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Critiques de Akiyuki Nosaka (169)
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La Tombe des lucioles

Deux redoutables nouvelles de 1967-1968 : la mort de faim de deux enfants en 1945, vingt ans avant le succès mondial de son adaptation en dessin animé, et l’auto-humiliation face à l’Amérique, vingt ans après la « fin » de la guerre.



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Le Dessin au sable : Et l'apparition venger..

Nosaka Akiyuki a eu une vie compliquée, et une carrière littéraire chaotique. Si certaines obsessions demeurent sans doute d’un bout à l’autre ou presque, et ce Dessin au sable en témoignera, le ton, le propos, peuvent différer profondément. Le Dessin au sable n’est pas pour autant une anomalie dans cette œuvre : à vrai dire, il m’a beaucoup fait repenser à La Vigne des morts sur le col des dieux décharnés, que j’avais adorée. Mais qui ne connaîtrait Nosaka Akiyuki que pour La Tombe des lucioles (sans même parler du hélas médiocre Nosaka aime les chats, dans un tout autre registre) pourrait bien être surpris par ce petit livre ; et si l’obscénité y règne comme dans Les Pornographes, une obscénité tellement extrême qu’elle suscite un rire nerveux, le ton me paraît assez différent – mais ça se discute.







Pour ce que j’en ai compris, Le Dessin au sable et l’apparition vengeresse qui mit fin au sortilège, pour donner le titre complet, n’a pas été publié au Japon sous forme de livre indépendant, mais en tant que récit figurant dans un recueil de nouvelles – c’est une longue nouvelle, certes. Je ne saurais dire du coup comment elle s’insère dans le recueil, sinon dans la bibliographie de l’auteur.







Mais, à vue de nez, c’est un texte assez singulier de manière générale : déjà parce que c'est un récit historique, situé durant l’époque d’Edo, et dépeignant un monde passablement sordide, où la misère la plus crasse et la prostitution jouxtent la bourgeoisie en plein essor et très portée à faire étalage de sa vulgarité caractéristique – un univers en fait qui m’a pas mal fait penser à celui des récits de Saikaku, et je suppose que cela n’est pas un hasard (les deux auteurs exposent, mais ne jugent pas forcément, par ailleurs).







En même temps, Le Dessin au sable est un récit fantastique, et en cela il fait davantage penser à des récits un tout petit peu plus tardifs, même si datant toujours de l’époque d’Edo, ces histoires de fantômes qui étaient en vogue durant notre XVIIIe siècle, et dont les Contes de pluie et de lune d’Ueda Akinari sont probablement le plus fameux exemple – la matière dans laquelle piocherait ultérieurement Lafcadio Hearn pour son Kwaidan. Ceci dit, l'approche graveleuse de Nosaka évoque les plus populaires de ces récits, dont la tradition remonte peut-être à la partie profane des Histoires qui sont maintenant du passé ? D'où une parenté plus moderne avec certains contes d'Akutagawa Ryûnosuke, si ça se trouve...







Ces deux aspects se mêlent pour justifier un style assez alambiqué, aux longues périodes, plutôt baroque à vrai dire, même si mêlé de savoureux dialogues louchant plus qu’un peu sur l’argot le plus gouailleur. Ce dernier point mis à part, on est aux antipodes des Pornographes, mettons – mais peut-être pas tant que cela de La Vigne des morts sur le col des dieux décharnés.







Tout commence par une histoire d’amour triste des plus classiques : la charmante Koto était amoureuse d’un beau jeune homme du nom de Yoshinosuke, qui désirait devenir peintre, mais tout conspirait contre leur union – les amants ont été séparés, non toutefois sans avoir eu l’occasion de concevoir une fille du nom de Tomi, qui n’a du coup jamais connu son père, lequel n’était probablement même pas au courant de son existence. Koto a dû se résoudre à une carrière de courtisane, qui l’a amenée à rencontrer bien des hommes, la plupart plus répugnants les uns que les autres. Mais, l’âge passant, Koto, qui n’a jamais oublié, et qui regrette que Tomi n’ait jamais connu son père, décide de partir sur le Tôkaidô avec elle pour retrouver l’amant perdu.







Las, Koto affaiblie meurt en chemin – non sans avoir confié à sa fille un bien étrange talisman, un dessin que nous qualifierons… d’intime. L’ex-courtisane assure Tomi que cette œuvre d’art d’un goût très particulier lui permettra de retrouver son père.







