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Citations sur Le Monde d'hier : Souvenirs d'un Européen (279)

Mais qu'est-ce donc que la culture si ce n'est d'extraire de la matière brute de la vie ce qu'elle a de plus fin, de plus délicat, de plus subtil par les douceurs de l'art et de l'amour ?

Seul celui qui a appris de bonne heure à élargir son âme est capable, plustard, de saisir en lui-même la totalité du monde.
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Mais peut-être une puissance plus profonde, plus mystérieuse, était-elle aussi à l’oeuvre sous cette ivresse. Cette houle se répandit si puissamment, si subitement sur l’humanité que, recouvrant la surface de son écume, elle arracha des ténèbres de l’inconscient, pour les tirer au jour, les tendances obscures, les instincts primitifs de la bête humaine, ce que Freud, avec sa profondeur de vues, appelait « le dégoût de la culture », le besoin de s’évader une bonne fois du monde bourgeois des lois et des paragraphes, et d’assouvir les instincts sanguinaires immémoriaux. Peut-être ces puissances obscures avaient-elles aussi leur part dans cette brutale ivresse de l’aventure et la foi la plus pure, la vieille magie des drapeaux et des discours patriotiques — cette inquiétante ivresse des millions d’êtres, qu’on peut à peine peindre avec des mots et qui donnait pour un instant au plus grand crime de notre époque un élan sauvage et presque irrésistible
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Seul un livre qui, constamment, page après page, se maintient au niveau le plus élevé et vous entraîne tout d'un trait jusqu'à la dernière page sans vous laisser le temps de respirer me donne un plaisir sans mélange
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Pour moi, l'axiome d'Emerson, que les bons livres remplacent la meilleure université, est restée inébranlablement valable, et je suis toujours persuadée que l'on peut devenir un excellent philosophe, historien, philologue, juriste ou tout ce qu'on voudra, sans avoir mis les pieds à l'université, ni même au lycée.
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Nous autres jeunes gens, dans le cocon de nos ambitions littéraires, remarquions peu de chose de ces dangereuses transformations dans notre patrie ; nous n'avions d'yeux que pour les livres et les tableaux. Nous ne prêtions pas le moindre intérêt aux problèmes politiques et sociaux. Que signifiaient dans notre vie ces violentes querelles ? La ville s'agitait à l'approche des élections, et nous allions dans les bibliothèques. Les masses se levaient, et nous écrivions et discutions des poèmes. Nous ne voyions pas les signes de feu inscrits sur le mur et, inconscients comme jadis le roi Balthazar, nous nous gorgions de tous les mets délicieux de l'art, sans jeter vers l'avenir des regards anxieux. Et c'est seulement lorsque, des dizaines d'années plus tard, toits et murailles s'effondrèrent sur nos têtes que nous reconnûmes que les fondations étaient depuis longtemps sapées, et qu'avec le siècle nouveau avait débuté la ruine de la liberté individuelle en Europe.
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Il ne m'a servi à rien d'avoir exercé près d'un demi-siècle mon coeur à battre comme celui d'un " citoyen du monde". Non, le jour où mon passeport m'a été retiré, j'ai découvert à cinquante-huit ans, qu'en perdant sa patrie on perd plus qu'un coin de terre délimité par des frontières.
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"C'est toujours la même clique éternelle à travers les âges de ceux qui appellent lâches les plus prudents et faibles les plus humains"
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Cela reste une loi inéluctable de l'histoire : elle défend précisément aux contemporains de reconnaître dès leurs premiers commencements les grands mouvements qui déterminent leur époque. C'est ainsi que je ne puis me rappeler quand j'ai entendu pour la première fois le nom d' Adolf Hitler, ce nom que nous nous voyons à présent obligés depuis des années de penser ou de prononcer chaque jour, presque à chaque seconde, à propos de quelque conjoncture, le nom de l'homme qui a apporté le plus de calamités dans notre monde qu'aucun autre au cours des âges.
"Incipit Hitler" (p.439)
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En 1938, après les événements d'Autriche, notre monde s'était déjà accoutumé à l'inhumanité, à l'injustice et à la brutalité comme jamais il ne l'avait fait auparavant pendant des centaines d'années. Tandis qu'autrefois ce qui s'est produit dans cette malheureuse ville de Vienne aurait suffi à faire mettre les criminels au ban de l'humanité, la conscience universelle se tut, en cette année 1938, ou se borna à murmurer un peu, avant d'oublier et de pardonner.
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Des innombrables énigmes insolubles de l'univers, c'est quand même le mystère de la création qui demeure la plus insondable et la plus mystérieuse.
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