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Critiques de Alexandre Feraga (71)
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Charlie s'en mêle

"J'ai passé du printemps aux intempéries

J'ai essayé de comprendre , on m'a dit c'est la Vie

Ne me demande pas de choisir...".

M.Pokora, Mieux que nous.

Les parents de Charlie (10 ans) viennent de se séparer...





C'est dur !

Alors, j'ai mis au point une litote, une retoque, une métho... "un plan pour les remettre ensemble."





Sans ma maman, mon papa fait pitié. "Je repasse derrière lui pour débrancher le fer à repasser, éteindre le four, finir de tondre la pelouse" (hi ha, au galop la tondeuse!)





Sur les conseils de ma copine Léa, j'ai commencé par arrêter de manger. "Enfin, pas vraiment. Seulement devant eux. Léa m'apporte des trucs à grignoter."





Et puis, j'ai arrêté de parler. C'est pas facile! Ils m'ont envoyé chez un docteur. "Le pédopsychiatre m'a posé des milliers de questions. Mais, j'ai tenu bon, aucune raison de parler à... un inconnu!"





J'ai menti à Maman et à Papa, pour les inviter tous les 2 ensemble, chez Mamie Épinette.





Quand papa est arrivé chez mamie, il a vu Rox, le doudou chien dézingué de maman (quand elle était bébé !) Et sa photo déguisée en Marguerite...

Il a ri, puis s'est mis à parler tout seul, (c'est bête, un adulte!) en feuilletant l'album photo.

Puis, à travers la porte, je l'ai entendu pleurer...





Mais, quand maman a vu papa, en arrivant, j'ai bien cru qu'elle allait le mordre.

"-Charlie, c'est toi qui a dit à ton père de venir?"

Papa a voulu prendre ma défense et...

"Je ne les avais jamais vu se crier dessus. C'était pas beau à voir!"





Bon, il me reste à envisager la suite :

-chercher de nouveaux parents, sur internet (je plaisante!),

-me cacher dans le placard de Léa.

-faire une fugue...

-trouver un amoureux pour maman, afin de rendre papa jaloux, ou le contraire (pousser Sylvie ma maîtresse, dans les bras de papa?)

-faire le bébé.

Pas facile de manger des céréales avec une... tétine.





Je vais trouver un moyen, il le faut...

Mes notes en classe!

Ils vont être obligés de venir chez le directeur, qui va leur passer un savon, pour mes notes...
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Je n'ai pas toujours été un vieux con

Léon, un ancêtre, un croulant, un soixante-dix huit tours, a été sauvé des flammes de son appartement par son abruti de voisin. Rien n'a pu être sauvé de l'incendie à part son vieux transistor. Avec sa fracture bassin hanche, impossible pour lui de rester tout seul et, qui plus est, il n'a personne pour l'héberger. Voilà comment il est arrivé aux Primevères, cette maison de repos/maison de retraite/mouroir, cloué à son fauteuil roulant. Heureusement, la belle infirmière Marylin est à ses petits soins, Marylin et son cul à en faire tomber plus d'un. Mais, il y a aussi la vieille Camus, la folle au talon, à lui raconter en long, en large et en travers son passé avec feu son mari et le kiné binoclard pas vraiment tendre avec lui. Et, il y a également Jack, le féru de lecture, devenu aussitôt son meilleur ami et Roger, le roi de la débrouille, adepte du saucisson/pinard. Devenus inséparables, ces trois amis vont vivre des aventures passionnantes et extravagantes. 



Bienvenue aux Primevères... Avec ces patients tous aussi burlesques ou déjantés, l'on ne risque pas de s'ennuyer pendant notre séjour. Entre la vieille folle, le peintre qui ne peint pas ou la petite dame qui attend tous les jours, manteau sur les genoux, qu'on vienne la chercher et ces trois lascars, Alexandre Feraga nous dresse des portraits de vieux chnoques terriblement attachants. Pas un pour rattraper l'autre. Alternant les chapitres où l'auteur décrit le séjour de Léon dans cet établissement et son passé, l'on suit pas à pas la vie de ce vieux roublard qui a roulé sa bosse. Mais, inévitablement, la mort est au bout du chemin, alors il faut faire avec. C'est peut-être le moment de faire table rase du passé. Cynique, manquant de diplomatie, jamais la langue dans sa poche et lucide comme jamais sur sa vie et ce qui l'attend, ce bon vieux Léon nous fait passer un séjour agréable et captivant. De son enfance compliquée à sa vie de bourlingueur, il se livre avec passion. A la fois tendre, impertinent, jouissif et riche, ce roman à l'écriture enlevée et directe, offre une belle leçon d'humanité. 