Mais voici la jeune Tomi seule dans un monde hostile. L’adolescente naïve ne sait rien de la cruauté des hommes et des femmes, elle est une Justine japonaise, en somme, et en paiera le prix comme sa contrepartie française. Trop confiante, elle atterrit entre les mains cruelles d’un certain Senkichi-des-lavoirs-aux-morts, qui gagne sa vie, notoirement, en profanant des sépultures, et d’une certaine O-Roku, faiseuse d’anges (qui était censée avoir « fait passer » Tomi des années plus tôt, et avait visiblement raté son coup – une coïncidence parmi tant d’autres dans ce récit qui en est forcément riche), prostituée et proxénète aussi, vaguement chamane et/ou apothicaire, escroc dans tous les cas. Deux compères pas exactement étouffés par la morale, et qui comptent bien tirer de l’argent, beaucoup d’argent, du véritable don du ciel qu’est cette sotte beauté.







L’affaire dérape, on s’en doute. Je n’ai pas envie de trop en dire ici, pour le principe, mais sachez du moins que le plan d’O-Roku pour faire fortune est probablement bien plus sordide et grotesque que vous ne l’imaginez…







Tant de méfaits, toutefois, appellent une cinglante et irrépressible vengeance : tandis que le dessin rapproche Tomi de son père (d’une certaine manière…), l’apparition du sous-titre fait un sort aux coupables, tous les coupables, les châtiant par où ils pèchent – ce qui laisse un certain nombre d’options, si la quéquette et le porte-monnaie sont assurément des cibles prioritaires.







Le sexe et la mort. Nosaka n’est certes pas le premier ni le dernier écrivain à être obsédé par les rapports entre les deux, mais c’est visiblement un thème important pour lui : La Vigne des morts sur le col des dieux décharnés en témoignait particulièrement, mais c’est encore plus vrai du Dessin au sable, d’autant que la coloration fantastique du récit lui permet de mettre au premier plan ce duo, de la manière la plus frontale et premier degré qui soit.







Il en résulte un conte baignant en permanence dans l’obscénité la plus sordide, parfaitement outrancière, et tant d’excès suscitent donc comme un rire plus ou moins nerveux chez le lecteur, et à vrai dire un peu gras aussi à l’occasion – et si on se pince parfois le nez en détournant les yeux, c’est avec un certain ravissement plus qu’un peu pervers.







Nosaka prise l’obscénité – comme Imamura Shôhei, qui l’a adapté au cinéma avec Le Pornographe (introduction à l’anthropologie). Tous deux, par ailleurs, et dans la lignée de Saikaku peut-être, apprécient ce monde interlope et miséreux, notamment celui qui se situe à la frange de la classe marchande urbaine. Cela contribue, pour partie, à rendre la dimension morale du texte un peu ambiguë : sans doute, le caractère fantastique du récit, qui est donc en définitive celui d’une apparition vengeresse, implique un dénouement « moral » au sens où les coupables sont châtiés. Pour autant, l’auteur se délecte à mettre en scène la vilenie de ses personnages, très humains dans leur abomination, et le lecteur, idéalement, s’en délecte aussi – et si l’apparition peut se permettre de « juger », au fond l’auteur ne le fait pas vraiment, ou pas plus que ça… Il a visiblement une certaine sympathie pour Senkichi – et peut-être même pour la Merteuil du caniveau qu’est O-Roku, encore qu'avec bien plus de réserves. Les bourgeois qui profitent de leurs services, c’est peut-être une autre histoire… Maintenant, cette sympathie pour l’ordure et le crime, qui est bien plus flagrante que la compassion chargée de pathos pour la pauvre Tomi j’imagine, rapproche Nosaka d’un Sade ; mais, d’une certaine manière, et peut-être plus pertinente, la « morale » du Dessin au sable, c’est un peu, et assez logiquement au fond, celle du rape and revenge au cinéma : oui, elle est passablement ambiguë, voire nauséeuse, car la satisfaction des bas instincts les plus coupables prime sans doute sur le châtiment un tantinet hypocrite des méfaits.







Le style a sa part dans l’effet produit par le récit : le contexte historique incite donc Nosaka à broder sur la manière du temps, et il en résulte une forme bien plus contournée et baroque que d’usage. C’est assez savoureux, pour le coup – et de même, on l’a dit, pour ces répliques grasses et vulgaires qui caractérisent tous les échanges de Senkichi et O-Roku, et quelques autres, représentants typiques du bas peuple, le plus authentique qui soit, tandis que les bons bourgeois, à peine extraits de la fange, en présentent parfois encore les symptômes dans leur conversation. Je suppose que la traduction de Jacques Lalloz est plutôt bonne, si j’ai l’impression qu’il en fait parfois un peu trop, au risque notamment de susciter la confusion du lecteur en abusant des longues périodes. Mais, oui, c’est assez savoureux.







