Atlas du nouveau monde

Ce très bel ouvrage propose un regard différent sur le monde, avec une cinquantaine de cartes doubles pages sur la Terre et les hommes, sur des sujets aussi divers que la déforestation, le trafic aérien, les câbles sous-marins, l'indice de paix, l'obésité, le prix de l'essence… Chaque carte est commentée sur une double page de textes.

L'atlas brasse de nombreux thèmes aussi bien naturels que liés aux hommes, mais qui s'enchaînent sans lien entre eux ; il manque une cohérence et une ligne directrice dans tout ça. En l'état, on se demande pourquoi l'auteur a choisi de cartographier la diversité des oiseaux et pas d'autres espèces par exemple, quel était le but de cette carte.

Les textes sont intéressants, qui parlent du sujet illustré par la carte mais aussi de la conception de la carte elle-même : provenance et nature des données ayant permis cette cartographie, chercheurs ou instituts les ayant traitées, lecture que l'on peut en faire. Très intéressants donc, mais aussi un peu courts, en tout cas pour occuper deux pages. Une seule page suffisait amplement, en supprimant les énormes infographies qui n'ont rien à dire et occupent l'essentiel de la seconde page.

Les cartes aussi sont un peu courtes en textes : à vouloir trop simplifier, il manque parfois des précisions sur l'indicateur cartographié, et sa source, et on ne comprend donc pas toujours ce qui est cartographié. On a en général toutes les informations utiles en lisant les textes, mais une carte correcte doit être lisible sans avoir à regarder les explications en tournant la page.

La mode étant aux teintes pastel et aux absences de contour en matière de cartographie (cf. les atlas de l'éditeur Les Arènes notamment), c'est le cas dans cet atlas. Ca donne des cartes légères et agréables à l'oeil… mais les différences de teinte ne sont pas toujours évidentes à distinguer. Ca pourrait passer si les dégradés de classes étaient logiques, mais quand dans une même carte (celle des migrations par exemple) on a un dégradé enchaînant des vert-bleu du plus clair au plus foncé puis des bleu-vert du plus clair au plus foncé, je suis juste incapable de dire quelle est la part des immigrés de tel ou tel pays, et encore moins d'avoir une vision globale du phénomène étudié. Je cite cet exemple mais ce gros défaut de sémiologie cartographique est malheureusement récurrent dans cet atlas.

Autre défaut, avec presque toujours le même type de projection classique (pas forcément adapté pour tout représenter d'ailleurs), l'Europe et souvent la France se trouvent dans la pliure de l'ouvrage, qui ne s'ouvre pas complètement. On ne profite donc pas pleinement de ces grandes cartographies, souvent très belles par ailleurs (notamment les cartes de flux très esthétiques).

Au final, un ouvrage plaisant à lire et regarder mais qui, pas assez rigoureux en matière de lisibilité et de sémiologie graphique, ne permet pas de s'approprier pleinement ces cartes.