L'auteur nous livre une passionnante démonstration de ce qu'est l'occidentalisation du reste du monde, des dégâts opérés au fil des siècles par la colonisation mais aussi des limites de cette occidentalisation, d'un projet qui passe par une industrialisation massive qui ne peut s'exporter tel quel dans les pays du tiers monde.
La première partie m'a particulièrement intéressée.
Serge Latouche propose une mise en perspective historique pour montrer comment les européens se sont employés à dominer le monde, en s'appuyant sur l'argument religieux et une mission civilisatrice (de Charlemagne, en passant par les Croisades), en imposant une économie libérale, en organisant les structures administratives des pays colonisés. En 1880, l'Europe contrôlait 55% du globe et utilisait 35% de sa superficie... La colonisation a profondément bouleversé tous les systèmes économiques traditionnels ; l'Europe a créé un marché mondial, a instauré l'ère des monocultures. En obligeant tous les pays à participer à l'économie mondiale, l'Europe - pour l'auteur - a détruit le sens de leur système social : "Dès lors, l'économique devient un champ autonome de la vie sociale et une finalité en soi.".
Latouche évoque également l'invasion "culturelle" qui se manifeste à travers la mainmise des agences de presse ( USA, GB et France) qui diffusent l'essentiel des informations mondiales - l'Afrique, par exemple, ne produisant que très peu de programmes - "Ce processus aboutit à la dépossession de soi-même. le groupe envahi ne peut plus se saisir de lui-même autrement que par les catégories de l'autre."
Un livre engagé, éclairé et éclairant qui se lit comme un roman.