Le Dessin au sable, pour peu que l’on ne soit pas rétif à son approche particulièrement sordide du récit historico-fantastique, est un bon livre. Toutefois, pour ce que j’en ai lu, je ne le placerais certainement pas au sommet de la bibliographie de Nosaka : Le Dessin au sable n’émeut pas comme La Tombe des lucioles, à l’évidence, et ça n’était pas le moins du monde le propos, il n’est pas aussi vigoureusement hilarant que Les Pornographes, il ne produit pas la même fascination baroque que La Vigne des morts sur le col des dieux décharnés – en revanche, il est incomparablement plus convaincant que le très dispensable Nosaka aime les chats (mais ça n’était pas placer la barre bien haut).







Pas une lecture incontournable, donc, mais ceux qui apprécient Nosaka, et ils ont bien raison de le faire, pourront y jeter un œil pour découvrir, au milieu des réminiscences thématiques, une approche formelle éventuellement surprenante chez cet auteur.
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Nosaka aime les chats

Ailurophiles et nipponophiles ce livre vous offrira un double plaisir : l’écrivain Nosaka Akiyuki y a réuni les chroniques de son compagnonnage avec ses chats (nombreux) . Beaucoup d’humour , pas d’attendrissement excessif et une grande justesse dans l’observation font un ensemble qui , s’il rejoint les impression de tout amoureux des chats (j’en suis) porte aussi la marque originale d’un véritable écrivain .
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Les Pornographes

A l'instar des divers métiers et activités que Nosaka Akiyuki à exercé ses livres se suivent mais ne se ressemblent pas.

On suit ici les aventures d'une bande de pornographes, pour ne pas dire plus, au sein d'une société Japonaise pleine d'hypocrisies, mais qui n'en pense pas moins.

Un livre léger, peut êtres sans grande prétention, mais qui "sonne" étonnamment moderne pour un livre de 1966.

On est bien sur très loin de l'intensité dramatique et émotionnel du "tombeau des lucioles", c'est sympathique, digeste et comme toujours chez Akiyuki, on ne s'embarrasse que très peu de moral.

Le langage populaire est imagé mais rarement cru. Un parlé populaire qui à surement du êtres un véritable casse tête à transcrire et malgré le talent et la meilleur volonté du monde du traducteur, on sent quand même que l'on perd beaucoup.
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La Tombe des lucioles

L'histoire se passe à Kobe au Japon. Cette ville importante est bombardée en Août 1945. (elle connaitra aussi un terrible tremblement de terre en 1995).



Seita (un jeune garçon de 14 ans) et sa petite sœur Setsuko fuient les bombes et tentent de survivre. Ce livre, magnifiquement illustré par Nicolas Delort (éditions Philippe Picquier), oppose l'horreur de la guerre aérienne à la tendresse de ces 2 enfants.

Au début on est un peu surpris pas le style aux phrases interminables, mais l'intérêt de l'histoire, l'argot, les images que véhicule le texte, la poésie nous font vite oublier les libertés prises avec la syntaxe. Les lucioles qui brillent dans l'obscurité n'apportent-elles pas du rêve et le l'espoir dans la vie de ces 2 orphelins ?



Ce livre touchant, en partie autobiographique, a été récompensé par le prix Naoki en 1968.

Très intéressant, le portrait de Nosaka fait par le traducteur Patrick De Vos, à la fin du livre (1988).



"La tombe des lucioles" devient un dessin animé en 1988 et prend le nom de " le Tombeau des lucioles".
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La Tombe des lucioles

Me voici avec un petit livre original, dont le titre peut vous sembler connu, car avant de pleurer devant le film d'animation "le tombeau des lucioles" de Takahata Isao, cette histoire a été écrite par Nosaka. Même si vous vous souvenez de ce triste dessin animé, je vous conseille de lire le livre. Les émotions y sont bien plus fortes et la description bien plus crue... Evitez de le lire en vous empiffrant au moment du goûter, comme moi, car vous risqueriez d'être submergé de remord, et votre fameuse petite collation pourrait faire un aller-retour très rapide, en lisant les toutes premières pages !



