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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Arrivé à Barcelone encore adolescent, Isaïe a lutté d'arrache-pied pour gagner son droit au bonheur. Il s'apprête à connaître les joies de la paternité et pense avoir tourné le dos pour toujours à une Afrique féroce qui embrigade des enfants. Quand il reconnaît, dans l'embrasure de son atelier, un ancien camarade (ou plutôt frère d'armes), il perçoit d'instinct que sa paisible existence vient de voler en éclats. L'émissaire exerce désormais des fonctions officielles, et Isaïe se laisse convaincre de retourner en Ouganda afin de participer à une conférence sur la réconciliation nationale.
Mais à peine arrivés à Kampala, sa femme est enlevée...


C'est par un incessant aller-retour entre passé et présent que l'auteur nous embarque dans la vie d'Isaïe, Ougandais d'origine et réfugié à Barcelone.
Une vie cassée, fracturée dans sa courte période d'adolescent, propulsée au coeur des ténèbres. Un récit conté à la première personne par Isaïe lui-même qui ne cache aucune émotion, aucun détail de sa vie et de son enrôlement, aucun fait même le plus sordide.
C'est un roman éprouvant mais riche car il questionne sur la mémoire, sur les souvenirs que l'on garde ou que l'on transforme pour les rendre acceptables et ceux que l'on veut oublier, sur ses actes voulus ou subis, et sur la construction de soi. Un roman aussi sur l'innocence et la culpabilité, sur l'envie de comprendre, de pardonner et de se pardonner. Un roman sur le destin d'un enfant-soldat victime et bourreau, sur lequel plane l'ombre de Joseph Conrad et de son roman « au coeur des ténèbres ».

Un livre glissé entre mes mains, avec moult recommandations, par le propriétaire de la petite librairie Opuscule de Montpellier que je remercie. de son coup de coeur, j'en ai fait le mien.
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Suite à une longue guerre , un homme d'origine ougandaise vivant en Espagne est contacté pour participer à la conférence de réconciliation. Pas vraiment décidé à y aller il finit par accepter et s'y rend avec sa femme.

Le retour en Ouganda est difficile, l'homme n'est pas innocent pas plus que beaucoup de ceux qui l'entoure, des fantômes reviennent et demandent des comptes.

Quelle guerre ! Quelle folie ! Comme pour le Rwanda et le Burundi tout proches , le conflits commence sur des querelles de groupes, ceux du nord/ceux du sud, les grands/les petits, ceux comme ci/ ceux comme ça , bref la division, l'envie, la jalousie sont de bons déclencheurs de conflits. Dans un pays peu structuré et très corrompu les feux démarrent vite et après il n'y a plus personne pour les éteindre.

Ce qui fait la particularité de cette guerre c'est la personnalité du leader de l'opposition qui est fou à lier , mélangeant dans un grand délire magie et religion et recouvrant le tout d'un épais tapis de cruauté mais qui fédère suffisament pour avoir de bons petits soldats. Des soldats qui ne sont bien souvent que des gamins enlevés, embrigadés, drogués, battus, violés , exploités ... Comment oui vraiment comment ces pauvres gamins peuvent-ils avoir un avenir hors de la guerre, comment se sont-ils construits et qui peuvent-ils devenir... je ne sais pas .

