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4,25

sur 3585 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Qu'on me donne un Z ! Qu'on me donne un W ! Aaaah si les noms propres étaient autorisés au scrabble , sur un mot compte triple...

Un nom qui claque , des récits à son image ! Nouvelliste par choix , Zweig excelle dans le genre . En un peu plus de cent pages , l'auteur assoit et développe son histoire avec une facilité déconcertante .

D'une plume fine et élégante , Zweig évoque , avec la pudeur qui le caractérise , les sentiments ambivalents entre un professeur et son éleve . Alors que ce dernier n'éprouve qu'une admiration malsaine , sans bornes et sans partage pour son mentor qui désormais l'héberge , son précepteur , lui , embourbé dans un mariage qui le tue à petit feu , semble éprouver un malin plaisir à souffler le chaud et le froid au gré de ses humeurs , de ses envies , de ses secrets inavouables...Un mariage de façade , une femme dont il n'a que faire , un nouveau disciple venant attiser le feu des possible , feu qu'il s'évertue à maitriser depuis tout jeune , l'image de professeur au-dessus de tout soupçon en étant la triste et illusoire récompense . Un mari , une femme et un jeune chien fou dans un jeu de quilles . Trio ultra classique d'un sujet qui ne l'est pas moins . A une différence pres , ici , pas de femme volage ( encore que...) mais une délicate approche de l'homosexualité réfrénée , bridée par la volonté vacillante d'un etre fatigué de lutter . Des sentiments qui naissent , se développent , s'expriment tout en tact et en subtilité sans jamais en laisser supposer leur véritable teneur . Un trio atypique aux humeurs aussi changeantes que les marées océanes . Un récit à la beauté indéniable , fragile et tragique .
Zweig est un orfevre de la plume qui cisele ses propos comme il affine ses récits . Partant d'un sujet souvent ordinaire , il épure au maximum pour en extraire la quintessence des etres et des situations .

Un sentiment facilement identifiable prédomine à la lecture de cette nouvelle : jubilatoire !
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Au soir de sa vie, l'universitaire Roland se souvient d'un professeur de philologie qu'il a côtoyé lors de ses études dans une petite université allemande.

Une rencontre qui avait été, pour le jeune étudiant qu'il était, déterminante. En effet, après des années de vie facile et de débordements, cet enseignant remarquable lui avait donné l'envie d'étudier lui faisant défaut, et transmis sa passion de Shakespeare. Mais l'attitude ambivalente de son maître avait ajouté, à ce goût pour les choses de l'esprit, une grande confusion des sentiments et un émoi amoureux inédit chez lui.

Dans ce bref mais dense roman, les rapports maître-élève, le désir et les pulsions, les doutes, la passion, les difficultés d'une relation amoureuse entre hommes sont abordés avec une extrême délicatesse et une remarquable sensibilité. Une mise en scène des tourments affectifs et sensuels où, une fois de plus, on est émerveillé par la maîtrise du sujet, la pureté du style et la clarté de pensée de Stefan Zweig.
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Ce grand classique paru en 1927 n'a pas pris une ride.
La sensibilité et l'intelligence de coeur de Zweig avaient probablement un siècle d'avance sur son époque. L'atmosphère un peu à l'Attrape coeurs de Salinger est remplie de pudeur et au même temps de sincérité.

Freud a rendu hommage à ce récit où sont ficelés avec finesse les troubles de la passion et les déceptions amoureuses. Les sentiments sont au coeur d'une brillante analyse qui met en exergue le noyau insondable des êtres et l'éveil à la vie sentimentale et intellectuelle.

La passion dévorante qui naît de l'admiration et l'exaltation de l'esprit alerte en soif de connaissances, sont relatées avec passion et noircissent des pages aussi douloureuses qu'enchantées remplies d'inconstance et d'arrachement.

La langue est belle, la plume élégante et poétique de Stefan Zweig lui permet de manier les thématiques des deux pôles extrêmes de la vie, la jeunesse et la vieillesse, comme une partition qui se joue en plusieurs tempos.

La soif de connaissance afin d'éviter la morgue de l'esprit est toujours très autobiographique chez l'auteur autrichien.

On en ressort transi par la justesse, la clairvoyance et l'humanité déchirante de Stefan Zweig.


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Stefan Zweig est depuis longtemps un de mes auteurs favoris. J'admire son talent d'écriture, sa plume magnifique, élégante et riche, la finesse de ses analyses psychologiques et sa capacité à raconter des histoires. Ses nombreux romans et nouvelles ne m'ont jamais déçue.

La confusion des sentiments, publié en 1927, est incontestablement un de ceux-là. C'est un des ouvrages les plus connus de l'auteur, un livre référence, touchant, puissant et audacieux pour son époque.

