une langue brutale, qui exprime de la colère.
Une colère qui, à ses yeux, lui redonne sa dignité L'évocation des souvenirs s'efface alors pour aborder les grandes questions existentielles: la recherche du sens de la vie, la condition humaine, le bonheur.
Le texte est sombre, puissant.
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Quelle déception !
Ce récit est extrêmement autocentré, teinté de psychanalyse et finalement sans intérêt à mes yeux. L'absence totale de dialogue en fait une longue plainte durant laquelle l'auteur cherche à trouver une cause à son mal et accable ses parents. Quel intérêt ?
Je regrette cette lecture et ne comprends pas les louanges qui en sont faites par de nombreux cercles de lecture...
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Mars de l'écrivain zurichois Fritz Zorn, est un livre qui peut se comprendre de bien des façons. Il est avant tout le cri de colère d'un homme atteint d'un cancer et qui n'avait jamais trouvé d'intérêt à la vie, chose qui paraissait tellement facile pour les autres.

Né dans une famille bourgeoise zurichoise très attachée à l'harmonie (qu'on pourrait aussi appeler conformisme), Fritz Horn grandit sans comprendre qu'il est différent. Il attribue sa différence à une névrose qui selon lui déclenchera un cancer qui l'emportera. Ce n'est pas cette histoire qui importe, mais la vision que l'auteur a de sa vie.

Fritz Zorn voit la mort dans la vie de ses parents : « Garde tes distances et meurs ». Il n'a sans doute pas tort. Ce n'est pas dans ce milieu qu'on trouve beaucoup d'imagination, de fantaisie, d'innovation.

Fritz Zorn fait une dépression, mal connue à l'époque et donc non diagnostiquée.

Il fait ses études grâce à l'argent de son père, ce qui ne lui pose pas de problèmes puisque rien de fondamental ne les oppose.

Arrivée à ce point, j'ai commencé à me poser des questions et à m'éloigner des pensées de l'auteur. Bien sûr, il a été écrit dans les années 1970, un temps où la vision de la famille était proche de celle d'un enfermement. Certes, La promesse de l'aube (paru en 1960) de Romain Gary est une ode magnifique à l'amour maternel, mais cet amour maternel a-t-il été si épanouissant ? Quant au film de Ken Loach, Family Life, sorti en 1971, il est terrifiant.

Et les questions se sont accentuées quand Fritz Horn explique que tous ses malheurs viennent de son incapacité à aimer. Est-ce une névrose ou une différence ?

En 2023, nous avons une vision autre de la famille, elle est devenue davantage une valeur refuge. Et nous avons aussi bien plus conscience des différences, nous les acceptons mieux, chez nous et chez les autres. Même si évidemment, tout est encore loin d'être parfait en la matière. Vous l'avez compris, j'entends les cris de souffrance (comment faire autrement ?) de l'auteur, je suis en revanche sceptique sur l'origine de celle-ci. Mais qui a raison ? Impossible de le dire parce que nous passons nos lectures au filtre de nos connaissances et de nos croyances actuelles. Par ailleurs, y a-t-il quelque chose de moins connu que le cerveau humain ?

Lien : https://dequoilire.com/mars-..
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Difficile d'avoir un commentaire à la hauteur de ce récit exceptionnel, de par son honnêteté intellectuelle, sa sincérité, sa lucidité et sa qualité littéraire. Un texte puissant sur la quête du sens de la vie, de sa propre existence, sans omettre l'analyse sociologique. Une lecture passionnante, avec toutefois une réserve quant à l'insistance de l'auteur sur le lien entre le cancer, son éducation et ses parents, qui peut laisser dubitatif, mais pourquoi pas ? le coté pince sans rire de Fritz Zorn fait aussi des merveilles pour un thème franchement douloureux, et que l'on pourrait aborder avec réticence. A lire et à relire.
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MARS : le roman du règlement de compte familial et sociétal.
FRITZ ZORN, jeune Suisse élevé dans un milieu bourgeois et sans histoire, décèdera à 32 ans d'un cancer après avoir écrit le calvaire de sa courte vie.
Un texte dense et saisissant avec une écriture précise, percutante et parfois même jouissive.
Une descente en enfer qui ne vous laissera pas indifférent.
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Ne cherchez pas l'apaisement dans ce livre, il n'y en a aucun. “Je suis jeune, riche et cultivé ; et je suis malheureux, névrosé et seul.” Après ce tout premier point-virgule, Fritz Zorn n'a plus que la souffrance et le désespoir au bout de la plume. Il a trente ans à peine, il est dépressif depuis quinze ans, et il est atteint d'un cancer généralisé. Il pose un diagnostic poétique plus que médical sur son état de santé : la tumeur sur son cou ne serait rien d'autre que du chagrin refoulé. Dans Mars, il retrace ses souvenirs sous le prisme de la maladie.

Tout commence pendant l'enfance, sur la rive dorée du lac de Zurich. Une enfance éclatante de bonheur et d'harmonie, aux conséquences catastrophiques pour notre narrateur. “Mon éducation fut une expérience couronnée de succès. Malheureusement.” Fritz grandit dans ce genre de famille où l'on n'aime que la culture classique - celle des gens qui sont morts - et où l'on préfère dire “c'est compliqué” plutôt que d'exprimer une opinion sur des choses ma foi épouvantablement simples. Il ne connaît qu'un monde feutré, sans friction, sans conflit, sans confrontation, sans jugement, sans décision, sans goût, sans ami, sans amour, sans sexe, sans rire. “Ce calme qui régnait dans la maison de mes parents - c'était à se pendre.” À l'âge adulte, il est en apparence “un type nonchalant à qui la vie souriait”. Mais en réalité, pendant toutes ces années, il promène sa dépression, son inadaptabilité, son incapacité à aimer, à rire, à vivre.

