Pixinguinha ou la singularité d'une écoute mène sur les traces d'un musicien brésilien célèbre au début du vingtième siècle à qui l'on attribue la paternité du choro, en tant que style musical populaire au Brésil. Artiste de génie, Pixinguinha, que je ne connaissais pas avant d'avoir ouvert ce livre, était compositeur, instrumentiste et flûtiste virtuose, arrangeur et a participé à la naissance de l'industrie musicale de son pays.
Virginia de Almeida Bessa, l'auteur, est historienne sociale, son travail est riche, très documenté, d'une précision technique qui ravira les virtuoses du solfège, de la double croche et des trilles. En arrière-plan, se dresse aussi le panorama d'une société brésilienne en quête d'identité, encore dominée par les blancs, descendants des colons européens, même si progressivement elle brassera toutes ses origines. La musique populaire participera de l'émancipation des Noirs, de leur acceptation et ascension sociale et de la fondation des racines d'une brasilianité, qui ne peut être que multiethnique.
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Dans une société encore fortement marquée par les préjugés raciaux, il semblait ne pas y avoir de place pour les Noirs, qui cherchaient à s’insérer ou à intervenir dans la contemporanéité. Il ne leur reviendrait que le mérite d’avoir formé le « creuset racial » dont naîtra le peuple brésilien, tout comme la mission de raviver les anciens « us et chants » des « populations d’esclaves africains », conformément à ce que proposaient les folkloristes de l’époque.