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Citations de Akli Tadjer (329)


La vie est courte, mais les journées sont longues quand on est seule.
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Tu as vingt ans Adam, tu parles comme si tu avais vécu cent ans.

Avoir vingt ans, ça n'existe pas chez nous. Je suis vieux de toutes les humiliations dont j'ai souffert depuis l'enfance.
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La bouteille vidée, Elvire a rapatrié un litre de calva du salon. J'ai fait un non énergique avec le doigt.
— Avec le cidre, Allah fermera peut-être les yeux, mais avec le calva, il ne me le pardonnera jamais.
Elle a ri par hoquets, puis elle a bu une gorgée, une deuxième, et elle a dit :
— C'est à lui de te demander pardon. Regarde où tu es, Adam. À des milliers de kilomètres de celle que tu aimes, et c'est toi qui devrais t'excuser de boire pour oublier que demain, nous ne serons peut-être plus là ? Sois sérieux, Adam, bois.
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Le foot à présent. Ils sont fiers d’être champions du monde. Je ne voulais pas aborder le racisme par le biais du sport. Cela aurait été trop simple et surtout trop démago, de faire l’éloge de ces stars arabes, noires, métisses pour dire : « Voyez, tous ces mecs pas franchement français de souche, heureusement qu’ils étaient là pour nous la décrocher cette coupe. »Puisqu’ils m’ont entraîné sur ce terrain, je leur fais remarquer leurs contradictions : ils admirent l’équipe de France et qu’importe sa couleur pourvu qu’elle flatte leur ego, alors que certains d’entre eux ont refusé de me lire parce que mon nom et mon histoire leur étaient insupportables.« On ne vous connaissait pas, monsieur, sinon… », lance une voix anonyme dans mon dos.« Tandis que M’Bappé, Pogba, N’Golo Kanté, Fékir ce sont vos potes. »Éclat de rire général.
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J'aime ce silence après l'amour. Nous sommes seuls au monde dans cet abîme obscur d'où je ne voudrais jamais sortir. J'oublie tout dans ce moment de grâce unique.
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Il n’était ni beau ni laid. Il était… Elle avait cherché à le comparer à une célébrité connue de tous les Algériens et, après brève réflexion, elle n’avait pu le comparer qu’à JR Ewing.
Si son physique n’avait rien de reluisant, il possédait en revanche un appartement de cinq pièces dans une résidence d’État avec vue imprenable sur la baie d’Alger. Ce n’était pas tout. Il était d’excellente lignée, son père colonel dans l’armée de l’Air appartenait de fait à la caste des privilégiés du régime.
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Maintenant que papa est mort, est ce- ce qu’il y aura une place pour moi dans ton cœur ?

J’ai répondu qu’il y avait toujours eu une place pour lui dans mon cœur.

