Un titre-valise qui annonce la couleur (sombre comme la couverture) de cet ouvrage sur le « business » des crèches privées.
D'un côté : des parents dans l'obligation de confier leur bébé.
De l'autre (pas toujours mais hélas bien trop souvent) : professionnels harassés, pénurie de moyens, logique du « low cost » qui pousse à économiser sur les couches, les repas, les jouets.
« Les parents se disent déjà contents s'ils ont une place. Alors ils subissent, ils s'en contentent et ils n'ont le droit que de se taire. »
Bon. Si les économies ne portaient que sur les jouets ou la décoration des locaux…
Mais la finalité des crèches privées étant le profit, ce souci d'économie incite parfois les directrices à embaucher du personnel sous-qualifié (pour le payer moins cher). le manque de moyens et de considération, les conditions de travail (heures supplémentaires pour pallier au non-remplacement de collègues absents, bruit, doléances des parents,…) font que parfois les gestes s'automatisent, les règles d'hygiène ou de sécurité ne sont pas respectées… et parfois c'est le drame.
*** Précisions concernant la formation des personnels ***
- les titulaires du CAP AEPE (anciennement « petite enfance ») ont suivi une formation de 3 à 18 mois, parfois en ligne.
- les auxiliaires de puériculture possèdent un diplôme d'État de niveau bac
- les éducatrices de jeunes enfants (EJE), d'un niveau Bac +3, accompagnent les enfants dans leurs apprentissages.
- les directrices possèdent un diplôme d'EJE, d'infirmière ou de médecin.
Les directrices elles-mêmes subissent des pressions de la part des coordinatrices, pour optimiser le taux de remplissage et « faire du chiffre ».
Structure pyramidale, où chaque échelon rend des comptes au barreau au-dessus. « Dans le privé lucratif, les directrices sont des exécutantes qui se sentent de moins en moins directrices, de plus en plus gestionnaires. »
L'ouvrage s'attarde évidemment davantage sur les dysfonctionnements de ce type d'établissements que sur les réussites : « Les expériences heureuses tiennent à la stabilité de l'équipe, à l'engagement de la directrice sur le terrain, aux temps d'échange entre collègues. », hélas marginaux.
Cette lecture fait écho à «
Tu verras maman, tu seras bien », le livre de
Jean Arcelin sur les Ehpad : « Ce phénomène est aussi à l'oeuvre dans les Ehpad. Il l'est dans tous les métiers du soin dont les professionnels subissent aujourd'hui une intense remise en question. »
Si j'ai pour ma part « préféré » le livre de
Jean Arcelin, c'est parce qu'il a été écrit non par des journalistes comme c'est ici le cas, mais par « quelqu'un du sérail » qui a privilégié les anecdotes aux (plus larges) considérations économiques. Il n'en demeure pas moins que Babyzness présente un édifiant (et inquiétant) état des lieux sur les conditions d'implantation et de gestion des crèches privées.