Nous, on peut ! : Manuel anticrise à l'usage du citoyen de
Jacques Généreux
Le capitalisme réactive ainsi sa contradiction interne fondamentale en réprimant le pouvoir d'achat des masses, qui constitue pourtant la source première de la croissance.
Il y avait éventuellement un premier moyen d'atténuer cette contradiction.
Cela consistait à réinvestir les revenus prélevés sur le travail dans des investissements productifs qui soutiendraient la demande des biens d'équipement.
Telle est d'ailleurs la justification habituelle avancée par les néolibéraux :
la société a besoin de riches plus riches et de profits plus élevés, car ce sont eux qui financent l'investissement et soutiennent ainsi la croissance à long terme et ainsi la création d'emplois.
Le discours est bien rodé, mais il est faux.
(...) que constate-t-on depuis les années 1990 dans les grands pays industriels ?
1) La progression des profits ne sert pas principalement à soutenir l'investissement productif intérieur, mais à augmenter les dividendes distribués aux actionnaires.
2) L'envolée de la courbe de progression des dividendes coïncide avec un net ralentissement de celle de l'investissement.
3) Depuis la fin des années 1990, la Bourse n'est plus (globalement) une source de financement des entreprises, mais une source d'appauvrissement : avec les dividendes et les rachats d'actions, les actionnaires ponctionnent plus ou autant de capitaux sur l'entreprise qu'ils ne lui en apportent.
4) Le gonflement astronomique des transactions financières, depuis les années 1980, s'explique presque exclusivement par l'explosion des instruments spéculatifs et non par le financement de l'économie réelle. (...)
Une seule transaction sur un produit réel peut ainsi générer des centaines de transactions financières. (...)
Au total, dans le monde, moins de 2% des opérations financières financent des opérations économiques réelles. Le reste des opérations (plus de 98% !) finance des transactions sur des produits financiers.
+ Lire la suite