-Une place, une vraie, maman. Pas un strapontin.
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- Pourquoi nos roumis n'ont-ils pas leur mot à dire ? Nous, on a l'habitude, on ne nous demande jamais notre avis, mais eux, ils sont les premiers concernés.
- Le président de Gaulle les considère peut-être comme des sous-Français. Ça doit être pour ça qu'à Paris on appelle l'Algérie la Sous-France, ai-je répondu sans plus de réflexion.
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‒ A l’Algérie de demain, cher Adam. Qu’elle soit apaisée, heureuse et libre, répond-il.
‒ A la France libérée de ses colonies, cher Gabriel.
(p. 283, Chapitre 28).
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-Jacques, tu le sais bien toi aussi que tout notre malheur c'est la faute des francs-maçons et de la juiverie internationale. Vous êtes citoyens français comme nous. [...] Mais vous, les youpins, vous ne serez jamais comme nous. Ce n'est par par attachement à nos valeurs que vous avez sollicité la nationalité, c'est par intérêt. [...]
En payant mon café, j'ai demandé au patron s'il savait ce qu'étaient des francs-maçons. Évidemment qu'il savait, il avait eu affaire à eux bon nombre de fois avant la guerre. C'était des ouvriers du bâtiment. Avec eux, pas d'entourloupe, les devis étaient respectés au centime près? d'où l'expression "franc-maçon". Je ne voyait pas le rapport entre ces ouvriers du bâtiment et les juifs. Il y avait tant de choses que j'ignorais.
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Combien étions-nous dans ce frontstalag ? Plus d'un millier, certainement. A la vérité, il était vain et impossible de le savoir car il en arrivait et il en mourrait tous les jours, des soldats des colonies. Ici aussi, on ne se mélangeait pas. C'était comme une loi naturelle. Il n'y a que dans les romans que des soldats vaincus fraternisent pour mieux supporter la douleur des défaites amères. On s'était regroupés en fonction de nos origines, de nos langues, de nos cultures, de nos religions. Même entre coreligionnaires d'Afrique du Nord, c'était chacun dans son coin. Les marocains étaient dans des baraquements près des abreuvoirs, les Tunisiens avaient préférés vivre comme dans le désert, sous des guitounes façonnés avec des bâches en plastique. Nous, les algériens, nous avions ajouté de la division à la division. Les Arabes et les juifs arabophones s'étaient accaparé les baraquements côté droit de l'enclos, quelques roumis qui avaient refusé de collaborer avec les allemands avaient étendu leur matelas avec des juifs francophiles dans un petit local près du bureau de l'administration et nous, les Kabyle et les juifs de notre région avions pris la partie ouest du camp qui, selon Tarik, était dirigé vers la Mecque.
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Au-dessus du baraquement des Marocains s’élevait un épais nuage de fumée blanche. On entendait des cris, des appels au secours, des hurlements. Des gerbes de feu jaillissaient du toit, des portes, des fenêtres. Noirs, Jaunes, Blancs, on s’est tous précipités vers le brasier, pelle à la main, et on a jeté de la terre et du sable sur les flammes qui dévoraient les murs du baraquement. Des Marocains, torse nu, visage brûlé, avaient réussi à s’échapper de la fournaise et se roulaient par terre en hurlant à la mort. Comme les Allemands n’arrivaient pas, Tarik et moi avons voulu forcer la clôture de fils barbelés pour aller à la caserne. Les soldats de garde nous ont repoussés. Tarik a insisté, il voulait parler au grand chef pour qu’il donne l’ordre d’apporter des citernes d’eau.
— « Schnell ! Schnell ! »
Ils nous ont chassés à coups de matraque et ont lâché leurs chiens sur nous. Le baraquement s’est écroulé. Les Marocains s’étaient tus pour toujours. Ne restait qu’un immense bûcher et cette odeur de méchoui humain que je n’oublierais jamais. Des hommes pleuraient. D’autres juraient qu’un jour, ils leur feraient subir, aux Allemands, le malheur que nous endurions depuis des années.
Combien de nos frères avons-nous perdus ce soir-là ?
Cent ? Cent cinquante ? Deux cents, peut-être ?
J’ai regardé Tarik au fond des yeux et j’ai dit :
— Tu as vu comme ils nous respectent, tes Allemands.
La fumée me piquait les yeux. J’ai caché mon visage derrière mes mains pour pleurer.
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Demain est à nous, ma bien chère Zina. Je vais vivre, chanter, souffrir, rire, pleurer avec toi. Je l’aime tant le temps qu’il nous reste à vivre.
J’ai beaucoup d’argent, ma bien chère Zina. J’aimerais, mais il faut que tu sois d’accord, que l’on se remarie. Un beau et grand mariage. On ferait venir un orchestre de Bougie, avec ses joueurs de bendir, ses flûtistes, ses danseuses, et une chorale d’adolescentes qui nous combleraient de leurs mélopées sucrées. Toi, tu serais vêtue d’un caftan brodé de fils d’or. Un diadème serti d’émeraudes flatterait ta chevelure rousse. Et tu trônerais sur un palanquin soulevé à bout de bras par les garçons les plus vigoureux du village. Des grosses matrones pousseraient des youyous en jetant sur toi une pluie de pétales de rose. Moi, je serais drapé dans un burnous blanc et je suivrais le cortège sur un destrier noir. Tout Bousoulem serait de la fête. On sacrifierait des moutons et un bœuf pour le méchoui du soir, et on danserait jusqu’à ce que disparaisse la dernière étoile. Puis ce serait notre nuit de noces et l’on s’aimera pour les mille ans à venir. Puis, ce serait notre voyage de noces. Nous visiterions des contrées que nos livres ne nous ont pas encore fait découvrir. Si nous avons le temps, j’aimerais revoir Paris sans les Allemands. Nous rentrerions riches de cent histoires à raconter à nos enfants. Ce serait magnifique.

Les cornes de brume trompettent. La Kabylie est en vue.
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Comblé, je le serai quand je t’aurai serrée contre moi pour retrouver la chaleur de ta peau, quand j’aurai passé mes doigts dans ta chevelure plus flamboyante qu’un incendie d’été et, quand j’aurai pris ton visage entre mes mains pour te dire, les yeux dans les yeux, que tu m’as offert le bien le plus précieux qui soit : le manque de toi.
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«Les objets ont une âme, et (que) c'est un peu de nous-même que nous abandonnons lorsque nous les laissons agoniser sous les toiles d'araignées de nos greniers»
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À la grosse horloge carrée du pont de Crimée il est dix-neuf heures cinq. Cela fait plus d’un quart d’heure que nous longeons dans le froid, le vent, la bruine le quai de la Loire à la recherche de La Paloma. Nous nous arrêtons devant la énième péniche amarrée devant le cinéma MK2, je lis la plaque de cuivre lustrée sur son flanc ; ce n’est toujours pas La Paloma.
Je n’en peux plus. J’ai mal aux orteils, aux chevilles, mal aux mollets, mal aux genoux. J’ai l’impression que mon sang ne circule plus. Mes pieds vont imploser, c’est sûr. J’abaisse le pouce du vaincu, je claudique jusque sous le auvent du bar des Beaux gosses de la Villette et je m’assois sur la première chaise à portée de fesses. J’enlève mes escarpins, me masse les pieds jusqu’aux chevilles ; c’est jouissif.
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Mon père avait parlé un peu en kabyle avec mon Oncle Salah. Ça lui faisait du bien de causer dans sa langue maternelle, à mon oncle, même s’ils se disaient des choses sans importance.
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Les lettres d’amour, ça s’écrit en français de Paris, pas en ch’ti  !
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La haine, c’est encore de l’amour.
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Çà m'a fait chaud au coeur d'entendre le gus que j'étais chez moi à Paris et même davantage, encore. Çà m'a bouleversé parce que depuis quarante-deux ans que je vivais ici personne jusqu'à ce soir ne l'avait remarqué. je me sentais parisien jusqu'au bout des ongles. J'y étais né par accident et je ne m'imaginais pas d'ailleurs, ailleurs qu'à Paris.
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