Le bonheur est dans le près

Je remercie l'éditeur et Babelio pour m'avoir envoyé cet ouvrage dans le cadre du programme masse critique.

C'est inhabituel pour moi de lire une telle analyse, tirée du terrain, de la part d'un directeur de magasins dans la grande distribution, mais somme toute du "bon côté" puisque cette franchise de magasins est proche du terrain, et sensible aux attentes des consommateurs.

Dominique Schelcher a plusieurs sujets à coeur en écrivant cet ouvrage :
* faire remonter des observations de terrain sur le mal vivre en France et comment sont mal comprises les attentes des consommateurs
* proposer à partir de cette analyse un nouveau modèle de grande distribution, plus proche du terrain, plus sensible aux circuits courts et locaux.

Les remarques, toujours très pertinentes et souvent argumentées avec des analyses précises (mais parfois des ressentis), sont justes et frappées du sceau du bon sens. C'est un constat qu'il est important de faire.

Comment passer d'une culture de la consommation de masse, qui aboutit généralement à ce que les plus démunis se nourrissent de junk food qu'ils paient bien trop cher, à une culture de la qualité alimentaire qui profiter à tous? Comment faire alors que les (bonnes) intentions des consommateurs à l'entrée du magasin ne se concrétisent guère lorsqu'ils remplissent leur caddie? Il faut rééduquer au gout, il faut rendre à nouveau attractifs les bons produits.

Il s'agit là d'un triple contrat à passer entre les magasins, les clients et les agriculteurs locaux, qui devrait profiter à tous : meilleure alimentation, moins de gachis, plus de qualité, plus de sens pour le travail de chacun. C'est un travail de longue haleine, mais ce sont aussi des contrats long terme qui vont rassurer les producteurs, trop longtemps abusés par la grande distribution. Restaurer une alliance là ou il y avait avant trop d'exploitation.

Il ne s'agit plus aujourd'hui de manipuler le consommateur par la publicité pour lui faire acheter/avaler n'importe quoi, mais d'être à son écoute, à l'écoute de son besoin de qualité alimentaire, et d'y répondre.

Le propos est censé, pas toujours très structuré, il touche vraiment quelque chose d'important, qui devait être dit. La transition alimentaire et écologique ne pourra pas se faire qu'avec les petits commerces et le vrac. La grande distribution doit devenir vertueuse si on veut que ça marche, mais c'est aussi un défi qu'elle doit relever, sous peine de perdre un jour de très grosses parts de marché.

Un livre nécessaire, pas toujours passionnants car souvent très factuel, très concret. Un livre qui a donc les défauts de ses qualités, mais qui a le grand, très grand mérite de montrer qu'une transformation est possible!!!

Je remercie les Éditions de l'Archipel et Babelio pour m'avoir adressé cet ouvrage dans le cadre d'une Masse critique.

Je suis toujours intéressée par la sociologie et l'économie, les deux étant profondément liées et interagissantes.
C'est donc avec plaisir que je me suis plongée dans le livre écrit par Dominique Schelcher, patron du groupement coopératif Système U. Lui-même dirigeant de son propre magasin dans le Haut-Rhin peut se prévaloir de connaître son sujet et le terrain de près. C'est tout l'enjeu de son travail : ressentir les besoins, envies, difficultés de la population d'un territoire par le biais de sa consommation.

Très documenté, l'ouvrage présente d'abord les fractures multiples de la société française, entre régions, mais aussi au sein des villes, conduisant à discriminer l'accès à l'alimentation ou au numérique et ayant de profondes conséquences économiques et psychologiques.

Il interroge nos modes de consommation, qui peuvent engendrer des conséquences diverses à la fois sur l'emploi, le vivre-ensemble et l'empreinte carbone, notamment le tout-livrable.

Il expose la dichotomie assez drôle entre les avis bien tranchés des consommateurs et leur mode réel de consommation.

Il montre les interrogations et réflexions nées de la crise sanitaire, les consommateurs se ruant sur des produits courants, conduisant à une pénurie forcée mais non fondée de certains. Et il observe, à l'instar d'autres personnalités du monde de l'économie, que cette crise a mis en exergue les fragilités de notre système, non seulement sur les plans médicamenteux et industriels, mais également sur le plan alimentaire basique, notamment s'agissant de l'agriculture.
Il interroge les pratiques de chacun, producteur, intermédiaire, centrale d'achats, revendeur et consommateurs au regard du pouvoir d'achat fléchissant, et prône la pédagogie, le circuit court et la confiance entre les différents partenaires.
Il souhaite à cet égard une plus grande transparence sur les négociations tarifaires, profitable à tous.

