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Citations sur Le Monde d'hier : Souvenirs d'un Européen (279)

Seul ce qui est refusé occupe le désir,seul ce qui est interdit irrite la convoitise,et moins les yeux avaient à voir,les oreilles à entendre,plus la pensée se repaissait de rêves.
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Être seul à aimer quelqu'un, c'est toujours aimer deux fois plus.
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Déjà parvenu à l'âge où d'autres étaient mariés depuis longtemps, avaient des enfants et une position importante et devaient s'éfforcer, avec la dernière énergie, de tirer d'eux le maximum, je me considérais toujours comme un jeune homme, un novice, un débutant qui a encore un temps infini devant lui, et j'hésitais à me lier en quelque façon que ce fût à rien de définitif. Et de même que je ne considérais mes travaux que comme des préparations à mon oeuvre véritable, comme une carte de visite qui se bornait à annoncer mon existence à la littérature, ma demeure, provisoirement, ne devait guère être qu'une adresse.

(p.194)
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Paris n'offrait qu'une juxtaposition de contrastes, point de haut ni de bas: aucune frontière invisible ne séparait les artères luxueuses des passages crasseux, et partout régnaient la même animation et la même gaieté. Les musiciens ambulants jouaient dans les cours des faubourgs, par les fenêtres on entendait chanter les midinettes à leur travail; toujours retentissait quelque part dans les airs un éclat de rire ou un appel cordial; quand par hasard deux cochers " s'engeulaient", ils finissaient par se serrer la main, buvaient un verre ensemble et l'accompagnaient de quelques huitres, qu'ils payaient un prix dérisoire. Rien de pénible ou de guindé... Ah ! que la vie était dépourvue de pesanteur à Paris, qu'elle était bonne, surtout si l'on était jeune !

(p.158)
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...aux séances du Parlement, tout se passait comme aux soirées de discussion d'un club élégant. Grâce à leur foi libérale en un monde qui devait nécessairement progresser par la tolérance et la raison, ces démocrates bourgeois croyaient vraiment assurer le bonheur de tous les sujets de la monarchie par de petites concessions ou des améliorations successives. Mais ils avaient complètement oublié qu'ils ne représentaient que les cinquante ou cent mille citoyens aisés des grandes villes et non pas les centaines de milliers et les millions du pays tout entier.

(p.81)
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Fière de son "progrès" systématique, de son ordre, la société bourgeoise proclamait que la modération et la tranquillité étaient les seules vertus humaines efficaces; il fallait éviter toute hâte à nous pousser de l'avant... Les jeunes gens, puisque d'instinct ils souhaitent toujours des transformations rapides et radicales, passaient pour un élément suspect qu'il fallait maintenir le plus longtemps possible à l'écart et dans une position subalterne .

(p.51)
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Pour la première année de cette liberté conquise, je m'étais promis de m'offrir Paris. Je ne connaissais que superficiellement cette ville inépuisable pour m'y être déjà rendu deux fois et je savais qu'un jeune homme y ayant vécu un an en emporte pour la vie un souvenir de bonheur incomparable. Nulle part, on ne sentait, par tous ses sens éveillés, une identité aussi forte entre sa jeunesse et l'atmosphère que dans cette ville qui se donne à tous et dont aucun ne peut faire complètement le tour.
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L’art peut nous consoler chacun en particulier, mais il ne peut rien contre la réalité.
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jamais je n'ai davantage aimé notre vieille terre que durant ces dernières années d'avant la Première Guerre mondiale, jamais je n'ai espéré davantage l'unification de l'Europe, jamais je n'ai cru davantage en l'avenir que dans ces temps où nous pensions apercevoir une nouvelle aurore. Mais c'était déjà, en réalité, la lueur de l'incendie qui allait embraser le monde.

(p.230)

Nous sommes entrés dans une époque de grands sentiments de masse, d'hystéries collectives, dont on ne peut encore absolument pas prévoir la puissance en cas de guerre.

(p.252)
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Enveloppés dans le cocon de leur sécurité, de leur fortune, de leur confort, combien peu ils ont su que la vie peut être aussi démesure et tension, cela peut nous surprendre éternellement et nous arracher à tous nos gonds ; dans leur libéralisme et leur optimisme touchants, combien peu ils ont soupçonné que le jour qui commence à poindre à la fenêtre peut briser notre vie. Même dans les nuits les plus noires, ils ne pouvaient concevoir en rêve combien l'homme peut devenir redoutable, mais aussi combien il a de force pour affronter les dangers et surmonter les épreuves. Nous, jetés à travers tous les rapides de l'existence, nous, arrachés à tout enracinement, nous qui recommençons à partir de rien chaque fois que nous sommes acculés à une impasse, nous, victimes mais aussi serviteurs volontaires de puissances mystiques inconnues, nous, pour qui le bien-être est devenu une légende et la sécurité un rêve puéril, nous avons éprouvé dans chacune des fibres de notre corps la tension d'un pôle à l'autre et le frisson de l'éternelle nouveauté.
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