Pour ceux qui ne connaissent pas cette histoire, il s'agit d'un court récit qui nous emmène au Japon, en 1944-1945, où vivent Seita et sa petite soeur Setsuko. Tandis que leur pays subit les nombreux bombardements américains, ces deux enfants vont de voir apprendre à survivre, tant bien que mal, aux bombes, à la faim (et à leur tante, femme que je déteste au plus haut point. Voilà, c'est dit). Dans tous les cas, sortez les mouchoirs et lisez cette douloureuse histoire.



Ce que je ne vous ai pas encore dit, c'est que ce livre contient également une autre nouvelle, intitulée "les algues d'Amérique". Celle-ci est beaucoup plus joyeuse. Elle raconte la rencontre entre un couple américain et un couple japonais, sur les terres nippones, 22 ans après la fin de la guerre. Kyôko a rencontré ce couple américain lors d'un voyage à Hawaï et, après avoir longuement sympathisé, les invite à passer leurs prochaines vacances au Japon, dans sa famille. Son mari, Toshio, ne voit pas du tout d'un bon œil, cette invitation faite à cet ancien ennemi. Un récit rempli de bougonneries de Toshio, de souvenirs de guerre, d'anecdotes et surtout... d'un éternel complexe d'infériorité physique (mais pas seulement...) du japonais face à l'américain. Quelques jours de cohabitation à lire avec délice !



En ce qui concerne la plume de Nosaka, j'avoue qu'elle ne ferait pas partie de ces écritures "d'easy reading" qui peuvent se lire les yeux fermés. Ici, les phrases sont exceptionnellement longues, parfois crues, parfois poétiques et imagées. Mais surtout, cette plume pourrait se distinguer par son argot utilisé autant dans les dialogues que dans la narration. Pour ma part, cela ne m'a pas dérangé, mais m'a demandé peut-être un peu plus de concentration.



Pour conclure, une sympathique lecture que je vous conseille si vous voulez sortir de votre zone de confort. Je vous souhaite de belles découvertes !







NB : la couverture de ce livre est juste magnifique ! *_*


Lien : http://avoslivres.canalblog...
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La Tombe des lucioles

[Extrait de ma chronique]

La plume de l'auteur pourrait évoquer celle de Proust. Les phrases sont longues et d'une richesse incroyable. Et pourtant, elles m'ont parue trop courtes. Car en une seule phrase il y a tant de violences, de souffrances, d'espoirs que l'on se sent presque agressé. le lecteur est pris au piège de cette guerre. La traduction est magnifique, car Patrick de Vos est parvenu à rendre avec justesse à ce texte son vocabulaire travaillé, les adjectifs collent à la réalité et le langage des protagonistes - souvent rude et sans détour - est le miroir de cette réalité : 1945, les bombardements près d'Osaka, au Japon.



L'intégralité de ma chronique est à retrouver sur mon site internet.
Lien : http://reverieslitteraires.fr/
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La Tombe des lucioles

Le 5 juin 1945, Seita et sa petite soeur Setsuko sont projetés dans l'enfer de la guerre? Deux orphelins obligés de lutter avec hargne pour leur survie, dans un pays en pleine désolation, qui a perdu ses repères et où les plus faibles n'ont aucune chance.

Un récit bouleversant, porté par une écriture de l'instant, de la précipitation, en mémoire du traumatisme d'un auteur et d'un peuple.

"La tombe des lucioles" a reçu le pris Naoki en 1968.
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La Tombe des lucioles

Pour moi, comme pour pas mal d'autres participants, le récit n'est pas tout a fait inconnu, car nous sommes assez nombreux a avoir vu le Dessin animé qui en a été tiré sous le titre très proche " le tombeau des lucioles", d'Isao Takahata. Je l'ai vu il y a quelques années, et je jure, coeur sur la main, que c'est le seul et unique film au monde qui m'ait arraché une larmichette à la fin (autant dire un véritable exploit, car je ne suis vraiment pas le genre à pleurer au cinéma), tant l'histoire est triste. Oui, le seul film qui m'aie fichu à ce point le cafard est un dessin animé, que je vous conseille, mais si possible un jour où vous êtes remontés à fond, moral en acier.



Donc, l'édition Picquier propose deux nouvelles ou courts romans :la tombe des lucioles et Les alguesd'amérique, donc le dénominateur commun est la seconde guerre mondiale, vue du côté japonais.