Je n'ai pas toujours été un vieux con... ni un jeune con...
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Le frère impossible

Afin d'éviter de croupir dans une geôle au coeur du Sahara pour avoir déserté, avec l'aide, très précieuse et insistante, de sa mère, Zina, installée en France, qui s'est bien assurée de salir la réputation de sa belle-fille, de son frère qui réglera les détails, le fils, marié à Khadija et père de quatre enfants, fuit son pays. À bord du bateau qui les emmène loin de chez eux, l'aîné, Samir, est bien le seul à croire à l'enchantement de ce nouveau départ, les jumelles, du haut de leurs trois ans, ont l'impression d'assister à un spectacle et le dernier né, âgé de quelques semaines, n'aura, évidemment, aucun souvenir des événements. Installé à Sarcelles, dorénavant associé d'un pressing, le père trouve une nouvelle épouse, une vendeuse en boulangerie. Une Française, ce qui est loin de plaire à Zina. Il lui fera, très vite, un enfant. Pour avoir la paix. S'il se désintéresse du dernier né comme des autres, Samir, lui, commence aussitôt à maudire ce bâtard...



Avec beaucoup de sensibilité, de pudeur et de recul, maintenant que nombre d'années sont passées et qu'il a coupé depuis longtemps les ponts avec sa famille, Alexandre Feraga, le petit dernier de cette fratrie, revient sur son enfance et celle de Samir, qui l'aura détesté, malmené, maltraité, humilié... et essaie de comprendre comment deux frères ont pu, ainsi, suivre des chemins diamétralement opposés. L'un se tournera vers les autres et deviendra écrivain tandis que l'autre, nourri à l'indifférence d'un père, à une certaine colère et jalousie, se radicalisera et trouvera la mort en Afghanistan. Ce récit est aussi celui d'un père, Mohammed, totalement défaillant, indifférent à ses enfants, alcoolique, violent parfois, lâche et taiseux, soumis non pas à ses femmes mais à sa mère. Un père incapable de tendresse que ses propres enfants finiront par détester et mépriser. C'est aussi celui d'une mère effacée, en retrait. D'une grand-mère égoïste, retorse et lâche. Alexandre Feraga décortique, analyse son passé, tente de comprendre le comportement de Samir. Cette confession intime et poignante, bien que tragique, rend également hommage au pouvoir des mots, de l'imagination. La plume, tour à tour sensible et révoltée, sonne incroyablement juste.

Un récit déchirant...
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Le dernier cerveau disponible

Un inconnu, un cigare Cohiba Behike 56 aux lèvres, la peau hâlée et une perruque vissée sur la tête, marche tranquillement dans la rue. Alors qu'il admire ce poteau de barbier, il se fait agresser violemment par un homme qui, visiblement, en voulait à son cigare. Énervé, il lui flanque des coups de poing, l'attrape tel un mouton et l'envoie valser dans la vitrine de ce salon de coiffure. Ce dernier atterrit brutalement aux pieds de Dame Léonie. L'effroi et la peur dominent à l'intérieur, seul Harold, le patron a la présence d'appeler les pompiers. Aussitôt arrivé à l'hôpital, l'inconnu est pris en charge par plusieurs chirurgiens qui tentent de lui redonner un semblant de visage. Mais le principal souci est qu'il a complètement perdu la mémoire, jusqu'à en oublier celle qui l'a mis au monde ou encore les fonctions des choses. Étonnamment, personne ne le recherche ni vient lui rendre visite, excepté Harold qui se sent responsable de cet accident. Le monde semble l'avoir oublié... Alors que le lieutenant Phorminx, en charge de l'enquête, tente d'en savoir plus sur cet homme, le coiffeur, lui, décide de l'accueillir chez lui. Une intrusion qui va à tout jamais bouleverser sa petite vie de famille...





Cet inconnu, rebaptisé Olaf par Harold, en mémoire de son aïeul, va chambouler non pas seulement la vie de ce dernier mais aussi celle du lieutenant Phorminx, parti loin de nos contrées pour tenter de démasquer son identité, celle de Daniel, chauffeur de taxi en charge d'Olaf, celle de Philomène, la femme d'Harold, et celle du terrible Porfesseur Strumstick, toujours avide de nouvelles expériences machiavéliques. Une galerie de personnages hauts en couleurs et attachants qui, au contact d'Olaf, vont se révéler. Alexandre Feraga, de sa plume jubilatoire et de son imagination débordante, nous offre un roman très actuel sur la mémoire, la consommation, la recherche d'identité, l'affirmation de soi. Il dépeint avec mordant notre société et nous entraîne dans une intrigue jouissive et originale. Un roman enlevé, impertinent et plus profond qu'il n'y paraît.
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Le frère impossible

C’est un drame qui lance le roman : les enfants de Khadidja sont ravis à leur mère et acheminés vers la France avec leur père, pour être accueillis par Zina la grand mère. Ils sont jeunes, mais pas suffisamment pour que cette rupture ne laisse pas de traces. Samir ne s’en remettra jamais, vouant une haine féroce pour le demi-frère que sa belle mère mettra au monde quelques années plus tard. Objet de tourments permanents, c’est lui qui conte cette histoire.

