(NB : le défi était d'écrire en alexandrins)
Cette chronique est encore un nouveau défi,
pourvu qu'il soit drôle et n'offre pas d'ennui,
et que le gage se cachant dans mes écrits,
ne gâche pas l'envie de celui qui la lit
de découvrir le livre pour lequel je m'astreint
à chercher des astuces pour n'en dire que du bien !
Mon cher libraire me fait ici le grand honneur
de découvrir avant même sa parution
un roman d'aventures dans une belle édition.
Comme on peut l'attendre d'un livre "Gallmeister"
la nature, quelle qu'elle soit, joue un rôle singulier.
C'est précisemment le cas dans "
Les arpenteurs".
Son auteur,
Kim Zupan, est un homme inspiré.
Le "Service de presse" est parfois un bonheur !
La mélancolie des plaines du Montana
révèle la noirceur des âmes des hommes.
L'histoire n'est ici, que le prétexte, en somme,
de nous donner à voir les instincts les plus bas.
Etendues infinies balayées par les vents
comme décor lyrique des drames des vivants,
on se plaît à sentir défiler les saisons
tandis que le héros perd un peu la raison.
Confiné, en sous-sol, la nuit, sous les néons
Val Millimaki cultive ses insomnies
en écoutant John Gload lui raconter sa vie,
face à face troublant au fond de la prison.
Et le vieil assassin, aux mains comme des battoirs,
rassemble ses souvenirs, lui livre tous les soirs
quelques bribes choisies de sa terrible histoire
caché dans la pénombre, et au fond du couloir.
Les heures s'égrainent au son des confidences,
Gload assis sur sa chaise, et Val dans son silence
leur relation s'invente à la faveur des nuits.
Parfois étourdi par un instant d'absence,
Val va confier au vieux des fragments de sa vie,
oubliant qu'il est flic,il gagne sa confiance.
De ces heures sans sommeil, il ressort épuisé
pour ne trouver chez lui que son lit déserté
par sa femme déjà partie pour travailler.
Seul son chien l'attend pour aller se promener...
La lumière du jour l'aveugle un peu plus,
la réalité s'impose toujours plus crue :
son couple s'éteint chaque matin davantage.
Sa seule consolation, ce sont ces paysages
dont il évoque le soir la parfaite harmonie.
Le testament de l'un fait écho,chaque nuit,
au purgatoire de l'autre,que le sommeil a fui.
Ce roman nous confronte aux frontières de la vie.
Les hommes sont fatigués, leurs âmes si perturbées...
Et leurs confessions, que la conscience torture
répond, au fil des pages, aux espaces indomptés.
La terre reprend ses droits, devenant sépulture.
Je ne vous dirai pas qui de Val ou de John
saura trouver enfin la force d'échapper
aux terribles tourments qui les emprisonnent.
Il est temps désormais que je vous abandonne,
il est six heures dehors et déjà je frissonne.
Ces matins de décembre ont la fâcheuse manie
d'arriver bien trop tard, toujours avec la pluie !
Et pour conclure cette chronique, allons,
je n'aurai qu'un conseil à vous donner, un bon :
mesurez, arpentez, parcourez ce roman !
Parution prévue la veille du Nouvel An.
Mon prochain pari sera d'une autre nature :
j'ai décidé pour ma prochaine lecture
d'éviter de m'imposer cette gageure
de chercher des rimes et de compter les pieds
c'est à terme une épreuve Ô combien compliquée !
Je peux l'avouer ici, cela m'a pris des heures !
Même si l'exercice à l'esprit fait du bien,
c'est une folie d'écrire en alexandrins !