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Citations de Akli Tadjer (329)


Chaque samedi matin, avant de se rendre chez son avocat, elle se mettait un peu plus en beauté pour lui plaire. Un trait de khôl pour souligner ses yeux de gazelle, de la poudre de riz pour éclaircir son teint de noiraude, un soupçon de rouge à lèvres pour valoriser ses lèvres charnues et, dès qu’elle avait franchi les grilles de l’orphelinat, elle libérait ses longs cheveux de jais, dégrafait un bouton de son corsage, remontait sa jupe au-dessus du genou.
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Je trouve ça vulgaire les percings. Je l'ai dit à ma fille. Pour me donner le change, elle a sorti une photo de moi. J'avais quinze ans, des cheveux sur les épaules, une veste afghane, des pataugas, un peu de poil au menton. Je m'étais trouvé grotesque. Je ne l'ai plus emmerdée avec ses clous sur le nez et sur la joue.
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Et mon père, il avait à l'idée, qu'à me laisser seul toutes les journées j'allais tourner gangster. J'avais des prédispositions pour, qu'elle avait mentionné la maîtresse sur mon livret scolaire parce que j'avais volé le compas et le gouter - deux fois- de mon voisin de table.
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La Picardie, il connaissait. En revanche, il n'avait jamais entendu parler de frontstalag. En deux mots, j'ai expliqué que c'était des camps de travail réservés aux soldats coloniaux. Et pour notre malheur, nous avions pour geôliers des roumis, les mêmes qui nous avaient précipités dans leur sale guerre.
- Et pourquoi ils ne vous ont pas embarqués en Allemagne, comme les autres,
- Ils avaient peur qu'on leur amène des maladies ou qu'on salisse leur race, ai-je ajouté.
- C'est eux la sale race. Et nos roumis, des traîtres, de la sale race, pareil.
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Chez nous, les vieux sages disent qu’il y a trois choses qu’on ne peut pas rattraper.

La pierre après l’avoir lancée. L’occasion après l’avoir ratée. Le temps après qu’il est passé.
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Dans vos réunions, cher Adam, combien de fois ai-je entendu parler d’audace et de liberté ? Où est l’audace, où est la liberté quand aucune autre femme que moi n’est autorisée à participer au dialogue ? Avez-vous peur de nous ? Que savezvous de l’Algérie dont rêventvos femmes, vos filles, mes sœurs ? Évidemment rien. L’Algérie de demain se fera avec nous ou elle ne se sera pas.
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Nous ne voulons plus quémander l’égalité des droits. Nous ne voulons plus être endormis par de belles promesses d’égalité et de fraternité.Nous voulons être maîtres de notre destin. Nous voulons être libres. Libres comme des Français.
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-Quand je regarde derrière moi, je ne vois que le corps de mon père mutilé, pourri par la gangrène et l'ingratitude de l'armée française. Quand je nous regarde aujourd'hui, je nous vois otages de la barbarie des uns et des autres. Ce que j'ai appris des allemands, je l'ai subi tous les jours au frontstalag. Nous vivions comme des animaux...je ne leur ferais jamais confiance pour nous libérer. Vainqueurs avec la France ou vaincu avec l'Allemagne, nous les Algériens serons toujours perdants. Si nous devons être de notre destin, nous ne le devrons qu'à nous même.
Fodil et Tarik ont éclaté d'un rire complice, heureux de penser que j'étais un sacré naïf, tandis que les autres se sont moqué de moi en me crachant leur fumée de cigarette à la figure. L'un d'eux, ivre d'anisette, m'a bousculé et à hurlé que seul Hadj Adolf Hitler nous délivrerait de l'empire de l'empire colonial
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-tu a déjà fais la chose, Adam ?
-Non, jamais
- Pourtant j'ai entendu beaucoup de garçons de ton âge au village dire qu'ils l'avaient déjà faite.
Elle avait vu son frère Mourad entreprendre Farida, sa chèvre, dans la bergerie familiale. Elle avait surpris l'ainé des fils d'Alilou amadouer la mule de Mr Grandjean à coups de bouquets de genêts pour obtenir ses faveurs. D'autres gars du village se soulageait la veille de leur mariage sur leurs génisses ou leur brebis pour s'exercer aux mouvements saccadés du bassin.
Imaginer Mourad, le fils d'Alilou et toute cette clique de puceaux, le sarouel en accordéon sur les chevilles, baisant à la sauvette ces pauvres bêtes m'a fait sourire.
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On n’a qu’un seul grand amour dans sa vie. Tous ceux qui précèdent sont des amours de rodage, tous ceux qui suivent des amours de rattrapage.
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Chaque fois que je vidais un sac de chaux vive sur ces jeunes hommes pourris par la maladie, je ne pouvais m’empêcher de penser que nous avions le même âge, qu’ils venaient, tout comme moi, de pays de soleil, qu’ils avaient eu une mère, un père, qu’ils avaient ri, pleuré, aimé, détesté, chanté, dansé et que demain, peut-être, ce serait moi qu’on balancerait dans le trou puis que l’on brûlerait à la chaux vive pour que je ne souille pas cette belle terre de France.
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Ainsi, j'avais appris comment mon pays avait été conquis par la France. On ne m'en avait jamais parlé. Ce n'était pas que nos aînés voulaient dissimuler ce pan de notre histoire peu glorieux mais ils en étaient ignorants. Un coup d'éventail. Le dey Hussein d'Alger - sorte d'administrateur -, qui gérait l'Algérie pour le compte de l'empire ottoman, avait exigé du représentant du roi Charles X qu'il honore la dette de son pays. À l'époque, l'Algérie était le premier exportateur de céréales pour la France. Le représentant de Charles X avait méprisé Hussein, arguant qu'un sous-fifre ne donnait pas d'ordre au roi de France. Hussein, humilié et ridiculisé devant sa cour, l'avait souffleté trois fois avec son éventail. Quelques mois plus tard, Charles X envoyait son armada corriger la piètre armée du Dey Hussein. Battu sans livrer combat, il avait été chassé comme un malpropre d'Alger. Quatre-vingt-dix ans plus tard, des hommes comme moi se retrouvaient à porter l'uniforme pour défendre cette France qui nous avait mis à genoux.
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Nous ne sommes même plus un duo d’égoïstes mais un attelage tirant à hue et à dia. Il me traite de misandre ou de garçon manqué. Je le traite de tanguero des guinguettes. Puis, nous éclatons de rire. Ce sont des fous rires de nervosité. Sur le coup de minuit, Nina appelle un taxi pour rentrer chez elle couver son bébé. Théo descend, alors, des canettes de bière, assis sur le bord de la scène. Plus il boit, plus il broie du noir, et une fois bien éméché, il s’en va aux Halles cuver son désespoir de bar en bar.
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Il fait froid, il fait crachin, ça me pique les joues et je sens l’humidité transpercer mon manteau. Nous marchons à grandes enjambées entre les voitures mal garées dans les ruelles du quartier Montorgueil. Rue Montmartre, j’arrête. Je n’en peux plus de la suivre. J’exige de savoir où l’on va. Leïla se retourne, me prend la main, son visage d’un coup s’illumine et elle dit :