Le père qui a laissé ce rapt se faire par l’entremise de sa machiavélique mère est une enveloppe vide, un personnage centré sur les paradis artificiels que l’alcool ou les jeux peuvent lui procurer. L’existence des enfants au mieux l’indiffère, au pire le conduit à des accès de violence inimaginables.



Que peut-il advenir de jeunes enfants qui ont grandi sur un tel socle ?



Il semble que le narrateur s’en soit plutôt bien sorti; on ne saura rien des jumelles mais pour Samir, la voie est toute tracée…



Roman noir, autobiographique, qui met en évidence les caprices du destin, qui à partir d’une situation donnée peut déboucher suer le pire ou le meilleur.



Les scènes sont empreintes de violence, parfois à la limite du supportable d’autant que’on se demande si l’on a atteint le fond ou si pire est encore possible.



Témoignage percutant de ce que la douleur peut entrainer chez les hommes, le roman est poignant. Si le dénouement, attendu, est terrible, il est aussi un soulagement.





256 pages Flammarion 11 janvier 2023

Sélection prix orange 2023


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Je n'ai pas toujours été un vieux con

Une lecture rafraichissante ou l'on trouve le personnage de Léon qui doit quitter son appartement après que celui-ci ai pris feu, il doit donc vivre dans une maison de retraite dans une seconde partie de celle-ci pour sa rééducation.



J'ai été attiré par ce livre tout d'abord par son titre il est dans le même style que le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, Vieux, râleur et suicidaire ou le gang des dentiers fait sauter la banque mais le style de l'auteur m'a plus plût dans celui-ci. On passe comme dans les auteurs de sa vie actuelle à son passé.



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Le frère impossible

Moi et mon frère, bourreau et martyr



Il aura fallu plusieurs romans à Alexandre Feraga avant de se sentir prêt à raconter son histoire et celle de son frère mort en Afghanistan. Un frère qui l’a longtemps martyrisé avant d’être happé par les intégristes musulmans. Un récit âpre, violent, sans concessions.



Ce roman s’ouvre sur une scène forte, celle d’un rapt. Un homme fait monter ses quatre enfants sur un bateau à destination de la France. Nous sommes en 1975 et, en vertu de la politique de regroupement familial, il peut rejoindre ses parents qui ont émigré vers la France. Mais il laisse Khadija, la mère des enfants, derrière lui. Un plan machiavélique conçu par Zina, sa mère soucieuse de le voir auprès d’elle.

En France, il ne va pas tarder à trouver une épouse qui succombe à «ses boucles brunes, son visage rond, sa bonhomie affichée en public, ses longs cils et sa manière de fumer ses cigarettes». Elle est non seulement prête à accueillir sa progéniture, ayant elle-même déjà un enfant, mais aussi à agrandir la famille recomposée. Le narrateur naît en avril 1979: «L’homme qui a arraché quatre enfants à leur mère est mon père. Je suis né de sa fuite quatre ans plus tard, en France. Comme si faire quatre orphelins ne suffisait pas. Cet homme a récidivé sur un autre continent, dans un décor différent. À l’heure de ma naissance, il ne se montre pas plus concerné par ma venue que par l’éducation des quatre enfants dérobés. En ce matin d’avril, je suis une péripétie de plus.» Une péripétie qui ne va pas tarder à sentir qu’il n’est pas le bienvenu dans la fratrie. Ses trois demi-frères, menés par Samir, l’aîné, vont lui faire sentir par des coups et agressions, des violences physiques et morales quasi quotidiennes. Pour y échapper, il va chercher des cachettes et finir par trouver un placard qu’il pourra investir avec une lampe frontale et un livre. «Je peuplais le placard de centaures, de licornes, de dragons, de toutes les créatures fantastiques que mes premières lectures avaient mis à ma disposition. Il me suffisait de les convoquer pour qu'elles accourent et dansent sur les parois sombres de mon refuge. Des personnages comme Huckelberry Finn, Nils Holgerson ou Jim Hawkins venaient à ma rescousse. Ils étaient mes frères véritables, pas une ligne de leurs aventures ne me trahissait jamais.» Ce sont ses compagnons d’infortune qui vont lui permettre de résister. Quand dans les pires situations, il peut faire appel à son imaginaire et à ses héros.

Mais la situation familiale ne s’améliore pas, bien au contraire. Son père se noie dans le jeu, l’alcool et les dettes, si bien qu’il lui faut quitter leur maison de Montsoult pour la petite villa de Méru dans l’Oise que lui ont laissé ses parents, retournés vivre en Algérie. «Je garde de ce jour un fort sentiment d’injustice. J'abandonnais des amitiés qui m’avaient aidé à supporter la fureur de Samir et les dysfonctionnements du père. Sans eux, je ne savais pas comment j'allais pouvoir affronter la suite de la débâcle. Une image ne m'a pas quitté: mes sœurs côte à côte sur le trottoir nous faisant des signes de la main. Elles étaient en larmes, des sacs de vêtements bourrés à la hâte encerclaient leurs chevilles. Elles avaient fini par se taire, la voix coupée par la cruauté. Pendant que nous les abandonnions, les jumelles, elles, se tenaient par les épaules. »

Pendant ce temps, Kadhija dépérit. Elle a cessé de croire au retour de son homme et celle de revoir jamais ses enfants.