Le premier narre les dernières semaines de la vie de Seita, un jeune garçon, et sa soeur Setsuko, orphelins de guerre, qui tentent de survivre après la dévastation de leur ville par les bombardements. Entre combines pour se procurer de la nourriture, spoliation des quelques biens qui leur restent par une tante malhonnête ( mais qu'on arrive pas vraiment à détester, en temps de guerre et de rationnements, les notions de famille et de solidarité laissent la place à la loi de la jungle), recherche d'abri de fortune, maladie et famine qui sévissent...l'histoire finira mal, ça on le sait dès la première page, Seita meurt, tout le récit n'est qu'un flash back de leur rapide déchéance.

Et pourtant malgré la noirceur du sujet, qui n'épargne rien des horreurs de la guerre, des blessés qui agonisent dans une école, des morts qu'on brûle par dizaines sans y mettre les formes, l'ensemble est assez apaisé, il n'y a pas d'accusation directe de l'ennemi, tout ce qui se passe est en quelque chose la faute d'un concours de mauvaises circonstances. Un point de vue très bouddhique dans le fond, avec comme leitmotiv les lucioles qu'attrapent Seita et sa soeur par jeu avant la guerre, pour s'éclairer dans leur cachette un peu plus tard. Animaux dont la fragilité représente métaphoriquement celle des humains face aux autres "lucioles" que sont les bombes incendiaires par qui la catastrophe arrive. J'ai bien aimé cette double métaphore. Le langage quand à lui est un peu dur à suivre, et a du être un cauchemar à traduire quand on connait un peu l'emploi des pronoms personnels en japonais: langue parlée, certes, mais aussi changement incessant de point de vue, entre narrateur extérieur et fil des pensées de Seita. Mais on s'y fait.



Les algues d'Amérique, quand à elle, désignent clairement les coupables: les américains, collectivement. c'est en tout cas le point de vue du héros Toshio, qui était adolescent en 1945 et n'arrive pas à pardonner aux américains en général, tout en étant fascinés par eux. De son point de vue, si le Japon a perdu, c'est uniquement parce que les américains étaient au choix: plus grand, plus costauds, mieux habillés que le soldat japonais lambda. Or voilà que sa femme vient d'inviter un couple de retraités américains "bien sous tout rapports", et que Toshio va devoir jouer les guides, ce qui ne l'enchante guère et lui rappelle de mauvais souvenirs de rationnements, d'une époque ou avec 3 mots et demi d'anglais, il servait d'entremetteur pour les soldats auprès de prostituées. Le message est clair l'américain, c'est l'envahisseur, celui qui arrive en pays conquis pour faire du tourisme sexuel. Et c'est exactement ce qui arrive: le vieux monsieur bien est en fait un vieux cochon qu'il va falloir emmener visiter les quartiers chauds, Toshio retrouve sa vieille occupation honnie d'entremetteur. Dans sa logique, c'est simple: il faut trouver un moyen que l'américain soit dépassé, l'obliger à avouer qu'au Japon, c'est mieux que chez lui. autant dire que Toshio va se vautrer lamentablement dans cette entreprise, englué qu'il est dans ses certitudes ( il faut dire aussi que l'auteur n'y va pas de main morte avec ses deux spécimens d'américains bien colonialistes). Et ce qui cristallise cette incompréhension, ce mur qui sépare les deux pays, ce sont " les algues d'Amérique", en fait, du thé noir trouvé dans un colis de l'armée américaine, que les japonais ne connaissent pas sous cette forme et prennent pour des algues à assaisonner la soupe ( on boit plutôt du thé vert par là bas ).



Les deux textes sont très différents, bien que sur un même thème. Dans les deux cas, la narration est très libre, et donc la lecture demande un peu d'attention pour ne pas perdre le fil. Mais si on adhère à ce genre de langue déconstruite, l'ensemble est assez plaisant à lire, et la deuxième nouvelle un peu humoristique et égrillarde, détend un peu l'atmosphère après les Lucioles.
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Nosaka aime les chats

Il faut vraiment aimer les chats et lire la même histoire avec quelques variantes pour apprécier ce livre.

Je me suis ennuyée après quelques nouvelles car j'ai eu l'impression de lire toujours la même histoire.

Et si vous n'aimez pas les gens sales évitez le chapitre sur le fainéant qui ne se lave jamais

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Nosaka aime les chats

Un peu déçue - j aime et les auteurs japonais et les chats.

J ai compris au bout de quelques chapitres et de qu il s agissait de chroniques pas toujours très interessantes.