A l'occasion de son soixantième anniversaire, le narrateur Roland de D., professeur de philologie émérite, 30 ans de carrière, reçoit de la part de ses étudiants et collègues de Faculté, un livre d'hommage élaboré avec soin et précision. Une sorte de biographie retraçant intégralement sa vie professionnelle. Rien ne semble y manquer… Articles, comptes-rendus, textes de conférences, allocutions officielles, Et pourtant ! le point de départ, la rencontre primordiale qui a conditionné son existence, ce souvenir intime qu'il a gardé au plus profond de lui-même n'y figure naturellement pas. le vieil homme va donc se pencher sur son passé lointain et c'est un long retour en arrière qu'il nous propose.

Il a 19 ans et, contraint par son père, il vient de s'inscrire à une université provinciale, loin de l'effervescence et des distractions de la capitale, Berlin. Dès son arrivée il est fasciné par un professeur de littérature anglaise, passionné par Shakespeare. Il est subjugué par ses cours et va s'employer, par son travail, à se faire apprécier de lui et à créer avec lui un lien privilégié. Admiratif, exalté et un brin naïf, Roland va vivre une passion destructrice et tomber sous l'emprise du professeur, dont l'attitude et les réactions sont changeantes parfois incompréhensibles passant de l'amitié, voire d'une affection quasi paternelle aux durs reproches et à l'agressivité, qui démoralisent le jeune homme. Les deux personnages, professeur et étudiant, sont en proie au trouble, à une confusion réciproque des sentiments.

Cette relation ambigüe est suggérée et décrite avec pudeur par l'auteur, à une époque où il convient de préserver la moralité dans une société rigide et où l'homosexualité est sévèrement réprimée. Une fois encore j'ai admiré l'écriture de Stefan Zweig, la richesse et l'élégance de sa prose, la finesse et la justesse de ses analyses psychologiques. Les textes sont souvent très denses, avec des phrases démesurées et des paragraphes extrêmement longs, mais le lecteur se laisse prendre à la beauté du style. C'est donc un roman puissant, subtil et touchant que je conseille à tous.

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« Parce que c'était lui, parce que c'était moi. » (Montaigne)

Au moment de recevoir l'hommage de ses pairs pour sa brillante carrière, un vieux professeur de littérature se souvient de l'homme qui lui donna le goût ce cette matière. Il se remémore avec émotion ce passage de sa vie d'étudiant, inconnu de tous, mais qui le marqua à tout jamais.

Arraché par son père à la vie de patachon qu'il comptait mener à la Faculté de Berlin, Roland est envoyé en internat dans une petite université de province. Et là, contre toute attente, lui qui n'était pas attiré par les études se prend de passion pour la littérature anglaise, en la personne du maître qui l'enseigne. Comme il arrive parfois dans la vie d'un élève, l'homme et la matière se confondent dans une sorte de perfection du génie humain. Bientôt, Roland ne peut plus se passer du maître et décide de devenir son assistant dans la rédaction de son livre. Il est même convié par le professeur et sa femme à venir habiter chez eux. S'instaure alors une relation trouble : Roland se rend compte qu'il est attiré par la femme de son maître, tout en étant désorienté par les absences et les brusques sautes d'humeur de ce dernier… Jusqu'à ce que la lumière se fasse enfin et sorte Roland de son aveuglement.

Avec sa précision coutumière, Stefan Zweig décrit dans La confusion des sentiments la fascination que peut éprouver un jeune étudiant pour son professeur, et réciproquement, avec la fougue qui n'existe qu'à 20 ans. En filigrane, il évoque aussi le tabou de l'homosexualité masculine et le scandale que cela suscite dans l'Allemagne du début du XXᵉ siècle. Cette relation à trois presque traitée comme un huis clos entre Roland, le professeur et sa femme, est captivante par le mystère que dégage ce couple si mal assorti. La tension psychologique monte progressivement jusqu'à l'explication finale, véritable mise à nu éblouissante de justesse. « Morceau par morceau, un homme arrachait sa vie de sa poitrine, et en cette heure-là, moi qui étais encore si jeune, j'aperçus pour la première fois d'un oeil hagard, les profondeurs inconcevables du sentiment humain. » (p. 114)

Un roman magistral à tous les sens du terme.
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Rarement un livre aura aussi bien porté son titre.

D'un côté, l'éveil littéraire d'un étudiant au travers des envolées inspirées de son maître ; de l'autre côté, la souffrance de l'homosexualité non assumée. La tragédie s'installe, perdure : on ne lâche pas Zweig comme cela.

Cependant, il me reste un goût amer, peut-être est-ce voulu par l'auteur, je pense que c'est aussi les relents d'une époque : point de compassion pour l'épouse bafouée, reniée par cette passion que l'on pense honteuse. Sa souffrance à elle est décrite comme une violence.

Magnifique tragédie donc, si ce n'est qu'il y a deux poids deux mesures : certaines souffrances ne sont pas assez belles pour être dépeintes.