Sans pouvoir y répondre, l’auteur pose la question des traumatismes qui conduisent à des destins diamétralement opposés. Comment les deux frères ont-ils pu basculer chacun dans la délinquance, la violence et l’intégrisme pour l’un et dans l’écoute et l’ouverture aux autres – Alexandre va s’occuper d’enfants handicapés – pour le second? Peut-être que leur rapport à ce père défaillant éclaire un peu cette interrogation.


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Je n'ai pas toujours été un vieux con

Derrière cette couverture absolument géniale et délirante se cache un livre touchant et profond.



Léon est un petit vieux qui vivait peinard dans son appartement jusqu'au jour où il y mis le feu par inadvertance. En le sauvant, son voisin le fait tomber. Un bonhomme de cet âge n'est pas bien solide, verdict : fracture de la hanche.

Il se retrouve placé dans une maison médicalisée le temps de sa rééducation.. Entouré de personnes de son âge, Léon navigue entre souvenirs, présent et une bonne vision de l'avenir.

Si les vieux radotent, ce n'est pas pour emmerder leur entourage, c'est pour bien garder à l'esprit tous les bons et mauvais moments qu'ils ont vécus. Pour se rappeler qu'ils ont eu une vie, que l'état de décrépitude dans lequel ils se trouvent ne résume pas leur existence.

Ce roman a deux lectures. La première qui vous donnera le sourire, aborde avec légèreté la vieillesse et les institutions spécialisées. Tout cela sous des phrases incisives de notre ami Léon.

Avant d'arriver ici, je pensais entrer au musée des horreurs. Un version gériatrique de la fin du monde. Avec ballet de croque-morts tous les trois jours et marche funèbre pour danser le samedi soir.

La seconde lecture est plus profonde, je dirai même plus philosophique. Léon en a vu des choses, à traversé bons nombres d'épreuves et sous son côté bourru il a tout de même un cœur qui aime son prochain. Aux Primevères (le petit nom de la maison de retraite), il y a certains destins qui vont légèrement dévier de leurs axes ....



Alors ne vous attendez pas à voir des petits vieux avec couches, libido en berne et les souvenirs dans les chaussettes !! Léon dit bien à un moment que ce qui est pire qu'une petite vieille ayant la maladie d' Alzheimer, c'est la petite vieille qui se souvient de tout, du moindre détails et qui va tout vous raconter ...



Alexandre Feraga aborde une multitude de sujet (femme battue, orphelin, l'après guerre..), rien n'est de trop. Aucune lourdeur. Ce n'est pas pessimiste mais juste un constat.



Ce roman de 250 pages va vous surprendre ! Faites pas les cons, lisez le !


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Le frère impossible

1975. Le père arrache ses quatre enfants en bas âge à leur mère et à l’Algérie pour venir s’installer en banlieue parisienne.

«Des quatre enfants escamotés, il n'y a que Samir qui continue de croire à l'enchantement de ce départ. Depuis qu'ils ont embarqué, sa petite main n'a pas lâché le revers du pantalon paternel.»



1979. Naissance de l’auteur et du narrateur, Alexandre Feraga, de ce même père algérien et d’une mère française.

Samir est donc son demi-frère, un « frère impossible » à cause de la défaillance paternelle et du manque de communication ayant engendré une colère rentrée, une rage sourde qui ne s’exprimera que par la violence.



Dans l’enfance, Samir sera le bourreau et Alexandre la victime.



La fin de l’adolescence verra leurs trajectoires s’éloigner.



Grâce à un monde intérieur fertile qui permet à son esprit de s’évader et à une poigne de rencontres salutaires, Alexandre cessera d’être une victime et trouvera sa place dans la société, en temps qu’homme, père et écrivain.



Samir n’aura pas cette chance. Samir le rebelle n’aura de cesse de laisser s’exprimer sa haine, jusqu’à sa mort violente dans un camp d’entraînement en Afghanistan en 2001.



En reconstituant avec minutie et une sensibilité exempte d’auto-apitoiement ces deux enfances que tout oppose hormis la lâcheté de leur géniteur, l’auteur nous livre un témoignage/récit émouvant et prenant, qui décortique les rouages de deux destinées différentes en dépit d’un même « terreau ».

La plume est belle, certains passages d’une poésie extrême malgré le prosaïsme ou même l’horreur du propos.
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Je n'ai pas toujours été un vieux con

Entre l'odeur du fenouil, la toilette des incontinents, les draps souillés, la symphonie des dentiers et j'en passe, je sais maintenant que passé un certain "stade de décomposition" j'emmerderai le monde et que j'aurai "le cerveau mité par l'industrie pharmaceutique".