Et les repetitions d un chapitre a l autre occupent l espace mais pas le lecteur.
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La Tombe des lucioles

Je n’ai presque aucun doute sur le fait que la grande majorité d’entre vous a vu le film d’animation "Le Tombeau des lucioles" de Takahata Isao, mais saviez-vous qu’il s’agit en vérité de l’adaptation d’une nouvelle presque autobiographique de Nosaka Akiyuki publiée sous le titre "La Tombe des lucioles" ?



L’histoire met en scène deux enfants, Seita et sa petite sœur Setsuko, rendus orphelins par les bombardements de Kobe en 1945. Au début du texte, quelques phrases s’étirent en longueur, comme pour faire durer le souvenir d’un bonheur perdu, et évoquent par exemple une profusion de nourriture. Elles sont cependant vite submergées par l’horreur des bombardements, la fouille des décombres, le transport des blessés, l’entassement des cadavres, la dislocation des familles. Malgré l’horreur, l'humanité surgit à travers la voisine qui héberge des orphelins, le conducteur de pousse-pousse qui refuse d'être payé, le frère qui porte sa sœur à bout de bras quand il ne reste qu'eux.



Cette nouvelle se veut l’expiation de la culpabilité de l’auteur causée par le décès de sa sœur adoptive à la fin de la Seconde Guerre mondiale.



Lors de la publication du premier roman de Nosaka Akiyuki, "Les Pornographes", Mishima avait salué ce "roman scélérat, enjoué comme un ciel de midi au-dessus d’un dépotoir". Ces deux auteurs font forte impression dans la littérature japonaise d’après-guerre et témoignent des conséquences de la transformation du Japon qui a basculé de "terre des dieux" à "pays démocratique" (p. 97).


Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Nosaka aime les chats

�itation: « Enfant, je n'avais que des chiens dans mon entourage immédiat. Envers les chats, j'avais un préjugé, un peu comme les gamins vis-à-vis d'un plat auquel ils n'ont jamais goûté, je ne peux pas dire que je les maltraitais, je n'en avais même jamais touché un seul. Il n'y en avait pas non plus chez mes petits camarades. »🧋



C'est un livre qui ne parle que de Chat.



Des chats partout, pendant la guerre, pensant les famines et surtout les chats de notre Auteur.



Il les observe, il en parle, il explique qu'il les trouve vraiment unique et qu'il en est complètement obsed. Il observe les liens sociaux entre ses chats, les réactions à la vieillesse, à la nourriture ou à l'isolement.



Il observe les changements au fils des âges, des saisons et même pendant les travaux de réhabilitation de leur maison.



Il observe aussi les comportements des chats sauvages dans la rue et les compares à ceux de chez lui, leur trouvant des similitudes.



En sommes un récits sur les chats, je vous conseille d'aimer les chats, ou d'en avoir pour pouvoir apprécier ce livre, sinon vous allez vous ennuyer. 



J'ai retrouvé pleins de comportements de mes chats dans les livres et j'avoue que grâce à l'auteur je me suis demandée « mais pourquoi ils font ça ? » c'est assez marrant !



Alors, amoureux des chats? Propriétaire d'un chat (même-ci c'est le chat qui choisit son humain, Harry, pas l'inverse)? Ce livre est pour vous il est mignon et il nous interroge sur pleins de choses qu'on ne comprends pas chez nos amis les félins ! Une ode à leur indépendance, même quand on les nourris et les papouilles ! 🎏
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La Tombe des lucioles

Des images fortes, un autre monde au bout du monde.....et se dire que des gens ont vécut une horreur, un cauchemar!!

Très bouleversant, mais un ton juste et sobre qui permet une lecture sans "mal-aise".



Agora : novembre 2006
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Nosaka aime les chats

Un petit coup de coeur à croquer !





En moins de 200 pages, l'auteur parvient à nous expliquer comment il a été amené à aimer les chats alors qu'il les ignorait littéralement. Il fait la rencontre de plusieurs chats et chiens qu'il a adoptés et il nous parle de ses coups de foudre avec les chats Himalayens Anju, Charly, Dada le "security dog", Neige, Zizi la chienne Husky, Rôbâ la vieille noiraude, Midori, Coco la gâteuse, etc.



Au-delà d'une simple chronique cocasse, drôle, un peu légère et très mignonne d'un propriétaire de chats et de chien, Nosaka réussit à décrire le Japon et sa société humaine qui se reflète alors dans la vie de ses animaux de compagnie. Ainsi les hommes de petite taille aiment se promener avec de grands chiens, une ancienne ville à l'activité houillère a été envahie par les chats, restés à la maison. La manière de décrire la vie des chats, leur façon d'être, de se nourrir, de paresser ou de s'adapter à l'homme sont savoureusement rédigées par Nosaka, sans fioritures et avec une sorte de candeur et de vérité d'observateur (odeurs désagréables, nourriture dégueu et détritus, maladies, blessures, cancers, démence et euthanasie ...!).



