Stefan Zweig est depuis longtemps un de mes auteurs favoris. J'admire son talent d'écriture, sa plume magnifique, élégante et riche, la finesse de ses analyses psychologiques et sa capacité à raconter des
histoires. Ses nombreux romans et nouvelles ne m'ont jamais déçue.
La confusion des sentiments, publié en 1927, est incontestablement un de ceux-là. C'est un des ouvrages les plus connus de l'auteur, un livre référence, touchant, puissant et audacieux pour son époque.
A l'occasion de son soixantième anniversaire, le narrateur Roland de D., professeur de philologie émérite, 30 ans de carrière, reçoit de la part de ses étudiants et collègues de Faculté, un livre d'hommage élaboré avec soin et précision. Une sorte de biographie retraçant intégralement sa vie professionnelle. Rien ne semble y manquer… Articles, comptes-rendus, textes de conférences, allocutions officielles, Et pourtant ! le point de départ, la rencontre primordiale qui a conditionné son existence, ce souvenir intime qu'il a gardé au plus profond de lui-même n'y figure naturellement pas. le vieil homme va donc se pencher sur son passé lointain et c'est un long retour en arrière qu'il nous propose.
Il a 19 ans et, contraint par son père, il vient de s'inscrire à une université provinciale, loin de l'effervescence et des distractions de la capitale, Berlin. Dès son arrivée il est fasciné par un professeur de littérature anglaise, passionné par
Shakespeare. Il est subjugué par ses cours et va s'employer, par son travail, à se faire apprécier de lui et à créer avec lui un lien privilégié. Admiratif, exalté et un brin naïf, Roland va vivre une passion destructrice et tomber sous l'emprise du professeur, dont l'attitude et les réactions sont changeantes parfois incompréhensibles passant de l'amitié, voire d'une affection quasi paternelle aux durs reproches et à l'agressivité, qui démoralisent le jeune homme. Les deux personnages, professeur et étudiant, sont en proie au trouble, à une confusion réciproque des sentiments.
Cette relation ambigüe est suggérée et décrite avec pudeur par l'auteur, à une époque où il convient de préserver la moralité dans une société rigide et où l'homosexualité est sévèrement réprimée. Une fois encore j'ai admiré l'écriture de
Stefan Zweig, la richesse et l'élégance de sa prose, la finesse et la justesse de ses analyses psychologiques. Les textes sont souvent très denses, avec des phrases démesurées et des paragraphes extrêmement longs, mais le lecteur se laisse prendre à la beauté du style. C'est donc un roman puissant, subtil et touchant que je conseille à tous.
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