— On y est presque. Dépêche-toi c’est bientôt la fin de la nocturne exceptionnelle.

Nous tournons à droite dans la rue Jean-Jacques-Rousseau et quelques mètres plus loin nous arrivons chez Louboutin, le célèbre chausseur de luxe.

Le sourire de Leïla irradie plus fort encore et elle ajoute :

— Voilà ma surprise. Tu choisis la paire de chaussures qui te plaira. C’est mon cadeau d’anniversaire.

Je suis émue, atteinte en plein cœur, mais je suis surtout gênée car je n’ose avouer que je me contrefiche de mes trente ans. Je voudrais lui dire combien je préférerais que l’on dîne ensemble, toutes les deux en célibataires, comme souvent. Les mots me manquent, alors je réponds honteuse, les yeux baissés :

— Tu es folle. Il ne faut pas. Ça va te coûter…

— Quatre macchabées. Qu’est-ce que c’est que quatre macchabées pour sa meilleure amie ?
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Ce que j’aimais, c’était l’aimer et la regarder s’endormir au creux de mon épaule. C’est tout.
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Akli Tadjer
« Le tango n'est rien sans la musique et ses chansons qui racontent les mésaventures de vauriens, la nostalgie de l'enfance, les amours mortes avant d'avoir vécu, et la mélancolie du pays qu'on a quitté et qu'on ne reverra plus
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« Si le tango est la danse de la passion, il est surtout la danse de la divination. On doit lire dans la pensée de son partenaire parce que les pas n'obéissent à aucun ordre prévisible. Ils relèvent de l'inspiration de celui qui guide : c'est la magie du tango » (p 44),
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«La vie parfois, c'est magique, parfois c'est merdique» (142),
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Longtemps, j’ai déserté mes souvenirs d’enfance parce que je les savais maussades comme un ciel de banlieue. Maintenant que Nelly m’est revenue, il me semble que ma petite vie ordinaire avait quelque chose d'insouciant de léger, d’heureux, presque.
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Devenir aveugle, c'est ne plus pouvoir se regarder dans la glace, ne plus savoir si on est beau ou laid, c'est être dans le vide absolu puisque plus rien n'arrête votre regard. Devenir aveugle, c'est être dans le vide absolu puisque plus rien n'arrête votre regard. Devenir aveugle, c'est ne plus pouvoir déceler dans les yeux de sa mère une émotion, un sourire, une tristesse, une larme. Devenir aveugle, c'est perdre un à un tous ses amis mais c'est surtout perdre celle qu'il avait aimée et, au final, c'est vivre dans la plus haute des solitudes.
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