Dans une deuxième grande partie, Dominique Schelcher expose plus spécifiquement les valeurs soutenues grâce au mode coopératif de son entreprise : il prône, exemples à l'appui, le magasin comme lieu de rencontres sociales, pourvoyeur d'emplois, formateur et écologiquement responsable. Au coeur de l'économie des territoires, bien loin des caricatures, l'hypermarché peut ainsi concourir à redynamiser un commerce local en déshérence, grâce à une collaboration étroite et une volonté affirmée de tous les acteurs concernés.

Si je regrette certaines répétitions, l'ouvrage s'appuie sur de nombreuses références et la progression de l'exposé se trouve facilitée par l'expérience de son auteur et l'aspect très pédagogique de son propos, qui concerne chacun des consommateurs que sont aussi les lecteurs.

J'ai trouvé pertinentes certaines notions telle que « le consentement à payer » un peu plus cher pour garder viable notre agriculture et la « répartition de la valeur » exposée au grand jour au consommateur pour une plus grande transparence de la décomposition du prix de la denrée qu'il achète. Et partagée également avec les collaborateurs.

Ce livre me semble donc relativement accessible au grand public, d'un grand intérêt pour toute personne ayant à coeur de participer de façon positive à l'amélioration des conditions de vie, de façon durable. Car ce dont Dominique Schelcher fait l'éloge, c'est d'une prise en compte de manière globale et complète des différents acteurs économiques avec une ambition de gagnant-gagnant pour tous, y compris pour la planète… qui en a particulièrement besoin !

Je termine en précisant que je ne dispose pas de magasin du groupement dans mon environnement proche, que je n'ai l'occasion de m'y rendre qu'occasionnellement, sur un lieu de villégiature par exemple, et que je n'ai donc aucun intérêt à promouvoir ledit groupement au détriment d'un autre.

J'ai beaucoup aimé lire « le bonheur est dans le près » de Dominique Schelcher, président du groupement coopératif Système U, découvert grâce à une «massecritique @babelio

Ce livre, paru en mars 2022, est un traité sur l'évolution du commerce de proximité dans un cadre plus global de changement majeur de société.

LE CONSOMAC'TEUR
Le consommateur, qui a désormais le pouvoir (avant le pouvoir était aux industriels), est devenu un consom'acteur (nouveau mot apparu en 2022 dans le Larousse).
« Le noeud central de cette transformation du com merce dans la période récente est la prise de pouvoir du client, qui a complètement imposé sa volonté à tout le monde, au fournisseur comme au distributeur. « 

Le client ATAWAD

« Il est un client > On le voit déjà : neuf des dix premiers magasins de vente aux États-Unis font aussi partie des dix meilleurs sites e-commerce. Les analyses de marché montrent d'ailleurs que le magasin est le canal qui génère le plus de revenus, ce qui explique les stratégies d'acteurs tels qu'Alibaba ou Amazon. »

LIMITES DU MODÈLE SOCIAL CRÉÉ PAR NOTRE CONSOMMATION /
Une nouvelle consommation responsable

La plupart des vêtements vendus en Occident sont fabriqués par les 4 millions d'ouvriers du Bangladesh. Puisse l'effondrement du Rana Plazza être éclairant et faire changer les comportements…

« Nous voici aujourd'hui à un tournant dans l'his toire de la consommation. La société de consomma tion, standardisée et massive, qui a été notre nouvel imaginaire, a amorcé son déclin. La démassification et le fractionnement de la consommation sont des signes que nous avons atteint la fin de l'hyperconsommation: les Français veulent consommer mieux, voire consom mer moins, réduire l'empreinte écologique de leurs achats. La crise ne fait que renforcer cette tendance.
Car derrière les crises actuelles, un phénomène de plus grande ampleur existe : la crise climatique. »

LE RISQUE DE LA PÉNURIE ALIMENTAIRE
Le poids de notre agriculture dans l'Europe ne cesse de diminuer.

Ce livre parle aussi de l'avenir des agriculteurs dans notre pays, des opportunités de jobs intéressants et évolutifs dans la distribution (notamment pour les moins diplômés) du rôle social et de proximité de Système U et plein d'autres sujets tout aussi passionnants.

Conclusion :
Ce livre est intéressant pour faire un état des lieux du commerce de proximité, et par là même de nos nouveaux modes de consommation et réfléchir à l'avenir de notre économie et de notre pays.

Pour finir sur une note positive et dynamique, citons Edgar Morin :