Zweig démontre une fois encore, si cela restait à prouver pour certains sceptiques (oui, dans le fond, c'est de vous que je parle), que la littérature germanophone "formait", plus ou moins "sur le tas", ses meilleurs auteurs romantiques ou néoromantiques (ou plutôt postromantiques ?). L'auteur, le long de ses pages, déchaîne un torrent de passions qui s'entremêlent les unes aux autres, de la colère la plus basse à l'amour le plus idéal, tout en brisant les tabous d'une société sombrant de plus en plus dans la réaction sociale et qui finira, d'ailleurs, par le pousser à commettre l'irréparable en entendant les bottes noires et bruyantes claquer, au loin, le sol de plus en plus fort.
Il a montré que la littérature "germanique" était au romantisme ce que la littérature française était encore, dans ce temps-là, au naturalisme : une sorte d'élite, une école souvent imitée mais malheureusement trop peu égalée. Cette école,
Stefan Zweig en fut l'un des plus grands représentants, aux côtés de
Goethe, école à laquelle il ajoute une véritable dimension sociale et une sorte de recul psychanalytique (après tout, c'est l'époque de
Freud).
En bref, ce livre est un classique de la littérature : allemand par le romantisme, humain par ses thèmes, universel par sa beauté.