Il ne blâme pas tant que ça ses parents issus d'une noblesse passablement dégénérée. “On peut bien avoir reçu une éducation ratée sans attraper pour autant le cancer.” Ils n'ont fait que déposer en lui le pire. Quelque chose de néfaste à laquelle ils ont docilement acquiescé. Mars est un essai à charge contre la notion de parents, contre le principe hostile qu'ils représentent, contre le système qui les entourent, contre un passé familial qui le ronge, contre un milieu bourgeois cancérigène, létal et suisse.

Dans ce texte, il s'accroche avec hargne à l'espoir ultime et vain d'une guérison, de même qu'à la partie de son être qui n'est pas malade, névrosée, métastasée. Si Fritz n'a pas réussi à vivre, il a réussi à écrire. Magistralement. Avec un sérieux léger et souriant, avec une conscience exorbitée de ses faiblesses, avec pléthore de guillemets pour marquer la distance et l'ironie, avec des paragraphes serrés de colère.

N'a-t-il pas choisi Zorn comme pseudonyme - qui signifie colère - plutôt que Angst, son vrai nom - qui signifie peur ?
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Ce livre prenait la poussière dans ma bibliothèque. Je l'ai lu dans sa traduction originelle après avoir entendu une interview intéressante de son nouveau traducteur. Cela peut d'ailleurs valoir la peine de lire la nouvelle traduction car le style de celle que j'ai eue entre les mains est parfois un peu lourd et désuet. Mais la force de l'écriture simple, directe, souvent véhémente de Fritz Zorn l'emporte. L'auteur à peine âgé de trente ans se bat contre la maladie et craint (avec raison) qu'elle l'emporte rapidement. le plus urgent pour lui est de faire le récit d'une vie qu'il considère comme totalement gâchée du fait l'éducation bourgeoise qu'il a reçue. Fritz Zorn se livre alors à une critique psychologique et sociale extrêmement virulente de la société dans laquelle il a été élevé. Il analyse les grandes étapes de sa courte vie avec la finesse et la froideur d'un entomologiste ou d'un thérapeute. À un premier texte (Mars en exil) qui aurait pu se suffire à lui-même, l'auteur en ajoute un deuxième (Ultima necat) dont il faut souligner la différence de ton : la distance scientifique laisse alors place à la colère. Une colère d'autant plus poignante que j'ai eu le sentiment que Fritz Zorn nourrissait l'espoir que son premier récit aurait sur lui un effet cathartique, qu'il lui permettrait d'accéder à une vie qui ne serait plus tout à fait gâchée, qu'il aurait enfin l'opportunité de se rattraper, mais cette transformation ne s'est pas produite et cet ultime espoir a été déçu. Enfin, Fritz Zorn ajoute une troisième partie (Le chevalier, la mort et le diable) dans laquelle il continue à ressasser ce qu'il a vécu mais en prenant de la hauteur pour proposer des éléments de philosophie morale assez percutants, notamment sur la nature du Bien et du Mal. J'ai failli arrêter ma lecture à la fin du premier récit. Je suis allé jusqu'au bout et je ne le regrette pas.
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Sous le pseudonyme de Fritz Zorn se cache un jeune homme pressé. Jeune - il n'a que 32 ans - et pressé d'écrire car il se sait condamné par un cancer qui ne lui laissera aucune chance. Pour qui a vécu, la seule pensée d'une mort imminente fait jaillir le squelette branlant d'une angoisse incompressible et dévorante. Fritz Zorn est à peine révolté, il n'a jamais vécu. Produit d'une éducation pour laquelle l'impassibilité devant les réalités concrètes (donc vulgaires) du monde tient lieu d'obligation morale, Zorn a toujours été un "hors la vie". Propre, sage et faisant honneur à sa famille, fleuron de la grande bourgeoisie zurichoise, il n'a jamais fait de vagues, s'est conformé, a emprunté docilement la voie qu'on lui avait tracé, a écouté la voix qui l'incitait à se méfier du monde extérieur et de ses vices. Pour cet homme qui observe avec simplicité qu'on l'a "éduqué à mort", le cancer n'est que l'issue naturelle d'un étouffement systématique de sa dynamique individuelle. Ce constat clinique, glacial sans être hermétique à l'humour, Zorn le livre dans sa version brute, pour que son lecteur comprenne. Mars est un témoignage sans précédent, la mise en accusation d'un système qui sacrifie ses enfants. --Lenaïc Gravis et Jocelyn Blériot
Résumé du livre
Zorn en allemand signifie "colère".

J'ai ht et lu (péniblement) ce livre après écoute d'un Book Club dythirambique sur France Culture. La thèse est dans le résumé. le livre la ressasse indéfiniment. Destin déchirant, certes. Mais ici ressassé, répété jusqu'à l'écoeurement. Victimisation. Autocentrage absolu. Répétition. Rumination. Pas de style. Gallimard vend une "nouvelle traduction" indispensable. Purée je me demande ce que devait être l'ancienne !!!! le Masque aussi crie au chef-d'oeuvre. Conspiration ? Suivisme ? Foutage de gueule ? Enfumage ? Copinage ? Concussion ? L'ont ils vraiment lu ? Je me pose beaucoup de questions... mais j'ai une certitude : si Momox n'en veut pas, mon exemplaire va partir à la benne... Bad :D
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