Voici un joli petit bijou ! Ce livre m'a transmis beaucoup d'émotions et le souvenir que j'en garderai ne risque pas de tomber aux oubliettes. Pourtant, ce n'était pas gagné d'avance. Les premières pages laissent perplexes et sont loin d'être accrocheuses. Il m'a fallu une centaine de pages pour vraiment m'intéresser au sort de cette fillette, recueillie par une famille allemande en temps de guerre. Et puis soudain, on entre tout entier dans l'histoire et on ne veut plus en ressortir.
Mise à part cette entrée en matière délicate, je n'ai que des éloges à faire à ce roman. Il y a tout d'abord cette approche originale consistant à placer la Mort comme première narratrice. Étrangement, elle nous est rapidement attachante et ses interventions sont souvent émouvantes. Eh oui, pas évident de faire un tel job en 1942… Je ne m'attendais pas à ce genre de confidences mi-amusantes mi-tragiques, qui font réfléchir sur cette folie qu'est la guerre. Les apparitions de la Mort sont intéressantes, mais restent somme toute assez rares ; l'histoire de Liesel se lit la plupart du temps comme une narration traditionnelle à la 3e personne.
En soi, l'histoire n'a rien d'exceptionnel. On nous raconte le quotidien de Liesel dans l'Allemagne nazie, les Jeunesses Hiltériennes, les parties de foot entre copains, la faim, le cortège de Juifs dans les rues, les raclées de l'institutrice, les nuits à apprendre la lecture. Mais la force de ce roman, ce sont les multiples merveilleux personnages qui nous donnent foi en l'humanité, que l'on aimerait rencontrer ou avoir dans sa famille. On s'attache bien sûr à Liesel, mais surtout à son papa de substitution, modèle d'amour et de générosité. Comment ne pas fondre devant ses démonstrations de patience, de gentillesse et d'humour ? On nous propose toute une galerie de personnes étonnantes, avec leurs qualités et leurs défauts, leurs faiblesses, leur envie de s'en sortir et de contribuer à quelque chose de vrai.
Et puis, on ne peut qu'être touché par le très beau rapport à la lecture que va développer Liesel au fil du temps. Apprendre à lire, jongler avec les phrases, comprendre le pouvoir des mots, découvrir le besoin irrépressible de se lier aux livres, de les avoir avec soi, d'en avoir un nouveau, et encore un autre, de les lire encore et encore jusqu'à plus soif. Impossible de rester de marbre face à cette fillette qui nous ressemble tant.
Et puis ce que je retiendrai surtout, c'est la sublime écriture de
Markus Zusak. Ce roman est écrit avec émotion et une grande subtilité. L'auteur joue lui aussi avec les mots et leurs sens, pour nous offrir de jolies métaphores, des images qui marquent et que l'on veut garder en mémoire. La poésie de ce texte m'a beaucoup touchée, au point de m'arracher quelques larmes dans les moments les plus tristes. J'ai refermé le livre le coeur serré, et malgré un début chaotique, on peut dire que j'ai frôlé le coup de coeur.
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