L'histoire de Zizi la chienne husky est drôle et émouvante et son portrait s'étale tout au long du roman, rendant l'image du chien encore plus sympathique que celle des chats. Pourtant Zizi ne peut évoluer sans ses maîtres et pas non plus sans les chats de la maison.



Le Japon s'illustre sous une image inédite à la fois féline et canine et Nosaka tente de raconter pourquoi avoir un chat semble plus passionnant que d'avoir un chien et il veut casser l'image de chats "arrogants" et "indifférents". À travers chaque description des chats, on y trouve une métaphore de la vie humaine.



Sorte de récit social et chronique vétérinaire sur tout un tas d'autres animaux finalement (les chiens, les corvidés, ...), ce récit à l'allure documentaire n'est pas un roman. Je l'ai beaucoup apprécié pour tous ses parallèles tracés entre chats/chiens et hommes, ses portraits de "propriétaires" d'animaux (et donc de l'auteur lui même !) et des liens qui les unissent, même si les différences tranchées qu'il trouve entre chats et chiens me tracassent un peu, c'est très enthousiasmant et assez jouissif. Lui-même avoue qu'un tel journal ne peut être écrit sans un parti pris ! J'ai en tout cas beaucoup ri !
Lien : http://www.unefrancaisedansl..
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La Tombe des lucioles

Il m’a bien fallu quelques jours avant que je ne puisse écrire un petit mot sur cette oeuvre. Le temps de faire mienne cette histoire et de la laisser prendre toute son ampleur. Le livre est composé de deux nouvelles, aussi parlerai-je des deux, de manière distincte.



"La Tombe des lucioles" est la première. Il est vrai que j’ai toujours trouvé son titre éminemment doux et poétique. La couverture du roman ne fait que renforcer cet effet…. et l’ensemble trouve un contrepoint entre les lignes. On nous raconte l’histoire terrible de deux enfants, Seita – le grand frère- et Setsuko, leur vie pendant et après les bombardements, alors que la guerre fait rage. Orphelins, nous suivons leurs tentatives de survie, leurs vagabondages dans l’espoir de jours meilleurs et leur adoption des lucioles.



L’histoire est sombre, osons le mot, cruelle, dure et la narration suit à la perfection le sordide et le sinistre de leur pauvre existence. Sans apitoiement, mais avec une force d’autant plus expressive et communicative, elle nous livre le drame de deux petites existences, innocentes et fragiles, le drame d’un pays, et nous emporte le cœur en même temps qu’elle nous tire des larmes. La langue est tantôt triviale, donnant à entendre les gens et leur parlure, tantôt douce et poétique, presque rêveuse. L’indicible nous est livré, petit à petit, entre les lignes.



L’auteur dresse un portrait incisif des familles, qui tend à l’universalité: la mère, malade, qui sait qu’elle ne survivra sans doute pas et prépare l’après, la disparition d’un père suggérée plus qu’elle n’est formulée, un grand frère qui a grandi trop vite pour soutenir, apaiser et protéger sa sœur, des membres de la famille obtus, pleins de préjugés, cruels et égocentriques à l’instar de la tante des enfants. Nos deux héros semblent tomber de Charybde en Scylla, sans pour autant s’en émouvoir, et ils gardent une fraîcheur et une douceur juvénile d’autant plus poignante que nous, nous savons le sort qui les attend… car cela nous est dit dans les premières pages.



Cette nouvelle est donc l’irrésistible chute de deux enfants, ballottés par l’Histoire et par les Hommes, endurant des souffrances hors de leur âge et pourtant qui gardent un regard émerveillé – grâce aux lucioles- sur un monde bien trop sombre. J‘ai aimé cette nouvelle bien entendu, mais le sujet est si pesant que je ne saurais dire que c’est un coup de cœur.



"Les Algues d’Amérique" est la deuxième nouvelle du livre. Autant le dire tout de suite, je l’ai lue après la Tombe des lucioles et elle m’a paru fade, des personnages m’ont semblé plus caricaturaux, et en même temps, elle illustre une autre facette de ces heures sombres du Japon.



