Citations de Cicéron (310)
On ne peut rien dire de si absurde qui n'ait été dit par quelque philosophe.
218. […] Le rôle d’un bon orateur est d’avoir beaucoup entendu, beaucoup vu, beaucoup réfléchi et médité, beaucoup retenu de ses promenades à travers les livres ; et sans doute il ne possédera pas à fond ces objets, comme choses lui appartenant, mais, tout en les regardant comme étrangers à son art, il les aura au moins effleurés.
94. […] J’appelais en effet disert celui qui, s’appuyant sur des opinions moyennes, peut paraître, à un auditoire moyen, suffisamment profond et clair ; mais l’homme éloquent était à mes yeux celui qui, par l’admirable éclat et la magnificence de son verbe, est capable d’agrandir et d’embellir tout sujet, et chez qui toutes les sources de l’art de parler jaillissent intarissablement de la pensée et de la mémoire.
69. Ainsi, tout ce qui, dans la philosophie, concerne la conduite de la vie, l’orateur devra l’étudier à fond ; le reste, quand même il ne l’aura pas appris, il pourra toujours, au besoin, en discourir avec élégance, pour peu qu’on lui ait communiqué et enseigné les notions nécessaires.
48. […] L’art de bien dire suppose nécessairement, chez celui qui parle, l’examen antérieur et à chaque fois approfondi du sujet dont il parle.
34. […] De la sage direction qu’un grand orateur imprime aux affaires dépend non seulement sa propre réputation, mais le salut d’un très grand nombre de citoyens, le salut même de l’Etat tout entier. Aussi, jeunes gens, poursuivez vos efforts ; donnez-vous pleinement à l’art dont vous avez entrepris l’étude ; et puissiez-vous, grâce à lui, parvenir à la gloire, servir vos amis, vous rendre utiles à la république !
L'ami certain se voit dans les jours incertains.
Une pièce sans livres, c’est comme un corps sans âme.
note : Entendez par mediocres artes ceux dont il sera question aux §§9-11 : philosophie, mathématique, musique, grammaire, poésie, les arts de la Grèce. Les maximae artes pour un Romain, c’est, en dehors de l’éloquence, la politique et la guerre.
[ A propos de C. Aurelius Cotta]
Comme orateur, il était un représentant du tenue genus dicendi. D’une santé médiocre, ne pouvant à cause de la faiblesse de ses poumons se permettre les grands mouvements d’éloquence, il avait accommodé son genre au degré de ses forces physiques. […] Il excellait surtout dans l’invention des idées, et c’est par là que, sans avoir la vigoureuse parole d’Antoine sur lequel il cherchait à se régler, il ressemblait pourtant à son maître.
Si à présent l'on est fier d'avoir vu le Bosphore et les détroits franchis par le navire qui fut appelé "Argo, parce que les Argiens, des guerriers d'élite, le montaient pour aller conquérir la Toison d'or" et si l'on est fier encore d'avoir vu le fameux détroit de l'Océan, «là où l'onde dévorante sépare l'Europe de l'Afrique », comment donc faut-il s'imaginer le spectacle que nous offrira la terre entière que nous pourrons contempler, avec sa position, sa forme, son contour, d'autre part ses régions habitables et inversement celles que la violence de la chaleur ou du froid rend désertes ?
L'histoire est le témoin des temps, la lumière de la vérité, la vie de la mémoire, l'institutrice de la vie, la messagère de l'antiquité.
L'âme n'a pas le pouvoir de se voir elle-même mais, tout comme l'oeil, bien qu'elle ne se voie pas, elle saisit le monde extérieur.
[A propos de G. Mucius Scaevola]
Aussi affable que courageux, il mettait sa science juridique, et cela même dans un âge avancé, à la disposition de tous ceux qui venaient le consulter. Ce fut lui qui dirigea le jeune Cicéron dans ses premières études de droit.
212. […] L’homme qui s’applique à étudier les choses divines et humaines, à en rechercher la nature et les causes, à connaître et mettre en pratique les règles de la morale, tel est le philosophe.
Cicéron […] achève définitivement de se séparer des rhéteurs. Pour les rhéteurs, gens bavards à tête vide, l’éloquence n’est que l’art de parler ; pour lui, elle est surtout l’art de penser. Ou plutôt les deux choses sont confondues, et l’orateur sera en même temps un philosophe.
-Introduction-
5. [ …] A mes yeux, c’est tout l’ensemble de connaissances que possèdent les hommes les plus instruits, oui, c’est tout cela qui constitue l’éloquence ; toi, au contraire, la séparant de cette noble culture générale, tu la fais consister seulement dans certaines aptitudes naturelles, développées par un certain ordre d’exercices.
Parmi les biens, la plupart des gens n’accordent de valeur qu’à ce qui est source de profit. Ils sont attachés à leurs amis comme à du bétail, dans l’espoir d’un rapport maximal. Ce faisant, ils se privent de l’amitié la plus belle et la plus naturelle, celle qu’on recherche uniquement pour elle-même. Ils sont incapables d’appréhender seuls ce qui fait vraiment le prix — et l’essence — de l’amitié. Si chacun de nous s’aime soi-même, ce n’est pas dans l’espoir d’un profit quelconque, c’est tout simplement par amour de soi. Si l’on ne se conduit pas de même en amitié, on ne trouvera jamais le véritable ami, cet autre soi-même.
Si l'amitié recèle toutes sortes d'avantages, et d'importance, elle les surpasse tous, parce qu'elle auréole l'avenir d'optimisme et n'admet ni la démoralisation des esprits ni leur capitulation.
Une maison sans livres est comme un corps sans âme.