AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le voyage dans le passé (117)

n’étaient-ils pas eux-mêmes ces ombres qui cherchaient leur passé et adressaient de sourdes questions à un autrefois qui n’existait plus, des ombres, des ombres qui voulaient devenir vivantes et n’y parvenaient plus, car ni elle ni lui n’étaient plus les mêmes et ils se cherchaient pourtant, en vain, se fuyant et s’immobilisant, efforts sans consistance et sans vigueur, comme ces noirs fantômes devant eux ? (p.102)
Commenter  J’apprécie          40
En vieillissant, on cherche sa propre jeunesse et on éprouve des joies stupides à partir de petits souvenirs. (p.73)
Commenter  J’apprécie          10
C’est ce qui arriva aussi à cet être passionné, sans qu’il s’en aperçut – quand les semaines, les mois et finalement une année, puis une deuxième, s’écoulèrent sans que lui parvinssent un mot, un signe d’elle ; alors son image commença peu à peu à s’estomper. Chaque jour consumé dans le travail déposait quelques petites poussières de cendre sur son souvenir ; il rougeoyait encore, comme des braises sous le gril, mais, finalement, la couche grise ne cessait de s’épaissir. (p.59)
Commenter  J’apprécie          00
"Ce n'est pas lui qui l'avait attirée à lui, ni elle à elle, ils étaient tombés dans les bras l'un de l'autre, comme emportés ensemble par une tempête, l'un avec l'autre, l'un dans l'autre plongeant dans un inconnu sans fond, dans lequel sombrer était un évanouissement à la fois suave et brûlant - un sentiment trop longtemps endigué se déchargea, enflammé par le magnétisme du hasard, en une seule seconde.
Et ce n'est que peu à peu, lorsque leurs lèvres collées se détachèrent, qu'encore pris de vertige devant le caractère invraisemblable de l'événement il la regarda dans les yeux, des yeux d'un éclat inconnu derrière leur tendre obscurité."
Commenter  J’apprécie          20
Et pourtant : alors qu’il s’imaginait encore n’en jamais pouvoir aimer qu’une, les rets de sa passion se défirent peu à peu en lui. Il n’est pas dans la nature humaine de vivre solitaire, de souvenirs et, de même que les plantes , et tous les produits de la terre, ont besoin de la force nutritive du sol et de la lumière du ciel, qu’ils filtrent sans relâche, afin que leurs couleurs ne palissent pas et que leur corolle ne perde pas des pétales en fanant ainsi, les rêves eux-mêmes, même ceux qui semblent éthérés, doivent se nourrir un peu de sensualité, être soutenus par de la tendresse et des images, sans quoi leur sang se fige et leur luminosité pâlit. C’est ce qui arriva aussi à cet être passionné, sans qu’il s’en aperçût – quand les semaines, les mois et finalement une année, puis une deuxième s’écoulèrent sans que lui parvinssent un mot, un signe d’elle ; alors son image commença peu à peu à s’estomper. Chaque jour consumé dans le travail déposait quelques petites poussières de cendre sur son souvenir ; il rougeoyait encore, comme des braises sous le gril, mais, finalement, la couche grise ne cessait de s’épaissir
Commenter  J’apprécie          40
Le rêveur releva machinalement les yeux, délaissant ses pensées pour regarder autour de lui, et chercha à percer l'obscurité, à reconnaître, penchée vers lui, la silhouette de son rêve, tout alanguie dans la pénombre. Oui, elle était bien là, celle qui lui avait toujours été fidèle, qui l'aimait en silence, elle était venue, avec lui, à lui - il ne se lassait pas d'embrasser ce qu'il pouvait saisir de sa présence.
Commenter  J’apprécie          00
Ce n'est pas lui qui l'avait attirée à lui, ni elle à elle, ils étaient tombés dans les bras l'un de l'autre, comme emportés ensemble par une tempête, l'un avec l'autre, l'un dans l'autre plongeant dans un inconnu sans fond, dans lequel sombrer était un évanouissement à la fois suave et brûlant- un sentiment trop longtemps endigué se déchargea, enflammé par le magnétisme du hasard, en une seule seconde.
Commenter  J’apprécie          50