Lien : https://partagerlecture.blog..
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Difficile de parler de cette "confusion (ou désarroi selon les éditions) des sentiments". Nous ne sommes pas face à une intrigue classique qui emporte des personnages forts. En réalité, ici ils ne sont que trois dont Roland, le narrateur qui expose sa fascination, son admiration et son attirance troublée pour son professeur.

Tout le génie de Stefan Zweig est de décrire, de décomposer sans pathos ni redondance, les mécanismes de ces sentiments à travers des postures, des regards, des silences et des dialogues. C'est réussi même si pour ma part, j'aurai apprécié avoir à lire, un peu plus la version du professeur.
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J'écris court parce que beaucoup de choses élogieuses ont déjà été semées sur la confusion des sentiments, ce texte remarquable. J'ai lu, la confusion des sentiments dans un état quasi hypnotique, à cause du style et de la conception des phrases de M.Zweig.

Il m'apparait que Stefan Zweig surprend la liberté d'aimer, il défend la liberté d'aimer n'importe quel sexe, nous aimons d'abord une personnalité, nous aimons le genre humain, le sexe peut passer après. Ce texte prouve à quel point il est compliqué de parler de sentiments. Deux hommes ensembles peuvent réaliser tellement de choses et abolir autour d'eux et de leur amour, les barrières du jugement incessant des autres.

Encore une pierre étincelante de Stefan Zweig que je n'oublie pas puisqu'elle parle de l'épreuve que traverse les coeurs des hommes et des femmes.
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Le professeur Roland de D. fête son soixantième anniversaire et le trentième dans le professorat. C'est un éminent universitaire gratifié du titre de conseiller honoraire. A cette occasion, ses étudiants et ses confrères lui offrent un livre hommage, une sorte de biographie de deux cents pages mettant en exergue minutieusement sa brillante carrière universitaire : D'innombrables articles, de multiples allocutions y sont consignées, de nombreux noms cités … Pourtant cet ouvrage ne révèle pas ce que le narrateur estime être l'essentiel, la source même de sa destinée professionnelle et ne cite pas le nom de l‘homme qui lui a inculqué cette passionnante vocation.
Il va alors confesser cet épisode de sa vie qui changea sa destinée . Il a dix neuf ans, mène une vie estudiantine de liberté, de bohême chaotique à Berlin, où il passe plus de temps dans les cafés et les lieux de perdition, que sur les bancs de la faculté . Son père découvre cette triste réalité , Roland , contrit , va s'exiler dans une petite cité du centre de l'Allemagne . Là, il va rencontrer un professeur de philologie , passionné par l'oeuvre shakespearienne . Bientôt, son mentor lui fera partagé cette ivresse et l'invitera dans son intimité familiale où il prendra les repas préparé par son épouse , sportive, dynamique, pourtant les relations entre les époux sont distendues.
Mais cet homme a un comportement étrange, déconcertant que Roland ne peut s'expliquer , tant avec lui-même, qu' avec sa jeune-femme, et il disparaît étrangement pendant plusieurs jours. Roland en est profondément troublé. Amitié, idolâtrie, dévotion filiale, spiritualité , sont les mots évidents pour expliquer la confusion des sentiments ressentis, ceux engendrés par la passion , celle de la passion amoureuse , de toute évidence .
Le lecteur comprend très vite que ce professeur est homosexuel , qu'il est attiré par ce jeune garçon talentueux , qui l'admire. Ici on peut parler de pédérastie au sens étymologique, celle qui s'applique à la relation particulière intellectuelle , quasi mystique , en toute retenue , entre cet homme mûr et ce jeune garçon encore bien innocent malgré les quelques expériences tumultueuses déjà vécues « Un enfant, un nigaud d'enfant qui ne remarque rien, ne voit rien et ne sait rien » lui dira l'épouse de cet enseignant , mais, bien sûr, rien ne lui sera révélé jusqu'à cette nuit où tombera le voile cachant la troublante, la terrible vérité .
Un récit tout en finesse , où les souffrances d'une double vie contrainte affleurent, et viennent nous percuter .



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Il est difficile de parler de cette lecture sans dévoiler tout ou partie des arguments de ce récit.
Difficile également à apréhender en raison de l'évolution des moeurs, de l'expression des règles écrites et surtout non écrites qu'il faut tenter de percevoir tout au long de la narration.
Sans un effort de transposition il sera compliqué de comprendre le pourquoi de cette confusion des sentiments, et surtout leur puissance dévastatrice.
Pour en revenir à l'histoire, je suis vraiment impressionné par le talent de Sweig, cette sensibilité et cette facilité à transporter le lecteur qui n'a aucun mal à visualiser les scènes et les vivre avec l'émotion qui serait celle d'un témoin oculaire.
J'ai trouvé cette lecture vivante et souvent captivante, une fois le livre fermé, je me suis dit que cela m'avait un peu fait penser aux montagnes russes, parfois lent, puis intense. Sweig trouve le ton juste pour parler de la nature passionnée et excessive des adolescents, je vais continuer à le lire avec intérêt.
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