Le récit est dur, cruel car ce qu'il raconte est ainsi mais l'auteur arrive à avoir une écriture juste et à bonne distance qui rend ce livre excellent malgré le sujet. Un auteur que je retrouve pour la seconde fois et vers qui je reviendrais.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Mais comme je suis sortie sonnée par la lecture de ce roman ! Comment qualifier ce roman d'ailleurs ? L'étiquette « roman noir » que les français ont collé à l'auteur ne se justifie pas. Roman historique ? Thriller historique ? L'auteur nous fait découvrir une partie absolument atroce de l'histoire du XXème siècle et met en lumière l'infame Joseph Kony. L'auteur nous raconte la vie de Isaías Yower, jeune ougandais qui a fui son pays pour rejoindre l'Espagne (près de 9000 kms !). le contexte est absolument hallucinant de violence, mais rien n'est inventé. Enfin si : l'histoire avec le petit « h » d'Isaías mais le contexte historique est réel. Et c'est d'une violence insoutenable. le livre se déroule sur deux époques : la jeunesse d'Isaías et son retour en Uganda pour témoigner lors d'un congrès. Au début du roman, Isaías vit une vie heureuse avec sa famille (sa mère, son père, sa grand-mère, sa soeur, son petit-frère) puis sa vie bascule dans l'horreur. Il sera enlevé, séquestré, « dressé », de victime deviendra bourreau, fera partie de ce qu'on appelle les enfants-soldats. Il tuera, massacrera, aimera aussi, devra faire des choix. Et il prendra la fuite, rejoindra l'Espagne, la ville de Barcelone où il refera sa vie, deviendra un autre (en apparence). Mais le passé est toujours là, bien enfoui au fond de lui. Et viendra le moment où le passé va se rematérialiser devant ses yeux, en la personne d'Emmanuel K qui l'invite à venir participer à un Congres en Uganda. Il va devoir affronter son passé, se raconter pour le faire sortir, se l'approprier, l'accepter et enfin l'intégrer et vivre avec. Il va du même coup devoir le raconter à ceux qui ne connaissaient pas sa vie d'avant, la future mère de son bébé en particulier. Ce roman n'est pas qu'un roman sur la tragédie des enfants-soldats, ces machines de guerre qui sont de fait des victimes avant d'être des criminels. C'est aussi un roman sur tous les enfants à qui l'on a volé leur enfance ; tous les enfants maltraités, battus, vendus, exploités, endoctrinés. Il en faut du courage pour s'accepter, comprendre qu'il n'est pas coupable de tout mais qu'il est aussi victime, du courage pour aller de l'avant et d'accepter le passé (un peu comme Miguel et Helena- le couple de « Par-delà la pluie » – mais la similitude s'arrête là).

Son retour sur les terres de son enfance est marqué par un accueil hostile et alors que les fantômes du passé surgissent, ils ne sont pas les seuls. Emergent aussi du passé les hommes qui l'ont façonné et qui vont réapparaitre, en chair et en os. Je ne vais pas vous raconter la suite mais croyez-moi, il y a de l'action. On est au coeur de l'Afrique : L'Afrique avec ses traditions, ses légendes, ses sorciers, ses croyances. « L'homme est un loup pour l'homme » disait Hobbes. Dans ce roman le loup c'est transformé en lycaon et c'est encore bien plus dangereux !

Ce roman n'est pas un roman sur la vengeance ( un peu quand même parfois) mais sur l'acceptation de soi; il dénonce des atrocités ; comme dans tous ses romans, le passé, les racines sont des thèmes récurrents ; le thème du racisme qui est bien présent. Racisme antinoir, racisme antiblanc, racisme contre l'étranger. le thème du migrant est là aussi, la difficulté de fuir son pays, la pénibilité du voyage, la difficulté de se faire accepter à l'arrivée. L'amour est présent aussi avec Lowino et Lucía ; la trahison et la violence sont omniprésentes. le thème de la famille est aussi bien là : la filiation, les conflits parents/enfants, les rapports frère/soeur. Sans oublier le thème de la faute, de la culpabilité, de la rédemption.