Comme dans tout roman il y a des parties que l'on aime et les autres. Là c'est très clair. On termine ce livre avili, amoché. L'être humain se dirige inexorablement vers le pire. Aucune chance d'en réchapper! l'enfer se passe sur la terre. La prison. le lâcher prise dans tous les domaines, dans tous les états, de toutes les manières.



La vieillesse nous fait plonger dans tout ce qu'il y a de sombre, de sordide, d'incolore. La violence des mots n'a d'égal que la violence des faits relatés. Nulle poésie dans les rencontres. Aucune tendresse dans les échanges. Juste des phrases abruptes telles que" Cela nous donnait l'occasion d'éplucher les couches successives de nos oignons".

Même les conquêtes amoureuses de la vie du héros sont réduites à peau de chagrin.



L'escapade de la maison de retraite? Une série noire:"sombre escapade. Des gueules grises, fanées, coulantes, avalées par de drôles de siphons...... écrans, claviers, écouteurs, des petites sangsues censées guérir les voyageurs d'un mal incurable, l'ennui....... gris d'avoir vécu".



Ce jeune auteur de 34 ans a des idées bien noires ou bien sordides. Son idée de la vieillesse me donne le frisson. Ce n'est pas un roman, c'est un abîme. Un vertige. Un saut dans le vide un jour de tempête.



Et oui M. Feraga, j'ai connu des personnes âgées dont le visage s'éclairait juste à l'évocation d'un beau souvenir, dont les yeux pétillaient en disant un bon mot. Des personnes très âgées capables de s'émerveiller à l'évocation d'un bon bouquin, de s'attendrir en regardant un enfant, d'avoir de l'humour et de passer de vrais bons moments d'amitié. Capables d'apprécier une présence, d'avoir, encore, un appétit pour la vie et tout ce qu'elle peut encore apporter de surprises, de couleurs et de poésie.



Ce livre est une insulte à l'espoir, un coup de pied à l'inattendu. Si jamais l'auteur a voulu être drôle, c'est loupé. En ce qui me concerne je n'ai rien trouvé de drôle, de rassurant, de plaisant, ni de respectueux dans ce texte.



Comme disait l'instituteur à mon époque, je mets une note pour payer l'encre. Je vous souhaite de bien vieillir Monsieur Feraga et donc de clamer haut et fort: je me suis totalement fourvoyé.
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Après la mer

Après la mer est un roman autobiographique et, autant être franche, son sujet n'est pas parmi mes préférés. Dans ce cas, il part avec un bon handicap et l'auteur doit s'avérer vraiment très fort pour m'intéresser. S'il n'a pas réussi à me passionner, je suis tout de même allée au bout et ça, c'est grâce à l'écriture d'Alexandre Feraga, fluide, sobre, équilibrée, agréable à suivre. Si l'histoire ne m'a pas passionnée, c'est qu'elle est à la fois très personnelle et qu'elle appartient à un thème énormément traité en littérature. L'auteur revient sur ses failles, qui prennent source l'été de ses dix ans lorsque son père, sans crier gare, l'emmène en vacances en Algérie, dans sa famille. Lui seul alors que ses frères et sœurs, maillons disparates d'une famille recomposée restent avec sa mère en France. Un long voyage en voiture, puis en bateau, une proximité inédite avec ce père plutôt avare de tendresse, la découverte d'un autre monde et de son 2ème prénom, Habib. L'apprentissage se révèlera douloureux, et certainement à l'origine du besoin d'écriture de l'auteur.

Alexandre Feraga traite tout ceci avec une certaine délicatesse, sans masquer la cruauté des adultes qui tiennent à imposer leurs traditions, leur culture à un gamin sans même lui demander son avis. Faisant ainsi toucher du doigt la difficulté de se forger une identité, tiraillé entre deux cultures, maltraité parfois au nom des origines, de l'appartenance ou de la famille.

Tous ceux qui goûtent ce genre de témoignage trouveront ici un livre plutôt bien fait dans son genre et en tout cas, une jolie plume.
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Je n'ai pas toujours été un vieux con

La couverture du livre renseigne déjà le lecteur sur ce qu'il va découvrir dans ce premier roman. Ici pas d'apitoiement sur la vieillesse et ses méfaits. Léon, suite à l'incendie de son appartement; se retrouve aux"Primevères" maison de repos sans surprise, et dans le corps malmené de ce septuagénaire rebelle, se cache un esprit d'une jeunesse extraordinaire, d'un humour décapant. Sa rencontre avec Jack et Roger le mène vers des prises d'initiatives dignes d'un adolescent. De nombreux retours sur son passé alternent avec des dialogues truculents avec l'infirmière, la voisine de chambre et autres personnages de ce roman.
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Le frère impossible

Algérie-1975- Enlèvement par le père et la famille des 4 enfants à la mère (Khadija)," comme si faire disparaitre ses quatre enfants sous ses yeux n'était pas le tour le plus violent qu'on puisse jouer à une mère. Comme si le drame familial en cours ne le concernait pas vraiment". Tout a été manigancé par Zina, la grand-mère. La famille se retrouve en France; Zina trouvera une femme ,une épouse au père qui a déjà un garçon. De leur union naitra Alexandre.

