L'auteure, documentariste, refait avec Liesaeth son parcours à travers l'Europe de l'Est après la défaite du Reich en 1945. Petite fille orpheline, survivant très difficilement avec sa soeur et son frère plus âgée en secteur soviétique, Liesabeth monte par hasard dans un train de marchandises, et se retrouve seule, à 7 ans, en Lituanie.
Le récit poignant d'une femme forte attachée, envers et contre tout, à la vie.
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ne pas confondre avec "survivre avec les loups" (très controversé)
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J'ai toujours eu un rapport particulier aux animaux. Les chiens qu'on lâchait sur moi ne me mordaient presque jamais. Exception faite des jars qui me poursuivaient, je me suis toujours entendue à merveille avec tous les animaux. Les moutons, les chèvres, les vaches, les chevaux aussi, quej j'aimais tout particulièrement et qui me le rendaient bien. Même ces chevaux que plusieurs hommes adultes parvenaient à peine à maîtriser ne me faisaient aucun mal.
Les criminels sont des gens dépourvus de sens moral, j'ai souvent assez souvent observé et expérimenté à mes dépens. Les êtres humains n'avaient aucune valeur pour ces femmes, qui pouvaient jouer la vie d'une autre détenue aux cartes. Celle qui perdait devait tuer une autre. Cela paraît incroyable, et pourtant les choses se passaient ainsi. Un jour, nous avons découvert la tête d'une jeune femme posée sur les marches de l'esclaier. Elle avait les yeux grands ouverts et une carte à jouer était coincée entre ses dents.
La plupart du temps, les moineaux étaient plus rapides que nous. Une fois nous avons attiré un chat errant dans notre chambre. Nous avons commencé par jouer avec lui, avant de lui passer une grosse corde autour du cou. Lorsque le chat a voulu partir , j'ai tiré sur le noeud coulant. Nosu avons pu manger à notre faim durant deux jours de suite.
La verkhuchka était composée de filles plus âgées que moi, condamnées à plusieurs reprises. Elles persécutaient les autres détenues, les contraignaient à nettoyer les latrines, à faire la lessive, à prendre en charge la moitié du travail qui leur incombait dans l'atelier de couture et à leur donner une partie des colis qu'elles recevaient de leurs parents.
Je ne voulais pas avoir toujours une vie difficile, je voulais, moi aussi, manger du pain chaud et pouvoir faire chauffer de l'eau dans une casserole. Je devais avoir, moi aussi, mes jours de fête, et pas uniquement des jours de travail.