Sans un mot, ils furent enveloppés d'une gêne qui les paralysa, d'autant plus sensible dans cette pièce inoccupée et silencieuse : elle se précipita nerveusement vers le cordon de la fenêtre pour relever les rideaux et laisser entrer plus de lumière sur l'obscurité feutrée des choses. Mais dès qu'un brusque jet de lumière crue fit irruption dans la pièce, ce fut comme si les objets étaient soudain doués d'un regard et, inquiets, effrayés, s'animaient. Tous, ils s'avançaient, éloquents, porte-parole importuns d'un souvenir. Ici, l'armoire, que sa main prévenante avait toujours discrètement mise en ordre pour lui, là-bas, la bibliothèque qui s'était méthodiquement remplie selon ses désirs les plus fugaces - parlant un langage plus voluptueux encore - le lit, qui renfermait, il le savait, sous sa couverture déployée, un nombre incalculable de ses rêves. Dans le coin, là-bas - cette pensée l'atteignit, ardente - l'ottomane, où autrefois elle s'était refusée à lui : partout il sentait, ravivés par sa passion désormais brûlante, incandescente, des signes et des messages qui venaient d'elle, de cette femme qui était à côté de lui, respirant en silence, violemment étrangère, insaissisable. Et ce silence qui régnait depuis des années, épais et accumulé dans cette pièce, enflait désormais considérablement, comme effrayé par la présence d'êtres humains ; il ressentait un poids qui oppressait ses poumons et son coeur accablé.
Commenter  J’apprécie          00
Dès leur première rencontre, il l'avait aimée, mais ce sentiment, qui le submergeait jusque dans ses rêves, avait beau être une passion absolue, il lui manquait néanmoins l'événement décisif qui viendrait l'ébranler, c'est-à-dire la claire prise de conscience que ce qu'il recouvrait, se dupant lui-même, du nom d'admiration, de respect et d'attachement, était déjà pleinement de l'amour, un amour fanatique, une passion effrénée, absolue. Mais une espèce de servilité en lui réprimait violemment cette prise de conscience : elle lui semblait si lointaine, trop haute, trop distante, cette femme radieuse, ceinte d'un halo d'étoiles, cuirassée de richesses, de tout ce qu'il avait expérimenté de la féminité jusqu'ici. Il aurait ressenti comme un blasphème d'admettre qu'elle aussi était assujettie au sexe et à la même loi du sang que les quelques autres femmes que sa jeunesse d'esclave lui avait accordées, que cette fille de ferme qui avait ouvert sa porte au précepteur, juste une fois, curieuse de voir si l'étudiant s'y prenait d'une autre manière que le cocher et le valet, ou que cette couturière qu'il avait rencontrée dans la pénombre des réverbères en rentrant chez lui. Non, là c'était autre chose. Elle irradiait depuis une autre sphère où le désir n'était pas de mise, pure et immaculée, et même le plus passionné de ses rêves n'avait pas la hardiesse de la dévêtir. Troublé comme un enfant, il s'attachait au parfum de sa présence, jouissant de chacun de ses mouvements comme d'une musique, heureux de la confiance qu'elle lui témoignait et constamment effrayé à l'idée de trahir si peu que ce fût quelque chose du sentiment excessif qui l'agitait : sentiment qui n'avait pas encore de nom, mais qui s'était constitué depuis longtemps et s'attisait à demeurer tapi.
Commenter  J’apprécie          110
Cependant l'amour ne devient vraiment lui-même qu'à partir du moment où il cesse de flotter, douloureux et sombre, comme un embryon, à l'intérieur du corps, et qu'il ose se nommer, s'avouer du souffle et des lèvres. Un tel sentiment a tant de mal à sortir de sa chrysalide, qu'une heure défait toujours d'un coup le cocon emmêlé et qu'ensuite, tombant de tout son haut dans les plus profonds abîmes, il s'abat, avec une force décuplée, sur un cœur terrorisé.
Commenter  J’apprécie          50






    Lecteurs (2161) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Le joueur d'échec de Zweig

    Quel est le nom du champion du monde d'échecs ?

    Santovik
    Czentovick
    Czentovic
    Zenovic

    9 questions
    1892 lecteurs ont répondu
    Thème : Le Joueur d'échecs de Stefan ZweigCréer un quiz sur ce livre

    {* *}