A chaque roman Victor del Arbol repousse les limites et il vient de franchir une nouvelle dimension. Un livre que je recommande vivement mais dont vous ne ressortirez pas indemne ! Plus qu'à attendre qu'il sorte en français pour ceux qui ne lisent pas l'espagnol…

Interview sur la RTS : Point de fuite: Victor del Árbol: avant les années terribles – Radio – Play RTS
Lien : https://www.cathjack.ch/word..
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Un excellent roman qui traite de nombreux sujets d'actualité, les enfants soldats, le fanatisme, l'esclavage moderne, la violence faite aux femmes etc...
Il figure à présent dans mon top 3 des romans consacrés à l'Afrique avec "Un Turbulent Silence" d'André Brink et "Les Fils du Ciel" de Philippe Morvan. Ils ont en commun le fait d'avoir été écrit par des auteurs blancs, mais qui ont choisi des héros noirs ou métis, ce qui apporte à l'intrigue une certaine distance d'autant plus romanesque et qui est un vrai plus je trouve. Voilà, un vrai coup de coeur !
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Il semble que Victor del Arbol soit devenu pour moi un auteur incontournable.
C'est la troisième fois que je le lis et je retrouve une nouvelle fois une certaine "sécurité" de lecture. La garantie que son style, le rythme et l'histoire ne me décevrons pas.
Pari gagné avec ce roman qui nous prend aux tripes et ne nous lâche plus. Que ce soit sur le fond comme sur la forme, j'y retrouve ce rythme de lecture élevé, l'intensité des mots et des situations, la profondeur des personnages et surtout une histoire captivante empreinte d'actualité, de violence et de réalisme.
C'est un réel envoûtement que nous offre V.d.A avec un enchaînement de chapitres qui, bien que séparés dans le temps, se mêlent les uns aux autres sans jamais nous perdre. Une plongée au coeur de conflits armés, familiaux, sentimentaux et diplomatiques aussi douloureuse que passionnée qui ne nous épargne aucune horreur. L'auteur ne fait aucune concession quant au rôle de chacun, n'épargne aucune sensibilité et nous immerge totalement dans cette intrigue étouffante et douloureuse.
Ce récit marque notre esprit comme le fouet marque la peau des enfants soldats.
Bonne lecture.
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Roman historique, roman noir, thriller historique, "Avant les années terribles" de Victor del Arbol c'est tout cela à la fois.

Dans un récit où les chapitres oscillent entre le passé et le présent, nous suivons Isaïe, aujourd'hui réparateur de vélo en Espagne et ancien enfant soldat dans l'armée de Joseph Kony au Ouganda. Essayant depuis des années de mettre les traumatismes de son passé derrière lui, le voilà sur le devant de la scène pour un discours censé parler de paix et de rédemption. Mais revenir sur les terres de son enfance fut sa plus grande erreur quand sa jeune épouse enceinte se fait kidnapper par Kony, l'homme qui lui a déjà tant prix.

Isaïe va tout faire pour retrouver sa femme et se retrouve malgré lui encore une fois enrôlé de force dans une guerre politique qui ne le concernait plus.
Impossible désormais de laisser de côté les horreurs de son enfance, Isaïe va devoir les affronter et accepter qu'elles fassent partie de lui.

Un roman absolument bouleversant sur une partie sombre de l'histoire de l'Afrique, qui relate les atrocités faites aux enfants au nom de la religion et de la politique, mais qui est aussi l'histoire d'un homme en quête de paix et de liberté.
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Traduit de l'espagnol par Claude Bleton.
Un nouveau roman de Victor del Arbol est toujours très attendu.
Romans noirs sur le thème de la guerre civile espagnole, sur la filiation, sur l'amour aussi, c'est toujours avec une plume magnifique et experte que l'auteur nous raconte ses histoires, qu'elles soient passées ou présentes.
Dans Avant les années terribles, Victor del Arbol change de continent et nous emmène, accompagnés d'Isaïe en Ouganda, au coeur d'une Afrique noire emplie de trafics en tous genres, de guerres ethniques, religieuses qui perdurent depuis des décennies.
Son personnage central, Isaïe, y retourne, des années après l'avoir fuie et avoir refait, le pense-t-il, sa vie en Espagne. Incité à une conférence dans son pays natale pour dénoncer ce qu'on appelle les « enfants-soldats », il va devoir, pour sauver la femme qu'il aime, retourner dans son passé où de victime, il est passé bourreau, enfant-soldat lui aussi.
Alors, bien évidemment, j'ai pensé au roman de Laurent Guillaume, lu il y a quelques semaines, Un coin de ciel brûlait, qui se déroule en Sierra Léone et aborde déjà le thème des enfants-soldats.
Plus psychologique et moins musclé que le roman de Laurent, il n'en reste pas moins un texte réellement prenant, passionnant, avec des personnages criants de vérité.
Victor del Arbol alterne les époques dans son roman, passant de l'année 1992 où tout a commencé à ces dernières années. Si je ne suis pas une adepte des va et vient dans les romans, chose qui me perd très vite, ce texte-ci le demande tant les deux déroulements sont mêlés. Tout comme Isaïe, on revit son passé afin de retrouver sa femme, enlevée pour le contraindre à faire tomber l'un des principaux « dresseur » d'enfants-soldats. C'est tout une partie de l'histoire de ce pays mais aussi de ses pays frontaliers.
C'est encore une fois une belle lecture, enrichissante, comme souvent quand on lit cet auteur.

Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Mondernier livre de l'année.
Je croyais avoir tout lu de Victor del Arbol, eh bien j'étais passé à travers celui là.
Trouvé par hasard à la bibliothèque de ma ville, j 'ai lu ce roamn avec grand intérêt. Parce qu'il se passait en partie en Ouganda, pays relativement méconnu dans nos espaces médiatiques où, pourtant il s'est passé des événements terribles il y a 40 ans environ.
C'est ce que raconte ce roman entre deux époques. Celle actuelle 2016 et celle où le personnage principal du roman est enrôlé de force avec son petit frère dans une guerilla essentiellement faite d'enfants soldats.
L'auteur nous fait rentrer dans cet environnement de folie, dans lequel les sentiments non aucune place et où les perversions les plus atroces existent tous les jours. En 2016 le personnage revient dans son pays pour relater ces années d'enfants soldats et surtout pour témoigner. Mais voilà le passé n'est jamais vraiment très loin et le pays malgré son ouverture vers le monde occidental, vers une relative paix, traine encore ses scories du passé. Les mercenaires qui n'ont pas oubliés, les repentis qui sont au pouvoir et les vengeance personnelles qui persistent.
Magnifique roman-témoignage(?) qui montre bien que la plume de Victor del Arbol peut s'exprimer sur tous les terrains.
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Terrible, addictif, envoûtant... En trois adjectifs, je vous livre mes impressions à chaud de ce roman que j'ai eu du mal à lâcher...

L'histoire se déroule au travers de chapitres successifs sur deux périodes, présent et passé, d'un même acteur, un jeune homme, Ougandais, vivant actuellement en Espagne mais dont la jeunesse a été horriblement éprouvante.

L'auteur nous renvoie dans une horde d'illuminés qui embrigadent des enfants avant de les modeler.
Une armée de dieu, qui mélange foi chrétienne avec paganisme local, qui vante les vertus du sacrifice des albinos...

Terrible roman, qui, sans ménager le lecteur ou atténuer l'horreur, dévoile tous les aspects de ces guérillas d'enfants, sans rentrer dans la psychologie de comptoir.

Bien mené, ce roman fait rattraper le présent par le passé et la lecture en est vraiment fluide et les mots choisis.

Le demi point manquant est pour la narration du présent qui présente beaucoup de rebondissements, sans être complètement irréaliste.

Je n'avais rien lu de l'auteur mais visiblement j'ai raté des polars,des navets et un autre superbe roman... Donc à bientôt....
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C'est un roman terrible que celui qui raconte l'histoire de ces enfants soldats en Ouganda. Isaîe en a fait partie, enlevé avec son frère il est devenu "le chasseur" et commis des horreurs (enlèvement d'albinos promis au sacrifice) et puis, il a réussi a fuir. Il répare des vélos à Barcelone quand on fait sa connaissance, il est en couple et attend un enfant et puis, tout bascule. Tantôt dans les années terribles, tantôt de nos jours, ce roman nous emporte, nous bouleverse, nous scandalise.
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