On va suivre, le petit garçon, 3 ans, Samir qui se posera beaucoup de questions, qui subira. Il en voudra à la terre entière: "il a cumulé si peu de tendresse en lui, qu'en concéder est au-dessus de ses forces. Cela reviendrait à épuiser ses maigres réserves. Il commence donc à me maudire".

Samir deviendra, extrêmement violent, méchant envers son demi-frère.

Les parents ne disent rien, ne savent pas éduquer , le père est alcoolique, absent, sans sentiment; la mère est aussi absente, ne sait pas donner de tendresse.

Comment se construire et réussir dans la vie avec une famille pareille.

Le seul moyen de communiquer est la violence.

Samir fera les mauvais chois , les mauvaises rencontres pour aller jusqu'à la radicalisation.

Quelle souffrance dans ce témoignage. Une vie sans amour, une vie de haine, de colère qui le mènera vers les milieux islamistes.

Et puis Alexandre qui ne sera pas plus aimé et reconnu par ses parents mais qui choisira une autre direction pour survivre qui sera le chemin de l'écriture.

Une vie sans amour, sans reconnaissance, sans tendresse fait des ravages.

Un roman dur, violent, poignant mais aussi plein d'espoir.

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Charlie s'en mêle

Histoire d'un divorce que ne supporte pas Charlie, 10 ans. Elle veut ses deux parents pour elle, ensemble. Elle veut aussi qu'ils soient moins tristes et qu'ils cessent de lui gâcher la vie.

Pour cela, aidée par les conseils, pas toujours avisés de son amie Léa elle va pourrir la vie de ses parents . Additionner les bêtises et faire n'importe quoi, pour qu'ils remarquent.. Quoi ? son mal-être et son chagrin.

Charlie est excessive. Elle m'a agacée dès les 2 premiers chapitres et j'ai failli abandonné ce roman tant je trouvais un peu ridicule sa façon de faire et l'attitude des parents.

Ensuite le livre devient intéressant. On sent bien toute la détresse de cette fillette, dont la présence réconfortante de sa grand-mère l'aide à se reconstruire.

Un roman à partir 9/10 ans qui raconte avec vivacité les péripéties d'un enfant qui n'accepte pas. Dommage que les actions frisent quelquefois le ridicule, et je n'ai pas compris l'attitude de sa copine qui a tout ce qu'elle veut et passe son temps à voler sa mère...

Roman original par la façon de traiter le sujet que les filles liront avec plaisir. Pour aider ? Je n'en suis pas certaine par contre... Trop de colère dans ces pages.
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Le dernier cerveau disponible

Surtout, surtout, ne vous fiez pas à cette couverture "plutôt" kitsh qui pourrait laisser présager d'un roman loufoque parce que ce n'est pas le cas.



Ce roman aborde plusieurs thématiques intéressantes à travers plusieurs personnages ! Chaque chapitre est consacré à l'un d'eux avec en fil rouge cet inconnu qui se trouve privé de mémoire suite à une agression violente. Ce personnage dont personne ne sait rien sera un révélateur pour plusieurs d'entre eux.



Je n'irais pas jusqu'au coup de coeur, mais j'ai vraiment passé un moment sympathique.
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Le frère impossible

Chronique d’une violence annoncée

Alexandre raconte la famille, la sienne et celle du père avant.

Avant, c’est 1975 en Algérie, le père est marié et a quatre enfants. Enfants qu’il va enlever à la mère, pour les emmener en France où ses parents vivent et travaillent ; il est aidé d’un oncle et d’une nièce.

Des jumelles de trois ans, Samir deux ans et un bébé de quelques semaines.

Pour échapper au service militaire algérien, le père a bidonner ses études, mais le système le rattrape , c’est ainsi qu’il fait appel à sa mère et que celle-ci pilote l’enlèvement.

Samir du haut de ses deux ans, accroche sa menotte au pantalon de son père toute la traversée, déjà il attend un signe de celui-ci.

En France, il va devenir associer d’un pressing et occupera avec sa famille un bel appartement à Sarcelles. Il devient très vite la coqueluche de son quartier.

Une vie qui pourrait être heureuse.

Il rencontre une jeune vendeuse en boulangerie qui a un garçon de sept ans.

Ils vont constituer une famille recomposées, et naîtra Alexandre, notre narrateur.

L’atmosphère du livre est lourde, il n’y a pas de répit dans l’escalade de cette violence.