Elle se déroule dans les années 60, Toshio a envoyé sa femme, Kyôko, passer des vacances à Hawaï et elle rencontre un couple d’Américains qu’elle trouve charmant: les Higgins. Ces-derniers annoncent un jour leur venue au Japon, La jeune femme décide de tout mettre en oeuvre pour les recevoir et rendre leur visite exceptionnelle.



A partir de là, on alterne entre l’histoire présente et les souvenirs de Toshio : la guerre, la présence des Américains au Japon après la guerre, les pénuries… et le héros a des sentiments antagonistes pour ce couple étranger. Alternant haine de l’Autre et désir de lui plaire, la nouvelle s’égrène avec les contradictions de ses héros, et j’avoue m’être un peu ennuyée, en grande partie parce que les personnages n’ont pas réussi à me toucher. Toshio est ridicule dans son désir de bien faire, et le renversement de situation à la fin du récit est assez savoureux, mais la nouvelle n’a pas réussi à m’emporter – sans doute d’ailleurs parce que sa charge émotionnelle n’était pas assez forte après la première.



Pour conclure, je suis ravie d’avoir enfin lu ce livre : j’ai été touchée au-delà de ce que les mots peuvent dire ! Je relirai avec plaisir la « Tombe des lucioles » dans quelques temps, mais pas la seconde….
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La Tombe des lucioles

C'est beau, cruel, triste, injuste. On s'accroche, on se prend à espérer du mieux, même si on sait l'issue fatale. Ça prend aux tripes et la lecture se fait d'une traite. Et quelle bonne surprise de voir que la version animée est extrêmement fidèle au livre ! D'ailleurs, si ce n'est pas déjà fait, regardez le ! Ah et je viens tout juste d'apprendre que cette nouvelle était semi-autobiographique ; aurait-elle eu plus d'impact si je l'avais su avant lecture ?

La seconde nouvelle "Les algues d'Amérique" adopte un ton bien plus léger et familier. [Et oui, il y a deux nouvelles ! Fait qui n'est nullement mentionné sur la partie extérieure du bouquin, rien, pas un mot dessus sur la quatrième de couverture. Mais pourquoi ?!] Il est question du Japon d'après-guerre dont se remémore Toshio, alors que débarque chez lui un couple d'américains. De la rancœur nippone suinte le cynisme, et la "bonne petite" société japonaise est largement tournée en ridicule.
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Nosaka aime les chats

Élucubrations du chat d'un prof d'université. Un peu tiré en longueur malgré de très bons moments.
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La Tombe des lucioles

Si vous cherchez une histoire toute douce, tout mignonne, vous feriez mieux de passer votre chemin.



Cette nouvelle est d’une tristesse sans nom. Je m’y suis plongée sans savoir à quoi m’attendre, encouragée par les bons échos de l’adaptation animée et du superbe titre.



On connaît la fin dès le début : la mort du misérable petit Seita dans une gare bondée, serrant dans son poing une boîte emplie de poudre blanche. Ce qu’il reste de sa petite sœur.

Le ton est donné.



Les deux enfants deviennent orphelins suite à un bombardement de plus en 1945. Leur famille n’était pas pauvre, ils subviennent au début à leurs besoins en vendant les quelques possessions qu’ils ont pu rassembler, en puisant dans les économies… Mais la misère est partout, personne ne peut ou ne veut aider ces enfants, pas même la tante éloignée qui les recueille pendant un temps.

Ils finissent seuls, abandonnés. Gale, diarrhée, eczéma… l’auteur ne nous épargne rien de l’horreur vécue par Seita et sa petite sœur.



L’histoire est d’une tristesse à fendre le cœur et aurait pu être puissante si elle n’avait pas été composée de phrase à rallonge dont le sens est parfois difficile à percer et l’intérêt parfois absent. Malgré le peu de pages que comporte cette nouvelle, j’en ai sauté plusieurs… !



Qu’on adhère ou non au style, cette histoire ne peut que profondément marquer le lecteur. Déprime en vue pour les âmes sensible…

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La Tombe des lucioles

De très nombreux amateurs de cinéma d'animation japonais ont vu, une fois dans leur vie, le formidable dessin animé de Takahata Isao; ils ont alors pleuré toutes les larmes de leur corps car il est impossible de ne pas avoir le cœur déchiré par cette terrible histoire. Mais combien ont lu la nouvelle d'Akiyuki Nosaka, dont est tiré le film ?



Si, comme moi, vous êtes passé jusque là à côté de cette perle littéraire, voici l'occasion de prendre une petite heure pour découvrir, à un coût totalement négligeable, un texte indispensable.



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