Samir fera d’Alexandre son souffre-douleur, probablement parce que c’est le seul enfant de la fratrie a pouvoir dire papa-maman. Mot qu’il n’aura pas l’occasion d’user, car c’est plutôt l’indifférence qui règne vis-à-vis des enfants. Même lorsque la violence de Samir se voit sur Alexandre, cela n’implique aucune réaction ni inquiétude.

La tendance serait à stigmatiser Alexandre pour son soi-disant manque de courage.

Alexandre va trouver très vite des astuces, des évitements pour échapper à tout cela. Quand il va chez les copains, il ne peut que constater et entériner que sa vie de famille est atypique.

« Ma mère a essuyé mes larmes, nettoyé la blessure, sans un mot doux, admettant par son silence qu’ici, dans la maison, les enfants avaient devoir de souffrance. »

Samir glisse inexorablement sur la mauvaise pente, la délinquance au début et puis la radicalisation.

Le père lui tient toutes les promesses de son caractère, roi pour sa mère, tout lui, est permis, le fils docile est un mari et un père indifférent, joueur, menteur et alcoolique. Donc l’issue est évidente et les lâchetés nombreuses.

L’auteur construit son livre en ponctuant par lieu et date. Ces années sont chacune une déflagration, elle correspond précisément à un évènement marquant.

Mais la subtilité est de ne donner un prénom qu’à celui qui… Samir.

Samir dans cette tourmente ne pouvait que faire naufrage, en attente partout, tout le temps, suspendu à un mot, un geste, une reconnaissance qui ne viendront jamais.

Alexandre Feraga a fait un sacré voyage pour arriver à nous faire partager ce monde de colère qui déferle sans aucun barrage pour l’arrêter.

Ce livre, c’est donner une identité à celui qui a été dans l’incapacité de tracer son chemin d’homme, c’est l’interrogation sans réponse de ce qui fait que l’un peut construire et l’autre pas.

Alexandre a fait un long chemin pour arriver jusqu’à Samir.

Un beau livre, douloureux qui du début à la fin est comme une grenade dégoupillée, le lecteur doit attendre la dernière ligne pour savoir si tout explosera.

Un engrenage dont il est possible de sortir, pourquoi l’un et pas l’autre ? Ce sera toujours une énigme.

Une réflexion faite avec toute la rationalité nécessaire et la sensibilité pour réhabiliter ce petit garçon dont la menotte s’accroche au pantalon paternel : il s’appelait SAMIR .

Merci à Lecteurs.com et la Fondation Orange pour ce privilège de lecture.

©Chantal Lafon

https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2023/04/24/le-frere-impossible/


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Le frère impossible



Si je n’avais qu’un conseil sur ce livre, ce serait de ne pas lire la quatrième au risque de vous fourvoyer sur son contenu. Ce livre c’est la chronique d’un désastre annoncé, l’itinéraire d’une enfance fracassée.

L’histoire d’une fratrie déracinée et arrachée à leur mère. L’histoire de deux frères entre qui tout amour est impossible. Deux frères et une même douleur dont le seul lien est un père mal aimant et méprisant, incapable d’affection ou de mots. Deux frères et deux trajectoire opposées, deux destins à jamais brisés.

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Quelle est l’origine de la violence? De la cruauté? Comment une même souffrance peut elle produire des effets à ce point opposés? Comment un frère peut il devenir le bourreau de l’autre et faire de sa vie un enfer ? Comment cette petite victime peut elle trouver la force de survivre, d’avancer, de s’en sortir?

Dans ce roman autobiographique, l’auteur livre des hypothèses à ces questions avec sensibilité et sans auto apitoiement. Il se livre aussi, dévoile ses souffrances terribles dans un récit touchant et bouleversant.

Un récit aussi percutant que révoltant et pourtant rempli d’espoir. A découvrir
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Abi et les enfants perdus

Abigaëlle, dite Abi, emménage avec ses parents, son grand frère David et leur vieux chien Paddy, à la campagne dans une ferme abandonnée à Mandore dans le sud de la France. Son père est élagueur et passe sa vie dans les arbres, sa mère, Clarisse, était architecte mais elle a cessé de travailler après une profonde dépression liée à la mort de son grand-père. Clarisse a en effet été élevée par son seul père, Paulo avec qui elle a entretenu un lien fusionnel. Abi va dans un nouveau collège où elle rencontre une nouvelle amie, Carmen, une jeune fille fantasque, qui parle beaucoup toute seule, est moquée pour son originalité et même harcelée. Abi, lors d’une balade vers le lac Décize, rencontre dans la forêt deux garçons, Durit et Babines qui ont aménagé une clairière secrète avec des éléments de décharge ; cependant, à son retour à la maison, elle apprend par son voisin, Eugène Sassafras, que les deux garçons sont morts il y a soixante ans.



Après des études de comptabilité, Alexandre Feraga, a été, pendant dix ans, éducateur auprès d’enfants et d’adultes en situation de handicap mental. Alexandre Feraga a commencé par écrire de la poésie; dans les années 2000 il a ainsi publié deux recueils de poèmes. En 2012, il participe à un concours de nouvelles (organisé par Le Texte Vivant), il fait partie des cinq lauréats et voit son recueil édité. Les rues attenantes est un recueil disponible sur le site du Texte Vivant. La même année, il participe à un second concours et termine troisième. En 2014, Alexandre Feraga est publié chez Flammarion avec Je n'ai pas toujours été un vieux con qui obtient un beau succès puis il publie successivement La femme comète chez Fayard en 2015, Le dernier cerveau disponible chez J'ai Lu en 2020, Après la mer chez Flammarion en 2019, Charlie s'en mêle chez Flammarion en 2020 et enfin Le frère impossible chez Flammarion en 2023, une histoire autobiographique bouleversante dans laquelle Alexandre Feraga son enfance et celle sa fratrie.

En effet, dans les années 1970, son père a tout d’abord eu quatre enfants avec sa femme Khadija en Algérie ; ce père a ensuite fui l’Algérie afin d’échapper au service militaire avec ses quatre enfants mais il y a laissé sa femme répudiée. En France, il trouve une nouvelle femme, jeune et soumise avec qui il va avoir deux fils dont l’auteur. Cette nouvelle femme est silencieuse, le père devient alcoolique et violent et Samir, le grand frère, maltraite l’auteur qui trouve refuge dans les arbres et dans une armoire dans laquelle il fuit dans son imaginaire torturé. “Le placard n’était pas seulement peuplé de récits indolores et de fidèles compagnons littéraires. Il m’arrivait d’y déposer des secrets inavouables, des idées noires et des prières mortifères par lesquels je cherchais une issue à ma courte vie."



Alexandre Feraga publie son premier roman pour la jeunesse, une courte chronique familiale vue à travers les yeux d’une adolescente qui se découvre un pouvoir fantastique, elle est en lien avec les morts et peut prédire l’avenir. Cette histoire paranormale oscille entre le pouvoir magique dont l’héroïne aurait hérité de son arrière-grand-mère et la souffrance psychique. Alexandre Feraga nous emmène de manière erratique de la ferme abandonnée familiale à la forêt, au collège et dans une décharge au cœur de la nature avec des éléments horrifiques. Le mélange entre les scènes fantastiques, les rêves de l’héroïne et une réalité souvent désarçonnante rend ce roman étrange, il est davantage le portrait sensible d’une jeune fille différente. Il aura besoin de médiation pour trouver son public.

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Après la mer

J ai beaucoup ce voyage en Algérie, ce difficile voyage entre la France et L Algérie. La culture différente, la famille.

Très beau roman.
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Après la mer

"Après la mer" est l'histoire touchante d'Alexandre, un petit garçon de dix ans, qui n'est autre que l'auteur lui-même. Dès les premières pages , le lecteur se laisse emporter par sa sensibilité et sa fragilité. Parti seul avec Mohammed, son père, dans une voiture hyper chargée, il n'a aucune idée de leur destination. Mais cela n'a pas d'importance car pour une fois, il a son père pour lui tout seul, ses demi-frères et sœurs sont, eux, restés à la maison. Il espère, ainsi, recevoir son attention, son affection, lui qui est toujours si distant et qui ne s'exprime que par proverbes et expressions.

Durant ce périple, le père le prénomme Habbib alors que personne ne l'a jamais appelé ainsi en France. Mais il ne pose pas de question. Il obéit, également, quand celui-ci lui apprend l'arabe, espérant éveiller son admiration. Habbib comprend très vite qu'ils vont en Algérie retrouver ses grands-parents. Dans ce pays qui lui est inconnu, il voit son père se transformer en fils aimé qui honore ses origines. Habbib veut, lui aussi, qu'on soit fier de lui même si pour cela il doit se goinfrer des nombreuses pâtisseries de sa grand-mère et subir la sévérité d'un grand-père pour qui seule l'honneur compte. Habbib vit, alors, comme un prince, il est au cœur de toutes les attentions. Ce statut de privilégié lui fait oublier pourquoi il est là, pour combien de temps et surtout pourquoi il est le seul membre de la famille que son père a emmené avec lui. Durant cette parenthèse de bonheur, il va essayer d'en savoir un peu plus sur le passé de son père. Mais par peur d'être déçu, il fera comme toujours, il se racontera des histoires. Il pense, aussi, à sa mère, restée en France, dont il ne comprend pas la soumission à son père, cet amour qu'elle a pour lui et qui a toujours eu l'effet d'un poison sur elle. En pensant à ses deux parents, il essaie d'être à la fois Alexandre et Habbib. Mais ses grands-parents ont un autre projet pour lui. En fait, le but principal du voyage est la transmission des traditions. Alexandre a toujours voulu être aimé pour celui qu'il est. En se taisant, son père l'a privé d'une partie de sa vie. Il devra, donc, apprendre à jongler avec ses deux identités, à dire d'où son sang coule. En lisant ce beau roman, on est plongé dans un autre monde, celui de l'Algérie.
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